INTRODUCTION
La terre soutient une extraordinaire variété
d'êtres vivants (végétaux, champignons, animaux, etc.) qui
représentent au total environ 10 millions d'espèces avec plus
d'un million d'espèces animales et 300 000 espèces
végétales (Dajoz, 1985). Bon nombre d'entre elles sont
menacées de disparition notamment du fait de l'expansion des populations
humaines et du développement effréné de leurs
activités (Hoppe-Dominik, 1998). Les taux d'extinction sont à
l'heure actuelle environ dix mille fois plus élevés que jamais
(Le Maître et al., 2002).
Heureusement, la valeur économique de l'héritage
naturel de la terre gagne actuellement une certaine reconnaissance. Au cours
des dernières décennies, les questions relatives à la
perte de biodiversité ont suscité de nombreuses réactions
positives. La communauté internationale a placé environ 10% de la
surface de terre sèche sous protection (Miller, 2003), adoptant un
arsenal législatif national et international destiné à
protéger les espèces menacées ou déjà en
voie de disparition. En 1992, une convention sur la biodiversité a
été signée à la conférence de la Terre
à Rio de Janeiro au Brésil. A mesure que s'est
développée la sensibilisation, de nombreuses nations ont
exprimé leur intérêt pour la protection de la
biodiversité (Carabias et al., 2003).
Cependant, l'absence de programme actif de gestion de la
protection de l'environnement dans de nombreuses zones protégées
pose souvent une menace contre la biodiversité, notamment dans les pays
en développement. Une information à la fois complète et
fiable sur la biodiversité était rarement disponible dans ces
régions. Les Etats se sont donc engagés à suivre de
manière permanente ces espaces. Le suivi de ces espaces ou biomonitoring
permet d'apprécier de façon permanente l'évolution des
écosystèmes et des menaces qui peuvent compromettre leur
dynamique.
C'est fort de cela qu'en 1994, dans le cadre du Projet
Autonome pour la Conservation du Parc National de Taï (PACPNT), le PNT fut
doté d'une cellule de suivi écologique (PNT, 2001). Elle est
chargée de faire le biomonitoring du PNT.
Notons qu'il existe beaucoup de techniques de recensements qui
ont été mis en place (Gaidet, et al., 2002 ; Thomas,
2005). Elles sont fonction des espèces ciblées, des zones
contrôlées et des périodes de collecte des données.
Ce fait pose un certain nombre de problèmes. Il est
généralement impossible de parcourir toute la superficie de la
zone étudiée (des milliers de kilomètres carrés)
(Buckland et al., 1993 ; Bouché, 2001). Faire un recensement
représentatif de toute la zone n'est pas toujours chose facile. Un autre
problème demeure le choix des espèces étudiées.
Selon quels critères les espèces sont-elles choisies (Sutherland,
1996) ? L'estimation de la densité étant dictée par
l'adaptation de la méthode de collecte des données, il n'est pas
rare de voir qu'une méthode mal exécutée entraîne
des biais dans les résultats. Le
cas du biomonitoring multi-spécifique présente
des difficultés supplémentaires. Les estimations des
densités sont faites de la même manière pour toutes les
espèces; et cela biaise énormément les résultats de
bon nombre d'entre elles (Southwood et Henderson, 2001). En ce qui concerne le
PNT, bien que connaissant un taux de déforestation faible (0,5%), il
subit une intense activité de braconnage (Hoppe-Dominik, 1998 ; PNT,
2001) qui constitue à lui seul plus de 80% des délits commis dans
celui-ci (Seka et Kissi, 2002). Malheureusement les données, du
biomonitoring mis en place depuis 1999 dans l'optique de mesurer l'impact de la
surveillance et/ou du braconnage sur l'évolution de la faune, ne font
pas l'objet d'analyses régulières.
Tous ces faits ont conduit la Direction de l'Office Ivoirien
des Parcs et Réserves (OIPR) a initié la présente
étude dont le thème est « Analyse du système de
biomonitoring du Parc National de Taï ». Cette étude a pour
objectifs de présenter les résultats du biomonitoring de la faune
du PNT et de déceler ses forces et ses faiblesses afin d'une
amélioration future.
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