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Les étudiants africains en France

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par Aline Mandrilly
Universoité Bordeaux III - DUT Gestion du Developpement et de l'Action Humanitaire 2007
  

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LISTE DES SIGLES

ABESS : Association Bordelaise des Etudiants Sénégalais et Sympathisants

AEMAB : Association des Etudiants Mauriciens A Bordeaux

AFRICAPAC : Association Afrique Caraïbes Pacifique

APT : Autorisation Provisoire de Travail

ASEAF : l'Association des Stagiaires et Etudiants Africains en France

CAF : Caisse d'Allocations Familiales

CCB : Convention de Coopération Bilatérale

CDI : Contrat à Durée Indéterminée

CEF : Centre pour les Etudes en France

CESEDA : Code de l'Entrée et du Séjour des Etrangers et du Droit d'Asile

CEVU : Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire

CIFOD : Centre d'information pour les études en France (Ile Maurice)

CMU : Couverture Maladie Universelle

CNOUS : Centre National des OEuvres Universitaires et Scolaires

CROUS : Centre Régional des OEuvres Universitaires et Scolaires

CS : Conseil Scientifique

ERE : Espace Rentrée Etudiants

FSU : Fonds de Solidarité Universitaire

ISU : Institut de Statistique de l'UNESCO

OVE : Observatoire de la Vie Etudiante

RESF : Réseau Education Sans Frontière

RMI : Revenu Minimum d'Insertion

RUSF : Réseau Université Sans Frontière

TGI : Tribunal de Grande Instance

UNEF : Union Nationale des Etudiants de France

INTRODUCTIONa

Depuis quelques années, j'ai été amenée à côtoyer de nombreux étudiants étrangers, lors de mes années d'études à l'université. La plupart d'entre eux étaient des étudiants africains, et j'ai été, plus d'une fois, touchée par la situation difficile dans laquelle ils se trouvaient. Arrivée aujourd'hui en 2ème année à l'IUT Gestion du Développement et de l'Action Humanitaire, et ayant eu la possibilité d'effectuer un travail de recherche sur le sujet de mon choix, j'ai décidé de le faire sur les étudiants africains, effectuant leurs études en France, afin de saisir les réalités de leur situation. Ce travail m'a permis une première approche du monde juridique, qui m'a amenée à mieux cerner les enjeux et débats actuels autour des étudiants étrangers, de comprendre la logique qui sous-tend les « réformes » des lois relatives à l'entrée et au séjour des étrangers, et surtout de me forger un réseau local de personnes travaillant sur les problématiques liées aux étudiants étrangers.

Dès les premiers temps de la phase exploratoire de mon travail, j'ai compris qu'il y avait une distinction entre différentes catégories d'étudiants étrangers en France. D'après Clayes, on peut identifier cinq types d'étudiants étrangers1(*) :

a) Les étudiants en situation de mobilité :

1. Les étudiants boursiers (bourse française, bourse du pays d'origine)

2. Les étudiants dans un système d'échanges

3. Les étudiants prenant des initiatives individuelles : leur démarche de venir étudier en France résulte d'une initiative personnelle et ils ne bénéficient d'aucune aide spécifique. On les appelle les étudiants « individuels » ou « privés ».

b) Les étudiants étrangers résidents :

4. Les étudiants réfugiés politiques

5. Les étudiants étrangers résidents, temporairement ou non

Dans ce travail de recherche, j'ai choisi de m'intéresser aux étudiants qui viennent en France par leurs propres moyens (catégorie a.3), puisque je me suis rendu compte qu'ils représentaient la seule catégorie à ne pas être encadrée ou suivie par un quelconque système, et que c'était cette catégorie d'étudiants qui rencontrait le plus de difficultés. J'ai également pris la décision de ne m'intéresser qu'aux étudiants africains, étant donné leur spécificité dans plusieurs domaines. En effet, les problématiques liées aux étudiants d'Afrique Subsaharienne francophone comme à ceux du Maghreb, se détachent quelque peu de la problématique des étudiants étrangers en général. Aujourd'hui, venir de l'étranger se former dans les universités françaises relève d'un parcours toujours plus difficile. Difficultés financières, labyrinthe administratif, les conditions d'accès des étudiants étrangers aux universités françaises se sont sensiblement dégradées ces dernières années, et celles des étudiants africains encore plus. J'ai donc centré mon travail autour de la problématique suivante : Quelles sont les causes des difficultés rencontrées par les étudiants africains venus par leurs propres moyens en France ? Peu de travaux ont été réalisés jusqu'à présent sur les étudiants étrangers, et encore moins africains. La plupart des études réalisées sur la population des étrangers en France portent sur les travailleurs étrangers ou les sans-papiers. Pour moi, la particularité des étudiants étrangers, originaires de l'Afrique constitue un sujet très pertinent, à l'heure actuelle, qui pourrait permettre d'éclairer de nombreuses personnes, comme les administrations françaises, le personnel enseignant... sur l'inégalité des droits entre les étudiants étrangers et les étudiants français. Ce travail pourrait servir de base à une réflexion plus générale sur les étudiants africains en France.

Les hypothèses que j'ai retenues pour ce travail m'ont paru être les plus pertinentes pour tenter d'apporter une réponse construite à la problématique posée. Ces hypothèses sont les suivantes :

- La politique d'immigration choisie du gouvernement français, qui sélectionne les meilleurs étudiants étrangers, ne paraît pas se préoccuper de la situation des étudiants « individuels » ;

- Le difficile parcours des étudiants africains « individuels » en France résulterait de l'absence d'un réel accueil et suivi de la part des universités envers cette population spécifique : l'exemple de Bordeaux ;

- Les associations qui oeuvrent à améliorer les conditions de vie des étudiants africains « individuels » en France ne semblent pas avoir assez de moyens matériels et financiers pour un réel changement.

Pour cette recherche, j'ai envisagé de mener des entretiens avec plusieurs personnes ayant une activité en lien avec les étudiants africains. Je me suis principalement basée sur deux axes :

- La réalisation d'entretiens avec des professionnels, en les complétant avec une étude des textes de législation relatifs aux étrangers en France. J'ai commencé mon travail exploratoire en rencontrant un responsable du Tribunal de Grande Instance de Bordeaux, afin d'avoir un avis professionnel sur le choix du sujet de mon mémoire, et afin de définir davantage l'orientation de mes recherches. Après des lectures sur la problématique des étudiants africains, j'ai décidé d'effectuer un entretien avec une assistante sociale qui reçoit de nombreux étudiants africains lors de ses permanences, dans le but d'avoir un regard extérieur sur les difficultés qu'ils peuvent rencontrer. L'avancée de mon travail m'a ensuite amenée à rencontrer des personnes travaillant dans l'accueil des étudiants étrangers en France. Après un entretien informel avec le service s'occupant de la sélection des étudiants étrangers, j'ai rencontré une des responsables du Pôle Universitaire de Bordeaux. Cet entretien devait me permettre d'avoir une meilleure connaissance de la situation des étudiants africains au niveau local, et de comprendre les actions menées par les acteurs locaux pour l'amélioration de leur situation.

- L'observation et la réalisation d'entretiens avec des étudiants africains : Grâce à mes expériences professionnelles et mes engagements associatifs, j'ai accédé à certaines informations que je n'aurai pas pu avoir autrement. Les différentes fonctions que j'ai occupées au sein du Pôle Universitaire (agent d'accueil pour la Cellule Carte de Séjour, tutrice lors de la Journée « Bordeaux accueille ses étudiants ») et les différentes actions auxquelles j'ai participé dans plusieurs associations bordelaises (rencontres avec des membres de différentes associations d'étudiants africains, participation aux réunions du Réseau Université Sans Frontière) m'ont permis d'observer les initiatives de ces acteurs non-institutionnels. Cette proximité avec les étudiants africains m'a permis d'avoir un contact privilégié avec eux, pour la conduite de mes différents entretiens. J'ai essayé, dans le temps imparti, de mener des entretiens auprès d'étudiants de nationalités différentes (Ile Maurice et Sénégal), mais aussi auprès d' « anciens » et de primo-arrivants, afin d'avoir une meilleure vision générale de toutes les situations.

Les résultats rassemblés après ces mois de recherche m'on permis de mieux comprendre les causes des difficultés rencontrées par les étudiants africains effectuant des études en France. Ainsi, j'exposerai ces résultats dans trois parties distinctes. La première partie de ce mémoire s'articule autour des relations entre la France et l'Afrique en matière de migrations estudiantines africaines, et montre les enjeux politico-économiques qui sous-tendent ces liens. Puis, j'expliquerai plus en détails les différents aspects des difficultés rencontrées par les étudiants africains en France, que ce soit dans leur pays d'origine, à leur arrivée en France, pendant leur cursus universitaire, ou à l'issue de leurs études. Pour terminer, j'analyserai les propositions faites par les différents acteurs concernés par les problématiques liées aux étudiants africains, qu'ils soient institutionnels ou associatifs, en prenant appui sur les initiatives locales menées à Bordeaux.

I. Relations France-Afrique en matière d'immigration estudiantine :

1. Histoire des migrations africaines des étudiants en France

a. L'étudiant étranger : migrant, émigré, immigré ou résidant temporaire ?

Tout d'abord, il convient de définir le statut de l'étudiant étranger en France. En effet, leur classification apparaît quelque peu problématique, selon que l'on se place du point de vue du pays d'origine ou du pays d'accueil : l'étudiant étranger est-il un migrant, un émigré ou un immigré ? Ainsi, l'histoire des étudiants étrangers peut-elle faire partie intégrante de l'histoire de l'immigration en France ? Les étudiants étrangers sont-ils, au même titre que les travailleurs immigrés, des migrants stabilisés, participant à l'évolution de la France ? Du fait du caractère passager du séjour des étudiants, ceux-ci ne sont souvent pas perçus comme des immigrés. Certains ne restent parfois que quelques mois, même si la plupart cherche à terminer leurs études, avant de repartir, et restent ainsi plusieurs années sur le territoire français. Pourtant, il arrive qu'une partie de ces étudiants s'installe définitivement en France, une fois leurs études terminées, ou même sans avoir fini leur cursus. Pour cette dernière raison, les autorités françaises ont décidé de classer les étudiants étrangers parmi les immigrés.

