b) Comment évaluer l'impact environnemental ?
Une entreprise ne peut évaluer l'ensemble de son impact
environnemental et ce pour plusieurs raisons :
- Les interactions ente l'activité humaine et l
`écosystème terrestre sont
d'une complexité telle que les technologies actuelles ne
permettent d'en entrevoir qu'une infime partie.
- L'entreprise étant une notion dont les limites sont
floues, il est difficile
de déterminer où s'arrête sa
responsabilité environnementale, tant d'un point de vue
déontologique que d'un point de vue légal.
Si la globalité de l'impact d'une entreprise est
extrêmement difficile à évaluer, celle ci peut en revanche
procéder à différentes mesures de ses flux physiques
entrants (matières premières, ressources, énergie,
acquisition de nouveaux équipements...) et sortants (déchets,
rejets de gaz et de liquides, émissions de rayonnements, mise en rebut
d'équipement usé...).
Essayons à titre d'exemple de schématiser les flux
physiques possibles engendrés par un processus d'activité (figure
2).
Figure 2 : Schéma des flux
physiques
Consommation de matières premières
Rejets et déchets
Processus A
Produit (ou service) fini
Mise en rebut d'équipement
Processus B
Acquisition d'équipement
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Consommation de ressources : eau, énergie...
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Flux réguliers
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Flux occasionnels
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Ces différents flux sont d'ordre physique, ont souvent
une contrepartie financière liée à leur coût ou
à leur prix et ont pour conséquence un impact sur
l'environnement. Si les systèmes de gestion classiques basées sur
les performances financières, font abstraction des coûts
engendrés par les impacts environnementaux, les entreprises peuvent
faire appel à des outils plus innovants qui prennent en compte ces
derniers (Lafontaine, 2003)
c) Les limites des systèmes comptables classiques
Traditionnellement, l'évaluation de la performance
d'une entreprise se base sur des informations purement financières,
d'une part parce qu'il s'agit là de la finalité des investisseurs
(le retour sur les investissements) et d'autre part parce qu'il est plus
aisé de schématiser l'activité de l'entreprise en
traçant des flux financiers. Cependant, de nombreux chercheurs se sont
penchés sur la question de la responsabilité sociale et
environnementale des entreprises et dénoncé l'incapacité
des systèmes d'information classiques à rendre compte de la
performance environnementale (Desmazes, Lafontaine, 2005). L'évaluation
de la performance environnementale doit donc passer par la mise en place d'un
système d'information environnementale.
Le système d'information environnementale peut
être défini comme «une structure capable de capter les
informations relatives à l'environnement par rapport à
l'entreprise, du fait de son activité, et de les lui restituer sous une
forme permettant leur exploitation au niveau des décisions
stratégiques et de gestion quotidienne à prendre »
(Bascourret, 1997, p. 186). La mise en place d'un tel système fait appel
à l'élaboration de nouveaux outils comptables , incluant des
données financières et non financières. Ces innovations
(tableau de bord verts, budgets environnementaux, comptes verts...) sont
appelées la « comptabilité environnementale » (CE).
L'intégration de tels outils dans le processus de gestion au quotidien
peut en théorie poser problème, étant donné que les
dirigeants se servent habituellement de données financières pour
la coordination de leur entreprise (Bollecker, 2004). Cependant, Jean Desmazes
et Jean - Philipe Lafontaine (2005) prouvent par une étude empirique
qualitative et quantitative que l'assimilation des tableaux de bord vert (TBV)
par les entreprises est plus « harmonieuse » et réussie que
celle des budgets environnementaux. Cette situation peut paraître
paradoxale étant donné que les TBV utilisent essentiellement des
informations physiques, ce qui n'est pas habituel pour des indicateurs de
performance, alors que les budgets environnementaux contiennent des
informations uniquement financières. Néanmoins, cette conclusion
s'explique par le fait que les TBV sont « pilotés par des
acteurs spécialisés (fonction et responsables environnement) qui
se juxtaposent au système traditionnel d'évaluation de la
performance des entreprises (le système de contrôle de gestion)
». (Desmazes, Lafontaine, 2005). La moindre réussite des
budgets environnementaux peut s'expliquer, selon les mêmes auteurs, par
la complexité de la procédure budgétaire et par es
tensions entre les différents acteurs utilisant et outil.
Nous sommes à présent amenés à
dire que la réussite de l'utilisation d'un outil dans le gestion de
l'impact environnemental n'est pas simplement due à la forme et la
substance5 de cet outil mais également par l'interaction
entre les acteurs amenés à utiliser cet outil. Nous ne devons
donc pas en avoir une approche purement instrumentale mais également
comportementale (Hatchuel et Weil, 1992; Moisdon, 1997).
5 Voir la partie : « définition des outils de gestion
»
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