UNIVERSITE DE YAOUNDE II- SOA
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II- SOA
ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES ET TECHNIQUES
DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
ESSTIC
ADVANCED SCHOOL OF
MASS COMMUNICATION
ASMAC
LE MANAGEMENT DES RESSOURCES HUMAINES
DANS LES RADIOS PRIVEES.
Cas de RADIO TIEMENI SIANTOU
Mémoire présenté et soutenu
publiquement en vue de l'obtention du
Diplôme des Sciences et Techniques de
l'Information et de la Communication
(DSTIC)
Option : Journalisme
Par
CRESCENCE IRENE MBEZELE
Sous la direction de
Laurent Charles BOYOMO ASSALA
Professeur
Novembre 2005
AVERTISSEMENT
L'Université de Yaoundé II- Soa n'entend donner
aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce
mémoire. Elles doivent être considérées comme
propres à leur auteur.
DEDICACE
A Charles et Thérèse Marie Mvogo, mes
géniteurs. Brutalement arrachés à mon affection, ils n'ont
pas pu voir la matérialisation de leurs efforts.
Remerciements
A
v Mon directeur de mémoire, le professeur Laurent
Charles Boyomo Assala, pour son encadrement, les précieux conseils et
surtout la réorientation de ces travaux ;
v Tout le corps enseignant de l'ESSTIC, pour la
qualité de leurs enseignements, les conseils judicieux et l'encadrement
reçu tout au long de ma formation ;
v Ambada Bibiane, ma grand-mère pour le soutien et
l'affection constants ;
v Roger Tsanga, mon compagnon pour l'amour permanent ;
v Jean-Claude Bollo Melaine, mon oncle, pour la documentation
nécessaire et les conseils ;
v Jeanne Arlette, Nicole Marie, Bibiane Rosine et Vital
Dimitri, mes cadets dont l'affection continuelle m'a constamment exhorté
au travail ;
v Ma famille toute entière pour les sacrifices
consentis tout au long de ma formation ;
v Serge Mengue, dont l'apport matériel a
contribué à mettre en forme ce travail ;
v Roger Ngoh Yom, le chef de bureau Cameroun du groupe de
presse Africa International dont le soutien a été
déterminant dans la réalisation de ce mémoire ;
v Toute la rédaction du magazine people
« Ici les gens du Cameroun » et plus
particulièrement à André Naoussi, pour l'apport
professionnel considérable reçu sous son encadrement ;
Sophie Ben Roosalem, Thierry Minko et Corneille Ombe pour le soutien
infaillible.
v Florence Kourabei, ma copine pour l'amitié
indéfectible ;
v Tous les « caviardés »
qui ont contribué à mon baptême de feu dans la profession,
Benoît Dubois Onana, Georges Alain Boyomo, Brice Mbodiam, Romuald
Nkonlack, Dominique Mbassi, Louis Désiré Mbazoa, Eric
Kongou ;
v Emmanuel Jules Ntap, le rédacteur en chef de la RTS
ainsi qu'à toute son équipe qui a promptement collaboré
à l'élaboration de ce mémoire ;
v Feu Antoine Edzanga, mon camarade dont les conseils et les
critiques ont permis une remise en question propice à
l'émulation ;
v Tous les camarades de la 33e promotion des
journalistes de l'ESSTIC pour les joies, les peines partagées et surtout
l'ambiance particulièrement caustique et la constante tendance à
l'émulation ;
v Mme Anastasie Minkoulou, Marie Crescence Ekounda, Anastasie
Mengue, Yannick Onana, Félicité Ngono et Raymond Eloundou, pour
les encouragements ;
v L'abbé Benoît Marie Ndongo pour son apport
multiforme ;
v Maître Auguste Joseph Mbarga pour la relecture et les
amendements nécessaires qui ont permis d'améliorer ce
travail;
v Tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué à la matérialisation de ce travail, un grand
Merci.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE ..................... 1
CHAPITRE I: LA
RTS DANS LE PAYSAGE AUDIOVISUEL
CAMEROUNAIS.............................................
23
-Section I : NAISSANCE ET EVOLUTION........................
25
-Section II : STRUCTURES ET INFRASTRUCTURES......... 28
-Section III : ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT..... 33
CHAPITRE II :
SOCIOLOGIE DU PERSONNEL.............................. 36
-Section I: L'EQUIPE ADMINISTRATIVE....................... 38
-Section II : LES
JOURNALISTES................................. 40
-Section III : LES
ANIMATEURS.................................. 45
-Section IV : LES
TECHNICIENS.................................. 48
-Section V : LES REALISATEURS ET LES REGISSEURS... 50
CHAPITRE III :
ADMINISTRATION DU PERSONNEL................... 53
-Section I : LE MODE DE RECRUTEMENT....................
55
-Section II : EVALUATION ET PROMOTION.................
58
-Section III : LA
FORMATION.................................... 59
-Section IV : LE CONTRAT DE TRAVAIL.....................
61
-Section V : LA REMUNERATION ..............................
65
CHAPITRE IV : LES
CONDITIONS DE TRAVAIL......................... 70
- Section I : LE CONTENU DU TRAVAIL......................
72
-Section II : LE TEMPS DE TRAVAIL...........................
74
-Section III : L'ESPACE DE
TRAVAIL........................... 76
- Section IV : LES OUTILS DE TRAVAIL.......................
76
CHAPITRE V : LA NATURE DES
RELATIONS SOCIALES........ 80
-Section I :LES EMPLOYES
ENTRE-EUX.....................................81
-Section II : LES EMPLOYES ET LA HIERARCHIE......... 83
-Section III : EFFET DE L'AUDIENCE DES
« VEDETTES » DE LA RADIO
SUR LE COMPORTEMENT DES COLLEGUES 88
CONCLUSION
GENERALE................................................... 91
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 1
|
:
|
Le pool administratif
|
.................................
|
36
|
TABLEAU 2
|
:
|
Les journalistes permanents
|
.................................
|
39
|
TABLEAU 3
|
:
|
Les journalistes pigistes
|
.................................
|
41
|
TABLEAU 4
|
:
|
Les journalistes stagiaires
|
.................................
|
42
|
TABLEAU 5
|
:
|
Les animateurs permanents
|
.................................
|
43
|
TABLEAU 6
|
:
|
Les animateurs pigistes
|
.................................
|
44
|
TABLEAU 7
|
:
|
Les volontaires
|
.................................
|
46
|
TABLEAU 8
|
:
|
Les techniciens permanents
|
.................................
|
47
|
TABLEAU 9
|
:
|
Le technicien pigiste
|
.................................
|
47
|
TABLEAU 10
|
:
|
Les réalisateurs
|
.................................
|
48
|
TABLEAU 11
|
:
|
Les régisseurs d'antenne
|
.................................
|
49
|
TABLEAU 12
|
:
|
Le bordereau de salaire des permanents
|
.................................
|
65
|
LISTE DES ABREVIATIONS
C.R.T.V
|
:
|
Cameroon Radio and Television
|
G.R.H
|
:
|
Gestion des Ressources Humaines
|
PUCAC
|
:
|
Presses de l'Université Catholique d'Afrique Centrale
|
CGLE
|
:
|
Comité de Gestion de la Ligne Editoriale
|
PLEG
|
:
|
Professeur de Lycée d'Enseignement
Général
|
DTS
|
:
|
Diplôme de Technicien Supérieur
|
BTS
|
:
|
Brevet de Technicien Supérieur
|
BEPC
|
:
|
Brevet d'Etudes du Premier Cycle
|
CNPS
|
:
|
Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
|
BAC
|
:
|
Baccalauréat
|
CAP
|
:
|
Certificat d'Aptitude Professionnelle
|
PDG
|
:
|
Président Directeur Général
|
FM
|
:
|
Frequency Modulation
|
ESSTIC
|
:
|
Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de
l'Information et de la Communication
|
RTS
|
:
|
Radio Tiemeni Siantou
|
TBC
|
:
|
Tome Broadcasting Corporation
|
PME
|
:
|
Petite et Moyenne Entreprise
|
OP.CIT
|
:
|
Opere Citaré (Déjà cité)
|
M
|
:
|
Masculin
|
F
|
:
|
Féminin
|
-
|
:
|
Absence de qualifications
|
INTRODUCTION GENERALE
Il est traditionnel de dire qu'une révolution
est un changement radical. Dans le secteur audiovisuel camerounais, elle est
annoncée par la loi n°90/052 du 19 décembre 1990 portant sur
la liberté de la communication sociale et dont l'article 36
énonce que « sous réserve des textes relatifs
à la radioélectricité privée, la communication
audiovisuelle est libre». Lorsque le décret
n°2000 /158 relatif aux conditions de création et
d'exploitation des entreprises privées de communication audiovisuelle
est signé le 03 avril 2000, notre pays vit un véritable
chambardement médiatique. L'image peut paraître forte ; elle
n'est cependant pas loin de la réalité. Car ce texte
d'application vient mettre un terme au monopole plus que cinquantenaire de
l'Etat sur le secteur de l'audiovisuel, la Cameroon Radio and Television (CRTV)
et ses démembrements trônant seuls jusque-là.
Toutefois, il reste aussi vrai qu'avant cette date
cruciale, quatre radios locales avaient déjà ouvert leurs portes.
Le samedi 18 octobre 1997, c'est la radio Reine logée sur la 103.7 qui
prend la tête de file. On apprend ce jour là au journal
parlé du poste national de la CRTV qu'elle a commencé à
émettre des hauteurs du mont Mbankolo à Yaoundé.
L'abbé Jean Marie Bodo son promoteur en fait une radio confessionnelle
qui prend en relais les programmes de radio Notre Dame de Paris et de Radio
Vatican de Rome.
Radio Télévision Lumière entre en
scène en décembre 1998. Elle est lancée sous le
prétexte de servir de studio école aux étudiants en
communication de l'Institut universitaire Joseph Ndi Samba et occupe la
fréquence 91.9. Radio Bonne Nouvelle s'installe sur la fréquence
102.5 en avril 1999 sous l'impulsion de Michel Atana. Enfin, le 05 avril 1999,
la Radio Télévision Siantou s'octroie la 90.5 sur la bande FM.
Cette dernière est selon Lucien Wantou Siantou, le directeur de
publication : dans une interview accordée à Nicole
Scholastique Befe Owona, « un instrument didactique et
pédagogique de formation professionnelle »1(*) pour les étudiants en
communication de l'Institut Siantou supérieur.
L'on assiste dès lors à un foisonnement
inédit des radios dû à l'euphorie de la libération
des ondes « dans l'indifférence des pouvoirs publics et
parfois avec les encouragements de ceux-ci » comme le rappelle
Michel Tjadè Eonè2(*) .
Dans la foulée, Radio Venus de Lucien
Mamba, Magic FM de Grégoire Mbida
Ndzana, la Tome Broadcasting Corporation de Bosco Tchoubet, Sky FM de
Joseph Angoula, Satellite FM de Jean Pierre Amougou Belinga ...inondent le
paysage radiophonique de Yaoundé.
Ce qui jusque-là était considéré
comme l'enthousiasme d'une caste d'amateurs passionnés de nouvelles
technologies, va s'avérer être un phénomène de mode.
Il suffit d'acquérir un émetteur et quelques techniciens, pour se
mettre sur les ondes. C'est une véritable « dérive
vers l'anarchie audiovisuelle »3(*) qui se vit. Radio Venus, à titre d'exemple,
émettra ainsi d'un immeuble en chantier au quartier Mokolo pendant
plusieurs mois. Au 21 juillet 2004, la division des technologies de la
communication du ministère de la communication, recense vingt trois
radios émettant en FM sur l'ensemble du territoire national et ayant
obtenu une autorisation de fait (les licences d'exploitation n'étant
toujours pas disponibles).
Passée l'euphorie de l'ouverture des ondes, la
nécessité d'une gestion au quotidien de la radio et surtout des
hommes qui en sont les acteurs, commence à se poser avec acuité.
Les promoteurs ont tôt fait de s'équiper en matériel ;
occultant la ressource principale sans laquelle ledit équipement serait
inusable. C'est ainsi que de nombreux débrayages et autres sons
discordants commencent à se faire entendre des studios pour
décrier la surexploitation dont sont victimes les personnels des radios
privées. Ceux-ci revendiquent un statut officiel d'employé ainsi
que les avantages conséquents. Ce sont des avantages en terme de
salaire, beaucoup parmi eux n'ayant jamais touché le moindre
pécule pendant de longs mois d'interminables stages. De plus,
il n'existe pas une classification chiffrée de leur temps de travail.
I -INTERET DU SUJET
1)- Intérêt personnel
En tant qu'élève journaliste, il est utile
d'observer et comprendre les rouages de la gestion des personnels de radios
privées susceptibles d'être nos employeurs à la fin de
notre formation. Il est en outre nécessaire de connaître et
maîtriser lesdits mécanismes parce que nous pourrions être
appelé à diriger une radio ou tout autre média ou encore
en être simplement le conseil.
2)- Intérêt
professionnel
Lorsque les radios privées se mettent en place il y a
un peu plus de cinq ans, nul n'est sûr de leur longévité.
Certes comme l'affirme Jean Kouchner « la plupart des radios
locales se sont détournées des ambitions qu'elles affirmaient
lors de leur création pour n'être plus aujourd'hui que des sortes
de juke-box »4(*). Mais de plus en plus, elles sont acculées par
leurs personnels et essayent tant bien que mal de valoriser les ressources
humaines dont elles disposent. L'occasion nous est donnée dans ce
travail de connaître les éléments participant à
l'adoption de ces acteurs de l'ombre qui concourent souvent à l'essor ou
au déclin des radios privées. Le management d'une radio
privée est une expérience nouvelle et téméraire qui
dénote d'une évolution certaine des libertés au Cameroun.
C'est là une sorte d'obligation morale, qui impose à
l'élève journaliste que nous sommes de s'interroger sur le sort
de ses personnels.
3)-Intérêt
scientifique
La difficulté dans cet exercice est d'identifier
toutes les contraintes liées au management des personnels de la R.T.S.
Notre étude va nous permettre de comprendre qu'elle est loin
d'être un univers clos. L'expérience tout comme la connaissance
des réalités économiques montrent que toute entreprise,
indifféremment du secteur, a chaque jour à supporter des
pesanteurs qui usent les énergies et menacent les réputations. De
plus, le domaine de la gestion des ressources humaines est en émergence
au Cameroun. Si l'on peut parcourir facilement des documents
génériques sur la question, on ne retrouve actuellement pas de
littérature spécifique aux ressources humaines dans les
entreprises et autres organisations du monde des médias. C'est un
domaine encore inexploré, un champ en friche qui mérite de faire
l'objet d'une étude.
4)-Intérêt
socio-économique
L'harmonie sociale est tributaire de l'ordre dans les
entreprises. Il n'existe pas de machines sans frictions et la presse
audiovisuelle ne fait pas exception, au contraire. Seulement, ces frictions
sont parfois plus bruyantes qu'ailleurs et peuvent entraîner davantage de
troubles une fois portées à la connaissance du public. D'une
gestion harmonieuse dépend le bon jugement du citoyen et
l'agrément collectif. Nous ne sommes donc plus simplement dans une
dimension marchande, mais sur le terrain parfois glissant de la
sécurité sociale où les attentes sont fortes, les enjeux
différents et nobles. L'on ne peut pardonner à aucun organe de
presse des dérapages qu'on concéderait somme toute à une
firme d'exploitation agricole.
Au plan économique, la presse est une entreprise au
même titre qu'une firme d'automobiles et doit par conséquent
produire et générer des bénéfices. Les mouvements
de fonds d'une entreprise de presse ont un impact sur l'économie
nationale en terme de taxes d'imposition, de payement des salaires, d'achats de
matériel de production... L'audience d'une radio contribue au
relèvement du pouvoir d'achat, qui lui, accélère la
consommation tout en favorisant la relance économique. De
même, une faillite de l'entreprise de presse est synonyme de diminution
des revenus qui conduit fatalement au chômage des personnels en
augmentant ainsi les charges de l'Etat.
II - RAISON DU CHOIX
La libéralisation audiovisuelle a laissé
entrevoir de sérieuses opportunités d'emploi dans la masse de
chômeurs camerounais. Or, force est de constater qu'aujourd'hui cet
emploi est incertain dans les radios privées. Nous avons voulu, compte
tenu de la notoriété de la RadioTiemeni Siantou, nous attarder
sur la condition de ses employés.
III- ETAT DES LIEUX
La première grève des personnels éclate
en octobre 2001 à la Radio Tiemeni Siantou pour cause de
« mauvais traitement salarial des journalistes et
promiscuité »5(*). Celle-ci reste fermée pendant une semaine par
les personnels mécontents. Ils exigent des recrutements
conformément au code du travail en vigueur. Les employés
bénévoles qui, au départ, avaient négocié
des recrutements de gré à gré (pour diverses raisons
parmi lesquelles un besoin de perfectionnement pour certains et une aspiration
aux métiers de la communication pour d'autres) souhaitent maintenant
être rémunérés pour leur prestation au regard des
rentrées d'argent considérables que génèrent les
annonces publicitaires (entre 2001 et 2003 la RTS caracole en tête des
sondages d'opinions de Médiamétricam, une revue du
CRETES)6(*).
La négociation entre dirigeants et employés se
solde par le licenciement des principaux meneurs pendant que le reste est
maintenu, s'en sortant même avec une augmentation substantielle pour ceux
qui bénéficiaient déjà d'une rétribution. Un
an plus tard, un nouveau mouvement d'humeur point à l'horizon. Le chef
de chaîne d'alors, J (Point) Remy Ngono, multiplie les frustrations et
les angoisses en créant des disparités salariales, en affectant
à un travailleur deux ou trois de ses collègues pour ne
pas « être pris de court par un éventuel
chantage du titulaire du poste » qui serait ainsi purement et
simplement remplacé.
