II. Le modèle
Harrod-Domar et le Modèle de Robert Solow
Ø Le modèle
Harrod-Domar :
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Après la seconde guerre mondiale, les
économistes Harrod et Domar, influencés par Keynes, vont chercher
à comprendre les conditions dans lesquelles une phase d'expansion peut
être durable. Ainsi, s'il ne propose pas à proprement parler une
théorie de la croissance (expliquant son origine sur une longue
période), le modèle de Harrod-Domar permet, néanmoins, de
faire ressortir le caractère fortement instable de tout processus
d'expansion. En particulier, il montre que pour qu'une croissance soit
équilibrée (c'est-à-dire que l'offre de production
augmente ni moins (sous-production) ni plus (surproduction) que la demande), il
faut qu'elle respecte un taux précis, fonction de l'épargne et du
coefficient de capital (quantité de capital utilisée pour
produire une unité) de l'économie. Or, il n'y a aucune raison que
la croissance, qui dépend de décisions individuelles (en
particulier des projets d'investissement des entrepreneurs), respecte ce taux.
De plus, si la croissance est inférieure à ce taux, elle va avoir
tendance non pas à le rejoindre, mais à s'en éloigner
davantage, diminuant progressivement (en raison du multiplicateur
d'investissement. La croissance est donc, selon une expression d'Harrod,
toujours « sur le fil du rasoir ». Ce modèle,
construit après guerre et marqué par le pessimisme
engendré par la crise de 1929, a toutefois été fortement
critiqué. Il suppose, en effet, que ni le taux d'épargne, ni le
coefficient de capital ne sont variables à court terme, ce qui n'est pas
prouvé.
Dans cette version simplifiée, les variables per
capita sont constantes à l'état stationnaire. Les variables
absolues (Y, S, C, K) croissent au même taux que la population
Le modèle génère, à l'état
stationnaire (le long terme)
· une variation entre les PIB/tête entre les pays;
· un ratio capital-produit (K /Y) constant (car
k et Y sont constants);
· k étant constant, le
rendement du capital (la productivité marginale de
k est constant.
Mais il ne peut générer un fait stylisé
très important : la croissance soutenue des revenus/tête
(y). Dans ce modèle les économies peuvent
croître à court terme mais pas à long terme: même si
un pays s'écarte à un moment donné de l'état
stationnaire, il suivra un sentier de transition et finira par
atteindre le nouvel état stationnaire. La croissance se ralentit en plus
au fur et à mesure que l'économie s'approche de l'état
stationnaire. Ce résultat est dû à dans l'équation dynamique fondamentale
Et donc quand k
augmente, le taux de croissance de diminue. Comme le taux de croissance de y est
proportionnel à celui de k, il
décroît aussi. Une représentation graphique
séparée des deux éléments du membre droit de cette
équation facilite l'étude l'évolution de.
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Graphique du Taux de
croissance de k
Ø Le modèle de Robert
Solow :
Robert Solow a été le premier à proposer
un modèle formel de la croissance. D'inspiration néoclassique, ce
modèle se fonde sur une fonction de production à deux
facteurs : le travail et le capital. La production résulte donc
exclusivement de la mise en combinaison d'une certaine quantité de
capital (moyens de production) et de travail (main d'oeuvre).
Le modèle de Solow se fonde sur l'hypothèse que
les facteurs de production connaissent des rendements décroissants,
c'est-à-dire qu'une augmentation de ceux-ci dans une certaine proportion
engendre une augmentation dans une proportion plus faible de la production. Il
pose également comme hypothèse que les facteurs de production
sont utilisés de manière efficace par tous les pays. En posant
que la population connaît un taux de croissance que Solow qualifie de
« naturel » (non influencé par l'économie),
le modèle déduit trois prédictions :
1. Augmenter la quantité de capital
(c'est-à-dire investir) augmente la croissance : avec un capital
plus important, la main d'oeuvre augmente sa productivité (dite
apparente).
2. 20
Les pays pauvres auront un taux de croissance plus
élevé que les pays riches. Ils ont en effet accumulé moins
de capital, et connaissent donc des rendements décroissants plus
faibles, c'est-à-dire que toute augmentation de capital y engendre une
augmentation de la production proportionnellement plus forte que dans les pays
riches.
3. En raison des rendements décroissants des facteurs
de production, les économies vont atteindre un point où toute
augmentation des facteurs de production n'engendrera plus d'augmentation de la
production. Ce point correspond à l'état stationnaire. Solow note
toutefois que cette troisième prédiction est
irréaliste : en fait, les économies n'atteignent jamais ce
stade, en raison du progrès technique qui accroît la
productivité des facteurs.
Autrement dit, pour Solow, sur le long terme, la croissance
provient du progrès technologique. Toutefois, ce progrès
technologique est exogène au modèle, c'est-à-dire qu'il ne
l'explique pas mais le considère comme donné (telle une
« manne tombée du ciel »).
Le modèle fait un certain nombre d'hypothèses:
H (1) : Les pays produisent et consomment
un seul bien homogène (le produit);
H (2) : La production se fait en
concurrence parfaite;
H (3) : La technologie est exogène;
H (4) : La technologie peut être
représentée par une fonction de production de type
néo-classique basée sur des facteurs substituables: le
capital K et le travail L;
H (5) : La consommation
agrégée est représentée par une fonction
keynésienne:
C = c.Y ? S = (1-c) Y= s.Y
(1)
H (6) : Le taux
participation à l'emploi de la population est constant. Si la population
croît au taux n, l'offre de travail
(L) augmente aussi à ce taux
n :
Pour le propos du mémoire, nous le simplifierons encore
en supposant que la fonction de production est de type Cobb-Douglas:
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(3)
Les rendements d'échelle sont donc constants. En concurrence parfaite, les firmes sont preneuses de prix et elles
maximisent le profit
Où r est le taux d'intérêt
réel et w le salaire réel. La maximisation de
profit implique
De plus, wL + rK = Y du fait de
l'homogénéité et de la constance des rendements
d'échelle (identité d'Euler). Cette technologie avec des
productivités marginales décroissantes est la différence
principale de ce modèle par rapport au modèle de Harrod.
Plusieurs de nos faits stylisés étaient exprimés en termes
de produit par tête (per capital). Pour cette raison, nous
allons utiliser une version de ce modèle exprimée en termes de
valeurs per capita:
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avec
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(4)
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Figure : Fonction de
production per capita Cobb-Douglas
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Ce graphique fait clairement apparaître les rendements
décroissants du capital par ouvrier. La seconde équation
fondamentale du modèle de Solow concerne l'accumulation du capital et
donc la dynamique:
La variation du capital est égale à la
différence entre investissement et la dépréciation du
capital (au taux constant ). Comme nous avons une économie fermée, l'investissement
est nécessairement égal à l'épargne
(équilibre du marché des biens):
D'autre part, nous avons:
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Or, l'équation 2.2 nous donne le taux de
croissance du facteur travail (du fait de l'équilibre du marché
de travail)
L'équation 2.8 devient donc :
Ce qui nous donne l'équation dynamique fondamentale du
capital
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