En ce qui concerne les modalités d'entrée et de séjour des étudiants étrangers en France, elles n'ont pas toujours été les mêmes qu'actuellement. « En fait, dès la fin du XIXème siècle, il y eut, en France, une profonde rupture : on parlait de plus en plus de séparation entre nationaux et non-nationaux2(*) ». D'où l'émergence à cette époque de l'obligation pour les étrangers de légaliser leur séjour, puis, à partir de l'entre-deux-guerres, leur entrée auprès de l'administration française, aussi bien pour les travailleurs que pour les étudiants. Auparavant, aucune formalité n'était requise, et la liberté de circulation était de mise, avec quelques restrictions mineures. Aujourd'hui, considérés comme des résidents temporaires, les étudiants étrangers sont soumis, depuis 1945, à l'obligation de disposer d'une carte de séjour étudiant3(*).

Leur statut actuel est donc celui d'un immigré, mais résidant temporairement sur le sol français, alors que la définition-même de l'immigré est celle de quelqu'un stabilisé en France.

b. L'immigration étudiante africaine en France

Trois phases marquent l'immigration des étudiants africains en France4(*) :

- De 1971 à 1984 : Les étudiants originaires des anciennes colonies arrivent en masse, après une ouverture des frontières aux élites africaines issues des premières années des indépendances. Dans un premier temps, cette immigration a été favorisée et entretenue par la France, qui voyait dans la formation de la jeunesse de la période post-indépendance l'occasion d'affirmer à l'échelle mondiale les valeurs de générosité et de fraternité entre les peuples qu'elle prétendait défendre, d'une part, et, d'autre part, de maintenir ou d'accroître son influence culturelle par son implication dans les cursus scolaires et universitaires des étudiants des pays « émergents ».

- De 1985 à 1987 : L'immigration étudiante africaine régresse au profit des migrations intra-européennes. C'est le début de la restriction du nombre d'immigrés en provenance des pays extra-européens ;

- Depuis 1987 : L'immigration africaine semble s'être stabilisée, malgré une progression constante pendant de nombreuses années. Les étudiants sont maintenant d'origines sociales très diverses alors que jusque dans les années 1980, seule l'élite intellectuelle des pays migrait pour effectuer des études supérieures en France.

Aujourd'hui5(*), les étudiants africains (y compris ceux en provenance des pays du Maghreb) sont très majoritaires. Jusqu'en 2003-2004, plus de la moitié des étudiants étrangers inscrits dans les universités françaises sont originaires des pays francophones d'Afrique (47% pour les seuls étudiants étrangers non bacheliers), et en particulier du Maroc et de l'Algérie (un étudiant étranger sur quatre est marocain ou algérien). Le nombre des étudiants des pays d'Afrique a augmenté de 73 % entre 1998 et 2003. Pour la première fois depuis 1998, toutes les croissances d'étudiants étrangers dans les universités françaises sont en baisse. La croissance « africaine » qui était de 12000 étudiants par an en 2001 et 2002 s'est réduite des deux tiers en 2004, atteignant 4100 étudiants par an. Le plus fort taux de croissance est désormais l'Asie. Les étudiants africains étaient, quant à eux, largement majoritaires parmi les étudiants étrangers en France jusqu'en 2004. La langue, les liens historiques, l'existence en France d'une communauté en provenance de ces pays, et les bourses offertes par la France ou le pays d'origine, semblent expliquer cette présence plus significative.

2. Politiques africaines d'envoi des étudiants : un dispositif aléatoire

a. Afrique sub-saharienne et Maghreb : des étudiants qui choisissent la France

Selon l'Institut de Statistique de l'UNESCO6(*), un Africain sur seize (soit 5,6 %) part étudier à l'étranger. Dans plusieurs pays du continent, « le nombre d'étudiants inscrits à l'étranger est égal, voire supérieur à celui de ceux qui étudient sur le territoire national », précise le rapport. Pour les étudiants d'Afrique, la première destination reste l'Europe de l'Ouest. L'Afrique (Afrique sub-saharienne et Maghreb) envoie ses étudiants essentiellement en France : 41% des étudiants africains à l'étranger choisissent la France, 14% vont aux États-Unis, 9% en Allemagne et 8% au Royaume-Uni. Tandis que 51% des étudiants étrangers dans les universités françaises sont africains, ils ne sont que 6% aux Etats-Unis, 8% au Royaume-Uni et 10% en Allemagne7(*).

Dans les universités bordelaises, cette tendance nationale se retrouve totalement, puisque d'une part, les étudiants africains sont les étudiants étrangers majoritaires8(*) et d'autre part, les étudiants marocains, sénégalais et algériens sont les étudiants africains les plus nombreux dans les quatre universités9(*).

b. Les conventions universitaires bilatérales, des accords politico-économiques

Les politiques africaines d'envoi des étudiants en France varient d'un pays africain à un autre, malgré une logique commune sous-jacente, la formation des futures élites. En effet, l'envoi des étudiants en France n'est possible qu'avec des pays partageant des conventions spécifiques avec la France. Les Etats africains entretiennent avec la France des relations complexes qui ne sont pas seulement définies par les dominations politico-économiques contemporaines, mais aussi par leurs relations culturelles qui se sont établies tout au long de l'histoire de la colonisation et qui s'est poursuivi bien après, avec la néocolonisation. Comme pour les migrations économiques, les circulations d'étudiants sont régies par des « accords internationaux qui ressemblent souvent à des marchandages, autour desquels s'imposent la loi et les concessions du plus fort. Elles sont, bien sûr, régulées par les politiques françaises de contrôle des étrangers10(*) ». Lors de la Conférence de Presse du 7 mars 2007 sur le dispositif Campus France11(*), M. Philippe Douste-Blazy, Ministre des Affaires Etrangères, a déclaré que « dans un monde où la production des savoirs est désormais le moteur du développement économique mais aussi le creuset de nouvelles inégalités, [il] entend mettre en oeuvre une politique de coopération universitaire tournée vers la formation des élites étrangères (dans notre pays ou hors de France) et l'internationalisation de la formation des étudiants français... Attirer les futurs décideurs des autres pays vers des sources françaises de diffusion du savoir est un objectif majeur. ».

Les étudiants africains majoritaires en France (Maroc, Sénégal et Algérie) viennent donc de pays ayant signé des conventions bilatérales spécifiques pour l'envoi de leurs étudiants en France. Le Maroc demeure le premier partenaire de coopération universitaire de la France. Ainsi, en 1990, est signé l'accord entre la République française et le Royaume du Maroc concernant la coopération dans le domaine de l'enseignement pour les élèves marocains résidant en France. Puis, en décembre 2006, le Ministre de l'Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement de la République française et le Ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle du royaume du Maroc ont établi une déclaration conjointe sur l'emploi et la formation entre ces deux pays. Dès 1970 ont été ratifié des accords de coopération en matière d'enseignement supérieur entre la République du Sénégal et la République française, qui ont été remis au goût du jour en mai 2000, lors de la signature de la Convention de Codéveloppement entre les deux pays12(*). Cependant, en ce qui concerne l'Ile Maurice, un seul accord aborde la question des « échanges universitaires ». Il a été rédigé et signé en 1979. C'est l'accord sur la validité des diplômes français d'enseignement supérieur à l'Ile Maurice. « Aujourd'hui, il existe des conventions entre l'université mauricienne et les universités françaises, mais seulement pour certaines filières, comme médecine ou architecture. Pour le reste des filières, les étudiants mauriciens viennent par leurs propres moyens, hors de toute convention13(*) ».

Selon l'intitulé des accords, on observe une différence d'approche des migrations d'étudiants africains en France, essentiellement en fonction du pays d'origine de ces étudiants.

En 2005-200614(*), l'Université Montesquieu de Bordeaux IV a subi une forte diminution du nombre total d'accords internationaux. Il y en avait, à cette période, 139, contre 163 en 2004-2005. A l'Université Michel de Montaigne, de Bordeaux III15(*), des accords de coopération existent avec les pays suivants : Maroc, Tunisie, Sénégal, Côte d'Ivoire, Burkina Faso, Niger, Togo, Cameroun, Tanzanie, Burundi, Rwanda et Ile Maurice

Dans une interview consacrée au journal d'information Les Echos, Oumar Duicko, ministre malien, a déclaré : « Nous ne pouvons accepter cette immigration qui va prendre ce qu'il y a de meilleur chez nous en fermant la porte à tous ceux qui ont des problèmes d'emploi16(*) ». Le Sénégal, le Bénin, mais aussi le Maroc, ont également dénoncé cette politique d'immigration « choisie » prônée par Nicolas Sarkozy, Ministre de l'Intérieur français qui ne fera « qu'appauvrir les ressources humaines dans les pays d'Afrique déjà en déficit1(*)0 ».

3. Politiques françaises d'accueil des étudiants : la sélection officielle des « meilleurs éléments »

a. De moins en moins de portes ouvertes pour les étudiants africains

Après une longue période d'ouverture, le gouvernement français s'est interrogé, à la fin des années 1970, sur la pertinence de ses orientations vis-à-vis des étrangers. La crise économique de ces années-là et la dégradation des conditions d'études à la suite de la croissance importante des effectifs d'étudiants français, semblent avoir conditionné l'attitude du gouvernement en matière d'accueil des étudiants étrangers. Ce dernier propose alors de donner la priorité aux étudiants des pays européens. Le décret du 31 décembre 1979, dit « Décret Imbert », traduit la volonté de contrôle et impose une procédure de préinscription en France pour les étrangers qui s'inscrivent pour la première fois dans l'enseignement supérieur.

