4. Les outils d'évaluation de l'impact
environnemental a) L'écobilan
L' analyse du cycle de vie (ACV), ou écobilan est un
outil d'aide à la décision qui prend en compte
l'efficacité environnementale des projets, produits ou activités,
leurs coûts et les contraintes qu'ils impliquent sur le plan
économique (Loerincik, Jolliet, 2007). Il permet d'évaluer
l'impact environnemental d'un projet ou d'un produit tout au long de son cycle
de vie, du développement jusqu'à l'élimination. «
C'est avant tout un outil comparatif, visant à évaluer la charge
environnementale de plusieurs produits, processus ou systèmes ainsi qu'a
comparer les différentes étapes de production d'un même
produit » (Loerincik, Jolliet, 2007).
L'écobilan existe sous plusieurs formes. L'une d'elles
consiste à « évaluer la performance environnementale
à partir de ratios qui combinent des mesures physiques et
financières que l'entreprise compare aux dépenses
environnementales et à leur impact environnemental »
(Christophe, 1995). L'avantage de cet outil est la combinaison entre les
mesures physiques et financières qui peut permettre d'évaluer
si une stratégie environnementale induit des
coûts supplémentaires (ce qui peut être le cas de nouveaux
investissements) ou au contraire, diminue les coûts existants (ce qui
peut être le cas lors d'une meilleure optimisation des matières
premières).
b) Les comptes verts et les budgets
environnementaux
Les comptes verts sont des comptes spécialisés
permettant d'inclure des informations environnementales dans la
comptabilité financière classique. Les dépenses
environnementales diverses ou encore les risques liés à
l'environnement, traduit en données financières et inscrits dans
les comptes verts permettront à l'entreprise d'améliorer le
pilotage de sa performance environnementale (Raimbault - Guilbaud, 1995).
L'ordre des experts comptables (1996) préconise alors d'isoler les
investissements environnementaux (tels que les investissements anti-pollution
ou de dépollution) dans des comptes spéciaux et de prévoir
des adaptations de la comptabilité afin de rendre en compte les
problématiques environnementales. Le principe de risque et charges
s'applique par exemple au risque environnemental après avoir
procédé à l'évaluation de ces conséquences
financières.
c) L'évaluation des coûts externes
environnementaux
L'évaluation des externalités environnementales
est nécessaire afin de pouvoir les internaliser, c'est à dire
attribuer un coût équivalent à leur impact environnemental.
Elle permet aussi de comparer les répercussions environnementales des
différentes formes de production en utilisant un étalon commun -
la monnaie. Il s'agit d'un instrument d'aide à la décision, et
donc de pilotage. L'évaluation des coûts externes environnementaux
s'effectue en deux étapes : la première consiste à
analyser les répercussions physiques, par exemple d'un réservoir
sur l'environnement, et la deuxième à évaluer les
coûts sociétaux reliés à ces impacts (Weissenberger,
2000).
Pour Antheaume (2001), il s'agit d'évaluer le
coût monétaire des dommages que l'entreprise effectue à son
environnement. Par exemple, lors de la destruction d'un site naturel, il s'agit
de déterminer le coût que supporte la collectivité. Ce
genre d'évaluation est difficile à mener en l'absence de
normalisation comptable, précise l'auteur. Christophe (1995) crée
quand à lui la notion de valeur ajoutée négative en
enregistrant une consommation de patrimoine naturel (comptes 62...) qui
vient
s'équilibrer à l'aide d'une provision (comptes
15...) et permet ainsi d'intégrer cette consommation dans le
résultat comptable de l'entreprise. L'Union Européenne a, quand
à elle crée en 1993 la possibilité d'associer
comptabilité classique et comptabilité environnementale en
créant pour cela quatre nouveaux comptes : le compte de flux de
pollution, de dépenses de protection de l'environnement, de ressources
naturelles et l'évaluation des flux non marchands.
d) Le tableau de bord vert
La norme ISO 14031 préconise l'utilisation
d'indicateurs environnementaux qui se regroupent au sein d'un outil
appelé tableau de bord environnemental ou tableau de bord vert. Ces
indicateurs sont de trois types : les indicateurs de performance du management
environnemental (IPM - par exemple le nombre d'heures de formation aux
problématiques environnementales par employé), les indicateurs de
performance environnementale (IPE - par exemple, la quantité de
déchets par produit fabriqué) et les indicateurs de condition
environnementale (ICE - par exemple les kilos de CO2 émis par heure de
travail). Le groupement de ces indicateurs permet de fournir un outil à
vocation de pilotage fournissant des données environnementales sur les
différentes activités.
e) Les limites principales de ces outils
L'essentiel des limites des outils de gestion «
techniques » a été développé par B. Dreveton
(2005) qui a mis l'accent sur le côté arbitraire et illusoire de
l'évaluation en termes financiers de l'impact environnemental :
« comment «évaluer l'impact environnemental de tout un projet
d'investissement ? » (Dreveton, 2005). Il est également
difficile de répartir l'imputation des coûts ou des gains de
productivité entre ceux dus à une meilleure performance
environnementale et ceux dus à une meilleure performance
économique. Deux autres aspects ont contribué dissuader les
entreprises d'intégrer certains outils dans leur système de
gestion : l'ignorance relative des professionnels comptables dans es
données véhiculés par ces outils (biologie, chimie,
physique...) et le manque de formalisation des systèmes d'outils
comptables environnementaux. Quand aux outils qui sont
déconnectés des systèmes de gestion « classiques
», le principal risque réside dans leur marginalisation et le fait
de les reléguer « au second plan » par rapport aux outils de
gestion classiques.
La prise en compte de données environnementales dans
les systèmes comptables et le contrôle de gestion reste une
problématique complexe et non résolue, mais ceci est très
largement du au fait qu'il s'agit d'un système en phase de
développement qui nécessite encore beaucoup de travail avant de
devenir opérationnel.
Conclusion du cadre théorique et annonce des
hypothèses de recherche
Nous avons pu aborder durant cette revue de littérature
les différents types d'outils de gestion ainsi que les apports qu'ils
pouvaient fournir dans la mesure des performances environnementales. Il nous
reste à faire le lien entre ce recueil théorique et notre
problématique qui est d'ordre pratique vu qu'il s'agit de
déterminer le rôle des outils de gestion dans la mesure de
l'impact environnemental d'une entreprise. Cette problématique nous
amènera à formuler deux sortes d'hypothèses : une
hypothèse concernant la finalité des outils de gestion, puisque
c'est bel et bien de leu rôle dont il est question et deux sur le type de
données utilisées, puisque l'impact environnemental est une
notion complexe qui comporte une très grande quantité de
variables.
Les hypothèses de recherche :
Question centrale de recherche :
Quels est le rôle des outils de gestion dans
l'évaluation de l'impact environnemental ?
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Question de recherche n°1 : Question de recherche
n°2 :
Quelle est la nature des outils de Quel type de données
permet d'évaluer
gestion environnementaux ? l'impact environnemental ?
Hypothèse de recherche n°1.1 :
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Hypothèse de recherche n°2.1 :
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Les outils environnementaux des entreprises sont des outils de
pilotage.
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L'impact environnemental est mesuré par des données
physiques.
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Hypothèse de recherche n°2.2 :
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L'impact environnemental est traduit en unités
financières.
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