B- la coopération internationale
Avant d'envisager toute forme de coopération, il est
utile de rappeler pourquoi les forêts tropicales naturelles sont si
importantes. « Bien que ne couvrant que 5% des terres
émergés les forêts tropicales abritent plus de la
moitié des espèces végétales et animales
terrestres. » (OIBT, 2007, p.30). Parmi les espèces dont regorgent
les forêts tropicales, on compte aussi bien les grands mammifères
que les primates, ainsi que de nombreuses autres espèces qui sont peu
visibles. On peut ainsi dire que dans son ensemble, la biodiversité
stabilise notre atmosphère et notre climat, protège les bassins
hydrographiques et renouvelle les sols. Elle permet également de
maintenir l'adaptabilité des écosystèmes, utile en cas de
modification brutale des paramètres du milieu. De plus, « à
partir de la biodiversité, nous développons des cultures et
obtenons les premiers intrants et matériaux génétiques
servant à l'industrie, à l'agriculture, aux plantations
forestières et à la médecine, ces biens
représentent des milliards de dollars de revenus annuels et nous
dépensons aussi des milliards dans le tourisme et les loisirs pour jouir
de la nature et de sa diversité. » (OIBT, 2007, p.30)
Comme nous l'avons souligné dans la section
précédente, les forêts d'Afrique disparaissent à un
rythme de 5 millions d'hectares par an du fait de la déforestation. Or,
l'Afrique compte le quart des forêts tropicales dans le monde, elle est
considérée grâce au bassin du Congo comme le second poumon
de la planète, après celui de l'Amazonie. Le Gabon est
relativement épargné par ce phénomène de
déforestation du fait de sa faible population et du faible impact de
l'industrie forestière sur sa forêt. Eu égard à ce
constat, le Gabon peut être considéré comme un bon
élève de la conservation. L'érection de près de 11%
du territoire en aires protégées ne fait que confirmer les
dispositions des plus hautes autorités à oeuvrer pour la
conservation de la nature.
Les huit nations qui détiennent 80% des forêts
tropicales humides parmi lesquelles on dénombre : le Brésil,
l'Indonésie, la Malaisie, la Papouasie Nouvelle-Guinée, le Gabon,
le Cameroun, le Costa Rica et la République du Congo ; ont
décidé de faire front contre la déforestation et la
réduction des dégradations. Les pays pré-cités
grâce à la puissance diplomatique dont ils peuvent se
prévaloir du fait de l'importance de leur forêt pour la
planète veulent que la protection des forêts soit inclus dans le
projet d'accord post 2012 qui élargit le protocole de Kyoto. En effet,
le protocole de Kyoto qui est un accord de référence pour la
réduction des gaz à effet de serre ne prévoit pas de
dispositions pour la protection des forêts.
La communauté internationale semble enthousiaste
à l'idée que les transferts de fonds se fassent des pays
industrialisés vers les nations des tropiques afin de ralentir les
émissions des gaz à effet de serre en faisant baisser le taux de
déforestation et en limitant les pertes des forêts à
l'avenir.
Si d'aventure, ce lobby de pays forestier peut obtenir gain de
cause, le Gabon serait l'un des pays les plus avantagés. « Dans un
article paru récemment dans Public Library of science Biology et
intitulé No forest left behind (n'abandonnons aucune forêt),
Gustavo Fonseca directeur exécutif du centre for applied biodiversity
science et vice président de conservation internationale estime la
valeur des crédits préventifs du Gabon à 80 millions
d'euros par an, l'une des plus élevée du monde du fait de son
taux de déforestation très faible, pratiquement neutre. »
(Gabon, printemps 2008, p.32).
Le Gabon a d'autant besoin d'être épaulé
dans la conservation de son patrimoine naturel que l'on estime que la
surveillance et l'inventaire des richesses contenues dans les parcs nationaux
à 15 millions de dollars par an. (Le Point n°1689, 27 janvier 2005,
p.81). Or le Gabon n'est disposé qu'à apporter 2 millions de
dollars.
Les pays riches se sont ainsi engagés à apporter
du moins pour les premières années des fonds pour aider le pays
dans son effort de conservation. C'est ainsi que des pays qui
traditionnellement oeuvrent pour la conservation des forêts
équatoriales se sont illustrés par des financements en faveur de
ce projet. Il s'agit de la France, la Grande-Bretagne, le Japon et les
Etats-Unis.
S'agissant de la France, cette dernière par le biais du
Fonds Français pour l'Environnement Mondial (FFEM) a financé
entre 2003 et 2006 un appui au développement de l'écotourisme en
Afrique centrale dont le montant s'élève à 0,94 million
d'euros à travers le projet RAPAC (Réseau des Aires
Protégées d'Afrique Centrale). Toujours grâce au FFEM, la
France a développé le PRGIE (Programme Régional de Gestion
de l'Information Environnementale) dont le but est de renforcer les
réseaux de communication et d'échanges, à travers le
développement d'outils informatiques, produire et publier de la
documentation sur des sujets liés à l'environnement. La France
s'est aussi illustré grâce au soutien par l'Agence
Française de Développement pour un montant de 8 millions d'euros
à appuyer la diversification de l'économie gabonaise et soutenir
les efforts de conservation du Gabon à travers les parcs nationaux.
A la suite d'une visite de Colin Powel, les Etats-Unis ont
promis quant à eux 53 millions de dollars pour la conservation de la
biodiversité en Afrique Centrale. (Le Point n°1689, 27 janvier
2005, p.81).
Le Gabon ne doit toutefois pas s'attendre que cette manne soit
pérenne. C'est pourquoi le pays doit essayer de tirer le maximum de
profit d'organisations intergouvernementales qui oeuvrent pour la conservation
comme l'OIBT (Organisation Internationale des Bois Tropicaux). C'est une
organisation qui dans son programme d'action s'est doté de deux
démarches complémentaires dans la conservation de la
biodiversité. La réduction au minimum des pertes de la
biodiversité liées à l'extraction des produits forestiers.
Il aide également les pays membres à créer et à
gérer des aires de protection intégrales. « L'OIBT a
apporté son concours à plus de 10 millions hectares d'aires
transfrontalières vouées à la conservation , dans
lesquelles deux pays au moins coopèrent à l'aménagement et
à la conservation d'espaces transfrontaliers grâce à
l'établissement du sanctuaire transfrontalier
Mengamé-Minkebé pour gorilles à la frontière entre
le Cameroun et le Gabon.
Le Gabon pourrait ainsi multiplié les partenariats avec
les pays voisins pour la promotion d'aires transfrontalières
vouées à la conservation. Il pourrait ainsi créer des
zones similaires avec le Congo entre le parc national de Conkouati, où
encore avec Sao-Tomé pour la conservation des tortues marines. Il
pourrait aussi élargir les couloirs transnationaux associés
à Minkebé, grâce à l'étude
réalisée par le WWF et ECOFAC. Cette zone couvrirait
Minkebé (Gabon), Odzala (Congo) et du Dja, de Nki de Boumba-Bek
(Cameroun). Cette zone deviendrait une des zones clés pour la
conservation de corridors ou en créant des nouvelles zones
protégées reliant les aires protégées
existantes.
Après avoir exploré les différentes
pistes qui s'offrent au Gabon, eu égard à sa politique de
conservation d'un point de vue global, voyons à présent les
politiques sectorielles que le pays peut mettre en oeuvre afin de tirer le
maximum de profit de la création de ses parcs nationaux.
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