III- IMPLICATIONS SUR LA SECURITE SOCIALE : le cas
du secteur public
A- SITUATION FINANCIERE DES REGIMES GERES PAR LA
CNRPS
1-Activité de la CNRPS
La CNRPS en tant qu'établissement public
gère les régimes de retraite et de prévoyance sociale
depuis 1976 au profit des actifs de la fonction publique et des entreprises
publiques pour les couvrir contre les risques de maladie, d'invalidité,
de vieillesse et de décès.
En 1991, la population couverte se ventile comme
suit :
Catégorie
|
nombre
|
Actifs
|
438237
|
Retraités
|
57393
|
Conjoints survivants
|
23184
|
Orphelins
|
15406
|
TOTAL
|
534220
|
Source : annuaire statistique de la
CNRPS.
L'apport de la CNRPS ne se limite pas aux
prestations fournies à ses adhérents mais à d'autres
activités telles que :
a) La contribution aux efforts de l'Etat dans le domaine
de la santé :
- forfait alloué au ministère de la
santé publique :6 MD.
- protocole d'accord : 0,455 MD.
Le montant représente 26,4 % des
dépenses du régime de la prévoyance sociale de
l'année 1991.
b) Contribution de la CNRPS dans le domaine des
transferts sociaux
comme le cas de la participation avec un montant de 246
mille dinars en 1990/1991 aux différentes associations des
handicapés.
c) Contribution de la CNRPS le domaine de l'habitat pour
renforcer la politique de l'Etat en octroyant des prêts pour
l'acquisition d'un logement.
D'autres types de prêts son aussi
octroyés tels que les prêts personnels et les
véhicules.
L'enveloppe arrêté annuellement est de
20 MD répartie comme suit :
- prêts logement : 10 MD
- prêts personnel : 6 MD
- prêts véhicule : 4 MD
2- L'équilibre des régimes depuis
1985
a) Régime des pensions
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Recettes directes en MD
|
78
|
100
|
110
|
124
|
147
|
159
|
Dépenses directes en MD
|
64
|
82
|
94
|
105
|
127
|
142
|
Solde direct en MD
|
14
|
18
|
16
|
19
|
20
|
17
|
Source : annuaire statistique de la
CNRPS.
b) Régime obligatoire de prévoyance
sociale
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Recettes directes en MD
|
13
|
16
|
17
|
19
|
23
|
26
|
Dépenses directes en MD
|
9
|
10
|
12
|
13
|
13
|
22
|
Solde direct en MD
|
4
|
6
|
5
|
6
|
10
|
4
|
Source : annuaire statistique de la
CNRPS.
c) Régime facultatif d'assurance
maladie
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Recettes directes en MD
|
0,9
|
1,0
|
1,1
|
2,0
|
3,0
|
3,4
|
Dépenses directes en MD
|
1,4
|
1,5
|
1,7
|
2,3
|
3,6
|
4,3
|
Solde direct en MD
|
-0,5
|
-0,5
|
-0,6
|
-0,3
|
-0,6
|
-0,9
|
Source : annuaire statistique de la
CNRPS.
d) Régime du capital
décès
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Recettes directes en MD
|
4,7
|
4,9
|
5,0
|
5,3
|
5,6
|
6,5
|
Dépenses directes en MD
|
3,6
|
5,7
|
6,6
|
8,6
|
3,6
|
8,1
|
Solde direct en MD
|
1,1
|
-0,8
|
-1,4
|
-3,0
|
-0,6
|
-1,6
|
e) Equilibre général des
régimes
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Recettes directes en MD
|
96,4
|
121,9
|
132,5
|
149,9
|
178,4
|
194,4
|
Dépenses directes en MD
|
78,8
|
99,7
|
114,7
|
127,4
|
151,9
|
177,2
|
Solde direct en MD
|
17,6
|
22,2
|
17,8
|
22 ,5
|
26,5
|
17,2
|
Nous pouvons remarquer à partir de ces
données que globalement les régimes gérés par la
CNRPS sont excédentaires mais ce solde positif qui ne représente
qu'environ 9 % des recettes en 1990, ce qui dénote sa fragilité
compte tenu surtout de détérioration du rapport
démographique (accroissement de plus en plus rapide des
pensionnés par rapport aux actifs) et du déficit escompté
des régimes du capital décès et de l'assurance maladie
facultative, en plus du taux d'accroissement annuel moyen des dépenses
directes, soit 17,6% cinq années durant contre un taux d'accroissement
de 15% des recettes directes.
