III. Les résultats du modèle
économétrique :
Les estimations économétriques conduisent aux
observations suivantes :
- Les variables de capital humain par tête ne sont
jamais significatives et cela quelle que soit la variable approchée
retenue. Comment peut-on expliquer ce résultat ? Tout d'abord, les
mesures de capital humain sont, sans aucun doute, très imparfaites.
Ensuite le capital humain peut sans doute expliquer des écarts de
croissance entre pays mais il est peu vraisemblable qu'il puisse rendre compte
des variations annuelles très fortes du taux de croissance en raison des
délais nécessaires pour que les investissements en capital humain
agissent. Par contre, conformément à notre cadre
théorique, le produit par tête joue négativement.
Il est vrai qu'on saisit ici peut-être plus simplement
un effet de rattrapage du produit par rapport à son niveau normal.
- Concernant les variables d'environnement, le climat
revêt une grande importance pour expliquer les fluctuations de taux de
croissance. Les termes de l'échange jouent également le
rôle attendu. De la même façon une augmentation des apports
publics nets permet un taux de croissance plus élevé.
- La variable émeute ne prend des valeurs non nulles
que dans le cas du Mali. Par conséquent, cette variable capte une
variabilité temporelle au Mali et une variabilité spatiale entre
le Burkina et le Mali. Lorsqu'on travaille avec des données
empilées la constance d'une variable sur un pays ne justifie pas son
exclusion puisque dans ce cas, on se heurterait au problème de la
variable omise pertinente.
La variable muette additive Burkina Faso joue
négativement. Il est possible, avec prudence, d'interpréter ce
résultat par l'existence d'avantages structurels spécifiques au
Mali par rapport au Burkina (importance des ressources naturelles).
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Tableau :Modèle sur les données de
panel : Burkina Faso et Mali (1966-1997) actualisées
Variable expliquée
|
Taux de croissance du P.I.B par tête
|
Nombre d'observations
|
50
|
Variable
|
Coefficients
|
T de student
|
Probabilité
|
Constante
|
4,21
|
2.34
|
0.2
|
Burkina Faso
|
-8.23
|
2.93
|
0.01
|
P.I.B par tête (-1)
|
-0.28
|
2.53
|
0.02
|
Transfert des migrants sur PIB (-1)
|
0.05
|
3.63
|
0.00
|
Termes de l'échange
|
0.23
|
1.92
|
0.06
|
Taux de croissance de la production
céréalière du sahel
|
0.07
|
1.65
|
0.10
|
Taux de croissance de la production
céréalière du sahel (-1)
|
0.09
|
2.57
|
0.01
|
Emeutes
|
-0.03
|
3.97
|
0.00
|
Aide par tête (-1)
|
0.04
|
1.79
|
0.08
|
Trend
|
-0.001
|
0.94
|
0.35
|
R2
|
0.54
|
|
|
R2 ajusté
|
0.43
|
|
|
Méthode
|
Moindres carrées
|
Newey-West
|
|
63
NB : La variable muette du Burkina Faso
a été introduite pour capter la spécificité de
cette dernière pour une utilisation des données de panel
permettant de tester des modèles de croissance (cf Islam 1995) :
c'est la méthode des effets fixes
CONCLUSION
La croissance du Mali a été d'une grande
irrégularité. Sur l'ensemble de la période 1968-97, la
croissance du produit intérieur brut malien par tête a
été de 0,7 % par an en moyenne. De 1960 à 1982, la
croissance a été de 0,6% par an. De 1983 à 1996, le taux
de croissance s'est élevé à 0,8%. Contrairement à
beaucoup de pays de la zone franc, le Mali est parvenu à obtenir sur
cette période, une croissance relativement soutenue du produit
intérieur brut par tête. La croissance a permis un certain
ralentissement du rythme de paupérisation de la population. Ces bons
taux de croissance sur une période aussi longue ne peuvent s'expliquer
uniquement par des conditions exogènes favorables. Il est vraisemblable
que les politiques de stabilisation et d'ajustement structurel menées
avec le concours des institutions de Bretton Woods ont joué un
rôle décisif. L'économie malienne est passée d'une
phase de substitution à l'importation et de dirigisme extrême
à une période où le rôle de l'Etat est de plus en
plus de permettre au marché de remplir son rôle d'allocation
efficace des ressources.
Cependant, le taux de croissance du Mali, évalué
sur une base annuelle, apparaît d'une grande instabilité ce qui
met en évidence l'influence de facteurs d'environnement. La performance
du Mali se caractérise par un rythme d'inflation modéré.
Par contre des déséquilibres importants au niveau de la balance
commerciale entraînent des soldes courants structurellement
déficitaires et cela malgré l'importance des transferts
unilatéraux privés (envois des travailleurs
émigrés) et publics (aide).
A long terme (1960-96), la croissance malienne a atteint 3,1 %
par an en moyenne (Touré, 2001). Il en est résulte une faible
croissance du revenu par tête, d'environ 0,8% (la croissance annuelle de
la population résidente est de 2,3 % sur cette période et la
croissance naturelle de la population est de 3,4 %). La croissance agricole a
été plus faible, de l'ordre de 2,5 %. La part du secteur agricole
au sens large (y compris l'élevage, la pêche, la foresterie, etc.)
était de 67 % du PIB en 1967 et de 48 % en 1996.
64
Depuis la d'évaluation de 1994, la croissance malienne
se situe entre 1,5 point de pourcentage au-dessus de sa tendance de long terme.
Entre 1996 et 2002, le taux de croissance moyenne était de 5,1 %. Ces
données doivent toutefois être considérées
croissance moyenne est de 5,1 % avec précaution, car ce sont de simples
estimations de base (1987) qui est maintenant bien éloignée.
L'une des caractéristiques de cette croissance est
d'être volatile car elle dépend toujours de façon cruciale
de la croissance dans le secteur agricole, qui reste très erratique.
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