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Evangélisation et Promotion Humaine

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par Bienvenu KONE
GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009
  

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II-1-5 LA SÉCURITÉ DE LA RELIGION DU MISSIONNAIRE BLANC

Une médaille, un chapelet acquis par un tiers, des bouts de prière ou un refrain de cantique appris en assistant à quelques rencontres de chrétiens, était signe de sécurité chez les Bwa. Il est incontestable que, en raison du climat d'insécurité générale et de torpeur face aux autorités locales et administratives, plusieurs personnes croyaient qu'en se rangeant parmi les chrétiens ils auraient la protection des missionnaires qui sont du même pays que le commandement, et avec lequel ils parlaient la même langue. Les missionnaires ont facilement accès facile aux bureaux de l'administration.

Face aux difficultés grandissantes provoquées par la famine, les maladies épidémiques, les sauterelles et la sécheresse, la bienveillance des pères ne pouvait laisser personne indifférente. Les soins qu'ils accordaient aux malades et les fêtes qu'ils organisaient souvent, suffisaient pour accorder un pouvoir illimité aux « missionnaires blancs ».

Les missionnaires sont entourés et acclamés dans les villages, car ils s'intéressent aux populations et parlent leur langue. Cette popularité va s'accroître davantage dans la région de Mandiakuy où l'année 1933-1934 fut une année de famine causée par la sécheresse et les invasions acridiennes. En proie à la famine, les missionnaires, Pères et Soeurs furent les seuls recours des populations. Des adolescents filles et garçons, vendus comme esclaves aux marchands peulhs, furent rachetés par les Pères. En plus les Pères prenaient en charge les impôts et les taxes de bon nombre de personnes pour les racheter de la « main » de l'administration.

En plus, l'oeuvre des catéchistes et des Soeurs à l'école, l'ouvroir et le dispensaire donnaient une image positive de la présence des Missionnaires. Le Père J. reconnaît avoir accueilli, en ces années de famine, plus de 400 catéchumènes environ, pour un stage de préparation immédiate au baptême. Car la famine était si intense que certains individus préféraient se réfugier à la Mission pour survivre. Les chrétiens nés dans de telles circonstances n'avaient pas cherché à se faire baptiser, ils ont voulu éviter une situation de famine. Et donc, il ne faut donc pas s'étonner s'ils retournent quelques semaines plus tard à la religion traditionnelle, puisqu'ils ont été baptisés sans être convertis.

A cette époque « Ils sont passés en faisant le bien » pourrait -on dire avec raison et sans risque de se tromper dans ces villages.

Le christianisme apparu très vite aux yeux de bon nombre de chrétien comme le signe de leur libération intégrale. Une libération d'abord contre les chefs de cantons qui abusaient de leur pouvoir en faisant travailler les populations dans leurs propres chantiers et aussi face aux maladies épidémiques qui faisaient des ravages sans limites et enfin contre les sauterelles qui étaient plus que la sécheresse la principale cause de famine. C'est à juste titre que D.Y Pierre DIARRA affirme qu'à cette époque « le missionnaire était facilement vu comme le bouclier du chrétien catholique ». Mais cette apparence pacifiste, d'agent de la Croix-Rouge et du protecteur du missionnaire ne nous fait pas oublier la violence pratiquée pour maintenir les nouveaux adhérents dans le catholicisme, et pour drainer les gens à l'Eglise. En effet, le christianisme était devenu une sorte « d'enclos » ; une fois entré on avait plus le droit de sortir. « Tout priant qui avait « inscrit » son nom n'avait plus le loisir d'en prendre et d'en laisser des activités de la petite communauté naissante. Celui ou celle qui n'était pas vu(e) le dimanche à la prière ou le soir à la récitation du chapelet, était démarche à la maison fouetté(e) au vu et au su de tous »13(*). Pour dire aux indigènes qu'on ne devrait pas « s'amuser » avec « le blanc », qu'il soit administrateur ou missionnaire. Cette politique sera poursuivie par certains autochtones responsables de communautés chrétiennes même en l'absence du Père.

* 13 Ibidem, p.62

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