4.3. Données utilisées et
propriétés statistiques des variables
Les données utilisées pour calculer les
variables du modèle LA/AIDS, sont des données annuelles qui
couvrent la période 1986 à 2006. Ces données concernent
les quantités de riz importé, la production de riz local
décortiqué, les données annuelles des prix du
marché correspondants. Les quantités annuelles consommées
de riz importé sont calculées en supposant que 10 % des
quantités importées sont ensuite réexportées ;
il est également supposé que 5 % de la production du riz local
constituent la part des exportations et les variations de stock. Ainsi, cette
part a été retirée de la production nationale pour obtenir
l'approvisionnement domestique de riz.
Disposant des données en séries chronologiques,
les variables issues de ces données ont été testées
pour juger de leurs stationnarités. En effet, plusieurs données
économiques présentées en séries chronologiques
sont pour la plupart non stationnaires, rendant non valide l'application des
techniques conventionnelles de tests statistiques.
Une variable est dite stationnaire si ces
caractéristiques stochastiques sont indépendantes du temps. Il
existe plusieurs tests de vérification de la stationnarité d'une
variable chronologique, mais notre étude retient le test de racine
unitaire de Duckey-Fuller Augmenté (ADF). Ce test effectué sur
toutes les variables du modèle est reporté dans le tableau 3.1
ci-après.
4.4. Résultats empiriques
4.4.1 Test de
stationnarité
Les résultats du test montrent que toutes les variables
sont non stationnaires en niveau puisque toutes les statistiques ADF sont
supérieures aux valeurs critiques correspondantes à 5 %,
alors qu'en différence première l'on remarque que ces
statistiques sont inférieures aux valeurs critiques correspondant
à 5 %. En conclusion, toutes les variables sont
intégrées d'ordre 1, elles sont toutes I(1), ce qui signifie
qu'elles sont stationnaires en différence première.
Les variables étant intégrées de
même ordre, le test de cointégration sera effectué pour
vérifier l'existence ou non d'une relation d'équilibre de long
terme entre ces variables.
Tableau 4.1 : Test de racine unitaire de
Ducker-Fuller Augmenté (modèle avec constante)
|
En niveau
|
En Différence
|
Variables
|
Nombre de retards
|
ADF
|
Valeur critique (5 %)
|
Nombre de retards
|
ADF
|
Valeur critique (5 %)
|
Log(Pl)
|
0
|
-1.65
|
-3.02
|
0
|
-5.27
|
-3.0294
|
Log(Pi)
|
2
|
-2.54
|
-3.04
|
0
|
-4.52
|
-3.0294
|
Log(Y/P*)
|
0
|
-1.46
|
-3.02
|
0
|
-5.48
|
-3.0294
|
Note : le nombre de retards est défini
à partir du critère d'information d'AIC.
4.4.2 Test de
cointégration
L'approche utilisée pour tester la cointégration
est celle de Granger et Engle. Cette approche veut que les variables soient
d'abord de même niveau d'intégration. Les variables
répondent à cette condition, car elles sont toutes
intégrées d'ordre 1. Ainsi, l'on peut passer à
l'étape suivante qui consiste à régresser par la
méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO), la combinaison
linéaire des variables du modèle. L'estimation étant
faite, on récupère les résidus du modèle et on
teste leurs stationnarités. S'ils sont stationnaires, on conclut qu'il
existe une relation stable de long terme entre les variables.
Les relations de cointégration qui ont servi au test de
l'ADF sont représentées dans le tableau 4.2 suivant.
Tableau 4.2: Test de stationnarité des
résidus de la relation de long terme
Résidu de :
|
Nombre de retards
|
ADF stat
|
Valeur critique (5 %)
|
Wi sur log(Pi), log(Pl), log(Y/P*)
Wl sur log(Pi), log(Pl), log(Y/P*)
|
0
0
|
-3,27
|
-3,03
|
Le tableau montre que les statistiques de l'ADF sont toutes
inférieures aux valeurs critiques à 5 % ; les
résidus sont intégrés d'ordre 0, c'est-à-dire
stationnaires. Il existe donc une relation stable de long terme entre les
variables malgré qu'elles ne soient pas stationnaires. Il n'y a pas
relation fallacieuse dans l'estimation du modèle de long terme,
autrement dit si le modèle de long terme vérifie les
hypothèses classiques des MCO ; on aurait donc estimé le bon
modèle.