Depuis les années 1990, les lois en matière d'immigration des étudiants sont de plus en plus restrictives. La politique de la France en la matière est aujourd'hui soumise à deux impératifs contradictoires : limiter l'immigration en provenance des pays pauvres d'Afrique et, simultanément, attirer des étudiants de valeur originaires de ces mêmes pays pour former leurs futurs cadres « à la française ». La France doit concilier à la fois le renforcement de la compétitivité de son système d'enseignement supérieur au niveau international et le maintien d'une tradition de formation des futurs cadres et décideurs des pays émergents. La politique française retourne donc au début des années quatre-vingt en matière d'immigration des étudiants, puisqu'elle tend à réduire le nombre d'étudiants africains qui viennent faire leurs études en France.

Le nombre de visas attribués aux étudiants étrangers n'est pas le même en fonction de la région d'origine17(*). Seuls les étudiants du Maghreb et de l'Afrique francophone subsaharienne ont vu leur nombre de visas attribués diminuer dès 2001, alors que pour toutes les autres régions du monde, le nombre de visas attribués augmente de manière significative à partir de 2001.

Dans l'ensemble, il y a une baisse du nombre d'étudiants étrangers pour les quatre universités de Bordeaux. A l'Université Montesquieu de Bordeaux IV, on constate un ralentissement dans la progression des effectifs étrangers depuis l'année universitaire 2003-200418(*) :

- entre 2003 et 2004, on constatait une progression de 21.42% des effectifs étrangers

- entre 2004 et 2005, on constatait une progression de 6.29% des effectifs étrangers

- entre 2005 et 2006, on constate une progression de 4.10% des effectifs étrangers

b. La Carte « Compétences et Talents » : l'officialisation de la sélection

En juin 2006, une nouvelle loi de réforme du Code d'Entrée et de Séjour des Etrangers et Demandeurs d'Asile (Loi CESEDA19(*)) a introduit des changements pour les étudiants étrangers. En effet, cette loi propose l'instauration de la carte de séjour « Compétences et Talents20(*) ». Les conditions de fond subordonnant la délivrance du titre et la qualité attendue des postulants est décrite ainsi : « La carte de séjour « Compétences et Talents » est délivrée à l'étranger susceptible de participer, du fait de ses compétences et de ses talents, de façon significative et durable au développement économique ou au rayonnement, notamment intellectuel, scientifique, culturel, humanitaire ou sportif de la France dans le monde ou au développement économique du pays dont il a la nationalité ». Quels en seront effectivement les destinataires ? On comprend rapidement qu'elle tente d'attirer ceux dont la présence en France est particulièrement souhaitée... Dans la pratique, ce sont les sportifs de haut niveau, les industriels, les chercheurs et les artistes de renommée internationale qui obtiennent un titre de séjour plus facilement. « Il s'agit ici de les attirer encore plus avec une carte à l'intitulé gratifiant et signifiant qu'ils sont vraiment désirés21(*) ».

Cette carte englobe également les étudiants étrangers, puisque la réforme s'inscrit dans l'idée de sélection des meilleurs éléments, et donc dans une approche utilitariste22(*). Les conditions de fond auxquelles sont subordonnés les étudiants étrangers demeurent les mêmes, à savoir une inscription dans un établissement d'enseignement et des moyens d'existence suffisants. Ce qui change profondément, c'est le contrôle effectué par les autorités consulaires des pays d'origine des dossiers de préinscription, alors que jusqu'à présent, les préfectures étaient seules habilitées à le réaliser. Il s'agit de généraliser les Centres pour les Etudes en France (CEF) existant déjà dans certains pays. La France pense pouvoir ainsi mieux maîtriser la venue des étudiants étrangers. L'Etat passe ainsi des contrats avec les établissements supérieurs afin de fixer des quotas, de définir les filières et les niveaux concernés. La philosophie d'ensemble du dispositif est bien d'opérer une sélection des étudiants, d'abord en fonction des besoins de la France (accueil des meilleurs, dans des filières performantes).

Pendant des décennies, les étudiants étrangers étaient considérés comme des résidents temporaires, et ils devaient, une fois la qualification acquise, repartir pour servir leur pays d'origine. La Loi CESEDA parle de « perspectives de retour », évoque « le développement économique de la France et du pays dont il (l'étudiant étranger) a la nationalité », mais il s'agit surtout en réalité de garder les personnes les plus qualifiées, sortant des grandes écoles ou titulaires de master recherchés et renommés, et de renvoyer les autres dans leur pays d'origine.

Les étudiants africains constituent donc toujours un instrument au service de la politique extérieure française, mais il n'est plus, en revanche, une facette de la politique d'aide au développement, du fait de la sélection des « meilleurs éléments ». Les étudiants africains sont donc dépendants des politiques de leur pays d'origine, mais surtout de leur pays d' « accueil », la France. Au quotidien, ces politiques se font de plus en plus dures, et la précarité des étudiants africains en France les touche dans tous les aspects de leur vie.

II. Les conditions de vie des étudiants africains en France : quelle réalité derrière le parcours du combattant ?

1. Le mythe français des papiers et du parcours administratif23(*)

a. Les modalités dans le pays d'origine :

Avant même de déposer un dossier de candidature pour l'inscription dans une université française il est imposé aux étudiants étrangers venant d'un pays non francophone, ou n'ayant pas étudié dans un lycée français, de passer (et de réussir) un test linguistique de connaissance de la langue française, et parfois même un test académique d'évaluation des connaissances, malgré la présentation d'un diplôme. Si ces deux tests sont passés avec succès, l'étudiant peut monter son dossier de candidature et l'envoyer, le plus souvent par le biais d'un organisme habilité, aux différentes universités demandées, qui sélectionne ensuite les dossiers. Depuis la Loi CESEDA, les critères sont plus difficiles à réunir (moyenne plus élevée au baccalauréat, conditions de ressources, projet professionnel...) et les quotas d'étudiants étrangers ne sont plus les mêmes en fonction des filières. Ils auront plus de chance de s'inscrire dans une filière peu demandée par les étudiants français (Lettres, Arts...), alors qu'en Sciences ou en Economie, les places sont de plus en plus verrouillées.

Lorsqu'une université choisie a validé la préinscription, il est nécessaire d'obtenir un visa « long séjour, mention étudiant ». De nombreux critères sont évalués avant de fournir cette catégorie de visa : il faut un passeport valide, la préinscription à l'université, une garantie de domicile et une attestation bancaire, prouvant que l'étudiant disposera d'au moins 430€ par mois pendant son séjour en France. Le passeport est, bien entendu, payant. La préinscription à l'université dépendra du quota de la filière demandée. La garantie de domicile n'est possible que si l'étudiant connaît déjà sur place quelqu'un qui peut le loger. L'attestation bancaire n'est, certes, pas le papier administratif le plus difficile à fournir, puisque que les banquiers ne sont pas très regardants sur la réalité de ces versements. Et de toute façon, si les parents de l'étudiant avaient tous réellement 430€ par mois à lui envoyer pour qu'il fasse des études en France, ne ferait-il pas mieux de les garder et monter, par exemple, un petit commerce qui rapporterait bien plus ? Si l'étudiant réussit à réunir tous ces papiers administratifs, encore faut-il qu'il puisse assurer le paiement de son visa.

b. Les modalités à l'arrivée en France : la multiplication des interlocuteurs :

Selon A., Clayes24(*), « l'accueil des étudiants étrangers repose sur le principe d'égalité avec les étudiants français, que ce soit pour les conditions d'inscription universitaire (même exigence de niveau) ou les conditions matérielles d'hébergement et de restauration ». L'égalité des étudiants étrangers avec les étudiants français est mise en avant lorsque cela arrange, alors même que certaines conditions ne sont pas égalitaires. Avant même de monter un dossier de demande de Carte de Séjour, l'étudiant étranger est confronté au parcours administratif kafkaïen qu'est celui de la France.

Ainsi, la première étape à franchir est celle de l'ouverture d'un compte en banque. Plusieurs difficultés se posent alors :

- Une discrimination indirecte, qui consiste tout simplement à refuser d'ouvrir un compte en banque, sous prétexte de ne pas avoir assez d'argent pour le remplir, ou de ne pas encore avoir de titre de séjour ;

- Une mauvaise volonté des banques qui exigent la présentation d'une Carte de Séjour pour permettre à l'étudiant étranger d'ouvrir un compte, alors que la délivrance d'une Carte de Séjour est conditionnée par, la présentation du Relevé d'Identité Bancaire. Selon l'avocat du TGI de Bordeaux que j'ai interviewé lors de la phase exploratoire de mon travail, « Les banques font de la discrimination indirecte, en expliquant que, sans titre de séjour, elles ne peuvent ouvrir un compte à un étudiant étranger... C'est le serpent qui se mord la queue25(*) ».;

- Une méconnaissance du système législatif français, du système bancaire, voire de la langue française, qui ne permet pas aux étudiants étrangers de comprendre correctement l'entretien avec le banquier à l'ouverture ;

- Des refus de délivrance d'une carte bleue, sous prétexte que l'étudiant étranger n'a pas de Carte de Séjour, et la délivrance d'une seule carte de retrait ;

- Des temps d'obtention des moyens de paiement souvent trop longs qui empêchent les étudiants étrangers de payer l'inscription à l'université ou la caution pour le logement par chèque.

