La libéralisation financière et le développement de l'intermédiation financière au Rwanda (1995-2007)( Télécharger le fichier original )par Baudouine KAMAYANJA Université libre de Kigali - Licence en Economie 2008 |
2.3.5.2 Restructuration des banquesFace à l'état de dégradation des systèmes bancaires, des restructurations ont eu lieu. Elles ont consisté en la transformation des arriérés de paiement de l'État en titres, en une recapitalisation des banques, en un apurement des créances douteuses et en une réduction des coûts de fonctionnement30(*). 2.3.5.3 Apurement des arriérés de l'ÉtatLa transformation des arriérés de paiement de l'État en titres a favorisé le financement du déficit budgétaire sans création monétaire, et elle a également permis de résorber la surliquidité bancaire31(*). 2.3.5.4 Recouvrement des créances douteusesAfin de procéder à un apurement des créances, un effort particulier avait été fourni dans le recouvrement de créances douteuses et les créances irrécouvrables avaient été provisionnées en totalité32(*). 2.3.5.5 Restructurations bancairesDans le cadre des restructurations, les banques en difficulté ont été recapitalisées et ont débouché à la privatisation afin de ne pas altérer la confiance des déposants dans le système bancaire. La stratégie a consisté à maintenir en activité la plupart des banques. Le plan de restructuration a concerné quatre banques (BCR, BK, BACAR devenu FINA Bank et UBPR devenu BPR) et La Banque Rwandaise de Développement, ancien établissement public, a été restructurée et transformée en société anonyme (BRD-SA). Les banques privées ont été aussi rachetées par les banques internationales33(*). 2.3.6 Réforme des systèmes et des moyens de paiement Parallèlement aux restructurations bancaires, des réformes concernant l'amélioration des systèmes et moyens de paiement ont été entreprises. Un projet de modernisation des systèmes et moyens de paiement a été lancé en 2002 afin que le pays s'aligne sur les pratiques internationales en diminuant les risques et en augmentant la vitesse de compensation. Dans ce cadre, un projet des lois sur le système de paiement et celui du cadre stratégique sont en cours d'élaboration. Un Conseil National de Paiement a été établi et est opérationnel. La SIMTEL, une société opérant le réseau (SWITCH) des cartes bancaires entre les banques a été créée. 2.3.7 Conditions requises pour la réussite de la libéralisation financière u Rwanda Plusieurs auteurs supposent l'existence d'un ensemble de conditions pour que la libéralisation financière puisse atteindre les objectifs qui lui sont assignés. Mc Kinnon a avancé deux conditions essentielles pour la réussite de la libéralisation financière à savoir: -Un contrôle plus strict des finances publiques : la libéralisation suppose la suppression de toute sorte d'interventions et de distorsions sur le système bancaire qui est asservi au financement du déficit budgétaire et leur remplacement par d'autres sources de financement. -Une politique monétaire plus rigoureuse : la libéralisation financière suppose un contrôle plus rigoureux du crédit bancaire. M. Fry (1997) a préconisé aussi cinq conditions pour le succès de la libéralisation financière34(*) : - Une régulation prudentielle et une supervision du système bancaire. - Un degré raisonnable de stabilité des prix. - Une discipline fiscale qui assure l'assouplissement de la dette publique et permet d'atténuer les pressions inflationnistes dues au financement du déficit budgétaire. - Un système fiscal qui n'impose pas de mesures discriminatoires implicites ou explicites sur l'activité des intermédiaires financiers. - Un comportement de maximisation du profit et une concurrence loyale entre institutions financières. Deux autres principes ont été développés à la réponse relative à l'ordre de la mise en oeuvre des réformes. Doit-on commencer à libéraliser le secteur financier avant la libéralisation du secteur réel ou le contraire ? Doit-on les libéraliser simultanément ? La réponse à de telles questions n'a pas été laissée au hasard et une convention de sagesse a été préconisée par Mc Kinnon (1991) et Edwards (1987) et se résume en deux grands principes: 1. Le premier principe consiste à libéraliser les mouvements de capitaux une fois le marché réformé et les taux d'intérêt élevés. Ceci suppose au préalable que le déficit budgétaire ait été maîtrisé. 2. Le deuxième principe consiste à une libéralisation des échanges commerciaux par la réduction des droits de douanes et la suppression des quotas qui suppose une dépréciation du taux de change en vue de promouvoir les exportations et comprimer les importations. La coordination de la libéralisation, interne et externe, est donc un point essentiel dans la réussite de ce processus des réformes et la transition vers une économie régie par les mécanismes du marché. Ce chapitre avait pour but d'analyser le processus de libéralisation financière au Rwanda. pour mener à bien cette analyse, nous avons dans un premier temps parlé du système financier rwandais, qui est composé des banques créatrices de monnaie, des institutions financière bancaires et des institutions financières non bancaires. Avant la réforme financière, les instruments de la politique monétaire usuels étaient le plafonnement des crédits, le contrôle des taux d'intérêts, le taux de refinancement et l'allocation sectorielle des crédits. Pour la mise en place des réformes financières, il a été nécessaire de reformer avant tout le cadre légal et réglementaire ce qui a profondément affecté la relation entre la banque nationale et les autres banques ainsi les activités de supervision bancaires. En effet, la libéralisation financière a conduit à celle des taux d'intérêts et la suppression de l'allocation sectorielle des crédits. Egalement, la libéralisation financière est à la base de l'introduction de nouveaux instruments de la politique monétaire tels que les réserves obligatoires et les bons du trésor. Ceci nous a amené confirmer notre première hypothèse selon laquelle la libéralisation financière passe inévitablement de la finance dirigée vers la finance libéralisée. * 30 Idem, p. 29 * 31 Ibidem * 32 Ibidem * 33 BNR, Op. cit., p. 30 * 34 FRY M.J, In favour of Financial Liberalisation, The Economic Journal, Volume 107, Blackwell Publishing, Birmingham, 1997, p.17 |
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