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L'impact du message de peur sur les comportements des femmes de 15 à  55 ans de la ville de Yaoundé face à  la dépigmentation volontaire de la peau.

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par Clarisse Laure AKOUEMO SONKENG NGUEDIA
Université Catholique d'Afrique Centrale - Master de Commerce - Distribution 2006
  

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2. 2. MODELE THEORIQUE DU MESSAGE DE PEUR SUR LA DEPIGMENTATION VOLONTAIRE DE LA PEAU

2. 2. 1. Les particularités du modèle du message de peur sur les comportements dangereux

Si le modèle de Rogers est intéressant pour expliquer l'impact des messages présentant un danger sur la motivation à la protection, il demeure cependant incomplet pour expliquer les traitements de l'information ainsi que le rôle des émotions négatives ressenties au moment de la réception du message. Certains auteurs (Witte, 1992 ; Courbet, 1999 ; Girandola, 2000) estiment que ce modèle ne fournit aucune explication quant aux échecs observés lorsque l'émotion phobique active une stratégie de défense ou d'évitement (processus de contrôle de la peur). De même, l'impact de l'émotion négative sur le processus de contrôle du danger est très peu abordé. Le modèle proposé par Witte (1992) a donc dépassé les limites du modèle de Rogers.

Bien que le modèle de Witte (1992) soit considéré aujourd'hui comme un modèle de référence en terme d'impact de la peur sur les comportements sociaux, il demeure difficile au travers de la figure présentée à cet effet, de différencier l'impact de la perception modérée par rapport à celui de la perception forte sur le comportement. Il est difficile de distinguer le moment auquel la perception faible n'a pas d'effet sur le comportement ou ceux où les perceptions forte et modérée ont un réel impact sur l'adaptation ou la non adaptation. Il est aussi pénible d'identifier chacun des 3 niveaux de la communication au travers du modèle de Witte. Pour pallier à ces limites du mécanisme mis en place par Witte, un mécanisme correctif faisant ressortir clairement les articulations de la démarche de persuasion par le message de peur a été mis sur pied. De ce mécanisme et aux lectures des travaux d'autres chercheurs, il sera tiré un modèle propre à l'impact du message de peur dans un contexte de lutte contre la dépigmentation volontaire de la peau.

2. 2. 2. Fondements théoriques du message de peur sur les comportements dans un contexte de lutte contre la dépigmentation volontaire de la

Ø Les fondements théoriques

Les fondements théoriques de notre modèle sont les modèles de Rogers et Witte, la théorie de la consonance et de la dissonance cognitive, le concept de l'influence de la répétition des messages sur le comportement de Courbet, et les conclusions des études menées par d'autres chercheurs tels Janis et Freshbach, Gallopel, etc.

Le modèle des processus parallèles étendus de Witte (1992) a permis de cerner la notion de perception et ses 3 dimensions à savoir : la perception faible, modérée, et forte.

Le modèle de Rogers a permis d'évaluer les motivations de se protéger influençant le comportement. Selon Rogers (1975, 1983) et Witte (1992), lorsque les solutions d'aide à maîtriser le danger sont adoptables par l'individu, celui-ci s'adapte au comportement souhaité par l'annonceur. Lorsqu'il lui est impossible de s'adapter à ces solutions, il rejette le message, l'évite, le dénigre et refuse d'adopter le comportement souhaité. Ce modèle a contribué au montage des hypothèses secondaires de l'intention et de la motivation d'arrêter les mauvais comportements dénoncés par l'annonceur.

La théorie de la contingence et de la dissonance cognitive a permis de cerner une quatrième dimension de la perception en dehors de celles proposées par Witte (1992, 1994), c'est la perception inexistante ou perception nulle. En effet, cette théorie énonce que lorsqu'un individu ne se sent pas impliqué ou concerné par le message, il est indifférent au message de peur émis par l'annonceur. Il n'y perçoit aucun sentiment, aucune peur, aucune gène. En d'autres termes, c'est l'implication au message de peur émis qui détermine l'intensité de la menace ou de la perception ressentie par l'individu.