L'inscription universitaire, passage obligé pour tous les étudiants, français et étrangers, ne se passe cependant pas de la même façon pour ces deux catégories d'étudiants. En effet, la lisibilité et la clarté des dossiers d'inscription ne sont pas toujours valables pour les étudiants étrangers, de surcroît non francophone. Les termes utilisés dans ces dossiers sont parfois déjà bien difficiles à comprendre pour un Français, alors pour un étudiant étranger, non habitué à toute cette machine administrative, ils relèvent de la science. Les dossiers ne sont, en aucun cas, adaptés à l'origine étrangère des étudiants. De plus, il n'y a pas de politique d'accueil spécifique de ces étudiants étrangers, qui sont reçus de la même façon que les étudiants français, toujours par souci d'égalité entre les deux catégories. Très peu de guichet spécial pour étudiants étrangers n'est mis en place, qui tiendrait compte de leurs spécificités (langue, culture...). En matière de santé, l'étudiant de nationalité étrangère bénéficie de la sécurité sociale étudiante, au même titre que les étudiants français, depuis l'arrêté du 29 juin 1999. Pourtant, rien ne leur permet d'être au courant de certaines modalités qui leur permettraient de ne pas payer la sécurité sociale (cotisations salariales) ou de connaître les conditions et démarches pour l'accès à une mutuelle gratuite (CMU).

c. La Carte de Séjour, passeport pour le droit au séjour sur le territoire français :

Lorsque enfin, l'étudiant étranger a réussi à ouvrir un compte en banque et à s'inscrire administrativement à son université, il peut alors déposer un dossier de demande de Carte de Séjour, dernière étape qui autorise (ou non) le séjour sur le territoire français. Les papiers à fournir pour l'obtention de la Carte de Séjour26(*) sont toujours aussi nombreux, malgré une volonté de simplification des démarches administratives27(*) :

- Les justificatifs d'ordre général : L'étudiant doit présenter les indications relatives à son état civil (passeport), les documents prouvant qu'il est entré régulièrement en France (visa et tampon de la date d'entrée en France), quatre photographies d'identité et un justificatif de domicile. Le visa du passeport doit porter la mention « Visa D, long séjour, mention étudiant ». Malheureusement, certains pays d'origine, par inadvertance, ou intentionnellement, délivre un visa « court séjour », qui ne permet pas à l'étudiant d'obtenir une carte de séjour et qui le contraint à retourner dans son pays changer la nature de son visa. Pour ce qui est des quatre photographies, certaines sont refusées au motif que l'étudiant ne « ressort pas assez sur le fond ». Le justificatif de domicile doit être daté de moins de trois mois. Cette modalité est inscrite sur la liste des papiers à fournir, mais peu d'étudiants ne comprenne ce qu'elle veut réellement dire ;

- Les justificatifs relatifs aux études : une attestation d'inscription provisoire ou définitive établie par l'établissement d'enseignement (certificat de scolarité) ;

- Les justificatifs de ressources : L'étudiant étranger doit justifier qu'il dispose de ressources suffisantes pour vivre et étudier en France. Ses moyens d'existence doivent correspondre à 70 % de l'allocation d'entretien mensuelle de base versée aux boursiers français, soit actuellement 430€ pour les premiers et deuxièmes cycles et 536€ pour les troisièmes cycles. La Préfecture accepte également un contrat de travail (plutôt en CDI) accompagné des trois derniers bulletins de salaire, ou alors, les trois derniers relevés de compte bancaire attestant qu'il y a des rentrées d'argent régulières ou un solde positif d'au moins 2500€. Le secret bancaire et le respect de la vie privée sont, en quelque sorte, outrepassés par la Préfecture. Lors de leur séjour en France, aucun suivi n'est réalisé en ce qui concerne les ressources mensuelles des étudiants étrangers. Pour le visa, comme pour la Carte de Séjour, l'étudiant étranger réussit à se procurer au moins un des papiers prouvant qu'il dispose de 430€ par mois pendant son séjour en France. Mais personne ne vérifie cette formalité. Certains étudiants se passent même parfois leur justificatif, en changeant juste le nom. 

La Carte de Séjour est temporaire. Elle n'est valable qu'un an et doit obligatoirement être renouvelée avant sa date d'expiration. Son renouvellement dépend de l'assiduité dans les études et les examens (nécessité de produire le relevé de notes des derniers examens passés), la cohérence du cursus universitaire ou des changements d'orientation (mieux vaut appuyer par une lettre d'un professeur tout changement de filière), et de la progression dans les études suivies (Obligation de « monter dans les études »). Le caractère réel et sérieux des études est vérifié au moyen de l'assiduité aux travaux dirigés, des résultats des examens présentés, des notes et des diplômes obtenus. Des justificatifs sont demandés à l'occasion de chaque renouvellement. Lors de mon entretien au TGI de Bordeaux, l'avocat m'a déclaré que, d'après lui, la politique de la France est faite de telle manière que « [Seuls] les étudiants français ont le droit d'échouer, pas les étudiants étrangers28(*) ».

Lors des derniers Etats Généraux de l'UNEF29(*) (18 novembre 2006), des mesures ont été décidées entre le syndicat étudiant et le Ministre de l'Intérieur, M. Sarkozy, pour améliorer les conditions de séjour des étudiants étrangers. Le Ministère de l'Intérieur a ainsi ouvert la possibilité de délivrer des cartes de séjour pluriannuelles (jusqu'à trois ans) pour les étudiants étrangers inscrits dans une formation menant au Master. Cette modalité devrait être introduite dès la rentrée universitaire de septembre 2007.

Soi-disant par souci d'égalité avec les boursiers, on demande aux étudiants étrangers de percevoir 430€ par mois, pendant toute la durée de leurs études. On leur demande également de progresser dans leurs études, ou du moins, en cas de changement d'orientation, d'avoir de sérieux soutiens, puisque le renouvellement de la bourse pour les étudiants boursiers dépend de ses mêmes critères. Cependant, derrière cette prétendue égalité, on oublie que les étudiants boursiers ont une bourse, en échange de ces conditions, et que les étudiants étrangers, eux, ont un droit au séjour ; et qu'ensuite, si, pour les premiers, leur bourse est supprimée, ils ont la possibilité de se tourner, soit vers un emploi pour financer leurs études, soit vers un prêt à taux zéro avec le CROUS, alors que pour les seconds, la reconduite à la frontière est généralement la seule issue.

2. Survivre à la discrimination : le logement et l'emploi

a. Les mal lotis du logement :

Les étudiants africains ont, à leur arrivée en France, trois possibilités de logement. Premièrement, ils peuvent être logés par des personnes qu'ils connaissaient avant de venir en France, ou par des compatriotes rencontrés à leur arrivée ; dans ce cas-là, ils sont, la plupart du temps, « hébergés », grâce au réseau de solidarité. S'ils ne connaissent personne, ils ont la possibilité de faire une demande de logement en résidence universitaire. Malheureusement, les quotas sont plutôt faibles pour les étudiants étrangers qui viennent par leurs propres moyens faire des études en France, surtout pour les primo-arrivants. Le site du Crous de Bordeaux précise que « Les autres étudiants étrangers, c'est-à-dire les étudiants étrangers individuels, ne sont pas prioritairement logés. Ils seront accueillis en fonction des disponibilités dans le cadre des 25% des logements réservés à l'ensemble des étudiants étrangers. Ils ont donc peu de chance d'obtenir un logement du Crous30(*) ». La dernière solution, qui est souvent celle « choisie » par les étudiants africains, est la recherche d'un logement par ses propres moyens (logement privé), soit en passant par une agence, soit directement par un service de particulier à particulier.

Cependant, lors de la recherche d'un logement privé, les étudiants étrangers rencontrent beaucoup plus de difficultés que leurs homologues français. La spécificité des étudiants africains tient du fait que leur origine géographique, ou culture, n'est pas toujours bien acceptée par les propriétaires, qui pensent parfois que louer un appartement à un étudiant africain est un risque qu'ils ne souhaitent pas prendre. Et si l'étudiant faisait venir son père (et ses trois femmes), ses dix frères et soeurs, et ses trois cousins, pour emménager dans son logement ? Dans l'optique optimiste de non-discrimination de la part du bailleur, lors de la visite d'un logement, il reste encore à l'étudiant étranger l'obligation de trouver un garant sur le sol français. Un étudiant mauricien interrogé m'a expliqué que lors de sa recherche d'appartement, le propriétaire lui disait souvent « que y'avait d'autres personnes avant, en plus ils étaient français, donc ils avaient les garants31(*) ». A tout cela s'ajoutent des difficultés d'ordre financières, lors du versement d'un dépôt de garantie équivalent à deux ou trois mois de loyer avant d'accéder au logement, à payer en plus du premier mois de loyer. Une mauvaise connaissance de la législation française en matière de logement les condamne bien souvent à accepter des logements insalubres à des loyers exorbitants. Les dispositifs d'aide au logement (LOCAPASS, Clé d'Aquitaine, à Bordeaux) sont souvent méconnus des primo-arrivants, qui sont ceux qui ont le moins de chance de connaître une personne susceptible de se porter garante pour eux. Face aux difficultés rencontrées pour accéder au logement individuel, les étudiants étrangers se replient donc fréquemment sur des solutions plutôt temporaires, voire précaires. En 2003, ils sont ainsi 29,3% à vivre chez un membre de la famille (autre que les parents), en location à plusieurs, en sous-location, dans un foyer ou dans un autre logement précaire. Les étudiants étrangers sont seulement 31% à estimer que leur logement est satisfaisant alors que c'est le cas de 67,5% des étudiants français32(*).

b. Les étudiants africains : ces petits travailleurs infatigables :

