Evangélisation et Promotion Humaine( Télécharger le fichier original )par Bienvenu KONE GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009 |
IV-2 LA NÉCESSITÉ D'UNE PASTORALE DE LA CULTURE BOIl y a juste quelques années, nous reprochions aux Bwa leur trop grande fermeture et leur sorte de refus orgueilleux des autres peuples. Même si aujourd'hui le Bo n'a pas changer ses manières de manger, de produire, d'enterrer et de pleurer ses morts, même si sa conception du monde et du progrès non pas évolué, il faut reconnaître qu'une culture bo reposant sur les valeurs humaines de l'honnêteté, la discipline et la franchise tend à disparaître aujourd'hui chez les Bwa. Cela est dû certainement aux vagues de migrations des Bwa vers les villes régionales malgré les nombreuses sensibilisations. Certains villages Bwa sont devenus aujourd'hui des villages Bambara, car la première langue de communication est le Bambara. Certains parents préfèrent ne pas apprendre le Boré à leurs enfants, affichant une sorte de complexe d'appartenance à ce peuple. Aujourd'hui nous assistons à une interpénétration des cultures que facilitent les moyens modernes de communications et d'échanges. Si nous prenons le cas isolés des funérailles chez les Bwa, quelles soient traditionnelles africaines ou même chrétiennes, de nouvelles pratiques se sont mêlées. Des petits fils confisquent aujourd'hui le corps d'un grand père défunt ou d'une grand-mère pour demander des rançons avant sa mise en terre. Certains vous diront qu'il faut faire du haricot ou du « dègè » (bouillie de mil) le quarantième jour de la mort d'un parent, et pire encore, certains exigent la messe de requiem de leur défunt le quarantième jour de son décès. Ce sont des pratiques qui n'existaient pas chez les Bwa et qui sont entrées aujourd'hui dans la culture bo en provenance des peuples voisins. Aujourd'hui certains enfants de père bo et de mère bo vous diront qu'ils comprennent Boré, mais qu'ils ne peuvent s'exprimer dans cette langue. A cette allure, nous assisterons sans nul doute et en moins d'un quart de siècle, à une mort du Boré, si de dispositions ne sont pas prises pour préserver la culture et surtout la langue, comme c'est le cas aujourd'hui du grec et du latin. Les pasteurs ont une très grande responsabilité dans la survie de cette culture qui est la leur. La liturgie est un pas, et une inculturation réussie sera d'un grand apport à ce niveau. Comme l'exprime V. COSMAO : « le message évangélique ne peut, en effet, être reçu, intériorisé, sans mettre en mouvement un travail souterrain de réactivation culturelle des groupes qui y adhèrent»83(*). Il y a donc un besoin imminent d'une pastorale de la culture bo, d'avantage élaborée, pour préserver les valeurs et les richesses culturelles des Bwa. * 83 V. COSMAO, Changer le monde une tâche pour l'Eglise, Paris, Cerf, 1979, p.104 |
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