Chapitre 2. La présentation du marché du
cellulaire haïtien de 1999 à 2006.
Ce chapitre est la présentation du marché de la
téléphonie cellulaire. Tout d'abord nous présentons les
progrès technologiques enregistrés dans la
téléphonie cellulaire. Ensuite pour cerner le nouveau dynamisme
observé dans le secteur nous faisons porter notre étude sur deux
sous périodes : septembre 1999-avril 2006 et mai-décembre 2006.
Sur chacune de ces sous périodes nous présentons la situation du
marché du cellulaire à partir du paradigme SCP.
A. Progrès technologique dans la
téléphonie cellulaire mobile.
L'essor des communications cellulaires mobiles a
été spectaculaire, les 2 nouveaux marchés du secteur des
télécommunications qui n'existaient pas encore il y a 20 ans,
la Téléphonie mobile et
l'Internet, ont été instrumentaux dans
la refonte et la croissance de l'industrie. Les premiers systèmes
cellulaires analogiques sont nés à la fin des années 60 et
au début des années 70. Le terme « cellulaire »
désigne la division de la zone de couverture en de nombreuses petites
zones appelées cellules, chacune étant desservie par un
émetteur et un récepteur de faible puissance. La division de la
zone de service en cellules a constitué un changement fondamental parce
qu'elle a permis d'exploiter le spectre radioélectrique d'une
manière plus efficace.
Norme du cellulaire.
Les normes du cellulaire ont évolué tant au
niveau de la fonctionnalité qu'au niveau de l'utilité, passant
des réseaux analogiques dits de première génération
aux systèmes numériques actuels de deuxième
génération. Deux facteurs doivent être gardés
à l'esprit. Premièrement, les réseaux cellulaires ont
évolué à ce jour au titre d'un certain nombre de
spécifications exclusives, régionales et mêmes nationales.
Il n'existe pas actuellement de norme mondiale unique. Deuxièmement, le
paysage cellulaire actuel comprend une combinaison de systèmes.
Les premières générations de
téléphone cellulaire : 1G
Les systèmes mobiles de première
génération, qui font appel à la transmission analogique
des communications vocales, ont été lancés au début
des années 80. Il s'agissait principalement des standards suivants :
· AMPS (advanced mobile phone system),
apparu en 1976 aux USA, constitue le premier standard du réseau
cellulaire.
· TACS (total access communication system)
est la version européenne du modèle AMPS.
Les téléphones cellulaires de
deuxième génération : 2G
La seconde génération de réseaux mobiles
(notée 2G) a marqué une rupture avec la première
génération de téléphones cellulaires grâce au
passage de l'analogique au numérique. Les techniques cellulaires
numériques présentent de nombreux avantages par rapport aux
techniques analogiques, le principal atout étant une capacité
accrue grâce à une utilisation plus efficace du spectre
radioélectrique. Autre facteur positif, la transmission numérique
permet d'acheminer non seulement la voix mais aussi des données à
travers le spectre des fréquences radioélectriques, prenant en
charge des applications telles que le service de mini messagerie (SMS, Short
Message Service), le courrier électronique, etc. La
téléphonie numérique améliore également la
sécurité des transmissions de la voix et des données.
Les principaux standards de téléphonie mobile 2G
sont les suivants :
CDMA (code division multiple access), utilisant
une technique d'étalement de spectre permettant de diffuser un signal
radio sur une grande gamme de fréquences.
TDMA (time division multiple access),
utilisant une technique de découpage temporel des canaux de
communication, afin d'augmenter le volume de données transmis
simultanément.
GSM (global system for mobile
communication), a été le premier système cellulaire
numérique commercialement exploité. Le GSM a été
mis au point dans les années 80 dans le but de promouvoir
l'harmonisation régionale des réseaux cellulaires, il a
été le système le plus utilisé en Europe à
la fin du 20e siècle.
Les téléphones cellulaires de
troisième génération : 3G
L'UIT (Union Internationale des Communications), dont l'un
des rôles est d'établir des normes mondiales dans le domaine des
télécommunications a commencé à élaborer des
systèmes de troisième génération (3G) en portant
son attention sur la nécessité d'harmoniser, au plan mondial, les
normes relatives au spectre des fréquences et aux interfaces
radioélectriques. L'UIT a pour objectif d'établir une norme
mondiale relative aux systèmes 3G dans le cadre d'une initiative
appelée IMT-2000 (International Mobile Telecommunications for the year
2000). Les IMT-2000 présentent trois caractéristiques
distinctives :
o Compatibilité mondiale, en d'autres termes une
itinérance mondiale avec transfert imperceptible, permettant aux
utilisateurs de continuer à lancer et à recevoir des appels avec
le même numéro et le même combiné lorsqu'ils passent
d'un pays à l'autre.
o Débits de transmission plus élevés.
o Fourniture de services standard, par exemple via des
réseaux fixes, mobiles ou à satellite, l'accès Internet
devient plus rapide.
En Haïti les premiers réseaux de
téléphonie mobile cellulaire apparus à la fin des
années 90 étaient de type AMPS. Par la suite, des systèmes
plus modernes de deuxième et troisième génération
ont progressivement remplacés ces réseaux.
B. Le marché de la téléphonie
cellulaire en Haïti : Septembre 1999-Avril 2006.
L'analyse du marché de la téléphonie
cellulaire dans le cas d'Haïti nécessite la prise en compte de
certaines caractéristiques propres au contexte d'évolution de ce
secteur. Car avant même de parler d'investissement, l'agent rationnel se
préoccupe en tout premier lieu de l'environnement dans lequel son
entreprise devrait évoluer. La connaissance de l'environnement prend en
considération les facteurs internes au marché ainsi que les
facteurs externes qui permettront d'orienter les choix d'investissements les
plus efficaces et qui devront influencer le fonctionnement de l'entreprise.