Après avoir trouvé un logement, quelque précaire qu'il soit, il faut maintenant honorer son loyer, manger, payer son inscription à l'université, acheter ses fournitures scolaires, payer ses factures d'électricité, de gaz, d'eau, de téléphone, son abonnement de transport, la taxe d'habitation... Il est donc nécessaire de trouver des ressources. En effet, rares sont les étudiants qui reçoivent réellement les 430€, obligatoires pour le séjour en France. Aucune étude n'est réalisée sur cet aspect de leur vie, il n'est donc pas possible de connaître exactement le nombre d'étudiants africains obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins. La législation française autorise les étudiants étrangers à travailler au maximum de 830 heures dans l'année. Cela correspond à un travail à mi-temps durant la semaine (soit 17,5 heures par semaine) et à temps plein pendant les périodes de vacances scolaires. La Préfecture a établi que « bien que la situation de l'emploi soit opposable aux ressortissants étrangers titulaires d'une carte de séjour portant la mention "étudiant", une autorisation provisoire de travail (APT) peut leur être accordée pendant l'année et les vacances universitaires, dès la première année d'étude en France33(*) ». Même l'Association des Stagiaires et Etudiants Africains en France (ASEAF) précise, sur son site Internet : « Si votre venue en France est liée aux études, il faut alors consacrer l'essentiel de votre temps à cet effet. La priorité est d'obtenir un diplôme, de finir une formation, qui vous seront utiles à vous et à votre pays. En ce sens, toute activité salariale doit être un moyen et non une fin en soi »34(*). Jusqu'à présent, certaines nationalités n'étaient pas soumises à cette APT. C'était le cas notamment des étudiants européens, mais aussi de ceux du Gabon, du Togo et de l'Algérie « en application des accords bilatéraux35(*) ». Les derniers Etats Généraux de l'UNEF36(*) ont permis de valider des mesures proposées pour faciliter l'accès au travail des étudiants étrangers. Ainsi, depuis janvier 2007, l'APT, a, en principe, été supprimée pour tous les étudiants étrangers. Seule la Carte de Séjour devrait suffire pour travailler. De plus, la limite légale s'élève maintenant à vingt et une heures par semaine.

La discrimination à l'embauche dont sont victimes les étudiants africains n'est pas vraiment cachée, puisqu'il existe des boulots « spécial étudiants étrangers, de préférence africains37(*) ». Depuis quelques années, il s'est développé une « véritable spécialisation des étudiants noirs d'Afrique dans certains métiers : gardiennage, hôtellerie, mais aussi ménage, services à la personne38(*) ». Les étudiants africains sont devenus de vrais petits vigils et plongeurs, et les étudiantes africaines, de vraies petites techniciennes de surface et spécialistes du service à domicile. Les étudiants africains sont réputés être des « petits travailleurs infatigables », car ils effectuent la plupart du temps des tâches pénibles, ont parfois un travail de nuit ou même en cumulent deux, et souvent travaillent dans l'illégalité, puisque la durée maximale de temps de travail par semaine ne suffit pas toujours à joindre les deux bouts.

c. L'assistance sociale, dernier recours en « Terre d'Asile » :

Le Fonds de Solidarité Universitaire (FSU) est une aide de l'Etat qui permet aux CROUS d'accorder, sous forme de prêts, d'allocations exceptionnelles ou de dons, une aide financière rapide aux étudiants momentanément en difficulté. Chaque demande fait l'objet d'un dossier instruit par une assistante sociale. La commission du Crous décide de l'attribution ou non d'une aide. D'après les statistiques, les étudiants africains font plus souvent appel à une assistante sociale que les étudiants français39(*). Les assistantes sociales répondent seulement aux demandes émanant des étudiants, après une démarche personnelle de leur part. Les étudiants africains qui viennent faire une demande d'aide financière ne comprennent pas toujours les refus dont ils font l'objet. Beaucoup arrivent avec des mots comme « France Terre d'Asile, patrie des Droits de l'Homme, de Voltaire et de Rousseau... », et pensent qu'ils auront automatiquement droit à une aide, grâce à cela. « Mais aujourd'hui, la France est plutôt la Terre de Sarkozy40(*) ».

3. Trajectoires universitaires et changement de statut

a. Adaptation universitaire et orientation41(*) :

Les étudiants étrangers expriment souvent des difficultés de repérage et d'adaptation à l'égard de certaines pratiques pédagogiques caractéristiques de l'enseignement supérieur français. Un étudiant mauricien42(*) m'a ainsi expliqué la différence entre la littérature française en France (auteurs français classiques) et celle à l'Ile Maurice (auteurs africains francophones). Les étudiants étrangers qui viennent en France, sans bénéficier d'une bourse ou d'un cadre minimum d'accueil (programmes d'échanges), éprouvent de réelles difficultés pour trouver leur chemin dans la structure de l'enseignement supérieur français. Lors de la phase exploratoire de mes recherches, une assistante sociale m'a révélé certaines pratiques qui semblent être monnaie courante dans certaines universités43(*). Ainsi, à l'Université Montesquieu de Bordeaux IV, certains professeurs, bénéficiant d'une largesse de manoeuvre, ont créé des Masters avec très peu de débouchés, et donc très peu d'étudiants français inscrits. Ces professeurs vont chercher des étudiants africains pour remplir ces cours, car ils savent qu'ils accepteront plus facilement, sous couverts d'obtenir un visa pour la France. Une fois arrivés en France, ils se retrouvent seuls, sans soutien, et avec parfois d'importantes difficultés financières.

b. Changer de statut, intéressant politiquement et économiquement :

A l'issue de la fin des études (et sous couvert de l'obtention d'un diplôme), il est, en principe, possible à l'étudiant étranger d'effectuer une demande de changement de statut, qui lui permette d'obtenir une Carte de Séjour « mention travailleur ». Cependant, jusqu'à présent, la Préfecture s'opposait presque systématiquement aux premières demandes d'APT formulées par des étudiants étrangers ayant achevé leur cursus universitaire en France. Cette position politique apparaît aujourd'hui trop restrictive pour deux acteurs de poids. Tout d'abord, la volonté du gouvernement de (co)développement des pays africains, à travers la formation de leurs futures élites par le système français d'éducation devrait permettre l'acceptation, sous certaines conditions, du changement de statut d'étudiants africains. De plus, les intérêts économiques et commerciaux des entreprises françaises, qui souhaitent recruter de jeunes diplômés issus des aires géographiques avec lesquelles elles entretiennent des relations économiques, pourraient être satisfaits grâce aux étudiants africains. Selon le Ministre de l'Intérieur, « il apparaît en effet, aujourd'hui, que la validation d'un cursus universitaire concrétisé par des diplômes et confortée par une première expérience professionnelle en entreprise sert à la fois les intérêts de notre pays et assure au pays d'origine un codéveloppement effectif en permettant le retour de jeunes professionnels44(*)  ».

Actuellement, il y a donc un certain allègement des procédures, dans le sens où les Préfectures ont été chargées (par le Ministre de l'Intérieur) d'examiner plus en profondeur les demandes de changement de statut, selon de nouveaux critères45(*) :

- Les critères tenant aux motivations de l'entreprise : L'employeur devra, par une lettre de motivation ou par tout autre élément, justifier des raisons pour lesquelles il fait appel à un étudiant étranger (apport du jeune diplômé étranger à l'entreprise) ;

- Les critères tenant au profil de l'étudiant étranger : L'étudiant devra expliquer la durée de ses études et le niveau de diplôme obtenu en France, ainsi que l'adéquation entre l'emploi proposé et sa formation.

Le Ministère de l'Intérieur a récemment signalé qu'une autorisation de travail de six mois pourra être délivrée aux étudiants étrangers qui viennent d'obtenir, en France, un diplôme au moins égal au Master, lorsqu'ils souhaitent compléter leur formation par une première expérience professionnelle. Elle ne sera accordée que « si le jeune justifie l'intérêt de ce projet pour son pays d'origine, dans lequel il retournera obligatoirement46(*) ». En 2005, seulement quatre mille changements de statut ont été acceptés pour deux cent mille étudiants étrangers47(*). D'après les dires des personnes interrogées lors de mes entretiens (étudiants étrangers et membres des associations), la plupart des étudiants africains qui font leurs études en France « n'ont qu'une seule envie, une fois leurs études terminées : rentrer dans leur pays, après une première expérience en France48(*) ».

c. Vos papiers, s'il vous plaît !

Depuis la rentrée de 2004, un mouvement de défense des enfants scolarisés et de leur famille sans-papiers a vu le jour. Le Réseau Education Sans Frontières (RESF)49(*) a permis à de nombreux élèves de sortir de l'isolement et de mener une lutte pour leur régularisation et celle de leur famille. Cependant, le risque pour un jeune d'être éloigné de force du territoire français ne s'arrête pas aux portes des établissements scolaires. Ce sont maintenant les étudiants étrangers qui se retrouvent sans-papiers. A la rentrée universitaire s'est constitué, au niveau nationale, le Réseau Université Sans Frontière (RUSF). Le RUSF « aura vocation à briser l'isolement des étudiants sans-papiers et fera échec à ces réglementations absurdes50(*) ». En effet, l'étudiant étranger est sans cesse menacé par l'intrusion de la Préfecture dans son cursus universitaire et dans sa vie privée (logement, emploi...). Les préfectures refusent ainsi de renouveler les titres de séjour des étudiants prétextant l'insuffisance de ressources, l'expiration de la Carte de Séjour, l'absence de logement ou s'arrogeant un droit de regard sur leur parcours universitaire. Elles jugent seules, de façon arbitraire et sans aucune compétence ni légitimité pédagogique, du « sérieux » (changement d'orientation justifié) et de la « réalité » des études suivies (justificatifs d'absence aux examens obligatoire). Lorsque l'étudiant a terminé ses études, il peut faire une demande de changement de statut pour rester en France et travailler. Si la Préfecture ne lui accorde pas ce nouveau statut, l'étudiant perd son titre de séjour étudiant et n'a donc plus de titre de séjour en cours de validité. Une invitation à quitter le territoire dans un délai d'un mois est alors envoyée à l'étudiant qui se retrouvera en situation irrégulière s'il ne le fait pas dans le délai imparti.

