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Evangélisation et Promotion Humaine

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par Bienvenu KONE
GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009
  

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CHAPÎTRE II- LES EXIGENCES FONDAMENTALES, INDISPENSABLES AU PROGRÈS SOCIAL

Pour que se réalise un progrès social et intégral au service de l'être humain et dans le respect de sa dignité, certaines dispositions psychologique, spirituelle et morale sont indispensables.

L'être humain pour lequel ce progrès se réalise, doit avoir la forte conviction qu'il peut et qu'il doit oeuvrer à améliorer ses propres conditions de vie pour son propre épanouissement et celui de toute la société. Il faut donc une prise de conscience de la nécessité du progrès social et économique, pour que ce progrès soit réalisable, en ayant comme référence la loi de Dieu, afin que ce ne soit pas un sursaut d'orgueil qui le sépare de Dieu.

Dans le cas ici traité, qui concerne l'homme bo, il faut que les Bwa prennent conscience du progrès qui doit s'opérer d'abord dans leurs mentalités pour qu'enfin ils puissent traduire concrètement cette conviction dans leurs manières de vivre et d'agir.

L'agir du bo chrétien doit traduire avant tout, sa foi chrétienne, sa conception de l'être humain et de la création. Une prise de conscience de la misère est le premier pas à tout engagement pour la promotion humaine. Car on ne peut chercher à evoluer si on ne prend pas conscience de son retard par rapport au niveau des autres.

L'imaginaire de l'homme bo, sa vision du monde et sa conception de la vie et de la mort sont entre autres les causes du sous-développement.

Aujourd'hui, il existe dans nos sociétés des genres de comportements et de pratiques qui ne favorisent nullement pas le progrès social. Beaucoup de pratiques rendent les tentatives de développement très problématiques et peuvent même les vouer d'avance à l'échec.

D'où l'impérative mission pour les nouvelles générations d'oeuvrer à faire évoluer ces mentalités vers le bien, pour vaincre le drame de la misère et de la pauvreté chez les Bwa. Et les nouvelles générations de fidèles chrétiens qui sont plus ou moins de cette mission doivent être les premiers acteurs afin d'entraîner avec eux toutes les couches sociales au développement.

II-1 LES CONFLITS SOCIAUX ET LEURS IMPACTS SUR LE DÉVELOPPEMENT

Les conflits entre communautés villageoises se soldent très souvent par une haine à mort et une destruction réciproque entre groupes sociaux. Car une idée trop poussée de la communauté villageoise ou de l'ethnocentrisme créé également un individualisme exacerbé, limitant la solidarité à l'unique clan dont on veut préserver les secrets et les traditions par tous les moyens, même au détriment des autres clans que l'on cherche à anéantir.

Des conflits entre communautés claniques datant de plus d'un demi-siècle continuent de faire encore des victimes dans nos villages.

Certains projets d'aide au développement sont refusés et orientés vers d'autres zones parce que les groupements de villages qui étaient les bénéficiaires n'arrivent pas à s'entendre.

Plusieurs projets de constructions d'établissement scolaires dans le Bwatun ont échoué par le fait que les villages qui étaient désignés comme les bénéficiaires directs entretiennent encore de vieux conflits animés par des perturbateurs sociaux toujours aux argueux, toujours prêts à réveiller les vieux démons et établissant un blocage dans les tentatives de réconciliation. Plus d'un établissement scolaire financé par les ONG de la place ont été construits dans des carrefours en pleine brousse. Car les bénéficiaires entretiennent de vieux conflits claniques, et chaque partie refuse que l'établissement porte tout simplement le nom de l'un ou l'autre des villages.

Ce sont là des attitudes qui ne favorisent en aucune manière ni la communion, ni la paix, ni le développement d'une zone.

L'Eglise est davantage attendue chez les Bwa, à être sans cesse le signe de la réconciliation et l'éveilleuse de consciences. Elle est invitée à être le signe et le lieu de la nouvelle unité, à être le nouveau « Do » symbole de l'unité des bwa, pour que le progrès social soit possible. C'est le défi que les pasteurs d'aujourd'hui doivent impérativement relever, résoudre ces conflits entre villages pour qu'un progrès social soit possible.

Comment développer un peuple aussi parsemé de rivalités? Comment faire progresser des gens qui ne veulent pas avancer?

Il faut donc convertir les mentalités, réconcilier l'homme bo avec lui-même pour prétendre à un quelconque progrès économique.

Telle devra être la mission de l'Eglise au Bwatun, rendre l'évangile présent dans les coeurs des Bwa pour créer, au delà des communautés villageoises et claniques, une communauté d'enfants de Dieu, réconciliés et rassemblés dans/autour le Christ. L'Evangile sauve l'homme bo, dans la mesure où il arrivera à rassembler les Bwa, hommes et les femmes, au delà des différences claniques. Et l'Evangile ne sera Bonne Nouvelle pour les Bwa que dans la mesure où il aura recréé ce peuple en le délivrant de tout ce qui est obstacle à son unité.

En éclairant l'homme bo sur sa réalité sociopolitique et culturelle, l'Evangile lui permettra de quitter les champs du fatalisme, qui le rend toujours démissionnaire face aux formes de misère, pour enfin les pousser à l'action dans l'abnégation et dans l'incitation à la créativité dans une responsabilité personnelle et collective.

Avant tout, l'homme bo a soif de Dieu, comme l'exprimait Mère Teresa que « la première pauvreté des peuples est de ne pas connaître le Christ. Les gens ont faim de Dieu. Les gens ont soif d'amour. En sommes-nous conscients ? Le savons-nous ? Avons-nous des yeux pour le voir ?... Nous devons ouvrir les yeux et voir » disait-elle. D'où la nécessité de l'inculturation, mettre la Parole de Dieu au coeur, au centre et au sommet de la vie de l'homme bo pour que le progrès social soit possible. Etablir le lien entre la vie de foi et le vivre quotidien est la condition sine qua nom à tout éventuel progrès social chez les Bwa aujourd'hui.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault