2.1.3-La théorie des « broken
windows »
Cette théorie développée par Wilson et
Kelling (1982), va s'appuyer sur le désordre en utilisant l'exemple de
la vitre brisée (en anglais « broken windows »),
pour dire que si dans un endroit, une vitre est brisée et qu'elle n'est
pas remplacée, alors toutes les autres connaitront le même
sort.
Cela sous entends que le désordre physique dans les
quartiers peut entrainer à la commission d'actes délinquants ou
de crime. La raison vient du fait que les incivilités dans les rues, les
graffitis et les vitres brisées peuvent prédirent du niveau de
crimes parce que les potentiels délinquants peuvent comprendre par ces
manifestations du désordre que les résidents du quartier sont
indifférents à ce qui arrive au quartier.
Le désordre physique dans les espaces publics est
fondamental à la compréhension des quartiers. Certains aspects
visuels de la décadence d'un quartier peuvent contenir des messages en
ce qui concerne la délinquance subie dans ces quartiers.
Le désordre physique se rapporte à la
détérioration du paysage urbain. Les preuves visibles du
désordre que Albert Hunter (1985) appelle les incivilités ont
été longtemps considérées comme des
éléments centraux dans la présentation d'un quartier.
(Goffman, 1963).
Les rues, les parcs, les trottoirs n'appartiennent à
personne mais à la communauté. La notion de désordre est
très importante du point de vue de la théorie à cause de
son aspect visuel et symbolique. La preuve du désordre renseigne aussi
sur le fonctionnement et l'efficacité des résidents dans le cadre
du voisinage.
Le désordre a une influence spécifique sur la
criminalité dans le quartier. Les études ont montré un
lien entre le désordre et la peur du crime ainsi que sur le taux de
criminalité. (Skogan, 1990 ;Kelling et Coles, 1996). En effet, la
théorie suggère que les désordres mineurs ont une cause
directe sur la délinquance sérieuse. Originairement, dans la
thèse du « broken Windows », Wilson et Kelling
(1982) affirmèrent que les incivilités publiques (même ceux
aussi mineur que le bris d'une vitre, le fait de boire dans la rue et les
graffitis) attirent les délinquants potentiels qui auront en tête
que les résidents sont indifférents de ce qui arrivent à
leur quartier.
Cette théorie a eu un grand effet sur les politiques
publiques de régulation du crime avec notamment la politique dite de
tolérance zéro initiée dans la ville de New York au
début des années 1990 comme meilleur exemple. (Kelling et Coles,
1996).
La majorité des recherches, qui ont mis en
évidence la relation entre le désordre dans un quartier et la
délinquance qui s'y trouve, ou la peur du crime, ou encore la
victimisation, se sont basées sur la perception subjective des
habitants. La stratégie consistait à demander aux
résidents comment ils percevaient le désordre dans leur quartier.
Les résultats ont montré que la peur du crime dépendait du
sentiment que l'on se fait du désordre (Perkins et Taylor, 1996).
Bien avant Kelling et Wilson, d'autres recherches ont aussi
montré que la plupart des villes Anglaises et Américaines du
19ème et 20ème siècle, comptaient un
ou deux quartiers où l'on retrouvait des jeunes délinquants
(Brantingham et Brantingham, 1984). A Londres par exemple, ces quartiers que
l'on nommait « Rookeries » étaient
particulièrement célèbres. C'étaient des quartiers
fondamentalement dégradés au niveau physique avec des rues
obscures, des tavernes remplit d'individus louches. Ces quartiers
étaient des lieux de refuges pour les délinquants, criminels,
prostituées et autres et c'étaient des sanctuaires pour ces gens
parce qu'il était difficile de s'y retrouver, et les honnêtes gens
comme les forces de l'ordre n'osaient pas s'y aventurier.
Il est vrai qu'il serait difficile de trouver à notre
époque ce genre de quartier en territoire Helvétique, mais il
n'en demeure pas moins que certains jeunes répondant à notre
sondage ont trouvé dégradé l'état de leur quartier
de résidence notamment avec des immeubles vides et abandonnés et
beaucoup de graffitis.
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