Être étudiant sans-papiers51(*) en France, c'est d'abord encourir le risque, lors d'un contrôle, de se voir placer en centre de rétention, avant d'être renvoyé dans son pays d'origine. C'est également se voir refuser une inscription dans un établissement d'enseignement supérieur malgré une inscription pédagogique, qui conduit à l'impossibilité de travailler autrement que clandestinement, en raison de l'absence de titre de séjour. Ne plus avoir de titre de séjour, c'est ne plus pouvoir vivre libre.

Nous assistons depuis plusieurs années à la dégradation de la situation des étudiants africains en France : conditions d'accueil déplorables, difficultés sociales, universitaires et précarité administrative sont les maîtres mots de leur parcours. Le gouvernement semble, cependant, se préoccuper de plus en plus de cette situation nuisible pour tous, et met ainsi en oeuvre des dispositifs pour l'amélioration des conditions de vie des étudiants étrangers. Les structures universitaires interviennent également dans cette directions, mais il semble que ce soit les associations d'étudiants africains qui soient les plus dynamiques envers leurs « compatriotes ».

III. Initiatives nationales et locales pour un meilleur accueil des étudiants africains en France

Cependant, depuis plusieurs années, on observe plusieurs initiatives nationales et locales pour améliorer la qualité d'accueil des étudiants étrangers.

1. Réponses institutionnelles à la problématique de l'accueil des étudiants étrangers en France

a. Des rapports à la pelle :

Différents rapports ont été commandés par le gouvernement aux ministères concernés par la problématique de l'attraction, de l'accueil et du suivi des étudiants étrangers en France. Le premier rapport sur la situation des étudiants étrangers en France date de 1997. Les différents rapports remis depuis 199752(*) (le rapport de Patrick Weil en 1997, le rapport d'Albert Prévos53(*), en 1999, le rapport de Bernard Dufourg en 1999, le rapport d'Alain Claeys en 1999, le rapport d'E. Flitti en 2000, et celui d'E. Cohen en 2001) préconisent surtout des mesures pour mieux organiser l'accueil des étudiants étrangers désireux de venir effectuer des études en France. Ces mesures visent, en général, à faciliter l'obtention du visa, l'accès aux informations scolaires et pratiques et la participation aux concours.

Le rapport Claeys54(*), réalisé en 1999, pour la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, affirme que les étudiants étrangers « individuels » ou « privés » ne bénéficient pas d'un système de prise en charge spécifique en France. Cette situation se traduit par un fort isolement, que ces étudiants connaissent fréquemment quelque temps après leur arrivée en France. Ce rapport, intitulé « L'accueil des étudiants étrangers : enjeu commercial ou priorité éducative ? » aborde la problématique de l'accueil des étudiants étrangers principalement sous un angle économique, en essayant de montrer que la France a tout à y gagner en faisant des efforts dans l'accueil de ses étudiants étrangers En effet, ces derniers devraient contribuer à donner une meilleure image de l'ouverture de la France à l'international.

Le Rapport Cohen55(*), commandé par le Ministère de l'Education Nationale et le Ministère des Affaires Etrangères en 2001, propose cinquante mesures pour améliorer l'accueil des étudiants étrangers en France. Ces mesures sont réparties selon différentes lignes d'action :

- Soutenir et réguler les projets internationaux des établissements en confortant leur autonomie et leur capacité d'initiative ;

- Mettre en place ou renforcer les instruments d'information, de coordination, d'orientation et d'évaluation concernant les politiques d'accueil des étudiants étrangers ;

- Renforcer la cohérence de la chaîne de l'accueil et la coordination entre les différents acteurs qui y contribuent56(*) ;

- Apporter des améliorations décisives aux conditions d'hébergement et de vie des étudiants et des chercheurs étrangers en France.

Ces mesures semblent prendre en compte tous les aspects du parcours actuel que tentent de franchir les étudiants africains arrivant en France. Le rapport propose notamment une meilleure « cohérence de la chaîne de l'accueil », qui pourrait être un moyen de simplifier toutes les démarches administratives rencontrées par les étudiants dans leur pays d'origine et à leur arrivée en France. Il présente également des conclusions sur l'amélioration des conditions de vie des étudiants étrangers, principalement en ce qui concerne le logement. Cependant, certaines grandes lignes, comme celle souhaitant que les universités gardent « leur autonomie et leur capacité d'initiative », en leur laissant la possibilité de choisir elles-mêmes leurs étudiants étrangers, selon des critères pédagogiques bien précis, ne semble pas avoir été longtemps suivies.

En effet, le Rapport du Sénat sur l'accueil des étudiants étrangers57(*) remet en cause cette autonomie des universités et propose que ce soit l'Etat qui, désormais, s'occupe des étudiants étrangers. La première mesure proposée va dans ce sens : L'Etat doit établir un plan général d'action en créant un cadre législatif pour donner des lignes directrices à la politique de la France dans le secteur de la mobilité internationale universitaire. Il doit permettre de déterminer quels étudiants il est souhaitable d'accueillir et de donner aux Universités les moyens de les attirer. D'autres mesures viennent ensuite compléter l'idée première du rapport :

- Privilégier la formation des étudiants de premier cycle dans leur pays d'origine, mais aussi orienter et sélectionner les étudiants des pays du Sud avant leur départ ;

- Améliorer la qualité de l'accueil en l'adaptant aux besoins spécifiques des étudiants étrangers, en contrepartie d'une « contribution financière modulable » ;

- Instaurer systématiquement des guichets uniques d'accueil des étudiants étrangers ;

- Créer un « Conseil pour l'accueil des étudiants étrangers » (suivi quantitatif et qualitatif, suivi pédagogique).

On se rend compte rapidement, à la lecture de ce dernier rapport sur les améliorations à apporter à la situation des étudiants étrangers en France, que la raison sous-jacente à ces améliorations n'est plus la même qu'en 1999. Les étudiants étrangers, tout d'abord appréhendés sous l'aspect économique (leur apport à la France et pour la France : Rapport Clayes), puis sous un aspect un peu plus social et solidaire de leur situation (Rapport Cohen) deviennent un enjeu politique de plus en plus marqué. Cette politisation de l'éducation universitaire est flagrante depuis le Rapport du Sénat qui préconise la création d'un cadre législatif dans le domaine de la mobilité internationale universitaire. Jusque là, seules les universités étaient habilitées à décider de la politique à mener en cette matière. Maintenant, le gouvernement a un droit de regard sur cette question.

b. La France se doit d'être plus attractive pour les étudiants étrangers :

Un opérateur unique a été créé récemment, afin de reprendre et de fédérer les missions jusqu'ici exercées par l'agence EduFrance, l'association Egide et le CNOUS58(*). Le Ministère des Affaires Etrangères a, en effet, lors de la conférence du 7 mars 2007, officialisé la création de l'agence Campus France, qui aurait pour mission essentielle de « conforter la compétitivité de la France sur la scène internationale et d'affirmer sa vocation traditionnelle de partenaire du développement du Sud... Attirer les meilleurs étudiants étrangers, mieux les accueillir, valoriser notre savoir-faire et nos formations auprès de ceux qui seront les élites de demain et qui peuvent devenir des relais essentiels pour l'influence de notre pays : telle est l'ambition que nous nous étions donnée. Elle trouve aujourd'hui sa concrétisation avec la création de l'agence Campus France59(*) ».

Auparavant, l'agence EduFrance, placée sous la tutelle du Ministère de l'Education Nationale et du Ministère des Affaires Etrangères, s'occupait de la promotion des formations universitaires françaises, ainsi que de l'accès à l'information depuis l'étranger. L'association Egide (Centre français pour l'accueil et les échanges internationaux) se consacrait à la gestion et à l'accueil de certains étudiants étrangers boursiers. Le CNOUS, lui, avait une vocation plus généraliste, puisque le réseau des CROUS intervenait également dans la gestion des étudiants boursiers, mais aussi pour l'accueil de l'ensemble des étudiants étrangers, boursiers ou non.

A partir de la rentrée prochaine, les actions de Campus France auront quatre objectifs principaux : la promotion à l'étranger des formations supérieures françaises pour l'attraction de nouveaux étudiants étrangers, la mise en oeuvre de partenariats avec des universités étrangères, l'instauration progressive d'un guichet unique pour l'accueil des étudiants étrangers en France60(*) (depuis leur orientation jusqu'à la gestion de leur bourse), ainsi que le soutien à la mobilité internationale des chercheurs. L'objectif sous-jacent est de simplifier le dispositif d'accueil des étudiants et des chercheurs étrangers dans un environnement universitaire international de plus en plus compétitif. L'avantage le plus sensible pour les étudiants étrangers sera de n'avoir d'un bout à l'autre de ce processus maintenant linéaire qu'un seul guichet auquel s'adresser pour l'ensemble de ses démarches.

L'agence Campus France a cependant déjà élaboré certaines mesures pour les étudiants étrangers, comme la création des Centres pour les Etudes en France (CEF). Dès 2005, les ambassades de France à l'étranger ont ouvert de « véritables guichets uniques d'écoute et de dialogue avec les étudiants étrangers61(*) ». Ce nouveau système d'accueil permet à ces derniers de préciser leur projet d'études, de faciliter leurs démarches de préinscription (en liaison avec les établissements d'enseignement supérieur) et d'accélérer la procédure de délivrance des visas. Les CEF sont institués par la Loi CESEDA. Aujourd'hui, ils existent au Cameroun, en Corée du sud, en Chine, dans les trois pays du Maghreb, au Mexique, au Sénégal, en Turquie et au Vietnam. De nouveaux CEF ont, en principe, ouverts en décembre 2006 au Canada, aux États-Unis, en Colombie, au Brésil, à Madagascar, au Gabon, en Guinée, au Liban, en Syrie, en Russie et en Inde. Ils sont présentés comme étant des plates-formes de services mises en place auprès des ambassades pour être les interlocuteurs des étudiants étrangers. Le Ministre des Affaires Etrangères a récemment déclaré : « Il s'agit désormais de se placer dans une perspective qualitative, pour maximiser l'apport de ces étudiants au rayonnement universitaire, culturel, politique et économique de la France...Les CEF nous ont permis d'améliorer la qualité des profils des étudiants souhaitant venir en France62(*) ».