Toute entreprise qui désire s'installer en Haïti
doit faire face à une série de contraintes qui ne sont pas sans
importance quand il s'agira d'évaluer et d'analyser sa performance. Ces
contraintes sont de divers ordres : sociopolitique, économique,
culturel, démographique, infrastructurel, institutionnel, juridique etc.
Ainsi, pour bien analyser le processus d'évolution du secteur de la
téléphonie cellulaire en Haïti, il importe de prendre en
considération ces différents facteurs que nous appelons dans le
cadre de notre approche par le paradigme SCP, les conditions de base.
B. 1. Les conditions de base.
Les conditions de base regroupent d'une part des facteurs
externes au marché qui sont principalement la situation sociopolitique
du pays, son niveau de développement économique, le niveau
d'infrastructure existant. D'autre part, des facteurs internes au marché
de la téléphonie cellulaire : l'offre où sont prises en
compte la situation technologique du pays, la possibilité de
réaliser des économies d'échelle, l'existence de
matière première, et la demande du marché dont les
variables pertinentes sont l'élasticité prix de la demande, le
nombre de substituts, etc.
B.1.1. Les facteurs externes.
Situation socio politique : Un entrepreneur qui
décide de se lancer dans une quelconque entreprise espère en
retour une certaine rentabilité de son investissement. Toutefois, la
possibilité de réaliser d'énorme profits ne suffit pas
à attirer les investisseurs si ces derniers considèrent que les
risques liés à l'environnement sont trop élevés et
que la sécurité de leurs capitaux n'est pas assurée
à un niveau acceptable. Aux yeux de ceux-ci, le niveau de
stabilité sociopolitique d'un pays constitue l'un des critères
déterminants dès qu'il s'agit d'investir ou non.
Dans le cas d'Haïti, cette situation n'a pas toujours
été favorable à l'investissement en raison de
l'instabilité politique qui sévit depuis plus de vingt ans :
coups d'état militaire, ingérence des acteurs
internationaux dans la politique du pays,
insécurité, etc. En outre, il faut souligner la
décadence de nos institutions étatiques suite à ces
problèmes politiques mais aussi causée par la fuite massive des
cadres de ces institutions vers l'étranger. Cette défaillance
institutionnelle et cette réalité politique sont
révélatrices d'un environnement non propice aux affaires.
Niveau de développement économique
d'Haïti : Haïti est connue pour son faible niveau de
développement économique. L'économie haïtienne
dépend très largement de l'aide étrangère,
près de 60% du budget national 2006-2007 est couvert par les bailleurs
de fonds internationaux ; la production agricole qui représente moins de
30% du PIB ne répond pas en terme de quantité et de
qualité aux besoins de consommation de la population. La nation consomme
principalement des produits importés et une grande partie de cette
population vit à partir des transferts de devises sans contrepartie en
provenance de la diaspora haïtienne lesquels en 2006 ont atteint un
montant record de 1.650 milliard de dollars. Haïti est aussi connue comme
le pays le plus pauvre des caraïbes, il accuse en moyenne un taux de
croissance économique de 1.15% l'an13 et l'un des taux de
croissance démographique les plus élevés de la
région soit une moyenne de 2.2%. Le taux de chômage au sein de la
population en âge de travailler est estimé à 70% et le taux
d'analphabétisme, estimé à 50%, est encore très
élevé comparé aux autres pays de la région qui
accusent un taux moyen de 5%. A partir des enquêtes
réalisées au sein des ménages14, 80% de la
population vit en dessous du seuil de pauvreté avec 2$ par jour et 60%
de la population vit une situation d'extrême pauvreté avec moins
d'un dollar par jour, ce qui classe ce pays comme le seul PMA du continent. Par
ailleurs, l'ouverture des marchés nationaux à la concurrence
internationale n'a fait que fragiliser pour ensuite détruire une
production nationale très peu protégée par l'État.
Cette politique économique a intensifé la paupérisation de
la population dans les zones rurales, on voit alors se développer autour
des villes, des bidonvilles, où ces nouveaux arrivants vivent dans des
conditions de misères infrahumaines. Le faible niveau de
développement économique d'Haïti est donc très
certainement un obstacle à l'expansion des marchés notamment
celui des télécommunications.
Situation des infrastructures dans le pays :
L'existence des infrastructures de base joue un rôle assez important
quand on veut attirer l'investissement nécessaire au bon
développement économique d'une nation. En Haïti, l'absence
des infrastructures est un problème réel qui paralyse
l'activité économique et
13 DSRP-1, 27 septembre 2006, MPCE
14 World Development Bank report 2006
décourage bien de nombreux investisseurs. C'est un
problème généralisé qui touche même les
structures de base les plus élémentaires comme
l'électricité ou encore les infrastructures de
télécommunication. L'utilisation de la fibre optique devant
permettre la transmission de données à haut débit reste un
des objectifs à atteindre pour la modernisation des infrastructures de
télécommunication. C'est donc dans ces conditions de carence
généralisée des infrastructures que les compagnies de
téléphonie cellulaire se sont installées et continuent
à évoluer en Haïti.
Par ailleurs, la mise en place de réseaux mobiles se
révèle plus difficile dans un pays aux reliefs plutôt
hostiles. En effet, Haïti est un pays montagneux ce qui rend plus
coûteuse la construction des réseaux mobiles qui exigent plus
d'antennes dont la plupart doivent être placées dans des endroits
élevés.
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