1.4.4.4 - LA COMMERCIALISATION ET L'ORGANISATION DES MARCHES
DE RIZ
Dans de nombreux pays en développement, les politiques
gouvernementales ont des impacts significatifs sur les prix et, de ce fait, sur
la rentabilité des techniques d'exploitation. Selon cette
déclaration de John DILLON et J. Brian Hardaker(1996), une politique
agricole appropriée propulse véritablement l'agriculture.
Voyons maintenant ce qui se fait dans le domaine de la
production du riz.
A - Réglementation
et organisation des marchés des céréales et du riz.
La politique interventionniste en vigueur dans tous les pays
s'est assouplie depuis quelques années au profit d'une plus grande
libéralisation du marché intérieur des
céréales. C'est ce qu'Antoine Roger Estrade (1993) a
observé lors des études qu'il a faites sur les marchés de
certains pays de l'Afrique de l'Ouest.
Selon Jeannot ENGOLA OYEP(1989), cette politique de
libéralisation qui recommande l'ouverture des frontières et une
suppression des restrictions quantitatives sur les importations et
l'instauration des droits de douane minima, est la conséquence des
politiques d'ajustement prônées par le F.M.I. La
libéralisation du marché, synonyme d'un désengagement de
l'Etat face aux besoins des structures de production en général
et du riz en particulier, pose aujourd'hui le problème de survie de ces
structures. La question est de savoir si nos structures mal organisées
peuvent survivre à ce désengagement en présence des riz
d'importation très compétitifs dont les prix de revient
correspondent le plus souvent à des prix de dumping, visant à une
liquidation des stocks anciens qu'à des prix économiques
intégrant les coûts de production.
Les observations faites à ce sujet par Jeannot ENGOLA
OYEP(1989) dans le cas du Cameroun sont très significatives. Il
déclare : « compte tenu du rôle impulsif de l'Etat dans
la production moderne de riz au Cameroun, son désengagement brutal
conduirait à brève échéance à un
démantèlement de cette activité »
Par la suite, il révèle que la faible
compétitivité du riz produit localement est le principal obstacle
à la survie des structures de production en place dans le pays. Il
subordonne la survie des structures au désengagement de l'Etat à
l'écoulement régulier de la production.
Nous retenons que pour les pays africains producteurs du riz,
il est impératif de pratiquer une politique agricole qui incite à
la production et inféode la protection du marché national ainsi
qu'une aide aux riziculteurs leur permettant de comprimer le prix de revient
afin que leurs produits soient plus compétitifs à moyen terme.
Pour BAKARI TRAORE(1989), l'utilisation des mesures douanières pour
protéger (pendant une période transitoire pas trop longue,
environ 5 à 7 ans) une production nationale naissante, face à des
importations plus compétitives, sont souhaitables et légitimes.
Aussi ajoute-t-il que l'application de droits et taxes raisonnables (ne
dépassant pas un certain seuil critique) est généralement
préférable aux prohibitions et restrictions massives.
Ces mesures temporaires encouragent les productions
nationales. C'est ce qui se passe actuellement au Sénégal et au
Mali où Antoine Roger-Estrade (1993), a révélé que
l'application des mesures envisagées dans le cadre des plans
d'ajustement structurel a entraîné une action négative sur
la balance commerciale de ces pays, suite à l'augmentation de la part du
riz dans l'alimentation de leur population. Pour faire face à cette
situation, des mesures de protection douanière contre les importations,
par des tarifications légères ont été
adoptées, dans le but d'encourager la production locale.
En définitive, nous retenons que l'avenir des
structures de production du riz dans les pays de l'Afrique subsaharienne, est
très tributaire de l'action incitative des Etats, sans laquelle, la
survie de ces structures est hypothétique.
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