Quelques employés vont profiter de cette situation pour
démissionner. On observe de nombreux départs volontaires qui
occasionnent une rotation des personnels entre les différentes radios et
télévisions émergentes. Certains à l'instar de
Cyrille Bojiko seront débauchés par la C.R.T.V, le media public
national et d'autres iront faire le beau temps à Canal 2
International ; c'est le cas de l'ancien rédacteur en chef, Jean
Claude Mvodo et Achille Assako. Radio Reine va pour sa part solliciter Didier
Bapidi l'un des premiers journalistes de la RTS au poste de rédacteur en
chef, Satellite FM va s'attacher les services d'Albert Ledoux Yondjeu. Deux
journalistes, Jean Vincent Djenda Mondo et Sidonie Kafo iront se faire former
dans des chaînes européennes.
La grève déjà tacite (les programmes
étaient suspendus mais la radio diffusait la musique à longueur
de journée), éclate finalement en fin septembre 2002 et cette
fois, paralyse la RTS pendant plus de deux semaines. Après des
consultations particulières initiées par M. Wantou Siantou, le
noyau dur des meneurs constitué de six personnes est
définitivement exclu de la maison. Mais celui-ci ne se laisse pas
faire : il multiplie les pressions, porte le contentieux à
l'inspection du travail, au ministère de la communication et
bientôt engage une marche vers les services du premier ministre. M.
Siantou cède et signe enfin les six premiers contrats de travail de la
RTS. Les contractants sont Bouba Ngomna, Kenny Dex, Benjamin Yakana, Eric Ava,
Julien Bétilené et Albert Ledoux Yondjeu. En 2003, il paraphe
une nouvelle vague de contrats afin de régulariser ceux des personnels
qu'il paye effectivement.
En novembre 2004 encore, la situation manque à nouveau
de dégénérer à la « radio des
majors », mais le mouvement est étouffé dans
l'oeuf, le patron ayant prestement réagi à sa promesse
d'augmentation de salaire qui tardait à se faire jour.
Si à la RTS, les grèves
répétées connaissent un bon dénouement,
ailleurs les employés sont souvent confrontés à des
licenciements abusifs et sans appel, à des chantages, à des
conditions de travail peu décentes et drastiques.
Plusieurs cas de figure ont largement fait écho dans
les médias. C'est le cas de Radio Reine où les travailleurs ont
fini par élever la voix pour « mauvais
traitements » en février 2002. Magic FM quant à
elle a fermé ses installations entre février et mars de la
même année au point d'amener son président d'alors, Daniel
Noumgoué à annoncer dans un communiqué
radiodiffusé, la mise en vente de neuf cent (900) actions de la radio
afin de la recapitaliser et lui insuffler une nouvelle énergie. Plus
récemment, en juin 2005, la tempête a secoué la Tome
Broadcasting Corporation qui au finish s'est séparée des
initiateurs.
IV- OBJET DE L'ETUDE
Parvenu au terme de cet état des lieux qui montre
à suffisance le caractère instable, incertain, voire fragile et
précaire de l'emploi dans les radios privées, devant la situation
de ces « personnels à statut nébuleux, pigistes ou
permanents taillables et corvéables à merci...au gré des
circonstances et des humeurs des dirigeants et payés en monnaie de
singe »7(*)
nous avons voulu marquer un temps d'arrêt sur cette conjoncture dont les
échos sont loin d'être élogieux. C'est la raison pour
laquelle nous avons décidé d'orienter notre étude sur la
situation des personnels des radios privées.
Ce travail va s'intéresser de façon
spécifique à la gestion des personnels de la R.T.S. au plan
administratif, recouvrant les volets recrutement, promotion, contrat de travail
et rémunération, les conditions de travail et enfin la nature des
relations sociales qu'entretiennent hiérarchie et employés. Il
s'agira de dégager les éléments qui président
à la précarité de l'emploi dans les lesdites radios et
aussi d'envisager des solutions concrètes pour parer sinon enrayer
définitivement le phénomène.
V - PROBLEMATIQUE
Selon Michel Beaud, la problématique peut-être
définie comme « un ensemble construit autour de la
question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse
qui permettent de traiter le sujet choisi ».8(*)
Quand le décret du 03 avril 2000 est publié,
certaines radios ci-dessus citées, impatientes d'être
libérées de la « cage » du pouvoir
exécutif sont déjà sur le chantier de confection de
nouveaux paysages audiovisuels. De nombreuses autres leur emboîtent le
pas sitôt la signature rendue publique. C'est à une
« guérilla » par ondes interposées
que l'auditeur est confronté. Les personnels de toutes les nouvelles
chaînes rivalisent d'ingéniosité et de talent pour
accrocher voire arracher les auditeurs encore indécis par des programmes
musicaux, des débats, des échanges de factures et de fortunes
divers. Mais après toutes ces démonstrations de force, un besoin
de consolidation et de sécurisation des acquis s'est communément
révélé aux personnels qui officiaient jusque-là
comme de simples bénévoles.
Dans ces radios centralisées où la seule voix
prépondérante est celle du propriétaire, les vagues de
protestation engagées ont finalement contraint certains promoteurs
à renégocier les termes de recrutement et à
reconsidérer le statut de leurs personnels. Pour le cas d'espèce,
il va s'agir de montrer et d'analyser les paramètres de la gestion des
ressources humaines.
De ce qui précède, l'on est en droit de se poser
la question de recherche suivante :
QUESTION CENTRALE
Quel est le modèle de management qu'applique la Radio
Tiemeni Siantou ? Est-ce un modèle général applicable
à toutes les entreprises audiovisuelles ou plutôt un modèle
spécifique appliqué par cette seule radio ou encore un
modèle émergeant en marge des deux premiers qui puisse permettre
ou non son éclosion ?
Cette question principale nous amène à nous
poser un certain nombre d'autres questions.
QUESTIONS SECONDAIRES
· Comment ce modèle de management peut-il
concourir à l'épanouissement ou non de ses ressources
humaines ?
En d'autres termes, qu'est-ce qui préside au
recrutement, à l'évaluation, à la formation, à
l'élaboration du contrat de travail et à la
rémunération ?
· Quelles sont les conditions de travail de ces
personnels ?
· Quelle est la nature des relations sociales qu'ils
entretiennent entre- eux et vis- a- vis de la hiérarchie ?
HYPOTHESE CENTRALE
Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt définissent
l'hypothèse comme « cet esprit de découverte qui
caractérise tout travail scientifique ...Elle se présente comme
une présomption non gratuite portant sur le comportement des objets
réels étudiés. »9(*)
A la Radio Tiemeni Siantou, il n'existe pas de modèles
de gestion avérés et établis. La radio obéit
à un fonctionnement opportuniste au sein duquel les problèmes et
autres difficultés sont résolus au quotidien.
HYPOTHESES SECONDAIRES
· Les conditions de recrutement, de sélection,
d'évaluation, de formation et même d'élaboration du contrat
de travail sont floues et contribuent à la précarité de
l'emploi dans un environnement marqué par une offre abondante de
service, les personnels étant contraints de s'y astreindre.
· Alors que la nature des relations
sociales entre le personnel et la hiérarchie est déjà en
permanence conflictuelle, les travailleurs s'étripent encore au
quotidien pour être les plus en vue.
VI- REVUE DE LA
LITTERATURE
La recherche est un domaine où il existe
rarement de forêt vierge. Très souvent, le champ thématique
que l'on explore est déjà balisé par des études
antérieures. Il n'existe pas de recherche ex
nihilo, c'est- à- dire spontanée. Aussi cette
étude se situe-t-elle dans le même sillage qu'un certain nombre de
travaux déjà effectués entre autres, ceux de :
1. Jean-Bernard Bruneteaux, Gestion des ressources humaines
et communication, PUCAC 2003. Cet ouvrage propose aux lecteurs, une
panoplie d'approches possibles de la gestion des ressources humaines, l'une des
bases de la réussite d'une entreprise. Il part du postulat selon lequel
si les fondements et les techniques de GRH peuvent être pratiqués
indépendamment des contextes avec des fortunes plus ou moins relatives,
il est cependant nécessaire pour que celles-ci soient efficaces,
d'intégrer les réalités de l'environnement socioculturel
dans lequel l'organisation se déploie.
Bruneteaux ajoute que l'expansion de l'entreprise
ne doit pas passer outre les critères explicites et établis de
recrutement, d'évaluation, de compétences... mais plutôt
confronté à la dure réalité de la mondialisation,
elle devient tributaire d'un modèle de management compatible avec
l'aspiration des collaborateurs et leurs diversités. Ce document est
d'un apport inestimable pour cette étude en ce sens qu'il s'adapte au
contexte local camerounais. De plus, il va nous servir de guide, de
repère dans la quête de la question du management d'une
organisation.
2. Marcel Zadi Kessy, Culture Africaine et gestion de
l'entreprise moderne, CEDA 1998. Ce livre du manager ivoirien
résulte d'une expérience de plus de deux décennies
à la tête de deux entreprises privées. Il est une
contribution à la question du développement de l'entreprise
moderne africaine à travers sa culture qui peut, tout comme le
modèle japonais en Asie constituer la planche de salut de l'Afrique.
Dans le cadre de cette étude, il va nous permettre de relever des
éléments de la culture africaine qui constituent à la fois
un frein à l'éclosion des entreprises en Afrique et un essor
futur dans le management des organisations africaines.
3. Emmanuel Kamdem, dans son ouvrage, Management et
interculturalité, expérience camerounaise, les Presses de
l'Université de Laval, 2002, part de la remise en cause de ce qui
était jusqu'au début des années quatre vingt
communément admis comme le modèle de management universel pour
relever ses limites quant à l'adoption indépendamment des
systèmes de valeurs et des normes sociales en vigueur dans les divers
pays. L'exemple du modèle américain, du modèle alternatif
euro-asiatique et du modèle dit de la « culture
d'entreprise ». Pour lui, le management interculturel s'impose
dans un contexte de différence et de pluralisme culturel parce qu'il
faut prendre en compte les singularités et les différences entre
les systèmes de représentations et de rationalités
sociales des hommes pour une bonne conduite des activités de
l'organisation.
4. Edoa Bernadette Chantal, Les problèmes financiers
et la rémunération des journalistes dans les radios
privées de Yaoundé : le cas de Radio Bonne Nouvelle et Radio
Télévision Siantou, ESSTIC 2002. L'auteur observe
que ces journalistes sont faiblement rémunérés, et que des
écarts considérables allant du simple au triple sont notables
entre les différentes catégories des personnels employés.
Au terme de son investigation, il ressort que cette mauvaise rétribution
résulte de la faiblesse des revenus engrangés, elle-même
tributaire de la désorganisation du marché publicitaire, de la
dure concurrence que se livrent médias privés et ceux d'Etat, et
d'autres manquements liés à la mauvaise appréciation de la
notion de rémunération des journalistes qui n'est pas encore une
priorité pour certains promoteurs de radio au Cameroun.
Cette étude, bien que solidement ancrée au coeur
de la crise financière que traversent de nombreuses chaînes
privées, ne constitue qu'un pan de la nôtre qui se veut plus
englobante en recherchant le réel problème, cause du
déficit d'épanouissement des personnels.
5. Le rapport de stage de Théodore Benjamin Fouda Effa,
La ligne éditoriale de la RTS pendant la présidentielle
d'octobre 2004 au Cameroun, Institut Siantou Supérieur, 2005 est un
prétexte à l'auscultation du ton de la radio et l'influence
qu'exerce l'appartenance du patron au parti au pouvoir. Toutefois, comme nous
l'avons évoqué plus haut, notre recherche vise un domaine
sensible à savoir celui de toute la gestion des ressources humaines dans
une radio privée.
6. François Pichault, Jean Nizet, Les pratiques de
gestion des ressources humaines : approches contingente et politique,
Paris, Seuil, 2000, 333p. L'ouvrage fait ressortir la diversité des
pratiques de GRH, les tensions qui les traversent, les évolutions
qu'elles connaissent et la nécessaire prise en compte des facteurs
internes et externes au plan organisationnel et culturel de l'environnement des
entreprises pour plus d'efficacité. Ils préconisent de partir de
la théorie universaliste pour le contextualisme qui intègre la
nature des organisations. Ce livre nous a permis d'examiner les
différentes approches des modèles de management des PME qui ne
cadrent pas forcement avec ceux des organisations confirmées qu'on
calque d'habitude à ces dernières.
En conclusion, nous pouvons affirmer que notre sujet tel qu'en
lui-même n'a pas encore fait l'objet d'investigations.
VII - METHODOLOGIE
La recherche qui fait l'objet de cette étude est un
travail de terrain. Dans cette optique, elle va adopter des méthodes
spécifiques inhérentes à la gestion. Il s'agit des
entretiens exploratoires d'une part semi directifs (c'est-à-dire non
structurés en ce qui concerne le public ou la population
concernée par l'étude, dans le cas d'espèce, les
personnels des radios privées) et d'autre part, directifs pour le cas
des questions -enquêtes. Nous aurons également recours à
l'observation directe de l'objet de l'étude dans son environnement et
l'enquête sera constituée des recoupements effectués sur
les témoins privilégiés qui ont quitté les
radios.
1-) Cadre théorique
Dans un contexte marqué par le rejet à
l'unanimité d'un modèle de management universel, François
Pichault et Jean Nizet10(*) nous proposent cinq (5) approches de modèles
de management des petites et moyennes entreprises que sont effectivement nos
chaînes de radios privées locales. D'abord de par la taille, leur
existence ne dépend que du promoteur, de ses compétences, de ses
ressources financières, de son état de santé. On retrouve
ainsi pour ce cas, des modèles arbitraire, objectivant, individualisant,
conventionnaliste et valoriel.
a- Le modèle arbitraire
Il est caractérisé par l'absence de
critères prédéfinis en quelque matière que ce
soit ;
· la prédominance de l'informel ;
· les principaux domaines de la GRH sont la
responsabilité du seul dirigeant. Il existe peu de planification des
effectifs ;
· le congédiement se fait sur le champ ;
· une culture d'entreprise articulée autour de
l'esprit maison ;
· la formation sur le tas ;
· l'évaluation ou la promotion se fait sur le mode
intuitif ;
· les salariés sont payés à la
tâche ;
· l'indifférenciation entre temps de travail et
temps libre ;
· la communication est centralisée et largement
informelle ;
· peu de dispositifs de participation ;
· les relations professionnelles sont inexistantes.
b-le modèle objectivant
Il est régi par des critères impersonnels dans
les relations sociales avec une tentative de systématisation des
diverses dimensions caractéristiques de la GRH. On observe une
planification quantitative des effectifs, accordant la priorité au
recrutement.
· Les licenciements font l'objet de convention
collective ;
· une culture d'entreprise fondée sur le
légalisme ;
· la formation est centrée sur les savoirs et les
savoir-faire ;
· l'évaluation est basée sur la description
de la fonction avec application de critères uniformisés ;
· la promotion est faite sur les critères
d'ancienneté ou par concours ;
· le salaire est disponible au temps
déterminé a priori ;
· une nette séparation entre temps libre et temps
de travail ;
· la communication est centralisée et
formelle ;
· les relations professionnelles sont établies sur
la délégation ou la représentation.
c-Le modèle individualisant
Il est caractérisé par la personnalisation
salariale, les critères négociés dans le cadre d'actions
interpersonnelles entre hiérarchie et le personnel en tenant compte des
spécificités de chaque collaborateur. On observe ici,
· la gestion prévisionnelle des compétences
accordant la priorité à la sélection ; action
d'accompagnement des départs ;
· une culture d'entreprise articulée autour d'un
projet commun considéré comme facteur d'identification ;
· la formation alternée et très
valorisée est centrée notamment sur le savoir être ;
· l'évaluation est bâtie sur le bilan de
compétences et la direction par objectif ;
· la promotion est faite au mérite ;
· le salaire variable et déterminé a
posteriori ;
· le temps de travail est
aménagé ;
· la communication est décentralisée,
latérale et informelle ;
· un dispositif de codécision au niveau
opérationnel ;
· les relations professionnelles sont fondées sur
l'expression directe.
d-Le modèle conventionnaliste
Ici, les membres de l'organisation disposent indirectement
d'une grande maîtrise informelle sur la plupart des dimensions de la GRH
mais aussi s'accordent pour définir collectivement le cadre et les
modalités de leur coexistence. On observe :
· une validation collégiale du recrutement et de
la sélection ;
· les départs volontaires ou sous la pression des
pairs ;
· une culture d'entreprise articulée autour de
clivages corporatifs ou disciplinaires ;
· la formation est entièrement
maîtrisée par les professionnels ;
· l'évaluation est liée à la
reconnaissance sur la base des critères élaborés de
manière collégiale ;
· la promotion s'établit sur la base
d'élection par les pairs (mandats limités dans le temps) ;
· le salaire négocié à
l'entrée avec possibilité de rémunération
externe ;
· le temps de travail est entièrement sous la
maîtrise des professionnels ;
· la communication est largement
décentralisée et collégiale ;
· le dispositif de codécision existe y compris au
niveau stratégique ;
· les relations professionnelles sont fondées sur
l'éthique professionnelle.
e-le modèle valoriel
Les questions de rémunération, ou de promotion,
de temps de travail...n'apparaissent pas comme légitimes ou dignes
d'intérêt, vu la prédominance des valeurs censées
mobiliser les membres. Le modèle valorièl de gestion des
ressources humaines se caractérise largement par l'usage des pratiques
informelles non régies par des procédures explicites qui
appliqueraient des critères connus de tous. C'est le cas du recrutement,
de la sélection et de l'évaluation. Ces pratiques se
déroulent sans que leurs règles soient explicitées et le
fait même de les expliciter et a fortiori de les mettre en
question est illégitime pour plusieurs d'entre elles : temps de
travail, espace de travail, rémunération... ne comptent pas au
regard des valeurs qui commandent la mission de l'organisation. Les acteurs qui
prennent en charge ces pratiques sont ceux qui s'identifient le plus aux
valeurs ou les personnifient : dirigeants, membres de la famille,
personnes les plus impliquées pour alimenter les bruits de couloirs,
fidéliser « les
bénévoles ».