2. Initiatives locales : l'exemple de la Ville de Bordeaux

Plusieurs initiatives locales pour favoriser l'accueil et/ou l'intégration des étudiants étrangers ont vu le jour depuis quelques années. Des villes ont ressenti le malaise de certaines catégories d'étudiants rencontrant de nombreuses difficultés, comme les étudiants étrangers, et ont voulu mettre en place un dispositif qui permettraient un meilleur accueil de ces étudiants. La Ville de Bordeaux a ainsi fait des efforts dans ce sens, et c'est principalement le Pôle Universitaire de Bordeaux qui en est à l'origine.

a. Les actions du Pôle Universitaire pour les étudiants étrangers63(*) :

L'Espace Rentrée Etudiant (ERE) est organisé par le Pôle Universitaire et le CROUS de Bordeaux. Il s'agit d'un lieu proposant aux étudiants de nombreux services pour leur installation sur Bordeaux : logement (annonces, dossier CAF, conseils juridiques), emploi (offres), banque (ouverture d'un compte), transports (abonnement Connex et trains), sécurité sociale étudiante, connexion Internet gratuite. Cet espace, accessible à tout étudiant, ou futur étudiant, réunit en un seul lieu de nombreuses démarches à effectuer lors d'une première année d'études, mais aussi lors du renouvellement de certaines formalités (carte de bus, changement d'adresse...). Il est donc particulièrement intéressant pour les étudiants étrangers primo-arrivants sur Bordeaux, puisqu'il centralise un maximum de démarches à effectuer. Cependant, le personnel d'accueil n'est pas formé pour répondre à certaines spécificités de cette catégorie d'étudiants, comme les modalités précises de demande de titre de séjour, les formalités pour obtenir une APT, les bourses ou logements possibles...

Malgré tout, suite à l'arrivée de nombreux étudiants étrangers à chaque rentrée universitaire, le Pôle Universitaire de Bordeaux64(*), en partenariat avec la Préfecture et le CROUS de la Gironde a décidé, depuis août 2004, de créer une « Cellule Carte de Séjour » à l'ERE de Bordeaux, afin de faciliter le traitement des dossiers de demandes de titres de séjour. Les étudiants étrangers, de fin août à mi-décembre, s'adressent donc à la Cellule, et ne se déplacent donc plus à la Préfecture pour leur titre de séjour, qu'en dehors de cette période de rentrée universitaire. La cellule, composée de cinq tuteurs, s'occupe de la constitution des dossiers de première demande et de renouvellement des cartes de séjour des étudiants étrangers à Bordeaux. Les tuteurs sont tous des étudiants, français ou étrangers, et ils connaissent, pour la plupart, les difficultés rencontrées par les étudiants étrangers en France. La majorité d'entre eux sont donc indulgents sur les papiers à fournir, et n'hésitent pas à s'arranger avec l'étudiant étranger, afin que celui-ci obtienne son titre de séjour65(*). D'après les témoignages d'étudiants étrangers, l'accueil à la Cellule est bien différent de celui de la Préfecture. A la Préfecture, les agents sont souvent débordés par les demandes et doivent gérer plusieurs étapes à la fois : le montage des dossiers, la vérification de ces dossiers, leur validation et la délivrance des titres de séjour. « La Cellule constitue donc un soulagement, à la fois pour les étudiants étrangers et pour la Préfecture66(*) ». En 2006, la Cellule a traité un petit peu moins de cinq mille dossiers.

La dernière action mise en place par le Pôle Universitaire de Bordeaux, avec l'aide du CROUS et de la Mairie, est l'instauration de la Journée « Bordeaux accueille ses étudiants ». Il s'agit d'une journée gratuite de découverte et de visite de la ville de Bordeaux, principalement pour les étudiants étrangers nouvellement arrivés, mais la journée est ouverte à tous les étudiants, français ou étrangers. A la fin du parcours, une visite de la Mairie est proposée et un « apéro » est offert dans les jardins de la Mairie. En octobre 2006, la visite de la Mairie a été un échec total, puisque les étudiants ont été « gentiment conviés » par les policiers responsables de la sécurité à quitter rapidement la Mairie. Les élus n'avaient pas jugé bon d'informer les organisateurs et les étudiants que, faute d'argent (dépenses pour les élections municipales anticipées), la visite et le repas, habituellement offerts par la Mairie, avaient été annulés67(*). En ce qui concerne les étudiants africains, ils ne sont généralement pas nombreux à participer à cette Journée. L'hypothèse avancée par certains est qu'ils ne souhaitent pas participer à ce genre de manifestation, mais préfèrent les actions plus ciblées sur leur communauté. Depuis trois ans, on observe malgré tout une augmentation du nombre d'étudiants africains participant à cette Journée.

b. Les associations d'étudiants africains à Bordeaux68(*) :

Malgré ces quelques initiatives institutionnelles, les associations d'étudiants africains restent les principaux acteurs de l'aide apportée aux étudiants étrangers, surtout primo-arrivants. Les cours de langue, l'accueil des étudiants étrangers dès leur arrivée à l'aéroport ou à la gare, l'aide à distance par courrier électronique pour conseiller et informer, la semaine d'accueil pour présenter les différents dispositifs de l'université et son environnement, la visite de la ville, un week-end d'intégration pour les nouveaux arrivés, l'aide aux démarches, le soutien pédagogique et parfois psychologique tout au long de l'année sont les nombreux exemples qui témoignent de l'investissement des associations étudiantes africaines69(*). Les associations peuvent également témoigner de la logique du parcours universitaire, afin d'appuyer le renouvellement d'une Carte de Séjour, par exemple.

A Bordeaux, il existe plus d'une dizaine d'associations regroupant des étudiants africains. Ces associations sont soit communautaires (regroupement d'étudiants d'un même pays : ABESS et AEMAB), soit supranationales (mouvement panafricain : AFRICAPAC).

· Association Bordelaise des Etudiants Sénégalais et Sympathisants (ABESS) :

L'ABESS a été créée en 1990. Le bureau est composé de vingt personnes, et il y a une cinquantaine de membres. L'objectif de départ était de permettre aux étudiants sénégalais arrivant sur Bordeaux de rencontrer les étudiants sénégalais déjà installés en France, afin de se regrouper entre personnes de même culture pour faire face au parcours difficile que vivent les étudiants à leur arrivée en France. Le manque de dispositif d'accueil des étudiants étrangers a conduit les étudiants à se regrouper en association, pour « se sentir un peu plus chez soi70(*) ». Puis, les objectifs se sont élargis, et, à ceux de départ, s'est notamment rajoutée la promotion de la culture sénégalaise. Selon un des membres d'ABESS, « l'association joue le rôle qu'auraient dû jouer les autorités françaises71(*) ». L'aide informelle, surtout proposée aux primo-arrivants est déclinée sous différentes formes :

- Une journée culturelle en début d'année pour rencontre entre primo-arrivants et anciens ;

- Un système de tutorat, véritable relais avec les pouvoirs publics et les universités ;

- Un rapport privilégié avec le CROUS, pour l'attribution de logement universitaire aux étudiants sénégalais dès la première année en France.

· Association des Etudiants Mauriciens A Bordeaux (AEMAB) :

L'AEMAB a vu le jour en septembre 2006. Contrairement aux autres associations d'étudiants africains, elle est donc plutôt récente sur Bordeaux, ce qui témoigne de l'évolution du nombre et de l'origine des étudiants africains en France. Actuellement, il y a 278 étudiants mauriciens à Bordeaux72(*). Cette association a pour but d'accueillir les nouveaux étudiants mauriciens. Les actions en faveur des mauriciens primo-arrivant sont les suivantes :

- Un partenariat avec le CIFOD73(*), pour une meilleure information des futurs étudiants mauriciens en France, avec notamment une rencontre entre les associations de France et les futurs étudiants, avant leur départ en France. Cette rencontre semble être fondamentale pour les futurs étudiants qui y trouvent toutes les informations utiles74(*) ;

- Un partenariat avec une agence immobilière de Bordeaux, qui accepte de proposer des logements à des étudiants mauriciens, même s'ils n'ont pas de garant ;

- Un partenariat avec le Crédit Lyonnais, qui attribue vingt euros à tout étudiant mauricien qui ouvre un compte dans cette banque ;

- Le parrainage de chaque étudiant mauricien primo-arrivant par un « ancien ».

D'après une des membres de l'AEMAB, l'augmentation des problèmes financiers rencontrés en France par les étudiants mauriciens serait due à une dépréciation de la monnaie (roupie) à l'Ile Maurice75(*), qui aurait entraînée une baisse de la somme envoyée chaque mois aux étudiants en France. Selon elle, « il faudrait poser les fondements d'une égalité entre tout le monde... puisqu'aujourd'hui, il n'y a pas d'égalité entre les étudiants français et les étudiants étrangers76(*) ».

· Association des Etudiants d'Afrique, des Caraïbes, du Pacifique et de l'Océan Indien (AFRICAPAC) :

Des étudiants originaires d'Afrique, des Caraïbes, du Pacifique et de l'Océan Indien ont décidé, en novembre 1996, de créer une association, AFRICAPAC, qui fédèreraient toutes ces nationalités, au niveau national. Aujourd'hui, elle a trois grandes orientations : contribuer à l'amélioration des conditions de vie et d'études des étudiants, défendre les intérêts des étudiants et promouvoir les liens de solidarité entre les étudiants.

