5.3- Fécondité de Amblyseius swirskii suivant
différents pollens
Pour évaluer l'influence des pollens des plantes
hôtes sur la fécondité du prédateur, il a
été recueilli comme données, le nombre d'oeufs pondus par
les femelles du prédateur, selon qu'elles sont nourries aux pollens de
V. unguiculata, T. candida, Z. mays, L. sericeus
ou T. australis. Les résultats obtenus montrent que le
prédateur se nourrit bien des différents pollens quelle que soit
leur source. Ces résultats ont été prédits par
Nomikou (2003), qui, ayant étudié l'oviposition du
prédateur, a constaté que cette espèce d'acarien est un
polyphage. Il peut se nourrir et se reproduire à partir du régime
alimentaire autre que les proies. Ce même auteur a évoqué
que les pollens des espèces du genre Typha assurent mieux la
fécondité des femelles du prédateur, ce qui est
également le cas dans la présente étude. Les
résultats de Nomikou (2003) montrent que les femelles peuvent pondre
jusqu'à 5 oeufs par femelle et par jour à 25°C et 70%
d'humidité relative. La différence entre le taux de ponte obtenu
dans nos conditions d'essais, peut s'expliquer par les écarts entre nos
conditions thermo-hygrométriques et celles de Nomikou (2003). En effet,
nos essais ont été effectués dans une gamme de
température de 25 à 27°C avec une humidité de 54
à 70%. Cette capacité de A. swirskii à se
reproduire si aisément sur les pollens trouve son application dans
l'utilisation de ces substrats en particulier celui de T. australis
pour l'élevage au laboratoire de A. swirskii en vue des
lâchers au champ.
5.4- Table de vie de Amblyseius swirskii
La table de vie de A. swirskii a été
étudiée avec différents régimes alimentaires pour
évaluer leurs effets sur certains paramètres biologiques du
prédateur.
5.4.1- Effet de la combinaison de pollen et larves sur le
taux de prédation
Les analyses effectuées sur l'influence de la combinaison
de pollen de niébé et larves sur le prédateur montrent que
la différence entre les deux traitements est
significative au seuil de 5%. Ces résultats sont
conformes à ceux obtenus par Nomikou (2003), qui a
révélé que la capacité de prédation de
A. swirskii diminue lorsqu'il est en présence simultanée
de la proie et d'un aliment alternatif comme le pollen. Van Rijn (2002) a
découvert que lorsque le phytoséiide I. degenerans est
nourri aux larves de thrips, B. tabaci avec addition de pollen, ce
prédateur n'arrive pas à capturer les larves au moment de la
ponte (Nomikou, 2003). Il faut aussi rappeler que nos résultats ont
montré que le plus fort taux de ponte a été obtenu sur
l'aliment mixte. Donc, comme les femelles pondaient beaucoup, elles se
fatiguent plus vite et n'arrivent plus à remporter les combats de
prédation ou ne les engagent pas du tout, et se contentent facilement de
l'aliment alternatif qu'est le pollen. Cet état de chose pourrait aussi
expliquer le faible taux de prédation constaté avec l'aliment
mixte. De plus, puisqu'après la ponte, il est évident que la
femelle soit fatiguée, elle mettra sans doute plus de temps à
consommer l'aliment alternatif au détriment des larves. Car, la
prédation est un véritable combat (Van Rijn, 2002). Cependant, le
taux moyen de prédation obtenu avec le régime mixte, montre que
le prédateur peut réduire autant que possible la population de
ravageur lorsque ce dernier sera sur son hôte en train de causer des
dommages sur les pollens de niébé. De plus, cette habileté
du prédateur, montre que ce dernier peut réduire la population du
ravageur quel que soit l'aliment auquel il est soumis dans le temps.
Dans le cas précis de nos travaux, nous pouvons
expliquer cette diminution de la prédation par le fait que les larves
s'alimentent aussi du pollen de niébé, grandissent plus vite et
deviennent donc invulnérables (Tamo, 1991). Ces résultats
confirment ceux obtenus par Ragusa & Swirski (1977) qui stipulent que la
population des thrips ravageurs ne peut être exterminée par ce
prédateur. Dans la pratique, pour le succès de l'application de
A. swirskii dans la lutte biologique contre les thrips floricoles, il
s'avère nécessaire d'avoir des connaissances approfondies sur le
rapport entre le prédateur et sa proie. Pour ce faire, il faudrait
pouvoir déterminer pour le niébé, la période de son
pic de floraison et son pic de densité du ravageur. Ainsi, une
superposition de ces deux pics permettra de mieux identifier la période
critique à laquelle, l'application des phytoséiides sera
efficiente, de façon à éviter les périodes de
fortes densités du ravageur et celle du pic de floraison pour contourner
la préférence des phytoséiides aux pollens de
niébé. Ces résultats traduisent aussi une concurrence
résultant de la coexistence du
prédateur et du stade invulnérable de la proie
(Murdoch et al., 1987; Van Rijn et al., 2002).
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