Les relations cointégrantes qui ont servi au test de
l'ADF sont présentées dans le tableau 4.3 suivant :
Tableau 4.3 : Relation cointégrantes
(modèle de long terme)
Variables
|
Riz local
|
Riz importé
|
|
Coefficient
|
Std. Error
|
Coefficient
|
Std. Error
|
C
|
-0,59
(-1.20)
|
0.49
|
1.59*
(3,22)
|
0.49
|
Log(PL)
|
0.35*
(2.96)
|
0.12
|
-0.35*
(-2,96)
|
0.12
|
log(PI)
|
0.30*
(2.71)
|
0.11
|
-0.30*
(-2,71)
|
0.11
|
log(Y/P*)
|
-0.14*
(-5,11)
|
0.03
|
0.14*
(5,11)
|
0.03
|
R2a
|
0,76
|
|
0,76
|
|
DW
|
1,64
|
|
1,64
|
|
Les valeurs entre parenthèses sont les t-statistique,
*dénote la significativité à 5 %
Le risque de relation fallacieuse étant
écarté les tests d'hypothèses nécessaires à
la validation du modèle estimé par les MCO sont
réalisés. Il s'agit du test d'autocorrélation et d'
Hétéroscédasticité.
4.4.3 Test de validation du modèle de long
terme estimé par les MCO
Les tests de validation du modèle de long terme par les
MCO sont reportés dans le tableau 4.4. Ces tests montrent que les
p-values de la statistique de White Heteroskedasticity et de la statistique de
Breusch-Godfrey sont supérieure à 5 % ; dans ce cas les
résidus ne sont ni autocorrélés, ni
hétéroscédastique.
Toutes les hypothèses nécessaires à la
validation des résultats obtenus par les MCO ayant été
validées, les estimateurs issus des MCO du modèle de long terme
sont sans biais, convergents et efficaces.
Tableau 4.4 : test d'autocorrélation et
d'hétéroscédasticité
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
|
F-statistic
|
0,568958
|
Probability
|
0,577868
|
Obs*R-squared
|
1,480752
|
Probability
|
0,476935
|
White Heteroskesdasticity
|
F-statistic
|
1,768141
|
Probability
|
0,177850
|
Obs*R-squared
|
9,053077
|
Probability
|
0,170615
|
4.4.4. Modèle à correction d'erreur
(ECM)
Une relation de cointégration est une relation
d'équilibre de long terme, mais à court terme il peut y avoir des
déséquilibres. L'estimation du MCE porte sur des variables
calculées en différence. Dans le cas de cette étude, Y
suit un processus autorégressif à retard distribué d'ordre
1, donc les variables seront calculées en différence
première. Ces variables sont les variables explicatives et la variable
d'écart de la relation de long terme (ou erreur de
déséquilibre).
Le MCE est formulé de la manière
suivante :
où :
est l'impact immédiat ou du court terme de sur ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique99.png)
est l'ampleur de l'ajustement de par rapport au déséquilibre observé la
période antérieure entre et ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique103.png)
est l'erreur de déséquilibre ou l'ampleur de
l'écart par rapport à l'équilibre.
L'estimation du modèle à correction d'erreur est
présentée dans le tableau 3.4 suivant.
Le modèle à correction d'erreur est
validé puisque les coefficients de l'erreur du
déséquilibre sont significativement différents de 0 et
négatifs. Il correspond à la force de rappel.
Le modèle à correction d'erreur stipulant que
doit diminuer pour retourner à sa valeur d'équilibre, il
est donc supposé que la demande du riz local et celle du riz
importé baissent respectivement à la vitesse de 1,01 kg par
habitant pour retourner à l'équilibre de long terme. Le
résultat de l'estimation du modèle à correction d'erreur
est présenté dans le tableau 4.5 suivant.
Tableau 4.5 : Résultat de l'estimation du
modèle à correction d'erreur
Variables
|
Riz local
|
Riz importé
|
|
Coefficient
|
Std. Error
|
Coefficient
|
Std. Error
|
log(PL)
|
0.54*
(3.04)
|
0,08
|
-0.54*
(-3.04)
|
0,08
|
log(PI)
|
0.37*
(6.73)
|
0,12
|
-0,37*
(-6.73)
|
0,12
|
log(Y/P*)
|
-0,12*
(-3.10)
|
0,04
|
0.12*
(3.10)
|
0,04
|
et-1
|
-1,01*
(-4.52)
|
0,22
|
-1.01*
(4.52)
|
0,22
|
R2a
DW
|
0,80
2,21
|
|
0,80
2,21
|
|
* significativité à 5 %, les t-statistiques
sont entre parenthèses
4.4.5. Commentaire des
résultats
Les résultats de l'estimation des tableaux 4.3 et 4.5
montrent que les paramètres du revenu du riz local et du riz
importé sont significatifs à 5 %. Un bien est normal quand
la valeur du paramètre de son revenu est négative et de luxe
quand ce paramètre est positif. Ainsi, les paramètres de court
terme et de long terme du revenu du riz local estimé respectivement de
-0,12 et -0,14 montrent que ce type de riz est un bien normal alors que le riz
importé est un bien de luxe, puisque les paramètres
estimés sont respectivement de 0,12 et de 0,14 à court et
à long terme.
L'élasticité-revenu présentée dans
le tableau 4.6 confirme également ces résultats. Les
paramètres des prix propres et des prix croisés des deux
modèles estimés sont significatifs à 5 %.
Les élasticités du modèle de court et de
long terme sont des élasticités non compensées ou
Marshalliennes. Ces élasticités sont calculées au point
moyen des observations à l'aide des équations (2.4.3) et
(2.4.4), et sont présentées dans le tableau 4.6.
Tableau 4.6 : Élasticités de long
terme et de court terme de la demande de riz au point moyen des observations
Élasticités prix non compensés ou
Marshalliennes
|
|
Riz local
|
Riz importé
|
Élasticités-dépense ( )
|
|
Court terme
|
Long terme
|
Court terme
|
Long terme
|
Court terme
|
Long terme
|
Riz local
Riz importé
|
0,40
-1,76
|
-0.03
-0.70
|
1,04
-1,02
|
0.91
-1.66
|
0,71
1,21
|
0.65
1.25
|
o Elasticité-dépense
Les élasticités-dépense de long terme
comme de court terme montrent que parmi les deux types de riz
considéré, le riz importé est un aliment de luxe alors que
le riz local est un bien normal. Une augmentation de 1 % du revenu
entraînerait une augmentation de 1,2 % de la dépense
accordée à la consommation du riz importé dans le court
terme et 1,25 % dans le long terme, soit une augmentation plus que
proportionnelle à l'augmentation du revenu. Cette augmentation est de
0,71 % à court terme et de 0,65 % à long terme pour le
riz local, soit moins que proportionnel à l'augmentation du revenu.
Il apparaît alors que la demande de riz importé
au Togo est alors plus élastique par rapport à la dépense.
En effet, le riz importé présente un certain nombre de
critères appréciés par les consommateurs : (i)
la qualité intrinsèque du riz que sont les
propriétés organoleptiques et physiques du grain,
particulières à chaque variété ; (ii) les
attributs de qualité acquis au cours du processus de transformation et
de commercialisation depuis le champ jusqu'à l'assiette du consommateur
comme la propreté, l'homogénéité, le taux
d'humidité qui est lié à la durée du
stockage ; (iii) les attributs de marché que sont le prix et la
disponibilité ; (iv) la capacité de gonflement, la
facilité de cuisson, etc. Ainsi, toute augmentation de leur revenu se
traduit par une augmentation plus que proportionnelle des dépenses
accordées à la demande de ce type de riz.
o Élasticités-prix
propre
Toutes les élasticité-prix propres sont
négatives répondant ainsi à la théorie de la
demande sauf l'élasticité-prix propre de court terme du riz
local. En effet, le riz local étant un bien normal, une augmentation de
son prix dans le court terme n'a pas eu d'incidence majeure sur sa
demande ; demande qui a d'ailleurs continué par augmenter. Cette
augmentation est tout de même faible puisque l'élasticité
est estimée à 0,4. Mais à long terme l'augmentation de
1 % du prix du riz local entraîne une légère baisse de
sa demande (0.03 %).
Il apparaît alors que les variations du prix du riz
local ont une très faible incidence sur sa demande. Ce résultat
pourrait être expliqué par le fait que le riz local est devenu au
sein des ménages togolais surtout des ménages ruraux un aliment
normal. Ainsi, une petite augmentation de son prix n'aura qu'une faible
influence sur la quantité consommée.
Par contre, le riz importé est très sensible aux
variations de son propre prix dans le court comme dans le long terme, puisque
sa demande diminuer fortement quand les prix augmente de 1 %. Ces
diminutions sont respectivement de 1.76 % et 1.02 % dans le court et
long terme. Le prix apparaît alors comme un déterminant majeur de
la demande du riz importé au Togo.
Dans leur étude à partir des données
d'enquête au Nigeria et en Côte d'Ivoire, Lançon et
al (2002) ont conclu que les choix des consommateurs nigérians
par rapport au riz importé, sont essentiellement
déterminés par les attributs de marché (prix,
disponibilité) que les propriétés organoleptiques ;
alors que les consommateurs ivoiriens fondent leur demande de riz
importé sur ces qualités organoleptiques et intrinsèques
que sur les attributs de marché. Les consommateurs togolais et
nigérians semblent avoir donc les mêmes comportements de demande
du riz importé.
o Élasticité-prix
croisée
Les résultats de l'estimation montrent qu'il existe une
relation de substitution nette entre le riz importé et le riz local,
puisqu'une augmentation de 1 % du prix du riz importé
entraîne une augmentation de la demande du riz local respectivement de
1,04 % et de 0,91 % dans le court et long terme.
|