Les conditions d'offre : Haïti au niveau
technologique est très peu avancée, nos jeunes sont de formation
plutôt modestes et il y a une carence de cadres dans le domaine des
nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il n'existe
presque aucune institution ou université qui a la possibilité de
se lancer réellement dans la recherche et le développement, dans
la production et la diffusion des dernières avancées en
matière de technologie, d'où notre faible capacité
d'absorption en ce qui a trait au transfert de technologie des pays
développés vers Haïti.
D'autre part, dans le marché de la
téléphonie cellulaire les principales matières
premières utilisées pour la production du service de
téléphonie mobile comme les terminaux, les puces
électroniques, antennes, switch... ne sont pas produites sur place.
Cette situation a des effets directs divers sur la performance du secteur, elle
engendre des coûts plus élevés dans le processus de
production de service des entreprises, ceci influence de façon directe
les prix supportés par les consommateurs qui en retour ont un impact sur
la croissance des firmes.
En effet, la possibilité de réaliser des
économies d'échelle dépend de la valeur du marché
qu'on peut estimer à partir du nombre de consommateurs potentiels et du
pouvoir d'achat de ces derniers. La population haïtienne est
estimée à plus de 8 millions d'habitants, 36,5% de cette
population est âgée moins de 15 ans15 et 50% de cette
population agée de moins de 21 ans. Une étude de l'UIT
révèle que la téléphonie mobile est beaucoup plus
demandée au sein des populations jeunes, toutefois en Haïti, la
faiblesse du pouvoir d'achat des consommateurs en particulier des jeunes
constitue une limite non négligeable qui pourrait porter à
questionner la possibilité ou non de réaliser des
économies d'échelle.
15 IHSI, Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH) 2003
La demande du marché : Entre 1999 et 2005, la
demande sur le marché de la téléphonie cellulaire
haïtien était peu élastique, ceci pour trois raisons :
Premièrement il n'y avait pas beaucoup de substituts sur ce
marché. Trois opérateurs desservaient ce secteur, mais seulement
deux d'entre eux dans les faits étaient réellement
opérationnels. Deuxièmement, il y a un aspect psychologique qu'il
faut prendre en compte, le fait que peu de gens avait accès au service,
la plupart des utilisateurs en faisaient un bien de luxe, un moyen de
s'affirmer dans la société. Dans ce cas, la variation du
coût d'utilisation de ce service n'influençait nullement la
demande. De plus, comparativement aux autres secteurs considérés
comme des alternatives à ce service notamment la
téléphonie filaire (Teleco) et la téléphonie
à mobilité réduite (Ti-telefon2004) dont la qualité
des services et les capacités à absorber une forte demande
laissaient à désirer, l'utilisation du réseau cellulaire
réstait encore le meilleur choix pour un utilisateur. La demande
était alors inélastique.
Toutefois, concernant les appels internationaux offerts par
les opérateurs de téléphonie cellulaire, la moindre
variation de prix implique automatiquement une variation de la demande. Dans ce
segment si sensible, la Teleco avec ses services 103-102-104 est un concurrent
très sérieux, il faut noter aussi que Ti-telefon 2004 qui est la
version mobile de cet opérateur fournit un très bon service
concernant les appels internationaux avec des prix concurrentiels. Enfin de
compte, les cyber cafés dans ce domaine font beaucoup de profits avec
par exemple 5 minutes d'appel pour seulement 25 gourdes. Pour cela on peut dire
que les opérateurs cellulaires ont perdu des parts de marché
assez considérables concernant les appels internationaux, et ceci rend
la demande très élastique.
En termes de croissance, la demande sur le marché de la
téléphonie cellulaire varie proportionnellement
avec la
croissance de la population. A noter que la demande sur ce marché
s'accentue généralement
chez ceux qui n'ont pas de
téléphone filaire mais aussi chez les professionnels et surtout
chez les jeunes.
B.2. Les politiques
gouvernementales.
Les politiques gouvernementales constituent, avec les
conditions de base, l'une des variables prises en compte par le paradigme SCP
pour expliquer l'environnement global du marché. En Haïti, les
institutions publiques en charge du marché des
télécommunications sont le MTPTC16 et le Conatel. En
1977 un décret présidentiel accorde à l'Etat le monopole
sur l'ensemble des services de télécommunication. Le Conatel,
organe régulateur mis en place depuis 1969 est chargé d'assurer
pour le compte de l'Etat la réglementation et la supervision des
services. Avec l'adoption de la loi de 1987
16 Le Ministère de Travaux Publics, Transports
et Communication
qui réorganisait le secteur des
télécommunications, le Conatel élabore un ensemble de
politiques lui permettant de mieux gérer le secteur.
Politique antitrust
Le Conatel de par sa vocation stipule qu'il a pour obligation de
favoriser le développement du
marché des télécommunications sur tout le
territoire Haïtien en prenant des dispositions au bénéfice
du consommateur, de la concurrence effective et du marché dans son
ensemble.
Barrières à l'entrée.
Les autorisations pour la fourniture d'un service de
téléphonie (fixe ou mobile) seront
accordées seulement sur la base d'un appel public de
soumission assorti d'un cahier des charges (appel d'offres) pour obtenir un
contrat de concession avec l'état Haïtien.
Taxes et subventions.
Lors de l'implantation d'une compagnie
téléphonique sur le marché celle-ci est soumise
à
divers redevances et frais applicables au Conatel tels que : les
frais d'homologation, les frais de procédure, les
frais d'inspection et de contrôle, etc17.