Conclusion générale
La spécificité du financement à moyen et
long termes est indéniable. L'hypothèse, selon laquelle les
banques, en tant qu'institutions de financement «universelles», ont
vocation et capacité à financer tout type de projet qui leur est
proposé, montre ses limites. En effet, elles ne peuvent pas
exagérément accorder des crédits à moyen et long
termes à partir d'une transformation excessive des dépôts
à vue et autres ressources à court terme sans compromettre la
stabilité financière. Elles ne peuvent non plus recourir sans
cesse aux augmentations de capital. Dans une région où le taux de
bancarisation reste faible, les banques parviennent à tirer leurs
épingles du jeu sans forcément soutenir la croissance et le
développement durable.
Les marchés monétaires et financiers ne
comblent eux aussi que partiellement les besoins de financement à moyen
et long termes, l'essentiel de l'intermédiation demeurant assuré
par les banques. Un ensemble de secteurs clés reste sans doute sans
financement aujourd'hui -malgré la venue, en complément de
l'action des banques, des marchés financiers spécialisés
dans de tels financements.
Cette spécificité, en particulier, la question
de la liquidité et des risques nécessairement attachés aux
financements à moyen et long termes nécessite une
« meilleure articulation banques et marchés
financiers ».
Un regard neuf sur la question permet de voir comment les
principaux acteurs de l'intermédiation financière aujourd'hui
-notamment les banques- peuvent élargir leur mode d'intervention pour
mieux répondre aux besoins de financements longs.
Une stratégie d'ensemble donnant les moyens aux
différents acteurs de répondre à ces besoins -sur le plan
de la liquidité comme sur celui du risque- est nécessaire
aujourd'hui.
L'étude a montré que la titrisation bancaire,
notamment la titrisation des prêts à moyen et long termes, peut
combler ce déficit qui subsiste après les réformes du
secteur bancaire et financier de l'UMOA.
La titrisation des prêts et créances bancaires
est un puissant outil de transformation de l'épargne et de canalisation
de cette épargne vers les investissements productifs. Elle peut
accroître l'épargne affectée au financement des
investissements des entreprises, déjà par l'amélioration
de la structure des émissions maintenant dominée par le secteur
public. De nombreux auteurs ont critiqué les distorsions entre
sphère économique réelle et sphère
financière. La titrisation des créances bancaires sur les
entreprises permettra de déplacer l'épargne des placements
improductifs et spéculateurs vers les emplois productifs.
La titrisation influence positivement l'investissement
productif de trois manières en apportant de nouveaux moyens d'allouer
l'épargne, en réduisant le coût du capital et en facilitant
la diversification des risques. Ainsi elle affecte favorablement le taux de
croissance et améliore la liquidité des marchés
financiers.
Nous recommandons en conséquence que les
autorités de l'Union organisent et réglementent la mise en oeuvre
de la titrisation des prêts et créances bancaires. La promotion
rigoureuse de la titrisation améliorera le dynamisme et l'efficience des
banques et des marchés financiers quant à leur contribution
à l'essor économique de l'Union. La titrisation permettra aux
banques de franchir le cap des crédits à court terme et de
s'engager davantage sur les crédits à moyen et long terme
résolvant ainsi le paradoxe de la sur-liquidité de nos banques et
le problème du manque à croître des économies de
l'Union. Même si tous les prêts bancaires peuvent être
titrisés, nous recommandons de privilégier la titrisation des
financements accordés à tout projet économique ou
investissement productif dont les premières réalisations
confirment tout au moins les prévisions et la rentabilité
attendue.
Depuis 2004, le niveau d'aide publique au développement
s'amenuise. Le doublement de l'aide publique promis en 2005 (augmentations
d'aides et annulations de dettes) n'a été que partiellement
respecté. En même temps, et heureusement, le potentiel de
croissance en Afrique est tel que les investisseurs s'intéressent de
plus en plus au marché obligataire africain. La titrisation aidera nos
économies à mieux capter ces capitaux étrangers pour une
croissance économique rapide et soutenue.
La titrisation avec la saine gestion des Etats et des
entreprises peut jouer un rôle décisif dans la réalisation
des objectifs du millénaire et celle de la stratégie de
croissance et de réduction de la pauvreté (SCRP). Nous
recommandons et espérons vivement que l'UMOA et les autorités
monétaires (Banque Centrale, Commission Bancaire et le CREPMF,
autorité des marchés) ne tardent plus à mettre ce puissant
outil de la finance au service de la croissance économique, de la
réduction de la pauvreté et de l'exclusion.
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