B- IMPLICATION DES STRUCTURES DEMOGRAPHIQUES
Au niveau de la sécurité sociale ce
qui importe le plus quant au devenir du financement de ses régimes,
c'est l'état de santé de la population couverte, la croissance de
l'effectif des cotisants et l'évolution du gain de ses
adhérents.
Au niveau de l'effectif des actifs, les deux
dimensions économique et démographique sont
liées.
On a vu dans le chapitre sur l'environnement
économique et économique que :
1) Structurellement la proportion des personnes
âgées est de plus en plus importante dans la population
tunisienne.
2) Le nombre d'années de jouissance d'une pension
est de plus en plus important compte tenu d'une espérance de vue
à la naissance plus élevée.
3) Malgré l'accroissement de la population en
âge d'activité, le nombre d'emploi crées dans le secteur
public est actuellement assez faible (taux de chômage de l'ordre 15,3% en
1989).
4) Le secteur privé va connaître une
importance capitale en matière d'investissements durant le VIIème
plan, ce qui va mobiliser davantage les nouveaux emplois crées par la
croissance économique escomptés au détriment bien entendu
du secteur public.
Toutes ses tendances structurelles au niveau
démographiques sont résumées fidèlement par ce
qu'on appelle le rapport démographique
(actifes/pensionnés) :
années
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
Effectif des actifs (1)
Accroissent en %
|
349655
-
|
369042
5,5
|
378159
2,5
|
387451
2,5
|
401772
3,7
|
416657
3,7
|
Effectif des pensionnés(2)
Accroissent en %
|
48865
|
53452
|
58167
|
61955
|
66320
|
71245
|
Rapport :(1)/(2)
|
7,16
|
6,90
|
6,50
|
6,25
|
6,06
|
5,85
|
Nous constatons d'après le tableau ci-dessus,
que l'accroissement annuel moyen des actifs, soit 3,5% est relativement faible
par rapport à l'accroissement annuel moyen des pensionnées, soit
7,8% durant la période 1985-1990.
Cette croissance déséquilibrée
des actifs par rapport aux pensionnés, qui n'est que le résultat
d'une structure démographique donnée et d'un niveau d'absorption
de l'économie tunisienne de demandeurs d'emplois, va influer
négativement sur le rapport démographique qui reflète
l'état de santé du régime de retraite de la
sécurité sociale.
Ce rapport passe en l'espace de cinq ans seulement
de 7 cotisants pour un pensionné à 5 cotisants pour un
pensionné.
Cette tendance va influer directement
l'équilibre financier du régime de retraite d'une manière
négative. En effet, cette évolution non proportionnelle des
cotisants et des bénéficiaires en faveur des derniers engendre
une augmentation du niveau des prestations plus importante que les cotisations
ce qui va poser un problème certain au niveau du financement d'un
régime basé sur le système de répartition ce qui
est le cas du régime de retraite géré par la
CNRPS.
B- IMPLICATION DES AJUSTEMENTS STRUCTURELS ECONOMIQUES
Comme on l'a dit auparavant que la
sécurité sociale ne vit pas en dehors de la politique nationale
mais il y a en fait entre les deux une interdépendance étroite
qui se manifeste sous plusieurs formes.
Une croissance économique soutenue qui
génère plus de de postes d'emplois effectifs et plus de gain pour
la population affiliée est bénéfique pour le financement
des régimes de la sécurité sociale.
En effet, pour un système de
répartition ce qui importe le plus c'est l'accroissement plus que
proportionnel du nombre de cotisants par rapport au nombre de pensionnés
et ceci ne peut être réalisé que grâce à une
croissance économique performante.
Dans les pays en voie de développement
où la croissance économique est, soit faible, soit
modérée, mais de courte durée vu les structures encore
fragiles, les nombreux goulots d'étranglements et l'importance de la
conjoncture internationale, la relance de l'économie nationale se fait
par des ajustements structurels.
Mais l'ajustement des structures économiques
ne peut donner ses fruits qu'à moyen et long terme (en moynne 5 à
10 ans).
En Tunisie, le programme d'ajustement structurel
entamé depuis 1986 et qui vise à promouvoir l'environnement
économique ne peut être performant pleinement qu'au cours du
VIIIème plan de développement économique et social, mais
il y a lieu de remarquer que les résultats préliminaires de cette
opération ont commencé à être sentis vers la fin du
VIIème plan.
Néanmoins, l'ajustement structurel en Tunisie
a eu des effets certains sur le financement des régimes dans le secteur
public.
La Tunisie veut compte tenu de la conjoncture
économique internationale, dynamiser le secteur privé et
instaurer progressivement l'économie du marché ce qui
nécessite la libéralisation des prix et des investissements et
d'encourager l'initiative privée.