AFRICAPAC regroupe aujourd'hui seize associations au niveau de l'académie de Bordeaux. Grâce à leur mobilisation, ils ont obtenu plusieurs résultats significatifs sur Bordeaux :

- Le développement de l'offre des particuliers par le CROUS en direction des étudiants étrangers ;

- La possibilité de présenter le « visa D mention étudiant », au lieu de la Carte de Séjour (trop longue à obtenir), pour l'attribution d'une chambre universitaire ;

- La création d'un « Guide Pratique de l'Etudiant Etranger » (informations sur le logement, les démarches administratives, les universités, le coût de la vie...), avec notamment « Le Guide du logement à Bordeaux, spécial étudiant étranger ».

AFRICAPAC a également des élus dans tous les villages universitaires, au Conseil des Etudes et de la Vie Universitaire (CEVU), et au Conseil Scientifique (CS) de Bordeaux III, ce qui lui permet de faire pression à tous les niveaux pour une meilleure représentativité des étudiants étrangers en France. Elle soutient également l'UNEF de Bordeaux lors d'élections des représentants étudiants77(*). Aux dernières élections (élections étudiants des 13, 14 et 15 mars 2007), sur cinq syndicats étudiants, seuls deux (UNEF et Sud Etudiant) ont abordé les problématiques liées aux étudiants étrangers78(*). L'UNEF est sortie majoritaire des élections et a déclaré, en ce qui concerne les étudiants étrangers : « Défendre les étudiants étrangers, c'est défendre en permanence le droit aux études pour tous79(*) ».

Il faut reconnaître, qu'au vu de la situation actuelle des étudiants africains en France, l'accueil et le suivi de ces étudiants connaît des lacunes certaines, malgré les dispositifs mis en place par les acteurs institutionnels ou les actions proposées par les associations étudiantes. Des initiatives nouvelles voient donc le jour, pour essayer d'améliorer ces lacunes. Animafac80(*), fédération nationale d'associations, a ainsi organisé un week-end de rencontres autour des problématiques liées aux étudiants étrangers. Cette rencontre a été notamment l'occasion pour les associations étudiantes de réfléchir aux moyens de donner davantage de visibilité et d'efficacité à leurs initiatives81(*).

* 1 Clayes A., L'accueil des étudiants étrangers : enjeu commercial ou priorité éducative ?, Rapport d'information n°1806, Commission des Finances, Assemblée Nationale, 1999

* 2 D'après un entretien avec un responsable du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Bordeaux

* 3 Coulon R., Des Droits de l'Homme en peau de chagrin. Le droit des étrangers dans la jurisprudence du Conseil Constitutionnel, L'Harmattan, 2000, p.101

* 4 Bitauld C., Y a t-il une solution à l'exode des compétences africaines vers la France ?, Document-recherche, GDAH, 1999, p.12-13

* 5 Cf. Annexe 2 « Croissance du nombre d'étudiants étrangers dans les universités françaises par région d'origine des étudiants »

* 6 Rapport 2006 de l'Institut de Statistique de l'UNESCO (ISU)

* 7 http://www.ove-national.education.fr

* 8 Cf. Annexe 3 « Nationalité des Etudiants des Universités de Bordeaux »

* 9 Cf. Annexe 3 « Université Bordeaux III, les 10 pays les plus représentés »

* 10 Amougou E., Etudiants d'Afrique noire en France, une jeunesse sacrifiée ?, L'Harmattan, 1997, p.19

* 11 formatihttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/education-universite-formation_1043/index.htmlon

* 12 Entretien avec une étudiante sénégalaise

* 13 Extrait d'entretien avec un étudiant mauricien. Cf. Annexe 10 « Retranscription d'entretien avec un étudiant mauricien »

* 14 Cf. Annexe 3 « Conventions bilatérales entre l'Université Montesquieu et les pays africains »

* 15 http://ri.u-bordeaux3.fr/cooperationRI/

* 16 Les Echos, n° 19707, International, mercredi 12 juillet 2006, p. 5

* 17 Cf. Annexe 1 « Nombre de visas d'études attribués par région du monde - Evolution depuis 1998 »

* 18 http://symog.u-bordeaux4.fr/etrangers_composante_annee.html

* 19 Cf. Annexe 1 « Loi CESEDA : les dispositions relatives aux étudiants étrangers »

* 20 Fondement textuel : articles L. 317-1, L. 317-2, L. 317-3 et L. 317-4 nouveaux du CESEDA

* 21 Entrée et séjour des étrangers en France, Les Textes (2ème éd.), Les Notes Juridiques, Janv. 2006

* 22 Fondement textuel : article L. 313-7 du CESEDA

* 23 Cf. Annexe 8 « Parcours d'un étudiant étranger « individuel » en France »

* 24 Clayes A., L'accueil des étudiants étrangers : enjeu commercial ou priorité éducative ?, Rapport d'information n°1806, Commission des Finances, Assemblée Nationale, 1999, p.47

* 25 Extraits d'entretien avec un responsable du TGI

* 26 www.gironde.pref.gouv.fr

* 27 N'est exposé ici que la liste des papiers à fournir lors d'une première demande de titre de séjour.

* 28 Extrait d'entretien avec un responsable du TGI de Bordeaux

* 29 www.unef.fr

* 30 www.crous-bordeaux.fr/

* 31 Extrait d'entretien avec un étudiant mauricien. Cf. Annexe 10 « Retranscription d'entretien avec un étudiant mauricien »

* 32 http://www.ove-national.education.fr/index.php?lang=fr&page=oveinfos.php&id=13#top

* 33 www.gironde.pref.gouv.fr

* 34 http://aseaf.free.fr

* 35 www.education.gouv.fr/

* 36 www.unef.fr

* 37 Extrait d'entretien avec un étudiant sénégalais

* 38 Amougou E., Etudiants d'Afrique noire en France, une jeunesse sacrifiée ?, L'Harmattan, 1997, p.97

* 39 Cf. Annexe 2 « Difficultés rencontrées par les étudiants en fonction de leur origine géographique »

* 40 Extrait d'entretien avec une assistante sociale des universités de Bordeaux

* 41 Cf. Annexe 4 « L'intégration des étudiants étrangers au système universitaire français »

* 42 Entretien avec un étudiant mauricien. Cf. Annexe 10 « Retranscription d'entretien avec un étudiant mauricien »

* 43 Entretien avec une assistante sociale des universités de Bordeaux

* 44 www.interieur.gouv.fr/

* 45 www.gironde.pref.gouv.fr

* 46 Op. cité

* 47 www.rusf.org

* 48 Extrait d'entretien avec un étudiant sénégalais

* 49 www.educationsansfrontieres.org

* 50 www.rusf.org

* 51 Cf Annexe 6 « Communiqué du Réseau Université Sans Frontières »

* 52 www.education.gouv.fr/

* 53 Prévos A., Propositions pour améliorer l'accueil des étudiants étrangers en France, Rapport au Ministre de l'Education nationale, de la Recherche et de la technologie, 1999

* 54 Clayes A., L'accueil des étudiants étrangers : enjeu commercial ou priorité éducative ?, Rapport d'information n°1806, Commission des Finances, Assemblée Nationale, 1999

* 55 Cohen E., Un plan d'action pour améliorer l'accueil des étudiants étrangers en France, Diagnostic et perspectives, Rapport au Ministre de l'éducation nationale et au Ministre des affaires étrangères, 2001

* 56 Cf. Annexe 1 « La chaîne d'accueil du Rapport Cohen »

* 57 Cerisier-Ben Guiga M. et Blanc J., Rapport d'information au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur l'accueil des étudiants étrangers en France, Sénat, n°446, juin 2005

* 58 www.edufrance.net ; www.egide.asso.fr ; www.cnous.fr

* 59 formatihttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/education-universite-formation_1043/index.htmlon

* 60 Cf. Annexe 1 « Schéma du parcours d'inscription des étudiants étrangers - Campus France »

* 61 formatihttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/education-universite-formation_1043/index.htmlon

* 62 formatihttp://www.diplomatie.gouv.fr/fr/actions-france_830/education-universite-formation_1043/index.htmlon

* 63 www.poluniv.u-bordeaux.fr

* 64 Entretien avec une responsable du Pôle Universitaire

* 65 Par souci de prudence, je n'exposerai pas en détails les «alternatives» possibles à certains papiers

* 66 Extrait d'entretien avec une responsable du Pôle Universitaire

* 67 Op. cité

* 68 Cf. Annexe 11 « Liste des associations d'étudiants africains à Bordeaux »

* 69 Nouhou A.B., Le Rôle des « anciens » dans l'adaptation des nouveaux étudiants camerounais à Bordeaux, mémoire d'ethnologie, Bordeaux, 1994-95, p.22 à 25

* 70 Extrait d'entretien avec un membre de l'ABESS

* 71 Op. cité

* 72 Statistiques officieux dressés par l'AEMAB

* 73 Centre d'information pour les études en France, à l'Ile Maurice

* 74 Entretien avec un étudiant mauricien. Cf. Annexe 10 « Retranscription d'entretien avec un étudiant mauricien »

* 75 En 2003, 1€ = 30 Rs ; En 2007, 1€ = 46 Rs.

* 76 Extrait d'entretien avec une des membres de l'AEMAB

* 77 Entretien avec un des membres d'AFRICAPAC

* 78 Cf. Annexe 7 « Les syndicats étudiants : l'UNEF et Sud Etudiant »

* 79 www.unef.fr

* 80 www.animafac.net

* 81 Cf. Annexe 5 « Bilan de la rencontre nationale - Animafac »

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