III-3-3 AU NIVEAU DE
L'ENSEIGNEMENT PRIVÉ CATHOLIQUE
L'enseignement catholique s'est donné comme mission
d'apporter aux jeunes, avenir de notre Eglise et de notre pays, une formation
intellectuelle et humaine digne de ce nom. Il s'est jadis distingué par
la qualité et le niveau encore crédible de ses
élèves. Des grands efforts sont consentis pour que les
élèves soient formés aux vertus du travail bien fait, de
la persévérance, de la discipline et de l'excellence.
En plus, malgré sa non neutralité, l'Ecole
catholique reste un cadre propice au dialogue interreligieux, car elle
accueille des jeunes de toutes confessions religieuses. Ce qui constitue des
valeurs certaines pour la culture de la paix dans notre société.
Ces dernières années, l'Ecole malienne, de
façon générale, traverse de graves crises qui affectent
l'ensemble du système éducatif national. L'Ecole catholique n'est
donc pas en marge de ces crises. Même s'elle n'est pas toujours
concernée par toutes les revendications d'étudiants ou de
professeurs, elle reste pourtant victime des mascarades académiques
auxquelles nous assistons depuis plus d'une décennie au Mali.
L'élite qui a fait une certaine fierté de
l'Ecole catholique, a presque atteint son déclin. Cette élite
composée d'un certain groupe d'éducateurs qui avaient un sens
élevé du travail bien fait, du sacrifice et qui avaient des
compétences intellectuelles crédibles et auxquels l'Ecole
catholique doit tout son prestige, sont pour la plupart, atteints par
l'âge de la retraite ou sont arrachés par la mort. En plus, les
fidèles chrétiens, compétents dans le domaine de
l' éducation, enseignants de formation et qui devraient prendre la
relève aujourd'hui, sont ceux qui, pour la plupart, critiquent
violemment la « trop grande rigueur » de l'enseignement
catholique. Et ils préfèrent se faire embaucher dans
l'enseignement public où ils se voient beaucoup plus libres,
échappant à tout contrôle de
régularité ; libre de mal faire ou même de ne pas
travailler, sans qu'ils se fassent interpeller par un directeur comme ce
pourrait être le cas dans l'Ecole catholique. Le personnel enseignant de
l'enseignement catholique est aujourd'hui d'un certain nombre de
carriéristes sans âmes et sans consciences, qui ont eux aussi
attrapé le virus du monnayage des services et qui ne vont à
l'église que par crainte du « que dirait-on ». Le
métier d'instituteur est devenu un
« métier-refuge » aujourd'hui, pour beaucoup
d'individus. Ce n'est plus ceux qui ont la passion et la capacité
d'enseigner qui sont enseignants, mais, pour la grande majorité, ceux
qui ne voient plus d'autres alternatives de réussites et qui vont s'y
réfugier pour gagner leur « pain », leur vie. La
preuve est que plus de 7/10 étudiants dans les Instituts de Formation de
Maîtres (IFM) sont souvent des rescapés du Secondaire ou du
Supérieur. En plus ces futurs enseignants continuent de souffrir d'une
formation académique et pédagogique au rabais et ne sont plus
que des personnages résignés, aigris et susceptibles. Et quand
s'y mêlent les intrigues de service, l'utilitarisme égocentrique
et l'irresponsabilité des responsables administratifs, il se produit un
effet étouffant et boomerang, pouvant exploser à tout moment au
grand dam des pauvres élèves qu'on voulait pourtant
libérer du joug de l'ignorance. Cela s'appelle du
contre-témoignage.
A ce niveau les agents pastoraux notamment les prêtres,
les religieux et les religieuses ont une grande responsabilité dans
l'avenir de l'Enseignement catholique qui affiche de plus en plus des signes
d'instabilité. Ils sont invités à s'impliquer davantage
dans le domaine de l'éducation qui reste avant tout un domaine
d'évangélisation et de témoignage. Cela ne peut se faire
sans une formation sérieuse en la matière, car de nos jours,
notre société à horreur des amateurs. La volonté et
le zèle ne suffisent plus pour réussir ; il faut
nécessairement une qualification (être un professionnel) dans le
domaine, pour être davantage efficace.
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