Puisque les ressources sont rares, l'Etat pour
financer cette opération coûteuse, va s'occuper uniquement des
secteurs stratégiques tout en restructurant les entreprises publiques
dans un but d'efficience économique.
Cette restructuration qui a pour objectif de
privatiser certaines entreprises en difficultés ou de pratiquer de
nouvelles méthodes de gestion dans d'autres en vue d'augmenter la
productivité.
En effet, les orientations du VIIIème plan,
indiquent que le secteur privé sera prioritaire avec une enveloppe
d'investissement pour la première fois supérieur à celui
consacré au secteur public avec un taux de 52,3%.
Il faut donc s'attendre à ce que le secteur
privé accapare en conséquence des nouveaux postes d'emplois
crées, soit à partir des entreprises privatisées ou
restructurées, soit à partir de l'implantation de nouveaux
projets privés.
Ainsi, le secteur public va perdre son importance
progressivement au profit du secteur privé ce qui réduit en
conséquence le nombre de cotisants et les recettes des
régimes.
Par contre les prestations de l'autre
côté vont augmenter compte tenu du vieillissement de la population
affiliée et d'une espérance de vie plus élevée des
personnes âgées.
Il est donc certain, comme le montre
l'évolution du rapport démographique et l'accroissement plus
important des prestations par rapport aux cotisations, que les régimes
de la CNRPS vont connaître des difficultés au niveau du
financement dans un lendemain très proche.
L'ajustement structurel en Tunisie s'est
accompagné d'une liberté progressive des prix (environ 60% des
produits), ce qui a incité les pouvoirs publics à augmenter les
salaires.
La liberté des prix a pour
conséquence : d'augmenter le coût de la santé par le
biais de l'élévation des prix pharmaceutiques et des actes
médicaux.
Ainsi, le régime de la prévoyance
sociale, qui connaît un déficit structurel au niveau de
l'assurance maladie facultative, va connaître un accroissement de ses
dépenses surtout que le poste pharmacie a un poids
prépondérant (environ 50% de la dépense totale et 70% des
dépenses de la longue maladie).
De plus, l'amélioration de la densité
médicale, de l'infrastructure sanitaire et du niveau de vie de la
population tunisienne, a contribué davantage à l'accroissement de
la consommation médicale.
L'augmentation des salaires a un effet positif pour
le régime de prévoyance puisqu'elle induit une recette
supplémentaire sans avoir un effet sur les dépenses parce que les
prestations de maladie sont octroyées sans conditions sur les
gains.
Par contre pour le régime de retraite, toute
augmentation de salaire a un effet sur les cotisations et sur les prestations
à la fois.
Ce qui importe le plus dans ce cas c'est le rapport
démographique entre actifs et pensionnés et surtout son
évolution dans le temps.
En effet, les augmentations de salaires vont donner
droit dans le futur à une pension plus élevée ce qui exige
un accroissement soutenu de la population des cotisants.
Ainsi, une élévation des salaires ne
peut être bénéfique qu'à très court terme et
la tendance à la baisse du taux démographique ne peut être
compensée que par la fructification des fonds de réserves sur le
marché monétaire axée principalement sur la
libéralisation des taux d'intérêts et la diversification
des produits financiers tels que certificat de dépôt et bons de
trésor, la CNRPS s'adapte actuellement quoique lentement à cette
situation nouvelle.
Les placements effectués dans le passé
par la CNRPS sont exclusivement de nature étatique comme le montre la
situation arrêtée au 31/12/1991 :
Type de placement
|
Montant en MD
|
Proportion en %
|
Bons d'équipement
|
75,7
|
70
|
Emprunt
|
1,8
|
2
|
Bons de trésor
|
30,5
|
28
|
Cette structure montre que le portefeuille des
placements est dominé par les bons d'équipement (70%) dont son
rendement est relativement faible par rapport aux nouveaux
produits.
En conformité avec la politique actuelle en
matière de placements, la CNRPS s'oriente progressivement vers les
produits financiers à hauts rendements pour rentabiliser davantage ses
réserves afin d'atteindre un rendement moyen en 1996 de 8% comme le
prévoit le VIIIème plan.
En matière de la promotion du secteur de
l'habitat et compte tenu de la politique nouvelle de l'Etat qui vise à
encourager l'initiative privée et à renforcer l'épargne
des ménages, la CNRPS a décidé en 1988 de ne plus
construire de nouveaux logements pour loyer dont le rendement s'est
avéré faible et a procédé par la vente de certains
cités.
Actuellement, la CNRPS accorde des crédits
logement pour ses affiliés, soit une enveloppe annuelle d'un montant de
10 MD est allouée et avec un taux d'intérêt de
8,25%.
|