Les valeurs prennent la forme de processus court flexible sauf
peut- être dans des cas comme la paie. On observe :
· une sélection centrée sur
l'identification de la mission;
· de nombreux départs volontaires ;
· une culture d'entreprise articulée autour d'un
projet commun considéré comme facteur d'identification ;
· l'évaluation est tacite et consensuelle
fondée sur le dévouement à la mission ;
· la promotion est non automatique limitée dans le
temps ;
· le salaire est considéré comme une
question non légitime au regard de la poursuite de la mission ;
· l'indifférenciation entre temps de travail et
temps libre ;
· la communication est collégiale et informelle
à caractère persuasif ;
· le dispositif de consultation se fait sur les
orientations doctrinaires ;
· les relations professionnelles sont inexistantes.
Au regard de tous modèles de gestion
spécifiques aux entreprises de petites tailles, et de la
prédominance de l'atmosphère délétère qui
s'est établie dans les chaînes de radios privées, on peut
ranger la RTS et ses congénères dans le registre des
organisations à modèle de gestion valoriel. Ce sont des types
d'entreprises non encore constituées, minées par des
difficultés de toutes sortes, aggravées par leur relative
jeunesse, l'amateurisme ambiant dans le secteur de l'audiovisuel nouvellement
libéralisé aussi bien dans la sphère dirigeante que dans
celle des exécutants, tout ceci corollaire du fonctionnement
opportuniste qu'on observe dès lors. Les problèmes sont
résolus au quotidien et le seul élément
fédérateur repose sur les valeurs de l'entreprise qui se
résument dans le loyalisme. D'autre part, la centralisation et le
dirigisme qui prévalent accentuent les handicaps, très souvent
cause de l'échec.
2-) Délimitation du sujet
Notre sujet qui porte sur le management des ressources
humaines dans les radios privées avec le cas spécifique de la
Radio Tiemeni Siantou comme exemple type d'illustration, est une étude
qui s'est déroulée principalement sur trois (3) mois à
savoir juillet, août et septembre 2005.
3-) Plan de travail
La structure physique de cet exercice est fragmentée en
cinq chapitres. Le premier est une présentation liminaire de l'objet de
l'étude qui est la Radio Tiemeni Siantou. Le second chapitre
s'intéresse à la sociologie des différentes
catégories de personnels qui y travaillent. Le troisième est
axé sur l'administration du personnel. Là, il est question de
s'attarder sur les modes de recrutement, de promotion, d'élaboration du
contrat de travail et de la rémunération.
L'avant dernier chapitre table tour à tour sur les conditions de
travail, l'examen de l'environnement et des outils de travail. Enfin, nous
allons procéder à l'analyse des relations sociales qui lient les
employés entre-eux d'abord puis entre la hiérarchie et eux.
VIII -DEFINITIONS OPERATOIRES
Ce procédé méthodologique nous permet de
définir un concept d'après les observations empiriques qu'on peut
en faire par rapport au sujet de la recherche. C'est donc un moyen de
connaissances qui permet de « définir les choses dont on
traite afin que l'on sache de quoi il est question »11(*) et où on va. C'est dans
cette optique que nous nous faisons le devoir de donner sens et signification
aux concepts utilisés dans la substance des travaux.
1-Gestion des ressources
humaines : Selon le Dictionnaire de l'emploi et des ressources
humaines12(*), elle
est une discipline des sciences sociales, consistant à créer et
à mobiliser des savoirs variés, utiles aux acteurs et
nécessaires pour appréhender, comprendre, négocier et
tenter de résoudre les problèmes liés à la
régulation du travail, dans les organisations. Dans le cas de cette
étude, elle sera entendue comme la manière d'administrer, de
diriger et d'organiser le personnel.
2- Management : Le petit
Larousse13(*) le
définit comme un ensemble des techniques de direction et de gestion de
l'entreprise. Nous le concevrons comme un style de gestion dans ce travail.
3- Ressources humaines : Ensemble des
personnes employées dans une structure.
4- Traitement :
Rémunération, salaire d'un travailleur.
5- Formation : le fait d'avoir
accès à un perfectionnement ou une qualification
professionnelle.
6- Administration :
Jean-Bernard Bruneteaux, dans Gestion des ressources humaines et
communication, conçoit l'administration du personnel comme une
activité qui assure la gestion du contrat de travail, nous allons
examiner ce concept dans la perspective de l'élaboration du contrat de
travail ainsi que c'est stipulé ci-dessus et y ajouter les modes de
recrutement, la rémunération, l'évaluation et la
formation.
IX - LIMITES ET DIFFICULTES
Toute oeuvre humaine est imparfaite. Le travail que nous
soumettons à votre appréciation obéit à ce
postulat. Le thème de notre recherche qui s'intitule le management des
ressources humaines dans les radios privées nous a emmené
à investiguer dans certains dossiers dits confidentiels et secrets des
radios privées. Nous avons essayé de mettre à nu des
pratiques malsaines qui sont en vigueur dans la gestion administrative et qui
ne sont pas pour permettre l'épanouissement des travailleurs. Notre
travail avait dès le départ ciblé plusieurs radios
privées parmi lesquelles Radio Télévision Lumière,
Magic FM, la TBC et Radio Venus qui ont refusé de se prêter
à l'enquête, qui nous aurait permis de comparer les diverses
situations administratives dans les radios privées. Nous avons
également pêché par l'inexactitude de certaines
données ou encore leur manque de précision, les sources
d'informations dont nous disposions ne nous ont pas permis d'avoir des
informations susceptibles de mettre à mal l'honneur et le travail dont
ils jouissent actuellement des fruits d'où l'anonymat requis à
certains endroits.
Ce travail est enfin sous vos yeux dans l'attente des
corrections et des aménagements nécessaires à son
amélioration.
CHAPITRE I :
LA RTS DANS LE PAYSAGE AUDIOVISUEL
CAMEROUNAIS
Introduction partielle
Le paysage audiovisuel camerounais connaît une grande
avancée depuis la publication du décret du 03 avril 2000 portant
libéralisation du secteur. Il vit au rythme incessant des ouvertures de
supports audiovisuels au point que dans la seule ville de Yaoundé, on
dénombrait à la division des technologies de la communication du
ministère de tutelle, vingt trois radios privées (23) en juillet
2004.
Radio à capitaux privés, La Radio
Télévision Siantou devenue Radio Tiemeni Siantou est la
propriété de Lucien Wantou Siantou, le président du groupe
Siantou. Ce dernier comprend outre la radio, un collège, un institut
universitaire, un nouveau complexe universitaire situé à Biteng
et opérationnel depuis la rentrée académique de septembre
2005 et bientôt peut-être une télévision du
même patronyme. De plus, la 90.5 FM compte parmi les radios les plus en
vue de la bande locale de Yaoundé. Ce dynamisme certain est tributaire
de son histoire (Section 1), de son environnement structurel et infrastructurel
(Section 2) mais aussi de son fonctionnement (Section 3).
Section I : Naissance et évolution
La RTS émet, pour la première fois, le 05 avril
1999 dans les locaux de l'Institut Siantou supérieur sis à
Mvog-Mbi. A l'origine, elle est un « instrument didactique et de
formation »14(*), une radio d'application pour les étudiants
inscrits dans les filières comprenant les métiers de la
communication de l'institut.
Mais, cette idée de départ ne restera qu'une
intention puisque dans les faits comme le confirme Bouba Ngomna, membre du
comité de gestion de la ligne
éditoriale, « Jamais les étudiants n'ont
effectué des travaux pratiques sur les antennes de la
RTS »15(*).
Le 05 avril 2000, soit deux jours après la signature du
décret d'application rendant effective la libéralisation
audiovisuelle, la RTS se positionne sur les ondes comme une chaîne
musicale. Entre 6 heures et 19 heures, on y diffuse de la musique de tous bords
ainsi que des jingles identifiants la 90.5 FM.
La première grille des programmes est portée sur
les fonts baptismaux le 12 juin 2000 et le 24 juin de la même
année, Jacques Fame Ndongo, le ministre de la communication de
l'époque, inaugure les installations de la radio.
Les programmes s'étalent sur 13 heures. Mais
très vite, l'heure de fermeture passe de 19 heures à 20 heures
puis 22 heures. En octobre 2001, la RTS émet 24 heures sur 24 sous
l'impulsion de J « Point » Remy Ngono, le chef de
chaîne. Cette innovation que Julien Bétilené, le chef de
l'unité technique reconnaît avoir lancé sur
« un coup de tête, sans dispositions spéciales, ni
futures »16(*) permet néanmoins à la radio de
concurrencer la FM 94 et Magic FM qui se disputaient l'audience de nuit.
Dès ses débuts, la RTS prend l'option de radio de
proximité. Les six flash d'informations quotidiens sont axés sur
les faits divers et les
informations « croustillantes»
des quartiers de Yaoundé. Quand le journal parlé
est introduit, J« Point » perpétue la
tradition : « le journal doit faire la part belle aux
informations de proximité. Les auditeurs doivent se sentir
concernés au maximum par nos informations », annonce t-il
aux journalistes réunis en conférence de rédaction.
L'information dite institutionnelle est mise en
minorité et progressivement les émissions prennent la couleur
populaire. Les thèmes à caractère social deviennent le
principal cheval de bataille de la « chaîne des
majors ». Parmi les émissions qui grossissent son
audience, « Kondrey Show » conçu et
présenté par le chef de chaîne fut à l'origine des
joies et des peines de la radio.
Bouba Ngomna, membre du comité de gestion de la ligne
éditoriale admet dans un entretien accordé à
Théodore Benjamin Fouda Effa, que « dans les
ministères, les marchés, les débits de boissons,
c'était devenu une religion »17(*).
La chronique de tir à
boulets rouge, dénonce les dérives et les déviances
sociales. Des thèmes comme la prostitution, l'homosexualité, le
vol, l'escroquerie, la paresse, la fuite des cerveaux ...sont abordés
par le « franc-tireur ».
Grisé par le succès fou de son concept
auprès des publics, « le coup franc » s'est
mué en une chronique sociopolitique dans laquelle J «Point »
pourfend les pouvoirs publics. A l'observation, « Coup
franc » devint son instrument de règlement de comptes. A titre
d'exemple, on peut citer le cas des vendeurs à la sauvette
déguerpis du marché Mvog-Mbi par le délégué
du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Yaoundé
de l'époque, feu Nicolas Amougou Noma, qu'il traite de
« lutteur pour l'expansion de la
pauvreté ». L'affaire du sanctuaire à gorilles de
Mengamé l'oppose à Sylvestre Naah Ondoua, le ministre de
l'Environnement et des Forêts d'alors. Puis, il s'est ligué contre
André Mama Fouda, le directeur général de la Mission
d'Aménagement et d'Equipement des Terrains Urbains et Ruraux sur la
question des désabusés de la MAETUR, Roger Milla, le
célèbre footballeur et bien d'autres passent à la trappe
de J « Point».
Devenu incontrôlable, le chef de chaîne va
susciter les inquiétudes des autorités gouvernementales qui,
excédées vont réagir par la voix du ministre de la
communication.
Le 14 novembre 2003, au journal parlé de 12 heures sur
la radio télévision Siantou, (le plus court de son histoire, il
n'aura duré que le temps de la lecture de la décision), le
directeur de publication suspend d'antenne, J« Point » avec
ampliation au ministre de la communication. Une série
de manifestations est initiée par les fans du chef déchu en vue
de le faire réhabiliter sur l'antenne de Siantou.
Des marches sont annoncées sur le boulevard du 20 mai,
des appels de soutien et de mobilisation sont lancés sur toutes les
radios locales et aussi sur les ondes de la radio France Internationale
d'où J « Point » lance un appel au chef de l'Etat.
Ce geste de trop finit par faire perdre patience à la classe politique.
Neuf jours après la suspension d'antenne du « franc
tireur », la Radio Télévision Siantou reçoit une
mise en demeure pour « Incitation a l'insurrection, appel
à la révolte et outrage au chef de l'Etat ».
Une réunion de crise est convoquée avec un seul
point à l'ordre du jour, la réorientation de la ligne
éditoriale. Le poste de chef de chaîne jusque là
occupé par J« Point » est suspendu de l'organigramme
et le comité de gestion de la ligne éditoriale est mis en place
pour l'administration et le suivi des orientations éditoriales.
En fin novembre 2003, la RTS tourne la
page noire et en entame une nouvelle.
Le 21 août 2005, elle change de dénomination et
devient Radio Tiemeni Siantou à la faveur de la convocation du
comité chargé de l'examen de l'octroi des licences d'exploitation
aux entreprises de communication audiovisuelle. Cette mutation est
également une conséquence de deux dispositions de la loi
n°158/2000 du 03 avril 2000. En effet, l'article 19 dispose
qu'« aucune personne physique ou morale ne peut être
actionnaire dans plus d'une entreprise privée de communication
audiovisuelle ».L'article 20 vient limiter à un chiffre
égal à un, la propriété d'organe de presse
audiovisuelle à travers l'énoncé
suivant : « Le propriétaire d'un organe de
presse ne peut acquérir des actions dans plus d'une entreprise
privée de communication audiovisuelle ».Or dans l'ancienne
dénomination, on avait à la fois l'organe radio qui constitue
à lui seul déjà une entreprise ; et l'organe
télévision, une autre entreprise, les deux ne pouvant être
jumelées.
Section II : Structures, infrastructures et
ressources de la RTS
I- STRUCTURE
a - Fiche signalétique
Dénomination : Radio Tiemeni Siantou ;
Création : avril 1999 ;
Directeur de publication : Lucien Wantou
Siantou ;
Président du CGLE : Dr Mesmin Kanguelieu, Bouba
Ngomna, Samson Tabufor ;
Rédacteur- en- chef : Emmanuel Jules
Ntap ;
Type : radio commerciale ;
Format : généraliste ;
Fréquence de modulation : 90.5 FM ;
Périodicité : 24h/24 ;
Siège : Mvog-Mbi Yaoundé ;
Rayon de diffusion : 40 km autour de
l'émetteur ;
Puissance de l'émetteur : 2000 watts ;
Slogan : « Le major des
FM » ;
Adresse : BP 04 Yaoundé ;
Téléphone : 230.27.24 ;
Statut juridique : Société anonyme
à responsabilité limitée.
b- L'organigramme
général
Organigramme général de la
RTS
Directeur de publication
Chefs de desks
Animateurs
Techniciens
Régisseurs
Pigistes
Pigistes
Pigiste
Stagiaires
Volontaires
Journalistes
Réalisateurs
Chef de l'unité
Animation
Chef de l'unité
Technique
Commerciale
Comité de Gestion de la Ligne Editoriale
Rédacteur en chef
II - INFRASTRUCTURES
La RTS est située dans l'enceinte de l'Institut
Siantou supérieur au quartier Mvog-Mbi. Elle est logée dans le
bâtiment n° 3 de l'arrière cour de l'établissement.
La radio est équipée ainsi qu'il suit :
· Un studio d'émission comprenant une cabine
technique et un plateau ;
· Le bureau du président du CGLE ;
· Le bureau de l'assistante commerciale ;
· Un secrétariat comprenant trois
bureaux ;
· Une salle de rédaction ;
· Un studio de production.
III- LES RESSOURCES DES LA RTS
1-) Les ressources
matérielles
a) Le matériel de diffusion
· 2-Emetteurs, l'un de 2000 w et l'autre de
500w ;
· 4-Consoles techniques de 24 pistes ;
· 7-Microphones ;
· 1- ligne téléphonique ;
· 2- Ordinateurs Pentium IV ;
· 2- Lecteurs CD ;
· 2- Lecteurs cassettes ;
· 2- Casques ;
· 1- Poste récepteur ;
· 2-Moniteurs.
b) Le matériel de production
Il est gardé dans le studio de production. Il s'agit
de :
· 2- Ordinateurs Pentium IV ;
· 2 -Microphones ;
· 1- Console ;
· 1- Casque.
c) Le matériel de collecte
· 8- Dictaphones ;
· 1-Poste téléviseur
câblé ;
· 1-Poste récepteur.
2-) Les ressources financières
La RTS est une entreprise de presse à capitaux
privés. Et comme toute entreprise de presse, son financement est
assuré par la publicité. Par ailleurs, elle
bénéficie parfois de l'aide publique à la presse
privée ; une subvention du ministère de la communication
destinée à aider les médias privés dans
l'accomplissement des missions à eux assignées. La Radio Tiemeni
Siantou l'a déjà perçue à deux reprises ; Une
fois en 2003 et l'autre en 2004. D'autres subventions spéciales venant
de l'Etat allégent souvent les coûts de production ; ainsi,
lors des législatives et municipales de 2002 et de la
présidentielle de 2004, ce fonds spécial a été
alloué aux chaînes privées. De temps en temps, il arrive
que l'un des constituants du groupe Siantou en l'occurrence l'Institut
universitaire permette de renflouer les caisses de la radio.
3-) Les ressources humaines
La RTS totalise un effectif de 54 personnes reparties comme
suit :
· 23 Journalistes ;
· 17 Animateurs ;
· 5 Techniciens ;
· 3 Régisseurs d'antenne ;
· 2 Réalisateurs ;
· 1 Directeur de publication ;
· 1 président du CGLE ;
· 1e commerciale ;
· 1 comptable.
Section III : Organisation et fonctionnement
a)-Organisation
La rédaction est regroupée autour de deux desks
et de deux unités. Les desks sport et Anglais, les unités
Animation et Technique coiffés par les chefs de desks et
d'unités. La structure est sous l'autorité du rédacteur en
chef à l'exception du desk sport qui est autonome et tient lieu de
rédaction à part entière ; ceci avec la
bénédiction des dirigeants. La rédaction tient deux
conférences quotidiennes pour la confection et la préparation des
quatre éditions de journaux parlés et leur critique. Tous les
mercredis, il se tient une traditionnelle réunion hebdomadaire
centrée sur l'évaluation des activités des
différents services de la radio. Cette réunion est
présidée par le directeur de publication, Lucien Wantou
Siantou.
b)-Le fonctionnement
Depuis l'introduction des pratiques de
management dans les organisations, trois courants de pensée ont
dominé le monde du management. Il s'agit du modèle
américain « essentiellement fonctionnaliste et
rentabiliste, marqué par l'emprise de la machine et des
procédures sur l'individu qui devient plus objet que sujet et voit ses
capacités de production culturelle pratiquement
inhibées »18(*). Ce modèle a montré ses limites
fondées principalement sur l'exploitation mécanique de l'homme.