Pour étudier les relations existantes entre la peur faible et l'adoption du comportement, et la peur forte et le rejet du message, Courbet (2000) arrive aux résultats selon lesquels en utilisant une forte répétition des messages, on peut amener un individu ayant une perception faible à chercher à se protéger et donc à adopter un comportement positif ou négatif au message. De même, un individu ayant une perception forte lorsqu'il est exposé à une forte répétition du message de peur peut rejeter, dénigrer le message et s'empirer dans le mauvais comportement.

Janish et Fleshbach (1953) ont également mis en évidence le fait qu'une forte perception de la peur pouvait avoir un effet négatif sur la cible du message. Par contre, (Leventhal, 1965 ; Godener, 1999 ; La Tour, 1996 ; Gallopel, 2002 ; Girandola, 2000 ; Lavoisier, 2000) et bien d'autres chercheurs soutiennent la thèse selon laquelle une forte perception de la peur influence significativement le comportement de la cible.

Kapferer (1990) pense quant à lui que le comportement adopté par la cible dépendra de ses caractéristiques, croyances, idéaux et valeurs d'une part, et d'autre part du type de phénomène social combattu. Pour lui, certaines personnes sont sensibles à certains sujets sociaux plus qu'à d'autres et peuvent réagir différemment lorsqu'ils sont abordés.

Ø Le mécanisme sous- jacent

Ce mécanisme vient corriger celui proposé par Witte (1992) en intégrant d'autres concepts et d'autres idées soutenues et étudiés par d'autres chercheurs tels que présentés à l'item précédent. Il s'agit de l'idée de l'inexistante de perception devant un message de peur (texte + images) du fait de la non implication de la cible au phénomène indexé (Confère théorie de la consonance et de la dissonance cognitive) et des moments auxquels la cible ressent la motivation de se protéger et de s'adapter ou non au message.

Figure 5. Mécanisme sous-jacent de l'impact du message de peur sur le comportement

Message de peur

Caractéristiques cible

Perception de la menace

Nulle

Faible

Modérée

Forte

Répétition message

Pas de motivation à se protéger 

Motivation à se protéger / Efficacité perçue

Caractéristiques de la cible

Non adaptation

Adaptation

Source : auteur (sur la base des lectures et d'autres modèles).

La perception de la peur issue du message émis par l'annonceur est fonction des caractéristiques de la cible (âge, sexe, cadre social, croyances, idéaux, degré d'implication de la cible, etc.) ; Witte (1992). En fonction de ses caractéristiques, la cible peut percevoir ou non le risque. La théorie de la consonance et de la dissonance cognitive énonce que lorsqu'un individu ne se sent pas impliqué et concerné par un phénomène, il émet une réaction d'indifférence face à un message présentant les dangers de ce phénomène et il ne peut pas dans ce cas s'adapter au comportement souhaité par l'annonceur. Lorsqu'il est impliqué et se sent concerné, il étudie le message en profondeur et est susceptible de réagir positivement à ce message (Festinger, 1965).

Lorsque l'individu perçoit de la peur, il y a des possibilités d'évaluer le niveau de peur ressentie. Si la peur est forte ou modérée, l'individu éprouve une motivation à se protéger (Rogers, 1983 ; Witte, 1992). Si la peur est faible, l'annonceur peut utiliser une forte répétition du message pour amener cette cible à éprouver la motivation à se protéger des dangers présentés par le message (Courbet, 2000). Lorsque la cible est motivée à se protéger, elle se retourne vers les solutions échappatoires que lui propose l'annonceur. Si ces solutions sont réalisables par la cible, elle accepte le message et adopte le comportement souhaité par l'annonceur. Dans le cas contraire, elle va rejeter le message, le dénigrer, et l'éviter (Witte, 1992 ; Rogers, 1985).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault