3.3.3- Conduite des essais
Les essais ont été conduits pour
apprécier (1) la vulnérabilité des larves 1 et 2 de M.
sjostedti à la prédation de A. swirskii, (2) la
capacité de prédation du phytoséiide à
différentes densités de larves 1 de M. sjostedti et (3)
la table de survie du prédateur.
· · Vulnérabilité des larves 1
et 2 à la prédation de A. swirskii.
Des femelles adultes de A. swirskii de 3 jours
d'âge sont d'abord affamées pendant 24 heures puis nourries aux
larves 1 ou 2 de M. sjostedti. Pour cet essai 5 larves L1 ou L2 ont
été servies à chaque femelle de A. swirskii par
disque. Les prédateurs ont été utilisés à
une densité de 3 femelles par disque foliaire. Les disques foliaires
étaient de 2 cm de diamètre, découpés dans des
feuilles de niébé. Ils ont été disposés sur
du coton imbibé d'eau dans une boîte de Pétri. Ces
boîtes de Pétri sont déposées dans des plateaux
plastiques (35 cm x 35 cm x 6 cm) et maintenues dans un incubateur (Percival)
à une temperature de 26°C et et une humidité relative de
54-
70%). Les observations pour la collecte des données ont
été effectuées quotidiennement pendant 3 jours. A chaque
observation, les larves étaient enlevées et remplacées par
d'autres de même stade correspondant.
Les données collectées ont porté sur le
nombre de larves consommées par les femelles de A. swirskii
pour chaque stade du ravageur. La vulnérabilité de chaque stade
larvaire a été évaluée à travers la
capacité des phytoséiides à attaquer et à consommer
des larves de thrips de chaque stade.
· · Prédation de Amblyseius
swirskii à différentes densités de larves 1.
Cet essai a pour but de déterminer l'influence des
densités des larves 1 de M. sjostedti sur la
capacité de prédation de A. swirskii. Les essais ont
été réalisés sur des
disques foliaires. Quatre densités larvaires soit 3; 5;
10 et 20 larves 1 par disque foliaire constituent les traitements qui ont
été répétés 4 fois. Sur chaque disque
foliaire, sont déposées 3 femelles de A. swirskii de 3
jours d'âge. Les observations sont faites chaque jour pendant 3 jours et
ont porté sur le nombre de larves consommées par le
prédateur. Les larves consommées sont immédiatement
remplacées. Les femelles du phytoseiide et les larves sont
prélevés à l'aide d'un pinceau et déposés
sur les disques foliaires.
· · Fécondité de Amblyseius
swirskii à partir de pollens
Ce test vise à apprécier la capacité des
femelles de A. swirskii à se nourrir et à se reproduire
sur des pollens des plantes hôtes du ravageur, M. sjostedti. Il
s'agit notamment des pollens de T. australis, V. unguiculata, T. candida,
L. sericeus et Z. mays. Le pollen de T. australis avait
constitué le traitement témoin. A cet effet, 75 jeunes femelles
de 6 jours d'âge, ont été prélevées de la
cohorte. Ces femelles sont réparties en lots de 15. Chaque lot a
été nourri avec un type spécifique de pollen (traitement).
Les lots sont maintenus sur des disques foliaires et déposés sur
du coton imbibé d'eau dans des boîtes de Pétri. Par
traitement le pollen est servi aux phytoseiides ad libitum.
L'effet des pollens sur la fécondité des
femelles a été apprécié par rapport à la
moyenne d'oeufs pondus par les femelles suivant les différents
régimes alimentaires constitués de pollens. Les observations ont
été faites chaque jour pendant 7 jours. A chaque observation, les
oeufs pondus ont été dénombrés et regroupés
par traitement.
· · Table de vie de Amblyseius
swirskii.
Après le test de fécondité de A.
swirskii sur les différents pollens, le pollen de
niébé a été utilisé pour la table de vie de
ce phytoséiide. Cette table de vie a été
réalisée sur les quatre régimes alimentaires (traitements)
suivants:
- Pollen de niébé seul;
- larves 1 de M. sjostedti
- pollen de niébé + larves 1, M.
sjostedti;
- pollen de T. australis seul.
· Production des oeufs de
départ
Pour la table de vie, nous avons d'abord produit des oeufs de
A. swirskii. C'est à partir de ces oeufs que nous avons
démarré la table de vie du prédateur. En effet, une
cohorte de 100 femelles et de 50 mâles de phytoséiide a
été constituée et nourrie au pollen de T.
australis. Les femelles ont été accouplées avec les
mâles pendant 24 heures. Ce qui a permis d'obtenir 300 oeufs. Ces oeufs
ont été répartis par triplet sur 100 disques foliaires,
soit 25 disques foliaires par traitement. Chaque lot de phytoséiides
répartis sur 25 disques foliaires a été suivi par
intervalle de 12 heures jusqu'au moment où les larves
émergées ont atteint le stade adulte. Ce suivi a permis
d'identifier avec précision, la durée de chaque stade
juvénile du phytoséiide et certains phénomènes
physiologiques (par exemple les mues) qui se déroulent au niveau de
chaque individu. Au stade adulte, les observations se faisaient une fois par
jour. Le passage d'un stade à l'autre, est signalé par la
présence d'une mue. Déjà au stade deutonymphe, le sexage a
été fait et a permis de regrouper encore les femelles par triplet
sur des disques foliaires avec 16 répétitions par traitement. Ce
qui correspond à 48 femelles par traitement pour la suite de la table de
vie. L'accouplement de ces nouvelles femelles, a été
réalisé sur les disques foliaires à raison de 2
mâles pour 3 femelles. Les males ont été retires au bout de
24 heures. Chaque lot de 48 femelles a été soumis à un
type spécifique de régime alimentaire depuis l'émergence
des larves jusqu'à la mort des adultes. A partir du stade adulte,
quotidiennement, le total d'oeufs pondus sur chaque disque a été
dénombré et regroupé par traitement. Après
émergence des larves, celles-ci ont été suivies et
nourries jusqu'au stade deutonymphe où le sexage de la
progéniture a été fait. Ces suivis quotidiens ont permis
de collecter des données relatives à la table de vie de A.
swirskii.
paramètres étudiés
Dans cet essai, plusieurs paramètres biologiques de A.
swirskii ont été étudiés. Il s'agit notamment
de:
- la durée du stade oeuf: les oeufs ont été
suivis 2 fois par jour. Le stade oeuf est bouclé lorsqu'une larve
émerge de l'oeuf;
- taux d'éclosion: c'est le rapport entre le nombre
d'oeufs en observation et le nombre d'oeufs ayant éclos pour donner de
larve.
- la durée du stade larvaire: les larves
émergées ont été suivies 2 fois par jour (12 heures
d'intervalle). La fin de ce stade est signalée par la présence de
4 paires de pattes
chez les larves avec une première mue. La durée de
ce stade est l'intervalle de temps entre les individus de 3 paires de pattes et
la présence de la première mue;
- la durée du stade protonymphe: ce stade suit celui de
la larve. A partir de ce stade, l'acarien possède 4 paires de pattes et
mue pour la première fois. La fin du stade protonymphe est
marquée par une deuxième mue. Lorsque cette mue est
observée, elle est enlevée immédiatement, pour ne pas
corrompre le stade suivant;
- durée du stade deutonymphe: c'est le stade
observé lorsque la protonymphe a mué. C'est le stade
signalé par la deuxième mue. La fin de ce stade est
marquée par une troisième mue qui conduit au stade adulte. -
durée du stade adulte : le stade adulte est atteint lorsque la
deutonymphe a mué ou lorsque 3 mues successives ont été
obtenues chez un même individu. La durée du stade adulte part de
la dernière mue jusqu'à la mort de l'individu.
Au stade deutonymphe ou adulte, le total d'individus par sexe et
par traitement, a été dénombré afin de calculer le
sexe ratio des progénitures par traitement.
Ces données ont permis de calculer certains
paramètres biologiques de A. swirskii suivant les
différents régimes alimentaires constitués.
· Quelques paramètres de
population
Quelques paramètres de population ont été
déterminés. Il s'agit notamment de:
- la longévité de chaque individu: elle a
été déterminéeà partir de la moyenne entre
le temps d'émergence et le temps où l'adulte meurt (durée
de vie du stade oeuf à la mort);
- le sexe ratio: il a été déterminé
par le rapport du nombre d'individus femelles dans la progéniture
à l'effectif total de la progéniture;
- Le taux net de reproduction (Ro) est la vitesse de
multiplication en une génération. - G est la durée moyenne
d'une génération exprimée en jours.
- erm exprime la vitesse de multiplication de la
population par unité de temps (exprimée en jour).
- rm ou le taux de croissance ou taux d'accroissement
intrinsèque est obtenu lorsqu'on assume qu'aucun facteur ne limite la
croissance de la population.
rm, Ro, G et erm sont
déterminés en utilisant l'algorithme développé par
Hulting et al. (1990) dans lequel ces paramètres sont
calculés d'après la méthode exacte
préconisée par Birch (1948). La connaissance de ces
paramètres, en particulier le taux d'accroissement intrinsèque
(rm) permet d'estimer la croissance de la population et surtout son
efficacité prédatrice dans le cas qui nous concerne.
Le rm est très largement utilisé dans
la pratique pour la construction de modèle de population d'insectes,
pour la comparaison du potentiel de réponse numérique des
espèces, des souches ou des individus (Sickle, 1988; Hagvar &
Hofshang, 1990). Pour étudier la capacité d'accroissement des
populations d'une espèce dans des conditions déterminées
(Fereres et al., 1989; Yaninek et al., 1989).
- la fécondité ou capacité de A.
swirskii à produire des oeufs;
- la fertilité ou capacité des femelles à
produire des progénitures dans cet essai a été
évaluée par le nombre total de progénitures femelles;
et
- le temps de génération c'est-à-dire le
temps qui s'écoule de la naissance des parents jusqu'à la
naissance de la descendance (entre les premiers parents émergés
et la descendance F1).
3-4- Analyses statistiques
L'analyse statistique des données de l'étude a
été faite à l'aide des logiciels SAS ("SAS, Institute,
2002") version 8.2 et SPSS (SPSS, 2005) version 12.0. Concernant le logiciel
SAS, toutes les données relatives aux proportions ont été
soumises à une transformation 2arcsin(p)1/2 (p= proportions
transformées) avant d'être analysées. Cette transformation
a permis de normaliser les valeurs brutes recueillies et de stabiliser les
variances.
Afin de tester les effets des différents traitements,
sur les différents paramètres de développement de A.
swirskii: durée de chaque stade, la durée totale du stade
oeuf à l'adulte, la durée de préoviposition, l'intervalle
entre deux (2) pontes, le taux de fécondité des femelles et la
longévité, les tests statistiques ont été
basés sur l'analyse des variances (ANOVA) pour comparer les
différents paramètres. Ces comparaisons ont permis de soutenir
les résultats obtenus dans le présent travail.
|