Puis ce fut l'émergence de quelques modèles en Europe et en Asie
susceptibles d'être eux, alternatifs, tel le modèle japonais
fortement inspiré du modèle américain. Sauf qu'il a eu le
mérite d'innover avec l'introduction de la culture dans le management,
mais lui aussi avait des limites qui ont provoqué la perte. C'est
à partir de la troisième révolution que
l'intérêt s'est accru pour la notion de culture.
« C'est l'époque du rayonnement du concept de culture
d'entreprise »19(*) qui prévaut jusqu'au début
des années quatre vingt.
A la RTS, le mythe du chef est palpable et est source de
retards et parfois d'imprévus dans le traitement des informations qui
n'ont pas pu être recoupées ou bien traitées faute de
moyens nécessaires ; ces aléas contribuent à
discréditer la radio. C'est la raison pour laquelle Zadi Kessy indique
que « l'environnement social et culturel exerce une influence
déterminante sur le développement des entreprises africaines.
Cette influence est beaucoup plus négative »20(*).
Car, « la primauté est
accordée très souvent à la vie communautaire au
détriment de la vie de l'entreprise ; et l'intérêt de
la famille ou du groupe ethnique est davantage
considéré »21(*) C'est la raison pour laquelle, il prescrit d'abattre
le mythe du chef pour que vive l'entreprise africaine parce que
« une conception archaïque du leadership conduit
inévitablement à des difficultés de fonctionnement au sein
d'une entreprise moderne »22(*)
Conclusion partielle
Au terme de cette visite guidée que nous venons de
mener de l'environnement global des radios, nous pouvons dire que ces radios
sont nées sous un contexte favorisant leur essor, le monopole de la CRTV
n'avait plus l'assentiment du plus grand nombre d'auditeurs désormais
câblés sur les chaînes étrangères. Leur
irruption a eu le mérite de décrisper et de colorer le paysage
audiovisuel mais le problème de leur survie s'est aussi
communément révélé. Il apparaît clairement
qu'à la fin de ce chapitre, ces radios à fonctionnement
opportuniste sont vouées à l'échec si cette situation
perdure.
CHAPITRE II :
SOCIOLOGIE DU
PERSONNEL
Introduction partielle
Le devenir d'une entreprise ou d'une organisation qui se veut
moderne est tributaire non seulement de ses structures, de ses ressources mais
aussi de la qualité de l'énergie humaine qui est associée
à l'évolution de cet organisme. Ainsi, à la Radio Tiemeni
Siantou, l'idéologie est la même. Pour assurer sa
périodicité (24/24), les dirigeants ont fait appel à des
ressources de divers calibres. Aussi pouvons- nous retrouver dans cet ensemble
des journalistes, des animateurs, des techniciens, des réalisateurs, des
régisseurs d'antenne...qui grossissent les rangs d'un personnel
estimé à un effectif de cinquante quatre (54) âmes. Nous
allons procéder dans ce chapitre à une analyse sociologique de
ces catégories de personnels. Cette analyse débute par le pool
administratif (Section I ), puis les journalistes (Section II), les animateurs
(Section III), les techniciens (Section IV), les réalisateurs et les
régisseurs d'antenne (Section V) bouclent l'examen des ressources
humaines de la Radio Tiemeni Siantou.
Section I : Le pool administratif
A partir des informations recueillies sur le terrain, nous
avons confectionné un organigramme général de la radio. Le
pool administratif ou pôle décisionnaire est détenu par
cinq personnes clés. Il s'agit tout d'abord, du président
directeur général, propriétaire de la RTS, Lucien Wantou
Siantou. Puis suivent le président du comité de gestion de la
ligne éditoriale en lieu et place d'un chef de chaîne, le Dr
Mesmin Kanguelieu Tchouake, par ailleurs directeur de l'Institut Siantou
Supérieur, il y est également enseignant d'histoire contemporaine
et principal du l'Institut Siantou secondaire. Ses adjoints sont au nombre de
deux. Le vice-président, Bouba Ngomna, journaliste, chef du desk Sport
est chargé des programmes de la radio. Samson Tabufor lui aussi
journaliste du desk anglophone, est membre par intérim du
comité. Il veille au respect de la ligne éditoriale dans les
émissions d'information. La cinquième personne, la
dénommée Marie Odette Chuwanga, est la patronne du service
commercial. Elle est chargée de la mise en oeuvre de la production
commerciale. C'est elle qui détient le portefeuille des recettes
publicitaires de la chaîne. Enfin, le comptable, Dieudonné Ngako.
A la suite, nous avons une représentation du profil des membres du pool
administratif confectionnée sur la base des informations recueillies
à la RTS.
Tableau 1 : Le pool
administratif
Nom
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancien-
neté
|
Age
|
Sexe
|
Statut matrimonial
|
Lucien Wantou Siantou
|
Promoteur
|
PLEG retraité
|
Bafang
|
6 ans
|
60 ans
|
M
|
Marié
|
Mesmin Kanguelieu
|
Président du CGLE
|
Doctorat
en Histoire
|
Bafang
|
2 ans
|
45 ans
|
M
|
Marié
|
Bouba Ngomna
|
Membre du CGLE
|
BTS en journalisme
|
Moundang
|
6 ans
|
31 ans
|
M
|
Marié
|
Samson Tabufor
|
Membre du CGLE
|
Maîtrise en sociologie
|
Santa
|
3 ans
|
37 ans
|
M
|
Marié
|
Marie Odette Chuwanga
|
Commerciale
|
BTS en comptabilité
|
Bafang
|
3 ans
|
37 ans
|
F
|
Mariée
|
Dieudonné
Ngako
|
Comptable
|
Policier retraité
|
Bafang
|
6 ans
|
65 ans
|
M
|
Marié
|
Source : Auteur
Ce tableau représentatif du pouvoir
décisionnaire de la radio montre clairement que les qualifications des
uns et des autres n'ont aucun rapport avec la gestion d'une chaîne de
radio. On note aussi de cette ébauche que le pouvoir numérique
est entre les mains de l'ethnie Bafang des Hauts plateaux de l'Ouest Cameroun,
à laquelle appartient le directeur de publication. Le président
du comité de gestion de la ligne éditoriale quant à lui
est un sujet du patron au plan purement traditionnel. (M. Siantou étant
un notable de la cour de Bakou, leur village d'origine). C'est cette relation
qu'il entretient avec son patron aussi bien en ce qui concerne les
écoles que la radio. Il serait cependant non fondé de dire qu'il
est quasiment son double parce que même s'il bénéficie de
sa posture de sujet du notable, il ne peut prendre aucune décision sans
l'aval préalable du propriétaire de la structure. Ce centralisme
peut provoquer de temps à autre quelques remous au sein de la
rédaction dus au retard ou à la non tenue pure et simple de
certaines activités. D'ailleurs, l'ensemble de la rédaction
s'accorde à dire du comité qu'il est
« inactif » puisqu'il n'est pas souverain, ce
n'est que le promoteur qui prend des décisions librement
exécutées par ses relais. La commerciale, chargée du
suivi commercial de la chaîne est une proche parente du patron. Elle
s'occupe de tous les dossiers relatifs au sponsoring et à l'achat des
plages publicitaires. C'est elle- même qui participe au recouvrement des
fonds qu'elle reverse au comptable de l'Institut Siantou qui fait
également office de comptable pour la chaîne puisque la caisse de
la radio et celle de l'Institut sont indissociables. Le comptable est le
frère du patron. Il s'occupe à la fois de la comptabilité
des écoles Siantou, et de la radio. C'est lui qui procède au
payement des enseignants et des employés de la chaîne, il
gère financièrement le quotidien des institutions Siantou.
Les deux autres membres du comité de gestion de la
ligne éditoriale sont là à titre figuratif. L'un d'eux, en
l'occurrence Bouba Ngomna doit son entrée dans ledit comité
à son ancienneté à la RTS qui date de 1999. Samson
Tabufor, lui y est de par son appartenance à la région
anglophone. On ne leur connaît depuis leur accession à ce conseil
aucun réel pouvoir. Ce dernier étant concentré entre les
mains du seul Président directeur général. Par ailleurs,
le rédacteur en chef nous a confié qu'ils y ont été
coptés pour respecter le concept national
« d'équilibre régional » que promeut
le gouvernement en place et les institutions républicaines.
Malgré le fait que ceux-ci ne soient dans ce comité qu'à
titre figuratif, ils bénéficient du privilège d'y avoir
été choisis en tant que journalistes. Ce choix vient renforcer
l'idée selon laquelle, les journalistes font la radio ; Ce qui nous
amène à procéder à une analyse sociologique de
cette catégorie de personnel de la Radio Tiemeni Siantou.
Section II : Les journalistes
Ils constituent le plus gros de l'effectif de la radio et
remplissent les tâches de collecte, de traitement et de diffusion des
informations au quotidien. Les vingt trois (23) journalistes de la radio sont
comme tous les autres personnels, repartis en trois (3) groupes distincts. Les
permanents, les pigistes et les stagiaires.
Les permanents
La loi n° 92 /007 du 14 août 1992 portant code
du travail prévoit en son article 25, trois types d'effectifs des
travailleurs employés au Cameroun. Il s'agit des effectifs permanents,
saisonniers et temporaires. Un effectif permanent a une durée de travail
indéterminée sur le temps alors que les deux derniers sont
limités dans le temps.
A la RTS, parler d'un travailleur permanent
n'obéit pas du tout à cette logique. Un journaliste est dit
permanent quand il est payé et supposé être affilié
à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (le
propriétaire de la radio Siantou l'a dit a ses employés, mais
ceux-ci sont dubitatifs face à cette affirmation parce qu'à ce
jour ils continuent tous d'émarger dans un registre de la radio, et
malgré les retenues inscrites sur le bordereau des salaires, on n'a vu
aucun bon de caisse ou un quelconque bulletin de salaire). Nous avons
procédé à une vérification auprès des
services compétents de la CNPS et à ce jour, aucun employé
de la RTS n'est affilié.
Pour être reconnu comme employé permanent, il
faut passer obligatoirement, par la signature d'un contrat de travail. Mais
à la RTS, ledit contrat est non négociable par les
co-contractants. Les travailleurs sont tout juste appelés à
parapher ou non le document après avoir pris connaissance du contenu.
Aucune notion relative à la durée du travail n'est
évoquée par la hiérarchie qui le justifie par le fait
d'être encore dans le « maquis ». Les radios
privées n'ayant toujours pas obtenues de licences d'exploitation, gage
de la reconnaissance de leur statut juridique. Des vingt trois (23)
journalistes ci-dessus annoncés, seuls douze (12)
bénéficient du privilège de ce statut par ailleurs
envié des autres. Nous avons conçu un tableau constitutif de leur
profil sur la base des informations obtenues sur le terrain.
Tableau 2 : Les journalistes
permanents
Nom
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancien
neté
|
Age
|
Sexe
|
Statut
matrimonial
|
Benjamin Fouda Effa
|
Journaliste
|
BTS en journalisme
|
Ewondo
|
6 ans
|
26 ans
|
M
|
Célibataire
|
Suzie Tchantcho
|
Journaliste
|
BTS en journalisme
|
Bangangte
|
3 ans
|
27 ans
|
F
|
Mariée
|
Samson Tabufor
|
Journaliste
|
Maîtrise en sociologie
|
Santa
|
3 ans
|
37 ans
|
M
|
Marié
|
Polycarpe Essomba
|
Journaliste
|
Bac+2
|
Ewondo
|
5 ans
|
28 ans
|
M
|
Célibataire
|
Lionel Tchokonte
|
Journaliste
|
Bac
|
Bafang
|
3 ans
|
34 ans
|
M
|
Célibataire
|
Juliette Mbella
|
Journaliste
|
Licence en communica- tion
|
Fako
|
3 ans
|
28 ans
|
F
|
Célibataire
|
Ghislain Essono
|
Journaliste
|
Licence en
Droit
|
Ewondo
|
3 ans
|
28 ans
|
M
|
Célibataire
|
Genevieve Fonchenella
|
Journaliste
|
Licence en journalisme
|
Mbo
|
5 ans
|
31 ans
|
F
|
Célibataire
|
Eric Kouam
|
Journaliste
|
-
|
Baham
|
6 ans
|
25 ans
|
M
|
Célibataire
|
Emmanuel Ntap
|
R.E.C par intérim
|
Licence en Histoire
|
Bassa
|
4 ans
|
29 ans
|
M
|
Célibataire
|
Clarkson Tabi Eyong
|
Journaliste
|
Licence en
Histoire
|
Manyu
|
4 ans
|
26 ans
|
M
|
Célibataire
|
Bouba Ngomna
|
Chef du desk sport
|
BTS en journalisme
|
Moundang
|
6 ans
|
31 ans
|
M
|
Marié
|
Source : Auteur
De ce tableau récapitulatif du profil sociologique des
journalistes permanents de la RTS, on constate que la plupart d'entre eux comme
d'ailleurs dans toutes les autres radios privées n'ont reçu
qu'une formation professionnelle en journalisme relativement incomplète.
La majorité d'entre- eux sont des diplômés de
l'enseignement supérieur que l'engouement pour la radio a
rattrapé avec l'avènement de la libéralisation et
« l'anarchie audiovisuelle »23(*) qu'elle a occasionnée.
On constate également que le critère d'ancienneté est
relatif à l'accès à ce statut. Enfin, on note sur les
douze (12) journalistes permanents, seulement trois (3) d'entre-eux sont des
personnes mariées, le reste sont des jeunes gens et des jeunes filles
qui pour certains n'ont pas de responsabilités avérées. De
plus leur relative jeunesse peut laisser supposer une certaine insouciance.
Mais au cours de l'entretien que nous a accordé le président du
comité de gestion de la ligne éditoriale, il ressort que
« Seuls la discipline et le professionnalisme sont de
rigueur pour la cooptation du personnel ».
2-) Les pigistes
Un pigiste est un travailleur indépendant. Il offre
ses prestations à des organes de presse sans nécessiter
d'engagement ou d'attache formels. Son travail est une course infinie
après le reportage, une solide capacité de réaction
immédiate. Il est rémunéré à la
journée ou au sujet, les commandes lui sont faites de façon
ponctuelle ou régulière.
A la RTS, c'est le salaire qui distingue les
journalistes permanents des pigistes. Ceux-ci sont astreints au même
chronogramme d'activités que les permanents, ils participent
obligatoirement au quotidien à toutes les conférences, et
à la production des émissions et des programmes. Ce n'est qu'au
début de l'aventure Siantou que beaucoup qui s'étaient
proclamés bénévoles et volontaires ont dévié
de cet objectif premier avec l'évolution des mentalités et les
quatre grèves qui ont secoué la maison, pour revendiquer un
meilleur statut. Selon une décision du Président directeur
général de la structure, les pigistes qui étaient
payés à 2000 F.CFA, par jour indépendamment du nombre
d'interventions, ont vu cette méthode de rémunération
changer de forme. Désormais, les travailleurs retenus pour le statut de
pigiste sont assujettis à la signature de « la convention
collective de prestations des services ».Une trouvaille de
Siantou, une sorte de contrat tacite qui permet que mensuellement, un pigiste
reçoive un taux arrêté, forfaitaire équivalent
à un salaire. En définitive, le pigiste est une espèce
d'employé permanent, mais faiblement payé sous le manteau de
pigiste alors qu'il n'en est pas un. Le tableau suivant est la
représentation de l'analyse sociologique des journalistes pigistes de la
RTS.
Tableau 3 : Les journalistes
pigistes
Noms
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancienneté
|
Age
|
Sexe
|
Statut matrimonial
|
Paulin Mballa
|
Pigiste
|
Bac+2
|
Ewondo
|
4 ans
|
25 ans
|
M
|
Célibataire
|
Boney Phillipe
|
Pigiste
|
BEPC
|
Ewondo
|
5 ans
|
33 ans
|
M
|
Célibataire
|
Sismondi Bidjoka
|
Pigiste
|
Bac+2
|
Bassa
|
5 ans
|
27 ans
|
M
|
Célibataire
|
Dieudonné Ngassam
|
Pigiste
|
BEPC
|
Bangangté
|
4 ans
|
32 ans
|
M
|
Marié
|
Ghislain Fotso
|
Pigiste
|
BEPC
|
Bandjoun
|
3 ans
|
27 ans
|
M
|
Célibataire
|
Jules Domche
|
Pigiste
|
Bac+2
|
Bafang
|
2 ans
|
28 ans
|
M
|
Célibataire
|
Source : Auteur
Le tableau ci-dessus représente les six (6) pigistes
de la RTS. Ils sont tous des véritables aventuriers du microphone qui
ont, pour une moitié d'entre- eux cessé leurs classes à
mi-parcours du secondaire et se débrouillent pour vivre. La seconde
moitié est plutôt constituée, contrairement à la
première, de jeunes étudiants. On constate qu'ici, le fait
d'être admis dans la caste des pigistes ne dépend pas du niveau
d'études et encore moins du confort intellectuel dont peuvent se
prévaloir les uns et les autres.
3-) Les stagiaires
Le stagiaire est une personne qui exerce une activité
temporaire dans une entreprise en vue de sa formation pratique pendant une
période dite d'essai ou encore de pré emploi. Le stagiaire jouit
de la qualité d'apprenant selon la législation camerounaise du
travail et le « Stage ou l'engagement à l'essai ne peut
porter renouvellement compris que sur une période maximale de six mois
sauf en ce qui concerne les cadres pour lesquels cette période
peut-être prolongée jusqu'à huit (8) mois ».
La radio des majors compte cinq (5) journalistes stagiaires. Tout comme les
pigistes et les permanents, ils travaillent de la même manière. Le
planning est identique voire plus exigeant puisque certains ont des programmes
bien précis dans la grille alors qu'ils ne sont que stagiaires. Ainsi le
stage, comme on le conçoit dans la législation, y est aux
antipodes de la réalité. Le plus court à la RTS est
évalué à une durée de douze (12) mois
ponctués d'interminables journées, mois et années de
travail sans aucune contrepartie. Voici une esquisse schématisée
du profil des stagiaires.
