II.2) Analyse des principaux déterminants de la
production nationale
II.2.1) Consommation
Cet indicateur regroupe la consommation marchande des
ménages et celles dites non marchandes des institutions sans but
lucratif et des administrations publiques. Son évolution est non
stationnaire pour la période d'étude. En effet, la consommation
globale passe de 4101 MG (Million de gourdes) en 1976 à 5403 millions de
gourdes en 1980, soit un taux moyen de croissance de 7.15% l'an. Une nette
diminution a été constatée à partir de 1981
à 1985 en passant de 5353 à 4915 MG avec un taux
de croissance de - 8.7% l'an. De 1986 à 1993, la consommation
globale a chuté à un niveau moyen de 0.4% l'an.
Une légère reprise s'est effectuée en
1994 grâce au retour à l'ordre constitutionnel et à la
levée de l'embargo. Ce qui a permis à la consommation globale de
croître à un taux moyen de 4.8% l'an jusqu'à l'année
2000. Cependant, les bouleversements politiques qui qu'a connu le pays à
partir des années 2000 ont causé la régression de la
consommation globale à un rythme de 1.1% l'an en moyenne. Dans
l'ensemble, la consommation globale a connu une croissance mitigée au
cours de la période allant de 1976 à 2004 accusant un taux de
croissance annuel moyen de l'ordre de 1.9%. Les chiffrent du tableau suivant
témoignent de cette évolution.
De plus, la part des importations dans la consommation globale
a augmenté considérablement et représentait 75.62% au
cours de l'année 2004 contre 34.86% en 1976. Ce qui représente
une augmentation de 40.76% pendant 29 ans. Cette situation signifie que des
produits qui, dans le temps, pouvaient nourrir la population haïtienne et
dégager des marges supplémentaires pour l'exportation, est
passée dans la catégorie des biens d'importation. Donc, nourrir
sa population de sa propre production demeure un défi pour Haïti.
Et que faire ? La réponse est simple, il s'agit de pourvoir
à l'autosuffisance alimentaire de la population. Nous abordons dans le
point suivant l'évolution de l'investissement global.
II.2.2) Investissement
L'Investissement est un facteur indispensable à la
croissance et au développement économiques. Il marche en parfaite
relation avec un climat de paix et de certitude politique. En d'autres termes,
la stabilité politique et la bonne infrastructure moderne
représentent deux outils indispensables à l'investissement. En
Haïti, pendant 24 ans, l'instabilité politique et le manque
d'infrastructures constitue deux inconvénients majeurs à
l'expansion de l'économie nationale.
Ainsi, l'Investissement en Haïti au cours de
l'année 2004, estimé en millions de gourdes de 1975-1976,
s'élevait à 923.7 contre 941MG en 1981,
affichant pour ainsi dire une baisse de 0.14% l'an. Durant cette
période, il a évolué tantôt à la hausse
tantôt à la baisse dépendamment de la conjoncture. En
effet, le niveau d'accroissement annuel de l'investissement était de
5.3% en 1985 contre -6.8% en 1982. Il était de -8.4% en 1986 contre
11.55% en 1985. En moyenne, l'investissement a régressé de 18.2%
au cours des années de vives crises politiques et économiques
(1991-1994) et a atteint le niveau de 88.65 % en 1995.
Le résultat constaté en 1995 est lié
à une forte expansion des dépenses consenties dans le cadre des
grands travaux de réhabilitation des infrastructures routières et
autres qui provoquent une augmentation à la Formation Brute de Capital
Fixe (FBCF). La situation a été renversée
en 1996 ; la suspension de l'aide financière internationale suite
à l'arrêt des négociations avec les bailleurs de fonds a eu
des conséquences sur le niveau de l'investissement. Ce faisant, une
baisse de 1.475 millions de gourdes a été constatée.
Soutenu surtout par les dépenses publiques, l'investissement a crû
en moyenne de 4.96 % l'an de 1997 à 2000. Mais, encore une fois, les
événements politiques ont contraint ce rythme d'évolution
positive et contribuent à une diminution de 3.13% de l'investissement en
2004. A cet égard, il est aussi important de souligner que
l'investissement est lié à l'épargne nationale laquelle
demeure toujours négative. Ce qui nous amène aux
développements ultérieurs.
II.2.3) Structure des Exportations Nettes
(X-M)
La lecture des données du Tableau III ci-dessous
corrobore nettement les informations tirées du bilan du
(PNUD) en 2004 et du rapport annuel 2005 BRH
(Banque de la République d'Haïti). Le montant des exportations
exprime grandement la faiblesse de la production nationale en dépit du
rythme des importations qui constitue un résultat non significatif pour
l'économie nationale. Le commerce extérieur au cours de la
période 2002/2003 confirme les tendances constatées depuis la
moitié de la décennie 80. Deux éléments importants
caractérisent cette période, d'abord, le niveau de la
dépendance externe semble continuellement plus significatif,
s'expliquant par l'augmentation pertinente du déficit commercial passant
de 571 au cours de la période 1983/84 à environ 1291
MG en 1992/93.
Cette deuxième observation s'explique par une profonde
restructuration du commerce extérieur. En effet, si au début des
années 80 les produits du secteur d'assemblage, articles manufacturiers
comptaient environ 20% en terme de revenus d'exportation et d'un ratio de 80%
pour l'année 2003 pour l'importation des biens et services produits dans
les pays d'outre mer. Ce résultat est imputable en partie au manque de
dynamisme du secteur agricole. Constaté en effet, que ce secteur donne
une contribue de 56% au début des années 80 contre 15% en 2003.
