Section 3 : LES SOURCES DU POUVOIR DANS
L'ORGANISATION
En général, les sources structurelles et
conjoncturelles du pouvoir découlent de la division du travail et
de la départementalisation qui entraînent, naturellement, des
inégalités quant à l'accès des
intéressés à l'information, aux ressources, aux prises
de décision, voire à diverses personnalités et à
différents groupes. Presque tous les facteurs conjoncturels
particuliers, dans leur infinie variété, pourraient se muer
en sources de pouvoir dans une organisation.
Le savoir en tant que pouvoir
Les organisations sont des consommatrices
d'information qui doivent utiliser le savoir pour produire des
biens et des services. Le concept du savoir en tant que pouvoir
signifie que les individus, les groupes ou les départements
dotés de certaines connaissances sans lesquelles les buts de
l'organisation ne seraient pas atteints, détiennent un certain
pouvoir.
Les personnes et les groupes qui peuvent, en raison de
leurs fonctions, accéder à l'information disponible au sujet des
opérations courantes, présenter toute documentation concernant
les options existantes, ou acquérir une connaissance anticipée
des événements et projets futurs, ces personnes et
ces groupes détiennent un énorme pouvoir qui leur permet
d'influencer le comportement d'autrui. C'est ainsi que certains
départements destinés à prêter leur concours aux
autres, en matière de services ou de personnel semblent parfois
exercer une influence disproportionnée par rapport à ce
que sont les buts et activités essentiels de l'organisation.
On pourrait considérer que le pouvoir des
managers est la somme des pouvoirs issus des diverses sources dont ils
disposent multipliée par leur aptitude à utiliser le savoir avec
compétence.
Les ressources en tant que pouvoir
Les organisations ont besoin de ressources pour
survivre, et notamment de personnel, d'argent, d'équipement, de
matériel, de fournitures et de clients. L'importance de
certaines ressources particulières pour le succès d'une
entreprise peut varier, de même que la difficulté de se
les procurer.
Le concept des ressources en tant que pouvoir suppose que des
départements, groupes ou individus qui peuvent fournir des ressources
vitales ou difficiles à obtenir, acquièrent un certain pouvoir
dans l'organisation.
Quant aux ressources qui sont les plus importantes, elles
dépendent de la conjoncture, des objectifs de l'organisation, du
climat économique et des biens ou services produits.
Le vieux dicton selon lequel `'qui tient l'or fait la
loi'' résume l'idée que les ressources sont porteuses de
pouvoir.
La prise de décision en tant que pouvoir
Dans les organisations, les décisions sont
souvent prises en séries, avec la participation de
nombreux individus ou groupes.
Le processus de prise de décision accentue les
écarts entre les pouvoirs respectifs dont disposent les groupes ou
les individus. Le concept de prise de décision en tant que pouvoir
suppose que les individus ou les groupes détiennent un certain
pouvoir dans la mesure où ils peuvent affecter certaines
parties du processus.
Ils pourraient influencer en effet le choix des objectifs,
la formulation des prémisses sur lesquelles repose une décision
(par exemple, les estimations faites quant à la
disponibilité d'une ressource), la liste des options, les
résultats prévisionnels, etc.
Par exemple, un groupe de travail chargé
d'étudier un problème et de recommander un mode
d'action peut disposer d'un grand pouvoir.
La capacité d'influer sur le processus de prise
de décision est une source de pouvoir subtile et souvent
négligée. Le pouvoir du décideur n'appartient pas
nécessairement à celui qui prendra la décision
finale dans une organisation ou dans la vie sociale.
Les réseaux en tant que pouvoir
L'existence d'un pouvoir structurel et conjoncturel
ne dépend pas seulement de l'accès à
l'information, aux ressources et aux prises de décision, mais
aussi d'une certaine habileté à faire participer autrui
à l'exécution d'une tâche. Pour être efficaces, les
managers et les départements ont besoin d'entretenir des liens avec
d'autres individus et départements dans l'organisation.
Le concept des réseaux en tant que pouvoir implique
que des affiliations variées, à la fois à
l'intérieur et à l'extérieur de l'organisation,
constituent des sources de pouvoir. Par exemple, un certain pouvoir
peut découler des connexions entre les contacts suivants, dont chacun
est lié aux facteurs déjà examinés :
Les contacts qui procurent les informations : pour
être efficaces, les managers doivent être au courant de
tout, tant de manière officielle qu'informelle (savoir c'est pouvoir).
Les contacts qui procurent les fournitures : les managers
qui exercent une influence à l'extérieur de l'organisation, sur
d'autres personnes et sur l'environnement, peuvent se procurer ce
dont ils ont besoin dans leur propre domaine organisationnel ; par
exemple : des matières premières, des crédits,
des ressources à distribuer comme gratifications, voire du
prestige posséder les ressources c'est un pouvoir.
Les contacts qui procurent un soutien :
Officiellement, la fonction d'un cadre lui vaut une certaine latitude
en matière de prise de décision il doit être capable
d'exercer son propre jugement dans certaines circonstances. Les managers
doivent savoir qu'ils peuvent prendre des décisions ou des
initiatives novatrices et risquées sans avoir à soumettre
chacune d'entres elles à une procédure d'approbation
paralysante, à plusieurs niveaux.
Officiellement, les managers ont besoin d'être
soutenus par d'autres personnalités importantes de l'organisation,
dont l'approbation tacite devient une autre ressource qu'ils apportent
à leur propre unité de travail. La participation à
la prise de décision confère un pouvoir et constitue un
indicateur important de l'existence de contacts qui vous épaulent.
CADRE ANALYTIQUE
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