Tableau 4 : Les stagiaires
Nom
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancien
neté
|
Age
|
Sexe
|
Statut matrimonial
|
Bernard Atangana
|
Stagiaire
|
Bac
|
Ewondo
|
3 ans
|
25 ans
|
M
|
Célibataire
|
Dickson Kah
|
Stagiaire
|
Licence en communication
|
Menchum
|
2 ans
|
27 ans
|
M
|
Célibataire
|
Roméo Tchamaleu
|
Stagiaire
|
BTS en journalisme
|
Bafang
|
2 ans
|
23 ans
|
M
|
Célibataire
|
Tessoh Patrick
|
Stagiaire
|
BEPC
|
Bakossi
|
1 an
|
26 ans
|
M
|
Célibataire
|
Kindo Louver
|
Stagiaire
|
BEPC
|
Bamena
|
1 an
|
28 ans
|
M
|
Célibataire
|
Source : Auteur
On relève de ce tableau que les stagiaires sont tous
nouvellement venus à la radio des majors. Deux d'entre eux ont des
qualifications qu'ils ont obtenues en cours pendant qu'ils collaboraient
déjà à la RTS. Pour ce cas particulier, le
rédacteur en chef par intérim, M. Emmanuel Jules Ntap nous
apprend dans l'un des entretiens qu'il nous a accordés que les
concernés vont passer un stage de pré emploi dans sa
rédaction pendant six (6) mois avant d'être recrutés. La
période de vingt quatre (24) mois de stage précédents est
reléguée à « l'oubli »
puisqu'on n'en tiendra pas compte. Tout semble laisser croire que le
diplôme fait désormais partie des critères de
sélection. Les autres stagiaires sont toujours en observation.
Section III : Les animateurs
Les dix sept (17) animateurs de la radio des majors s'occupent
des tranches d'animation d'émissions interactives centrées sur
l'actualité, le hit-parade, les potins mondains, le sport...
Ils sont les auteurs de plus de 60% des programmes de
la radio en terme de production et d'animation. Ils sont repartis en trois (3)
groupes distincts constitués des permanents, des pigistes et des
volontaires.
1-) Les permanents
A la radio de Siantou, un animateur est dit permanent
quand le patron l'a décidé, puisque, aucun employé de la
RTS n'est affilié à la CNPS. Le tableau suivant fait l'examen de
leur profil.
Tableau 5 : Les animateurs
permanents
Nom
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancienneté
|
Age
|
Sexe
|
Statut matrimonial
|
Emmanuel Ngon
|
Animateur
comédien
|
Bac
|
Bafia
|
2 ans
|
36 ans
|
M
|
Marié
|
Martin Désiré Moudio
|
Chef de l'unité animation
|
Bac
|
Bafia
|
6 ans
|
30 ans
|
M
|
Célibataire
|
Source : Auteur
Comme on peut le constater, les animateurs permanents tels que
reconnus par les dirigeants sont tous sans formation et les critères de
leur sélection sont tout aussi vagues. A l'exception que le recrutement
de Emmanuel Ngon de son nom d'artiste « Michekan
l'africain » s'est fait sous la pression du reste de l'équipe
qui ne souhaitait pas le voir partir dans une autre chaîne. C'est un
animateur particulier qui mime des personnalités de la République
et surtout le chef de l'Etat.
2-) Les pigistes
A la RTS, le statut de pigiste n'est pas seulement l'affaire
des journalistes. Là-bas, il existe également des animateurs
pigistes. L'animateur pigiste comme ses congénères journalistes a
ratifié la « convention collective de prestation des
services ». Ils animent des tranches horaires d'animation
quotidiennes ou hebdomadaires et peuvent bénéficier, hormis le
salaire, d'un pourcentage supplémentaire quand ils parviennent à
faire sponsoriser leurs programmes.
Tableau 6 : Les animateurs
pigistes
Nom
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancienneté
|
Age
|
Sexe
|
Statut matrimonial
|
Ludovic Onana
|
Animateur
|
P.L.E.G
|
Ewondo
|
5 ans
|
29 ans
|
M
|
Marié
|
Rodrigue Siantou
|
Animateur
|
BTS en Banque
|
Bafang
|
2 ans
|
27 ans
|
M
|
Célibataire
|
Eugenie Ikoumi
|
Animatrice
Chanteuse
|
BEPC
|
Bamoun
|
4 ans
|
29 ans
|
F
|
Célibataire
|
Martinez Zogo
|
Animateur
|
-
|
Eton
|
6 ans
|
29 ans
|
M
|
Célibataire
|
Magloire Malong
|
Animateur
|
Bac
|
Bassa
|
6 ans
|
33 ans
|
M
|
Marié
|
Claude Ngué
|
Animateur
|
Bac+2
|
Bassa
|
3 ans
|
28 ans
|
M
|
Célibataire
|
Serge Tamba
|
Animateur
|
-
|
Ewondo
|
4 ans
|
32 ans
|
M
|
Célibataire
|
Dominique Eko
|
Animateur
|
-
|
Batanga
|
6 ans
|
38 ans
|
M
|
Célibataire
|
Didier Onana
|
Animateur
|
-
|
Mbam
|
5 ans
|
40 ans
|
M
|
Marié
|
Roger Ngatchou
|
Animateur
|
PLEG
|
Bafang
|
3 ans
|
42 ans
|
M
|
Marié
|
Source : Auteur
Les animateurs pigistes de la RTS n'ont
aucune formation dans le métier d'animation. Beaucoup n'ont pas franchi
le cap du BEPC.
3-) Les volontaires
Les volontaires sont des animateurs qui ne sont pas
payés directement par la radio. Ils animent des tranches d'antennes et
s'arrangent à trouver pour leurs programmes des annonceurs qui
participent au financement de la production de l'émission. Cette
participation est reversée en partie dans la caisse de la radio et
l'autre part, selon les quotas fixés par les dirigeants, est
versée à l'animateur concerné sous forme de payement. Ils
sont cinq (5) dans cette posture classés dans le tableau suivant.
Tableau 7 : Les volontaires
Nom
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancienneté
|
Age
|
Sexe
|
Statut matrimonial
|
Soleil Leka
|
Animateur
|
BEPC
|
Bafia
|
2 ans
|
23 ans
|
M
|
Célibataire
|
Ignace Nkenmegne
|
Animateur
|
BEPC
|
Baham
|
3 ans
|
29 ans
|
M
|
Célibataire
|
Benjamin Yakana
|
Animateur
|
BEPC
|
Bafia
|
6 ans
|
34 ans
|
M
|
Marié
|
Florent Ateba
|
Animateur
|
Bac+2
|
Ewondo
|
3 ans
|
23 ans
|
M
|
Célibataire
|
Tang Thomas
|
Animateur
|
BEPC
|
Bafia
|
5 ans
|
30 ans
|
M
|
Célibataire
|
Source : Auteur
Les animateurs pigistes ainsi
répertoriés n'ont, pour la plupart pas achevé leur
scolarité qui est inférieure ou égale au niveau du
BEPC.
Section IV : Les techniciens
Ils sont chargés de la maintenance des appareils, de la
mise en onde des programmes 24h/24. C'est cette équipe qui
réalise les spots publicitaires et rend compte de l'état de
santé du matériel technique. Ils sont cinq (5) au sein de
l'unité technique, parmi lesquels quatre (4) techniciens permanents et
un (1) pigiste.
1-) Les permanents
Les techniciens permanents travaillent comme tous les autres
employés. Ils sont les « élus » du patron.
Voici à la suite une représentation de leur profil
sociologique.
Tableau 8 : Les techniciens
permanents
Nom
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancien
neté
|
Age
|
Sexe
|
Statut matrimonial
|
Julien Betilene
|
Chef de l'unité technique
|
BEPC
|
Bafia
|
6 ans
|
21 ans
|
M
|
Célibataire
|
Suzanne Noutcha
|
Technicienne
|
DTS
|
Ndé
|
3 ans
|
26 ans
|
F
|
Célibataire
|
Kameni Clovis
|
Technicien
|
CAP
|
Bafang
|
3 ans
|
27 ans
|
M
|
Célibataire
|
Armand Boyomo
|
Technicien
|
BEPC
|
Mbam
|
2 ans
|
28 ans
|
M
|
Célibataire
|
Source : Auteur
Les techniciens permanents ont, pour certains, eu
accès à ce statut parce que leur métier est assez
« contraignant ». C'est eux qui assurent le 24h/24
selon le planning ; même si eux non plus ne peuvent se
prévaloir de formation quelconque.
2-) Le pigiste
Il n'y a qu'un seul pigiste. Il travaille comme ses
collègues permanents. Une nouvelle fois, ce n'est que la discrimination
salariale qui les distingue. Voyons, le détail sociologique du
concerné.
Tableau 9 : Le technicien
pigiste
Nom
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancienneté
|
Age
|
Sexe
|
Statut matrimonial
|
Joseph Ebonda
|
Technicien pigiste
|
BEPC
|
Ewondo
|
5 ans
|
27 ans
|
M
|
Célibataire
|
Source : Auteur
Section V : Les réalisateurs et les
régisseurs
1-) Les réalisateurs
Ils sont au nombre de deux (2) et leur statut, bien que
n'étant pas défini n'est pas loin de celui des stagiaires. L'un
d'eux assure la réalisation des journaux d'information et l'autre
s'occupe des pages sportives. A la différence des vrais stagiaires, ils
reçoivent une dotation financière hebdomadaire qui est variable
et dépend totalement de la magnanimité du rédacteur en
chef. Le montant maximal de cette dotation est inférieur ou égal
à 6500F.CFA par semaine.
Tableau 10 : Les
réalisateurs
Nom
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancienneté
|
Age
|
Sexe
|
Statut
matrimonial
|
Calvin Ntonga
|
Réalisateur
Informations
|
BEPC
|
Batanga
|
4 ans
|
25 ans
|
M
|
Célibataire
|
Yves Moluh
|
Réalisateur
sport
|
BEPC
|
Bulu
|
2 ans
|
26 ans
|
M
|
Célibataire
|
Source : Auteur
2-) Les régisseurs d'antenne
La régie est la police de l'antenne. Il existe trois
(3) régisseurs à la Radio Tiemeni Siantou qui veillent à
ce que les émissions débutent à temps, que les
publicités passent effectivement selon l'ordre établi, que le
timing soit respecté ainsi que les contenus des programmes ; bref
que le conducteur soumis à leur appréciation soit scrupuleusement
respecté.
Tableau 11 : Les régisseurs
d'antenne
Nom
|
Qualité
|
Qualification
|
Ethnie
|
Ancienneté
|
Age
|
Sexe
|
Statut matrimonial
|
Prince Yonga
|
Régisseur
|
policier retraité
|
Bafang
|
4 ans
|
60 ans
|
M
|
Marié
|
Jean Pierre Tokoto
|
Régisseur
|
-
|
Bafang
|
6 ans
|
37 ans
|
M
|
Marié
|
Jean Vincent Toko
|
Régisseur
|
BEPC
|
Bafang
|
3 ans
|
30 ans
|
M
|
Célibataire
|
Source : Auteur
On relève ici que c'est une activité
qui est entièrement confinée aux mains des membres de la famille
du patron. De nos investigations, il ressort que le poste de régisseur
est un poste clé qui ne peut être confié qu'aux personnes
qui jouissent de la confiance du patron, en l'occurrence la famille. Au point
que même les retraités sont mis à contribution pour tenir
les rênes de sorte que rien ne filtre.
Conclusion partielle
Après cette analyse sociologique de la situation des
personnels de la Radio Tiemeni Siantou, il ressort que des cinquante quatre
(54) personnes qui composent l'effectif de la radio, à peine huit (8)
d'entre elles en l'occurrence des journalistes ont reçu une formation et
peuvent de ce fait avoir des aptitudes requises pour exercer le métier.
Le reste de l'équipe est à l'image de ce qui s'observe dans les
autres chaînes, constitué d'aventuriers et autres
passionnés de la dernière heure. La RTS apparaît au terme
de cet examen comme une entreprise familiale avec la
prépondérance de l'ethnie Bafang d'abord dans le pôle
décisionnaire, puis sur tout ce qui peut de près ou de loin
contribuer à produire la moindre somme d'argent. On note en
définitive que le gros des employés de la RTS est
constitué des jeunes gens et des jeunes filles dont la plupart sont
encore des célibataires, insouciants. Ce qui peut vouloir dire un
goût pour l'aventure. On peut également aussi relever la
très grande main mise de l'élite dirigeante sur la gestion de la
radio. Le prochain chapitre se chargera d'examiner la question de
l'administration du personnel.
CHAPITRE III :
ADMINISTRATION DU
PERSONNEL
Introduction partielle
Jean Bernard Bruneteaux définit l'administration du
personnel comme « Une activité de support indispensable
pour les autres fonctions,...elle est le garant de la bonne application des
procédures et des obligations légales et
conventionnelles »24(*). C'est une activité délicate qui ne
peut être confiée qu'à un spécialiste qui
possède « Une technicité et une
compétence indispensables dans les domaines comptable, juridique et
informatique ».25(*) Dans les chaînes de radio locales qui ne sont
que des types d'organisation non encore constituées, l'administration
est souvent considérée comme une affaire de paperasse que l'on
confie au chef de chaîne, au rédacteur en chef. Parfois, c'est le
patron qui s'occupe de tout. C'est cette dernière hypothèse qui
prévaut à la « Radio des majors ».
Dans ce chapitre, nous évoquerons la question du mode
de recrutement (Section 1) conçu et élaboré par la Radio
Tiemeni Siantou, du processus d'évaluation et de promotion (Section 2),
de la formation des personnels (Section 3), du contrat de travail (Section 4)
et de la rémunération (Section 5).
Section I : Le mode de recrutement
Le recrutement est une activité primordiale qui
constitue une responsabilité majeure. C'est une étape
délicate dans la mesure où il s'agit de déceler, dans un
délai relativement court, les capacités actuelles et le potentiel
d'une personne en terme de compétence et de comportement.
Le recrutement dans les radios privées nouvellement
constituées est une entreprise essentiellement hasardeuse basée
sur des critères qui peinent à faire l'unanimité dans des
cercles rationnels. Le privilège semble plutôt accordé
à la parenté, l'ethnicité l'amitié...a priori
dominants dans notre environnement social, lui-même marqué par le
respect de l'équilibre régional avec en corollaire le risque de
la négation du mérite. La RTS n'en fait pas l'exclusivité
dans la pratique. Il s'est instauré un système de promotion
élaboré par la classe politique qui préconise qu'un
individu ait accès à un poste de responsabilité sans
aucune assurance quant à sa « capacité
à se réaliser dans l'accomplissement d'une tâche
déterminée »26(*) ; Pendant que les replis identitaires
constituent une base de données tangibles à prendre en ligne de
compte dans le recrutement.
Depuis l'avènement de la RTS sur les ondes, deux (2)
modes de recrutement principaux ont été conçus et
exécutés. L'un prescrit par l'ancien chef de chaîne et
l'autre mode qui n'est entretenu que des seuls membres du pool dirigeant.
1-) Le mode de recrutement de J (point) Remy Ngono
La radio télévision Siantou commence à
émettre le 05 avril 1999. J (Point) qui est alors le chargé de la
communication des établissements Siantou prend naturellement les
rênes de la radio. Lorsque la nécessité de faire appel
à un personnel s'impose pour faire fonctionner la radio, c'est lui, le
chef de chaîne qui s'en occupe.
Tous les jours, entre vingt trois (23) heures et minuit, les
postulants sont conviés à passer à l'antenne pour des
essais pratiques. Le mot d'ordre est et continue
d'être « La présence à l'antenne,
l'écriture, le rendu et la qualité de la
voix »27(*), indépendamment du profil. Avec le lancement
le douze (12) juin 2000 de la première grille des programmes, les
recrutements sont accélérés. Les aspirants journalistes et
animateurs sont soumis à un test de deux (2) minutes chacun, pour faire
leurs preuves. Quelques habitués de la radio, transfuges de la FM 94 et
du poste national de la CRTV font partie de la longue liste des postulants.
Après ce passage, le chef de chaîne retient
« les meilleurs » auxquels il attribue des
programmes. Pour certaines personnes avec qui il partage des relations plus ou
moins poussées, il se fonde sur des références et des
compétences présumées. C'est pratiquement à un
recrutement à la « tête du client » et
à tour de bras que les postulants sont astreints ; J (Point)
accusant « un manque absolu de connaissances en
management »28(*) jusqu'à son départ de la radio en
novembre 2003.
2-) Le mode de recrutement actuel
a- La voie officielle
Faire parti des effectifs de la radio aujourd'hui, passe par
de longues étapes pour les journalistes et les animateurs. Le premier
passage obligé s'appelle « Futuroscope ». C'est une
émission d'animation, réalisée par les jeunes des
lycées et collèges de la ville de Yaoundé. Tous les
mercredis pendant près de deux (2) heures, les postulants s'activent
dans les diverses tranches d'émission ; un journal
« Allo Campus » est ouvert aux journalistes et le
reste aux animateurs qui se succèdent au microphone. Pendant les
vacances scolaires, l'émission passe deux (2) fois par semaine : le
mercredi et le samedi et, à la fin des vacances, un concours est
organisé au sein de cette petite unité pour désigner les
meilleurs journalistes et animateurs. Le jury, constitué en cellule
d'écoute est composé du président du comité de
gestion de la ligne éditoriale, du rédacteur en chef, des
régisseurs qui n'ont par ailleurs aucune compétence en la
matière. Les candidats reçus parmi les meilleurs sont
affectés à la rédaction en même temps que les
techniciens en herbe décelés par le chef de l'unité
technique. Tous entament le dur travail de stagiaire qui va, comme on a pu le
constater dans le chapitre précédent, parfois au-delà de
trente six (36) mois de labeur sans contrepartie. Passé ce délai,
le prochain niveau est celui de pigiste et enfin de permanent.
b-la voix officieuse
Elle est détenue par les officiels de la radio. Dans ce
cas précis, c'est le patron même qui recrute ou tout au moins le
président du comité de gestion de la ligne éditoriale,
Mesmin Kanguelieu Tchouake. Cela se passe uniquement entre les relations
fraternelles et aussi amicales. Là, le postulant présente un
dossier, fait état de ses capacités à mener à bien
la tâche qu'il sollicite. Il est recruté après un (1) mois
de stage dans la caste des pigistes ou des permanents selon l'humeur du
directeur de publication. Par ailleurs, un membre de la fratrie ou un ami qui
bénéficie d'une bonne aura peut demander un coup de main du
président directeur général. Ainsi à titre
d'exemple, Alain Foka, journaliste camerounais à Radio France
Internationale a fait recruter son frère cadet, Jules Domtche, un
journaliste pigiste par le propriétaire de la RTS.