En réalité, les exportations du pays ont baissé à
la fois en volume et en valeur. Ceci pourra être expliqué par la
baisse continuelle du revenu des ménages qui constitue un
problème similaire à la montée du coût de la vie en
Haïti. La baisse a été respectivement de 14%, 7.5% et de 10%
au cours des trois dernières années.
Sachant le rôle des exportations dans la croissance
économique d'un pays, sa grande dépendance par rapport à
un seul partenaire commercial constitue un réel obstacle au
développement du pays surtout lorsque les exportations ne sont pas
composées de biens en terme de valeur ajoutée très
élevée.
Cela allait entraîner une forte baisse de l'emploi dans
le secteur, 17800 en 2004, ce qui place très loin des 33607 personnes
employées en 1991. Cette crise est à la base de la fermeture
d'importantes firmes du secteur manufacturier et de la chute des commandes
adressées à l'assemblage dans le pays. La crise politique en
Haïti en est aussi une deuxième cause.
Le faible rendement du commerce extérieur se
présente par une valeur de plus de 60% des importations affiche entre
2001,2002 et 2003 correspond à un déficit global de 909,62
millions de dollars américains, soit 19% du PIB en 2003
contre 139,4 millions de dollars américains en 1983, soit 9% du
PIB.
Encore une fois, grâce à la forte rentrée
des transferts de la diaspora haïtienne qui a atteint environ 1 billion de
dollars américains en 2003, le poids du déficit du compte des
opérations courantes avant dons par rapport au PIB a pu
être limité à environ 5%. Enfin, les données du
Tableau III ci dessous donne la présomption de la faiblesse de la
production nationale via l'incontrôlabilité du niveau du
coût de la vie.
Tableau III
Evolution des Exportations et des
Importations :1975/2005
(millions de gourdes constantes)
Périodes
|
(X)
|
(M)
|
Bc = X- M
|
PIB
|
X/PIB
|
M/PIB
|
X+M / PIB
|
1975/76
|
1046
|
1430
|
-384
|
4395
|
23.80
|
32.54
|
56.34
|
1976/77
|
1003
|
1600
|
-597
|
4558
|
22.01
|
35.10
|
57.11
|
1977/78
|
1172
|
1802
|
-630
|
4841
|
24.21
|
37.22
|
61.43
|
1978/79
|
1178
|
1701
|
-523
|
5207
|
22.62
|
32.67
|
55.29
|
1979/80
|
1435
|
2181
|
-746
|
5591
|
25.67
|
39.01
|
64.68
|
1980/81
|
1349
|
2211
|
-862
|
5432
|
24.83
|
40.70
|
65.54
|
1981/82
|
1547
|
1958
|
-411
|
5238
|
29.53
|
37.38
|
66.91
|
1982/83
|
1598
|
2041
|
-443
|
5285
|
30.24
|
38.62
|
68.86
|
1983/84
|
1617
|
2188
|
-571
|
5301
|
30.50
|
41.28
|
71.78
|
1984/85
|
1562
|
2222
|
-660
|
5333
|
29.29
|
41.67
|
70.95
|
1985/86
|
1259
|
1930
|
-671
|
5307
|
23.72
|
36.37
|
60.09
|
1986/87
|
1535
|
2220
|
-685
|
5265
|
29.15
|
42.17
|
71.32
|
1987/88
|
1496
|
2254
|
-758
|
5275
|
28.36
|
42.73
|
71.09
|
1988/89
|
1186
|
1531
|
-345
|
5334
|
22.23
|
28.70
|
50.94
|
1989/90
|
1343
|
1610
|
-267
|
5329
|
25.20
|
30.21
|
55.41
|
1990/91
|
1465
|
1605
|
-140
|
5342
|
27.42
|
30.04
|
57.47
|
1991/92
|
764
|
1301
|
-537
|
4638
|
16.47
|
28.05
|
44.52
|
1992/93
|
796
|
2087
|
-1291
|
4525
|
17.59
|
46.12
|
63.71
|
1993/94
|
670
|
1870
|
-1200
|
4150
|
16.14
|
45.06
|
61.20
|
1994/95
|
1011
|
3332
|
-2321
|
4334
|
23.33
|
76.88
|
100.21
|
1995/96
|
1385
|
3434
|
-2049
|
4451
|
31.12
|
77.15
|
108.27
|
1996/97
|
1465
|
3572
|
-2107
|
4511
|
32.48
|
79.18
|
111.66
|
1997/98
|
1785
|
4068
|
-2283
|
4652
|
38.37
|
87.45
|
125.82
|
1998/99
|
1880
|
4320
|
-2440
|
4755
|
39.54
|
90.85
|
130.39
|
1999/00
|
1918
|
4432
|
-2514
|
4808
|
39.89
|
92.18
|
132.07
|
2000/01
|
1876
|
4339
|
-2463
|
4757
|
39.44
|
91.21
|
130.65
|
2001/02
|
1836
|
4288
|
-2452
|
4744
|
38.70
|
90.39
|
129.09
|
2002/03
|
1967
|
4423
|
-2456
|
4761
|
41.31
|
92.90
|
134.22
|
2003/04
|
2158
|
4375
|
-2217
|
4593
|
46.98
|
95.25
|
142.24
|
2004/05
|
2230
|
4487
|
-2257
|
4675
|
47.70
|
95.98
|
143.68
|
Sources : AGD / BRH/ IHSI et
Calculs de l'auteur
Informations utilisées dans le
tableau ( X : Exportations, M :
Importations, PIB : Produit Intérieur
brut,
Bc =X-M :
déficit commercial, [X+M/PIB]*100 : Taux
de dépendance externe.
|