Et puis, un autre exemple, le président du
comité de gestion de la ligne éditoriale a eu une altercation
avec le rédacteur en chef lors de la couverture de l'élection
présidentielle d'octobre 2004. Un journaliste, Lionel Emani Tchokonte,
un des protégés de Mesmin Kanguelieu a été
écarté de la couverture pour
« incapacité à réaliser la
mission »29(*)
selon le rédacteur en chef. Ce dernier s'est vu formellement intimer
l'ordre de le réadmettre sans autre forme de procès. Toujours en
ce qui concerne le président du CGLE, Kindo Louver, un journaliste
stagiaire a été recueilli dans le « major des
FM »30(*),
après avoir été chassé de la TBC. Il était
souvent écouté et apprécié de l'épouse de
Mesmin Kanguelieu. Si le processus de recrutement est entaché d'autant
d'irrégularités, qu'en est-t-il de l'évaluation et de la
promotion des personnels dans cette radio ?
Section II : Evaluation et promotion
A la RTS, trois (3) étapes ont été
notées qui marquent le procédé d'évaluation et la
promotion des personnels. Elles sont faites de façons
spécifiques.
1-) La rédaction
L'évaluation est d'abord perçue au niveau des
collègues .C'est en conférence de rédaction qu'ils
statuent sur les performances des uns et des autres. Ainsi après le
départ de Jean Claude Matouké (il a été suspendu
pendant huit jours), le seul journaliste nommé éditorialiste par
l'ancien chef de chaîne, la rédaction s'est réunie pour
choisir une personne capable de le remplacer. Unanimement, les journalistes ont
décidé que « s'il y a quelqu'un de valable ici
qui peut dire quelque chose de pertinent et avec la manière,c'est
Emmanuel Jules Ntap »31(*), un licencié en histoire qui faisait partie de
l'équipe des journalistes pigistes depuis un (1) an. Ainsi
coopté, le nouvel éditorialiste signe et participe à tous
les débats initiés par la radio pour donner sa position sur un
sujet d'actualité. Désormais très sollicité, la
nécessité s'est imposée d'avoir un autre
éditorialiste ; un anglophone a été proposé
pour « son back ground important, une culture
générale consistante et la taille de son carnet
d'adresses »32(*). Il est à noter que l'évaluation et les
promotions de la rédaction en ce qui concerne les éditorialistes,
n'ont aucune incidence sur la paie ; par contre un surcroît de
travail est logiquement envisagé.
2-) Le candidat à une promotion
C'est un postulant au poste d'éditorialiste qui estime
avoir les qualités requises pour se prétendre éligible.
L'exemple de cette auto proclamation est celui de Sismondi Barlev Bidjoka, un
journaliste pigiste déterminé à rentrer dans le
collège éditorial. C'est pendant une conférence de
rédaction qu'il a déclaré à ses collègues
qu'il était apte à assumer cette responsabilité. Il
s'adjugeait des prises de position et se faisait appeler éditorialiste,
jusqu'à ce que les autres finissent par l'approuver.
3-) Le clan Bafang
Il est constitué des ressortissants de
l'ouest-Cameroun, originaires de Bafang, l'ethnie à laquelle appartient
le patron. Lorsqu'une décision importante s'impose. Comme en août
2004, à la nomination du nouveau rédacteur en chef, le
« collège ethnique » s'est retrouvé
au domicile du président directeur général de la radio
pour décider de celui qui peut valablement diriger la rédaction.
Car selon le rédacteur en chef nommé à
l'occasion, « aucun Bafang de la RTS n'était capable
de le faire, il fallait donc que chacun donne son
avis »33(*). Le choix s'est posé sur plusieurs candidats
mais c'est Emmanuel Jules Ntap qui a été désigné
par intérim en août 2004 pour les qualités de
« bonne éthique, intégrité,
objectivité, discipline, performance 34(*)» citées par Mesmin
Kanguelieu.
Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, cette
nomination qui vient directement du pôle décisionnaire n'a,
à ce jour, qu'un avantage : l'estime d'avoir été
coopté dans cette posture stratégique et honorifique.
Section III : La formation
Dans le domaine de la communication au Cameroun, il existe une
seule grande école de référence, en l'occurrence, l'Ecole
Supérieure des Sciences et Technique de l'information et de la
communication (ESSTIC), spécialisée dans la formation des hommes
et des femmes de médias. Un département de communication existe
également à l'université de Buea. Par ailleurs, quelques
institutions privées offrent ça et là des formations.
C'est le cas de l'Institut Siantou supérieur, de l'Institut Samba
Supérieur à Yaoundé et de l'Ecole Supérieure de
Gestion (ESG) à Douala.
A la Radio Tiemeni Siantou, comme « dans
nombre d'organisations africaines; les relations interpersonnelles se fondent
plus souvent sur les liens de parenté et de dépendance que sur la
capacité manifeste de chaque individu à se réaliser dans
l'accomplissement d'une tâche
déterminée »35(*). Seules quelques personnes, huit (8) sur un effectif
de cinquante quatre (54) ont effectivement reçu une formation en leur
spécialité.
« La formation n'est pas seulement l'acquisition
des connaissances mais aussi la modification d'un comportement devant des
situations nouvelles qui conduisent à améliorer ses
connaissances »36(*). Elle obéit à des objectifs et des
besoins spécifiques de l'entreprise tels que l'adaptation des
connaissances pour le maintien et la consolidation des savoirs,
l'amélioration des connaissances existantes pour perfectionner la
qualité du travail ; l'acquisition de nouvelles connaissances, la
préparation à des changements de fonctions en prévision
des plans de l'entreprise, une ouverture sur d'autres horizons...
A la RTS, la formation des personnels n'est pas la
priorité des dirigeants. Les quelques personnes qui ont une
qualification se sont elles- mêmes pourvues de moyens pour assurer cette
formation parce qu'« elles ont d'autres ambitions et la RTS n'est
qu'un tremplin »37(*). D'ailleurs, ce n'est que parvenues à la radio
que celles-ci ont ressenti le besoin de se professionnaliser. Le
propriétaire de la radio Siantou est également
propriétaire de l'Institut Siantou qui tient en son sein, un
département Information et communication dans lequel évoluent
trois (3) filières : journalisme, communication d'entreprise et
photographie audiovisuelle ; mais le constat de manque de
professionnalisme des personnels est patent et paradoxal eu égard aux
missions de sérieux dont la radio se prévaut.
Section IV : Le contrat de travail
Il est définit selon la loi n°92/007 du 14
août 1992 portant code du travail comme « une convention
par laquelle un travailleur s'engage à mettre son activité
professionnelle en contrepartie d'une
rémunération ».
Thierry Brunet et Gabriel Vinogradoff, le définissent
comme une « convention par laquelle une personne (le
salarié) s'engage à travailler sous la subordination juridique
d'une autre lui versant en contrepartie un salaire
(l'employeur) ». 38(*)
Le contrat de travail précise des informations sur le
type de contrat, le lieu de travail, les dates de début et de fin (pour
le contrat à durée déterminée), la classification
de l'emploi, la rémunération ; la période d'essai et
la durée hebdomadaire ou mensuelle des heures de travail.
Sur les cinquante quatre (54) personnes qui constituent
l'effectif de la RTS, seules dix huit (18) d'entre elles qualifiées de
permanentes ont paraphé le document tenant lieu à Siantou de
« contrat de travail ». Ce document a été
signé par ces personnes sans qu'aucune d'entre elles n'aie eu la
possibilité de négocier quelque point que ce soit parce que
« c'était à prendre ou à
laisser » comme certains nous en feront la
révélation. Les contractants l'ont ratifié dans
l'assurance d'avoir le minimum promis, d'autres ont purement et simplement
claqué la porte après avoir pris connaissance du contenu pour le
motif qu'il ne répondait pas à leurs attentes.
Après la signature par les deux (2) parties, le patron
de la radio Siantou ne remet pas de copie du contrat aux signataires pour une
raison que personne ne connaît, ceux-ci sont enfermés dans ses
tiroirs depuis le 10 avril 2002, date de la signature. Seuls trois (3)
journalistes ont pu jusqu'ici rentrer en possession d'une copie des leurs.
C'était lors de la présidentielle d'octobre 2004 ; le
contrat de travail étant une pièce incontournable dans le dossier
de demande de couverture de l'événement par les services
compétents du ministère de la communication.
1-) La teneur du contrat de travail
Le contrat de travail que nous allons analyser est celui des
journalistes. Il s'étale sur onze (11) points.
Article 1er : Clauses
générales
Le présent contrat de travail sera régi
par :
- La loi n°92/007 du 14 août 1992 portant code de
travail au Cameroun ;
- Les décrets et arrêtés pris pour son
application ;
-La convention collective de la branche d'activité dans
laquelle l'organisme est assimilée ;
-Le statut des employés de la RTS et la
réglementation variable annexée au statut.
Article 2 : Durée du contrat
Le présent contrat est conclu pour une durée
indéterminée. Il est prévu une période d'essai de
trois (3) mois. Le contrat ne deviendra effectif qu'à l'issue de l'essai
si celui-ci est jugé satisfaisant.
Article 3 : Objet
L'employé s'engage par les présentes à
mettre au service de l'employeur, ses capacités et aptitudes
professionnelles telles que l'exigeront les activités de la
RTS dans le cadre de son fonctionnement normal.
Article 4 : Durée du travail
La durée hebdomadaire du travail est celle
prévue par la réglementation et le statut des employés de
la RTS.
Article 5 : La
rémunération
La rémunération brute mensuelle (toutes
indemnités comprises) est fixée à 84.300 (quatre vingt
quatre mille trois cent) franc CFA correspondant à la catégorie
4.D du secteur tertiaire II, zone I.
Article 6 : Congés- autorisations
d'absence
Le régime et autorisation d'absence est celui
prévu par la réglementation et les usages envisagés au
Cameroun et les réglementations variables des employés de la
RTS.
Article 7 : Résiliation du
contrat
Les règles de résiliation du contrat sont celles
prévues par la réglementation et la convention collective en
vigueur tant en ce qui concerne les causes de résiliation que les
modalités du préavis et de l'indemnité de licenciement.
Article 8
L'employé est tenu de se conformer au règlement
intérieur établi par la RTS en ce qui concerne les règles
relatives à l'organisation technique du travail et à la
procédure disciplinaire.
Article 9
Le contractant déclare avoir pris connaissance des
clauses et conditions du présent contrat et accepte sans réserves
toutes les dispositions.
Article 10
Les dispositions des différents articles constituant le
présent contrat pourront faire l'objet des avenants librement
discutés entre l'employeur et l'employé pendant son
exécution.
Article 11
Le présent contrat qui prend effet pour compter du
01/01/2002 est exempt de tous les droits de timbre et d'enregistrement.
2-) Les limites
A la RTS, il n'existe pas de statut des employés, plus
de six (6) ans après sa mise en route. De plus, la réglementation
variable qui serait « annexée » au statut tel que
l'évoque l'article un (1) est encore au niveau du projet. Cette absence
de textes de base de l'organisation pose un réel problème de
crédibilité sur la teneur du contrat qui renvoie pourtant
à ces références.
D'autre part, il n'existe pas de période d'essai
définie, les signataires du contrat l'ayant signé après
deux (2) et trois (3) années d'activité intense. Puis, il est dit
que si l'essai est jugé satisfaisant, le contrat est
définitif ce qui veut dire en d'autres termes qu'étant
donné que personne parmi les responsables n'a jamais reçu une
formation professionnelle qualifiante dans les domaines d'activité, le
caractère concluant ou non de l'essai est essentiellement
précaire et arbitraire.
En ce qui concerne la durée du travail, on se rend
compte qu'elle est indéfinie et seuls trois responsables, le
rédacteur en chef, le chef de desk ou encore celui de l'unité
peuvent prendre la liberté d'asseoir un calendrier des activités
du personnel de la rédaction. Chaque chef de desk ou d'unité peut
fournir un planning dans le sens qui lui parait le meilleur. Les congés
n'existent pas et les autorisations d'absence sont soumises à l'examen
du rédacteur en chef qui, seul, peut décider au regard du motif
de l'absence, de l'accorder ou la rejeter. On note également que pour
prétendre signer un contrat de travail à la RTS, il faut
justifier d'au moins vingt quatre (24) mois de travail alors que la
législation camerounaise en la matière prévoit qu'à
la fin du sixième mois de stage dans une entreprise, que la stagiaire
soit impérativement recruté.
D'autre part, l'article 10 prévoit que le contrat peut
faire l'objet d'aménagements librement discutés comme le prescrit
la loi n°92/007 du 14 août 1992 en son article 23 alinéa 2
qui dispose que « les contrats de travail sont passés
librement ». Mais la nuance ici est que, ce n'est que pendant
son exécution qu'on peut l'amender. Ce qui est faux puisque près
de trois (3) ans après sa mise en route, aucune revendication d'un seul
de ses points n'a été prise en compte.
Section V: La rémunération
La rémunération est une « fonction
stratégique »39(*).Elle comprend outre le salaire, les avantages
financiers de toutes sortes. Une mauvaise « politique de
rémunération peut conduire à un déséquilibre
financier, à des conflits sociaux qui peuvent mettre en péril
l'entreprise et donc le maintien de l'emploi »40(*).
La rémunération n'est pas tributaire de la
fluctuation économique de l'entreprise, c'est pourquoi
« la tendance est d'adapter, autant que faire se peut, le niveau
de la masse salariale et des coûts salariaux aux résultats
économiques actuels et prévisibles de l'entreprise ; ceci
afin d'assurer la pérennité et donc celle de l'emploi de ses
salariés »41(*). Dans les chaînes de radio privées qui
inondent le paysage radiophonique actuel, la notion de
rémunération est assez délicate à manipuler dans la
mesure où elle représente leur tendon d'Achille. Les
employés estiment pour la plupart que cette dernière n'est pas
proportionnelle à l'effort de travail fourni. Elle est jugée
très faible par endroit et quasiment inexistante à
d'autres42(*). A d'autres
endroits comme à la RTS, c'est la régularité de ce salaire
qui maintient encore en place les personnels qui trouvent là, un motif
de sécurisation sociale.
La notion de rémunération à la RTS a
finalement été instaurée après la grève
d'octobre 2001 particulièrement retentissante parce que les services
compétents de l'inspection du travail sont intervenus pour contribuer
à régulariser la situation de ces travailleurs. Il existe
à la RTS trois (3) groupes d'employés indépendamment de la
catégorie et dont le traitement est également distinct.
1-) Les permanents
Ils sont dix huit (18) au total parmi lesquels douze (12)
journalistes, deux (2) animateurs et quatre (4) techniciens. Ils sont les
signataires du contrat de travail qui les lie à la Radio Tiemeni Siantou
depuis le 10 avril 2002. Nous avons recueilli des informations qui nous ont
permis d'élaborer un tableau constitutif du bordereau de salaire des
personnels permanents.
Noms
|
Type
|
SBT
|
CR
|
CFC
|
CAC
|
TC
|
IRPP
|
CRTV
|
Total Retenues
|
Net à percevoir
|
Bouba Ngomna
|
J
|
127.955
|
3583
|
1280
|
591
|
212
|
5906
|
1950
|
13.521
|
114.434
|
Samson Tabufor
|
J
|
122.955
|
3443
|
1230
|
552
|
204
|
5517
|
1950
|
12.895
|
110.060
|
Emmanuel Ntap
|
J
|
102.000
|
2856
|
1020
|
389
|
169
|
3888
|
1950
|
10.272
|
91.728
|
Suzie Tchantcho
|
J
|
90.000
|
2520
|
900
|
295
|
149
|
2954
|
750
|
7569
|
82.431
|
G. Fonchenella
|
J
|
89.300
|
2500
|
893
|
290
|
148
|
2900
|
750
|
7482
|
81.818
|
Benjamin Fouda E.
|
J
|
89.300
|
2500
|
893
|
290
|
148
|
2900
|
750
|
7482
|
81.818
|
Juliette Mbella
|
J
|
86.300
|
2416
|
863
|
267
|
143
|
2667
|
750
|
7106
|
79.194
|
Tabi Eyong
|
J
|
86.300
|
2416
|
863
|
267
|
143
|
2667
|
750
|
7106
|
79.194
|
Lionel Tchokonte
|
J
|
84.300
|
2360
|
843
|
251
|
140
|
2511
|
750
|
6856
|
77.444
|
Pierre Essono
|
J
|
84.300
|
2360
|
843
|
251
|
140
|
2511
|
750
|
6856
|
77.444
|
Polycarpe Essomba
|
J
|
84.300
|
2360
|
843
|
251
|
140
|
2511
|
750
|
6856
|
77.444
|
Martin Moudio
|
A
|
74.110
|
2075
|
741
|
172
|
123
|
1719
|
750
|
5580
|
68.530
|
Emmanuel Ngon
|
A
|
74.110
|
2075
|
741
|
172
|
123
|
1719
|
750
|
5580
|
68.530
|
Julien Betilene
|
T
|
68.910
|
1929
|
689
|
131
|
114
|
1314
|
750
|
4929
|
63.981
|
Eric Kouam
|
J
|
68.910
|
1929
|
689
|
131
|
114
|
1314
|
750
|
4929
|
63.981
|
Clovis kameni
|
T
|
64.540
|
1807
|
645
|
97
|
107
|
975
|
750
|
4382
|
60.158
|
Armand Boyomo
|
T
|
55.500
|
1554
|
555
|
27
|
92
|
272
|
750
|
3250
|
52.250
|
Suzanne Noutcha
|
T
|
50.000
|
1400
|
500
|
0
|
83
|
0
|
0
|
1983
|
48.017
|
TOTAUX
|
18
|
1 503 090
|
48 087
|
15 031
|
4 424
|
2 495
|
44 244
|
16 350
|
124 631
|
1 378 459
|
Source : Auteur
Tableau 12 : Le bordereau de salaire des
permanents43(*)
A l'observation de ce tableau, on constate des
disparités salariales entre les personnels de même
catégorie. A titre d'exemple, deux journalistes, Bouba Ngomna et Samson
Tabufor perçoivent respectivement 114.434 et 110.060 F.CFA. Les deux
animateurs permanents de la radio perçoivent par contre le même
salaire qui s'élève à 68.530.F.CFA
1-) Les pigistes
Tous les pigistes ont signé la convention collective de
prestation des services. Les six (6) journalistes pigistes reçoivent une
dotation mensuelle de 65.000 F.CFA chacun. Les dix (10) animateurs pigistes
perçoivent entre 20 et 45.000F.CFA et le seul technicien pigiste a
40.000F.CFA de salaire mensuel. Par ailleurs, les journalistes permanents
perçoivent pour le cas du rédacteur en chef à titre
d'exemple, 91.728 F.CFA.
2-) Les stagiaires
Les stagiaires ne perçoivent pas de
rémunération. La magnanimité du rédacteur en chef
occasionne de temps en temps un don en espèce pour les motiver.
Les autres personnels qui n'ont pas été
mentionnés en dehors des stagiaires à savoir les volontaires et
les membres du clan Bafang sont payés discrètement et nous
n'avons pu avoir les données et encore moins les montants de leurs
salaires puisqu'ils ne figurent pas sur le bordereau des salaires des
personnels permanents ; que ce soit ceux des pigistes ou ceux des
stagiaires.
Conclusion
partielle
L'administration des personnels dans les radios privées
est précaire puisqu'elle n'est même pas codifiée. Tout se
fait sur la base de critères intuitifs. Le hasard n'étant pas
une donnée rationnelle, on est de ce fait fondé à croire
qu'il ne s'agit là que d'une aventure.
D'autre part, l'administration du personnel dans les
entreprises et les organisations au Cameroun épouse l'environnement
global qui prévaut en terme de gestion nationale. Les critères de
gestion et d'administration au plus haut niveau de l'Etat sont fondés
sur des méthodes de cooptation méconnues basées sur des
rapports intimistes et de copinage. Ils se matérialisent par la
recrudescence des replis identitaires à travers le choix des individus
dont l'appartenance ethnique ou tribale est similaire ou proche de la
nôtre, ou à de petits copains qui n'ont aucune activité
sous la main indépendamment des valeurs intrinsèques et de
« la capacité manifeste de chaque individu à se
réaliser dans l'accomplissement d'une tâche
déterminée »44(*).
Le contexte de gestion nationale peut être une grille de
lecture et même une voie même si elle ne cadre pas avec le
rationnel que les promoteurs de chaînes de radio ont choisi.
Nous venons de dresser l'état de la situation des
personnels dans les radios privées dont le bilan est loin d'être
élogieux. Les pesanteurs de toutes sortes, à commencer par la non
professionnalisation de l'équipe dirigeante, conduisent à une
administration claudicante, signe d'un échec à court ou moyen
terme. Le prochain chapitre est consacré aux conditions de travail dans
les radios privées. Nous verrons dans quelle mesure celles-ci
contribuent à l'épanouissement ou non des travailleurs.
CHAPITRE IV :
LES CONDITIONS DE
TRAVAIL
Introduction partielle
« Les conditions de travail regroupent des
aspects très variés et très différents selon les
secteurs d'activités et les fonctions exercées. Elles font partie
de préoccupations des responsables des ressources humaines dans la
mesure ou, sans être une source de motivation en soi, elles sont souvent
considérées comme une exigence et donc source d'insatisfaction
lorsque certains seuils de bien-être ne sont pas atteints »45(*).Elles sont également
« un ensemble de facteurs qui environne et permettent
l'exécution de l'activité professionnelle. Elles intègrent
aussi bien les moyens matériels utilisés (ergonomie, locaux,
outils et machines) que les modes d'organisation (horaires, cadences), les
facteurs d'ambiance (hygiène, qualité de l'éclairage,
niveau sonore), les dimensions psychologiques (stress, respect des personnes)
ou l'impact du climat relationnel et social »46(*).
« La gestion des conditions de
travail est un volet important des pratiques de gestion des ressources humaines
qui se situe entre logique économique (productivité) et logique
juridique (respect des obligations légales) »47(*).
Les conditions de travail que nous étudierons dans
les prochaines lignes concernent essentiellement le contenu du travail qui fait
part de la nature du travail des personnels ainsi que sa fréquence
(section 1). En second lieu, nous allons examiner le temps de travail qui
inclut son organisation et sa durée (section 2). L'espace de travail
sera constitué de l'environnement (section 3) et enfin, les outils
seront évoqués à la fin (section 4).
Section I : Le contenu du travail
La programmation est soumise mensuellement au président
du comité de gestion de la ligne éditoriale par le
rédacteur en chef, coordonnateur de la rédaction. Les vingt trois
(23) journalistes sont classés selon un ordre de passage bien
défini.
1-) Les journalistes permanents
Dans la rédaction, ils sont au nombre de douze (12)
à raison de quatre (4) anglophones et huit (8) francophones. Les
anglophones confectionnent de leur côté le journal parlé en
langue anglaise. Les quatre (4) permanents et les trois (3) autres stagiaires
s'occupent exclusivement des deux (2) éditions quotidiennes en anglais.
Tandis que les huit (8) journalistes francophones ainsi que les pigistes et les
stagiaires sont regroupés pour préparer les deux (2)
éditions de journaux parlés en français de 12 heures 30
minutes et de 18 heures. Les huit (8) permanents qui sont les têtes de
proue se distribuent tour à tour les rôles de reporter,
commentateur, présentateur, chef d'édition, tandis que les
pigistes peuvent de façon occasionnelle être présentateurs
d'une édition de journal parlé. D'habitude, ils sont avec les
stagiaires confinés aux tâches de reporter.
a-) Le présentateur
C'est lui qui dirige le journal, il est le patron de
l'édition et veille à ce que tous ses collaborateurs qui vont
intervenir lui remettent à temps tous les chapeaux et qu'ils soient
prêts avant de franchir la porte du studio. Il ne fait aucun autre
papier, il se prépare juste à la présentation du journal,
même les brèves sont collectées par les stagiaires.
b-) Le commentateur
Il signe un papier de commentaire d'une actualité
brûlante aussi bien nationale qu'internationale. Sa position et son avis
n'épousent pas toujours les convictions du reste de la rédaction
qui parfois conseille la neutralité quand le sujet est jugé
très délicat.
c-) Le chef d'édition
« Il est le responsable d'une tranche horaire,
d'un journal ou d'une émission. C'est lui qui assure l'ordre de passage
des reportages, vérifie les angles choisis et les sujets. Le chef
d'édition veille au bon déroulement du journal, à son
contenu rédactionnel, ainsi qu'à la cohérence
générale »48(*). A la RTS, c'est le monsieur
« finances » du journal. Il donne et répartit les
frais de taxi aux reporters. C'est lui qui gère les frais de
téléphone hebdomadaires. Il peut, si la nécessité
s'impose, éliminer un reportage au profit d'un autre qu'il aura
jugé plus important. Là, il débloque des frais
supplémentaires.
d-) le reporter
Il est sur le terrain pour collecter les données de son
papier. Même si pour les journalistes de la RTS et des autres radios
privées, le reportage apparaît comme un genre mineur par certains
journalistes permanents, il est cependant encore prisé par d'autres qui
ne lésinent pas devant les difficultés de terrain, source
d'apprentissage.
2-) Les pigistes et les stagiaires
En dehors des programmes et des émissions qu'ils
animent, ils sont également chargés d'effectuer les reportages,
les prises de sons, les faits divers dans les quartiers, pour les
éditions de journaux parlés. Ils
peuvent, avec l'aval du chef de la rédaction,
présenter occasionnellement le journal.
3-) Les animateurs et les autres personnels
Chaque animateur conçoit et anime un programme selon la
grille des programmes élaborée. Les techniciens, les animateurs
et les régisseurs sont exempts de frais puisque les animateurs
retrouvent des compact disk (CD) dans la rédaction et parfois en
échange de service, les artistes fournissent les disques. Les
techniciens ont les platines devant eux et ne font que régler les
appareils pour une meilleure qualité de l'écoute. Ils peuvent
avoir des frais de taxis quand il faut aller inspecter l'état de
santé des appareils dans le centre d'émission de Mbankolo. Les
régisseurs s'occupent de surveiller la régie et les passages de
publicités tandis que les réalisateurs s'activent à la
réalisation des émissions d'informations et de sports.
Section II : Le temps de travail
A la RTS, le temps de travail demeure un dilemme parce que
même dans le contrat de travail, il n'est pas spécifié et
les employés s'organisent comme ils peuvent pour utiliser
rationnellement le temps qu'ils consacrent au travail.
La RTS fonctionne 24h/24, ce qui occasionne la mobilisation
continue des personnels. Les journalistes commencent le travail à 8h 30
mn, heure à laquelle débute la première conférence
de rédaction. Comme ailleurs, elle est sacrée et tout le monde
doit y être. Puis, chacun vaque à ses occupations, qui va faire
ses programmes, écrire ses papiers, aller sur le terrain, naviguer sur
la toile, suivre les informations... Après le premier journal qui a lieu
à 12 heures 30 minutes, il se tient une seconde conférence de
rédaction. Celle-là est une séance d'autocritique de
l'édition de 12 heures 30 minutes et de confection du menu du journal de
18heures. Ceux des journalistes qui sont retenus pour le 18heures sont
contrains de rester préparer ce journal tandis que les autres peuvent se
retirer s'il n'y a aucune autre obligation à remplir.
Si on peut facilement quantifier le temps de travail de
certaines catégories d'employés, le temps des journalistes n'est
pas conçu selon une technique classique d'unité de temps, de lieu
et d'action. La RTS est engagée dans le journalisme dit de
proximité parce qu'il se rapproche des quartiers pour relater le
quotidien des habitants. Sur le chemin de retour ou au détour d'une
promenade, un journaliste peut être le témoin d'un
événement inattendu (un accident de la route, la furie des
populations après un bandit, une séquestration...) Son temps de
travail et son temps libre sont donc indissociables, puisqu'il ne peut se
départir de sa casquette de journaliste de la RTS.
Les animateurs et les techniciens sont ceux qui font le gros
du travail. Toute la durée de la journée, ils se relaient au
micro et à la technique. Les techniciens sont tenus d'assurer la mise en
onde, même au-delà des heures prévues si celui qui devait
prendre la relève n'est pas en poste. Le technicien commis doit
effectuer le double de ses 8 heures quotidiennes, qui ne sont pas
automatiquement en journée, étant donné que la radio est
inscrite à une programmation continue. On peut dire qu'il n'existe
aucune notion de temps de travail, les structures sont organisées et
régies par les chefs d'unités et de desk sans une
réglementation codifiée, les employés se tuent à la
tâche sans une rétribution proportionnelle à ces sacrifices
de temps.
Section III : L'espace de travail
Il s'agit de l'environnement dans lequel les employés
évoluent. L'espace de travail ainsi que son environnement
immédiat constituent une sorte de motivation, un regain
d'énergie, source d'épanouissement. La RTS est logée dans
le bâtiment 3 de l'Institut Siantou Supérieur. En temps
d'école, c'est un chahut continu qui alimente la salle de
rédaction tout juste contiguë, le passage des étudiants qui
dévalent et descendent à tout moment l'escalier, ne permet pas
une concentration maximale.
La salle de travail est constituée des tables et des
chaises individuelles, chacun se retrouve au moment des regroupements. Elle est
encore légèrement en chantier. Une pile de cartons de carreaux
est entassée dans un coin, attendant d'être utilisée. La
salle est fraîchement repeinte en blanc et des tiroirs individuels ont
été installés pour permettre à chacun de
préserver documents et données importantes.
Section IV : Les outils de travail
Comme le pense Jean-Bernard Bruneteaux, « Les
outils de travail sont déterminants dans l'accomplissement du travail en
terme d'efficacité mais également en terme de motivation selon
les risques qu'ils représentent ou le confort qu'ils apportent. Ils
représentent les moyens matériels mis à la disposition des
employés pour atteindre le résultat des missions qui leur sont
assignées ».49(*)
Les outils de travail sont dans la majorité des cas,
fournis par l'administration centrale pour faciliter le travail. Dans la
plupart des radios de la ville de Yaoundé, les moyens ne sont pas
toujours mis à la disposition des travailleurs, d'où
l'émergence d'une race des « braqueurs » dans le
collège des journalistes. Ils demandent toujours après
l'événement, les frais
de carburant destinés à faciliter leur
transport. Certains organes de presse ont acquis des véhicules de
transport pour effectuer les navettes entre le lieu de travail et les sites de
cérémonies ainsi que d'autres événements à
couvrir. Mais déjà, ces véhicules initialement mis
à la portée des travailleurs sont revenus aux patrons et aux
responsables qui les utilisent à des fins personnelles.
A la RTS, quelques outils de base ont été
acquis pour satisfaire le besoin du travailleur. Les dirigeants ont mis
à la disposition des journalistes :
· 08 (huit) magnétophones ainsi que des cassettes
qu'ils s'échangent entre eux en fonction des priorités ;
· 03 (trois) des quatre quotidiens nationaux sont
achetés tous les matins dans le souci de faciliter et diversifier les
sources d'informations ;
· Des frais de taxis pour les reportages d'informations
et des faits divers sont alloués et oscillent entre 500 et 750 F CFA par
élément ;
· les frais de téléphone
s'élèvent à 10 000 F CFA par semaine ;
· 04 formats A4 leur sont distribués tous les
matins ;
· un ordinateur à leur usage a été
connecté au réseau Internet ;
· un poste téléviseur
· un autre poste radio, vient compléter les outils
de travail offerts par la RTS aux journalistes.
Il est à noter que les outils de travail ne sont pas
offerts partout. Il arrive que les employés dégagent
individuellement des frais pour assurer la couverture des manifestations. C'est
d'ailleurs le cas de Radio Venus et Tome Broadcasting Corporation, deux
entreprises privées basées à Yaoundé.
Conclusion partielle
Au terme de notre investigation sur les conditions de travail
du personnel dans les radios privées et principalement à la RTS,
nous pouvons relever plusieurs éléments marquants.
Si le contenu du travail est souvent
généralement défini par la dénomination du poste ou
l'affectation des tâches, le temps de travail demeure une énigme,
parce qu'il n'est quantifié nulle part. On sait toujours quand il
débute mais jamais quand il est sensé s'achever.
Tous ces facteurs sont des motifs ou l'occasion des
conflits entre les employés et la hiérarchie dont la nature de la
relation sociale est fondée sur la revendication et le conflit
permanents.
CHAPITRE V :
LA NATURE DES RELATIONS SOCIALES
Introduction partielle
« Les relations sociales peuvent être
définies comme l'ensemble des règles et des relations qui
régissent les rapports entre les employés et les employeurs,
aussi bien au niveau de l'entreprise qu'au niveau d'une branche
d'activité. Elles s'appuient généralement sur deux
finalités de l'entreprise. L'une sociale correspond aux attentes des
salariés et l'autre économique, consiste à rechercher la
rentabilité et la pérennité de
l'entreprise ».50(*)
Les relations sociales s'exercent généralement
dans l'entreprise par l'intermédiaire des représentants du
personnel. Malgré l'implantation des chaînes de radios
privées qui datent du début des années 2000, les notions
de gestion des ressources humaines échappent à leurs dirigeants
à ce jour.
En ce qui concerne les relations sociales, elles existent
d'habitude lorsqu'il faut se constituer en comité pour aller
défendre une cause collective. Là, on cherche un
délégué qui saura faire preuve de bon sens et pourra
franchement et courageusement s'adresser à la hiérarchie. En
temps normal, il n'existe pas à proprement parler de
représentants du personnel, c'est une tâche ponctuelle qui est
confiée le plus souvent aux chefs de chaîne, aux rédacteurs
en chef ou encore aux doyens de la rédaction. Les revendications se
développent à deux niveaux : les employés entre- eux
et les employés contre la hiérarchie.
Section I : Les employés entre-eux.
Les employés travaillent ensemble au quotidien et il
n'est pas rare que des frictions naissent sur des points de vue divergents. On
observe alors parfois des conflits interpersonnels qui sollicitent pour leur
résolution, l'intervention de la hiérarchie, quand celle-ci n'en
est pas le catalyseur.
1-) Les conflits interpersonnels :
Ils naissent souvent sur des boutades lancées à
la hâte au détour d'une conversation. Ils ont pour origine la
divergence d'opinions et finissent par s'enraciner dans les coeurs sous forme
de rancunes. On observe également des querelles de leadership qui
occasionnent des écarts de comportement.
Comme dans toutes les organisations, surtout celles des
économies fragiles du tiers monde, la notion de
compétitivité ne rencontre pas toujours l'agrément du plus
grand nombre. C'est une source de conflits permanents
générés par la jalousie qui cause parfois la
délation, les cas de sorcellerie, la haine, les pratiques mystiques ...
Dans les chaînes de radios privées, on rencontre
ces problèmes qui ne contribuent pas à leur essor ; ils sont
légion à la RTS. La délation semble être le menu
quotidien des employés.
Pour être dans les bonnes grâces de l'ancien chef
de chaîne, les employés croyaient devoir s'abaisser à de
basses manoeuvres. C'était le règne de la suspicion permanente ou
de la délation. Le commérage était la règle quand
les bruits de couloirs alimentés par les hommes de main du chef de
chaîne faisaient état d'un propos déplacé qu'aurait
tenu un employé à l'endroit de
J « Point ». C'est à des insultes publiques que
ce dernier avait droit, des réunions spéciales étaient
convoquées à cet effet pour laver l'affront. Selon les
confidences recueillies auprès du rédacteur en chef,
« les gars ne se faisaient plus confiance parce que nul
n'était sûr de l'autre »51(*) au point que pour parler en
sécurité, trois clans se sont formés : les
délateurs, les délatés et les neutres. Cette ambiance a
prévalu durant tout le règne de J « Point »
qui ne faisait pas mystère de ses règlements de comptes, chaque
fois en public.
Après le départ de
J« Point » Rémy Ngono en novembre 2003 et
l'avènement du comité de gestion de la ligne éditoriale
coiffé par Mesmin Kanguelieu, les rangs se sont davantage
resserrés, les neutres s'étant ralliés aux deux premiers
clans. Les délateurs relayaient systématiquement ce qui se disait
tout bas, le climat de suspicion s'est renforcé. Les esprits se sont
enfermés dans des croyances superstitieuses. La tension était
telle que les individus des deux camps opposés ne se saluaient plus,
paniqués par le vent du mysticisme qui planait dans la maison et les
rechutes de deux journalistes (Jean Claude Mvodo, Benjamin Fouda Effa) atteints
par des maladies dites mystiques.
La jalousie provient selon une boutade populaire de
l'incapacité. Mais, même pour un poste ou une activité dans
laquelle un individu ne peut déchiffrer le moindre signe, il jalouse un
autre qui pourtant n'excelle pas particulièrement. Une histoire
abracadabrante nous a été contée par le rédacteur
en chef Emmanuel Jules Ntap. Aux dires de son prédécesseur,
l'ancien rédacteur en chef de la R.T.S Jean Claude Mvodo, le Docteur
Kanguelieu, président du comité de gestion de la ligne
éditoriale lui aurait `'lancé'' une maladie mystique qui l'a
gardé gravement alité pendant près d'un an. C'est la
raison pour laquelle il a démissionné de ses fonctions.
A en croire les concernés, le dénommé
Benjamin Fouda Effa a été gravement malade et presque mourant
pendant plus d'un an et aujourd'hui encore, sa santé est chancelante. Il
s'agirait, de l'avis du rédacteur en chef, d'un sort qui lui a
été lancé par un collègue dont il n'a pas voulu
dévoiler l'identité.
Lorsque la hiérarchie de la radio décide de
choisir le rédacteur en chef par intérim actuel en août
2004, l'ambiance redevient sereine parce que le jeune homme de 29 ans ne
s'embarrasse pas des coups tordus. Il est l'homme du compromis.
2-) La nécessaire solidarité
Elle se traduit par l'instauration au sein d'un groupe
réduit d'une cotisation. C'est en réalité une
espèce de mutuelle mensuelle qui s'est agrandie et compte aujourd'hui
plus de la moitié de l'effectif. Le but de cet élan de
solidarité entre les employés est de consolider les liens et
renforcer la cohésion à travers des aides diverses qui sont
accordées chaque fois que l'un des membres est en situation difficile ou
heureuse et sollicite une aide des siens.
Cette situation de quasi-fraternité n'est pas bien vue
de la hiérarchie qui reste campée sur ses positions.
Section II : Les employés et la
hiérarchie
Les promoteurs et les dirigeants des chaînes de radio
privées nouvellement installées sont le plus souvent
confrontés aux difficultés d'ordre organisationnel vis à
vis de leurs employés. Les conflits de type organisationnel sont dus
à la non mutation de certaines situations jugées
inadaptées au travail en regard des missions dont se prévalent
les radios. Ainsi, chaque fois qu'un mouvement de grève est
initié au sein d'une radio, les employés revendiquent le plus
souvent une reconsidération des conditions de travail.
Selon le Docteur Mesmin Kanguelieu, président du
comité de gestion de la ligne éditoriale, les relations entre le
personnel et la hiérarchie sont verticales et horizontales.
« Ce qui signifie concrètement que les frictions ne sont
pas permanentes, qu'il règne également une ambiance conviviale
avec la hiérarchie. La preuve est que M. Siantou est accessible à
tout le monde, il écoute beaucoup les autres, même des vacanciers
en stage ont son attention ;.seulement, les prises de résolutions
sont très lentes ».52(*)
Dans le cadre des relations horizontales, c'est le conflit qui
règne. D'abord, un mémorandum est adressé comme celui
début juin 2005 à la hiérarchie, et ayant
occasionné les premiers états généraux de la radio
qui posent tous les dysfonctionnements relatifs aux conditions de travail
jugées médiocres :
· la revendication de l'établissement du statut
des employés ;
· la nomination d'un chef de chaîne avec des
pouvoirs précis ;
· la gestion familiale de l'entreprise ;
· la nomination d'un directeur des programmes, de
l'information, des chefs d'unités et du personnel qui devront tous
bénéficier d'un cadre de travail approprié ;
· la reprise des activités du haut conseil de la
radio en lieu et place d'un conseil d'administration ;
· la tenue des réunions du personnel sous la
présidence du chef de chaîne ;
· la publication de l'organigramme de la radio ;
· l'ouverture des démarches auprès du PDG
pour que le personnel touche désormais son salaire sur bulletin de
paie ;
· la remise des carnets de CNPS au personnel permanent de
la radio ;
· le respect de la voie hiérarchique qui suppose
qu'aucun intervenant à la RTS ne pose des problèmes liés
au service au PDG sans passer par la hiérarchie.
S'agissant du fonctionnement de la rédaction centrale,
les manquements divers ont été relevés et les suggestions
suivantes ont été faites :
· le renforcement de l'équipe des journalistes du
desk anglais ;
· l'octroi des frais de taxi aux stagiaires
journalistes ;
· l'affectation au desk anglais de deux correspondants
extérieurs dans le nord ouest et dans le sud ouest ;
· la production du magazine en anglais tous les samedis
à partir de 9 heures 30 minutes ;
· le maintien d'un rédacteur en chef ;
· la mise à la disposition du car de reportages et
des frais de carburant au chef de chaîne qui sera désormais
contacté pour la sortie dudit car ;
· la signature d'un contrat de partenariat entre la RTS
et un opérateur de téléphonie mobile qui attribuera une
ligne verte à la rédaction centrale ;
· l'augmentation des frais de téléphone de
rédaction à 20 000 F CFA par semaine au lieu de 10 000 F CFA en
attendant la signature du contrat de partenariat ;
· l'allocation hebdomadaire de la somme de 5 000 F CFA
aux journalistes sportifs qui interviennent dans les journaux de 12 heures et
18 heures ;
· l'achat d'un minidisque ;
· le respect des heures de tenue de conférence de
rédaction ;
· la rigueur dans la programmation des
journalistes ;
· la publication du profil de carrière des
journalistes
· la signature des contrats de travail des journalistes
pigistes qui devront acquérir le statut de permanents ;
· la couverture médiatique de grands
évènements par une équipe bilingue.
Au sujet de l'unité animation, le comité de
crise a déploré le caractère insipide de certains
programmes d'animation. Le non-respect de la durée des émissions,
l'absence des moyens de production pour la réalisation des programmes de
qualité... Le projet de redynamisation propose :
· la création d'une discothèque et la
désignation d'un responsable chargé de sa gestion ;
· le respect scrupuleux de la durée des
émissions sous peine de sanctions ;
· la diffusion des spots publicitaires dans certains
programmes pour relever les recettes publicitaires largement en chute ;
· le changement de statut des pigistes ;
· le recrutement des volontaires.
Pour l'unité technique, c'est la faible capacité
de l'émetteur qui est le principal problème, l'absence de
climatisation, l'absence de matériel ...
A cet effet, le projet de renforcement des capacités
prévoit :
· l'achat d'un émetteur de 2000 W ;
· la réfection de la cabine technique ;
· le renouvellement du matériel technique
mobile ;
· l'achat d'une nouvelle console
téléphonique dont les références sont entre les
mains du PDG ;
Pour l'optimisation des prestations du service commercial, le
comité a décidé ce qui suit :
· la création d'un service marketing
attaché au service commercial ;
· l'affectation de trois personnes au service
commercial ;
· la subordination du service commercial au chef de
chaîne ;
· la présence effective des responsables du
service commercial aux réunions ;
Le dernier point a fait état des dysfonctionnements de
la régie d'antenne. On a déploré l'absentéisme,
l'apathie des régisseurs d'antenne et les décisions suivantes ont
été proposées :
· l'obligation de présenter les conducteurs
signés du chef de chaîne ou de son remplaçant avant le
passage à l'antenne;
· la diffusion des publicités aux heures
arrêtées par le service commercial ;
· l'arrêt des émissions qui
déborderaient leur durée d'antenne.
Parmi toutes les doléances, beaucoup sont
exprimées depuis et rien n'y fait. Depuis la tenue le 10 juin 2005 de ce
comité de crise, aucune résolution n'a encore été
prise. Signe que les relations vont demeurer tendues jusqu'à ce que le
PDG consente à faire quelque chose allant dans le sens de
l'amélioration des conditions corollaire du bon fonctionnement de la
radio. Dans la mesure où l'attente s'allonge, les employés vont
passer à la phase « pratique » : la
grève. La négociation n'ayant rien produit, les 4 (quatre)
précédentes grèves de la RTS ont suivi le même
cheminement et la cinquième est déjà latente.
Section III : Effet de l'audience des
« vedettes » « de la radio sur le comportement
des collègues
La libéralisation du secteur de l'audiovisuel a
consacré l'émergence d'une panoplie de radios thématiques
variées. Mais quelle que soit la thématique qu'elle arbore,
chaque radio a ses vedettes incontestables parce que très souvent
sollicitées dans les sondages et les hit-parades des meilleurs
journalistes et animateurs. Ce n'est que ces catégories de personnes qui
sont écoutées, les autres étant tout simplement les gens
de l'ombre puisque n'agissant pas directement sur l'antenne. Au niveau des
radios, ils sont désignés à l'unanimité selon que
les opinions sont bien argumentées dans les débats. La
maîtrise des processus évolutifs de la société est
avérée, bref que ce candidat en ce qui concerne les journalistes
ait un back ground qui pèse, qui convainc les autres par la pertinence
dans le propos, la manière de tenir le propos et aussi la prise de
positions fermes qu'aucun autre raisonnement ne puisse ébranler à
moins que sa rationalité soit établie.
C'est ainsi qu'on a à la RTS, parmi les stars des noms
tels que Benjamin Fouda Effa, Polycarpe Essomba, Emmanuel Jules Ntap dont le
verbe et le caractère attirent un capital sympathie auprès des
auditeurs qui réagissent par courrier ou directement par voie de radio.
A la Tome Broadcasting Corporation, c'est Bosco Tchoubet, le promoteur qui est
la vedette toujours pour les raisons sus évoquées. Les
débats qu'il anime suscitent l'intérêt dès l'annonce
du panel autour de la table.
Mais, ces vedettes ne sont pas toujours très applaudies
par leurs propres collègues qui rapportent partout les élans de
sympathie des auditeurs. C'est l'occasion des jalousies et aussi des haines. Le
rédacteur en chef nous fait part d'un témoignage :
« Après plus d'un an de maladie jusqu'ici non
élucidée, Benjamin Fouda est arrivé un matin, et a
réuni toute la rédaction pour dire qu'il a été
très malade et que c'est un collègue qui veut sa
mort »53(*). Voilà une illustration de la situation.
Polycarpe Essomba quant à lui est tombé malade mais pas pour
toujours, le mal était aussi selon ses collaborateurs, mystique.
Deux (2) cas de décès ont même
été enregistrés à la RTS, qui sont attribués
à tort ou à raison au président de la structure. Un
certain Pierre Nomo, et Prospéro d'Afrique Centrale sont
décédés dans des circonstances toujours troubles, et
l'absence des dirigeants aux obsèques desdits animateurs n'a fait
qu'alimenter la polémique et la rumeur déjà
persistantes.
Après les journalistes, les animateurs sont
également en vue, les émissions interactives qu'ils produisent
sont l'instrument de mesure pour tâter leur taux d'écoute et le
capital sympathie des auditeurs. Le nommé Serge Tamba est le plus
adulé. Transfuge de la CRTV, FM 94, il est l'impresario attitré
de certaines grosses manifestations telles que le rendez-vous annuel de la
foire exposition de Tsinga à Yaoundé. Les matinées jeunes
et les soirées dansantes de certains Night Club de la capitale
camerounaise comme « Le Katios ». Autant d'atouts qui ont
bâti sa réputation.
Son indifférence fait justement problème
auprès de ses congénères qui le qualifient de `'hautain'',
mais il rassure tout de suite « Je ne suis en
sécurité que quand je suis seul »54(*). Au regard de ces situations
qui fragilisent davantage les rapports entre les travailleurs, le
rédacteur en chef a imposé une séance de prière
pour `'exorciser les démons'55(*)' à chaque regroupement pour plus de
prudence dans les rangs des travailleurs.
Conclusion partielle
L'examen de la nature des relations sociales au sein de la
RTS pose globalement un problème de conflit d'intérêts. Du
côté des dirigeants, les conditions de travail souhaitées
pour une bonne production tardent à se faire jour en amont, tandis qu'en
aval, ils décrient la mauvaise qualité des productions. Arracher
une résolution à cette équipe est un véritable
chemin de croix. Depuis l'an 2002 que certaines doléances ont
été portées à l'attention du patron, aucune d'elles
n'a reçu approbation ni improbation, signe que ce n'est pas la
véritable priorité des dirigeants ; même si monsieur
Siantou avoue être satisfait de « ses
gars »56(*). D'autre part, des personnels continuent de harceler
l'équipe dirigeante pour obtenir des bribes d'améliorations dabs
leur statut sans grand succès visiblement, d'où les tensions
entre le pôle d'exécution et le pôle décideur.
Nous annoncions en fin de chapitre I que dans le type de
management à modèle valoriel dans lequel les chaînes de
radios privées locales ont été classées, les
relations professionnelles sont inexistantes. Dans une organisation où
la moyenne d'âge des travailleurs, hormis l'équipe d'animation,
est de trente (30) ans, le climat d'animosité ambiant surprend. Les
personnels sont attachés à des particularismes de l'ordre du
primitif et des superstitions qui fragilisent la cohésion du groupe qui
traverse tout de même certains moments de communion quand il s'agit de
faire prévaloir la cause collective. C'est l'un des seuls
éléments unificateurs des personnels des radios privées,
la solidarité n'apparaît qu'en temps de conflit.
CONCLUSION GENERALE
Après l'exploration des techniques managériales
et une irruption dans le management des ressources humaines dans les radios
privées, nous avons pu constituer un certain nombre
d'éléments qui nous permettent, parvenus au terme de cette
étude de valider ou d'invalider nos hypothèses de départ.
Dans le cadre général des radios, nous avons
relevé que du fait de l'amateurisme dans leur gestion, de la non
professionnalisation des personnels, elles évoluent selon un
fonctionnement opportuniste qui se traduit par la résolution au
quotidien des difficultés survenant dans la réalisation des
productions. Cette gestion, accentuée par les lourdeurs d'une
administration centralisée déteint sur les autres fonctions.
Les modes de recrutement des personnels sont basés sur
l'intuition, n'étant pas établis par des professionnels.
L'évaluation et la promotion sont tout aussi hasardeuses. Ainsi ne sont
d'ailleurs promus que ceux que le directeur de publication veut bien promouvoir
selon ses affinités. Au niveau du contrat de travail, beaucoup
d'insuffisances ont été relevées. Elles ont à
l'occasion permis la découverte de l'absence des textes de base tels que
leur statut, la réglementation du travail, sa durée. La section
rémunération a permis de clarifier la situation des personnels
quant à leur affiliation à la CNPS, que le promoteur
prétend avoir souscrite depuis le 10 avril 2002, date de la signature du
contrat avec tous les permanents.
Nous avons noté que les ressources humaines de la RTS
croyaient en une éventuelle affiliation dans l'organisme de tutelle
parce que tous les mois, les retenues considérables allant de 1983 F CFA
chez le plus petit salarié à 13 521 F CFA chez le plus grand sont
prélevées systématiquement pour reversement à la
CNPS.
Le chapitre sur les conditions de travail a
révélé que le contenu, la durée de travail, sont
réglementés par les employés eux-mêmes, tandis que
l'espace et les outils sont disponibles, mais pas en quantité suffisante
puisqu'il faut se passer des magnétophones, des cassettes suivant que le
sujet est prioritaire ou non.
La nature des conditions de travail laisse voir un climat
conflictuel corollaire de la rigidité de la décision patronale
d'un point de vue vertical et d'un point de vue horizontal, les employés
sont à couteaux tirés sur des questions de complexe, de
compétitivité et sur des supposés talents. Il en
résulte une animosité, souvent cause de jalousie, de haine, de
délation et de sorcellerie.
Notre hypothèse centrale de départ stipule qu'il
n'existe pas de modèles de gestion avérés et
établis à la RTS. Que la radio obéit à un
fonctionnement opportuniste qui prévoit la résolution au
quotidien des problèmes et autres difficultés.
Tout au long de ce travail, nous avons pu constater que la RTS
n'a effectivement pas de modèle de gestion avéré et
établi, c'est pourquoi nous l'avons classée dans le modèle
de gestion valoriel tel que conçu par Pichault et Nizet pour montrer son
fonctionnement opportuniste qui occasionne la résolution au jour le jour
des difficultés qui surviennent en son sein. Cette hypothèse est
donc validée.
La première hypothèse secondaire indique que les
conditions de recrutement, de sélection, d'évaluation, de
formation et même d'élaboration du contrat de travail sont floues
et contribuent à la précarité de l'emploi.
Nous avons constaté au cours de l'étude que ces
conditions sont véritablement floues et même fortement
basées sur l'intuition et le hasard, des critères
carrément en marge du rationnel. Nous validons également cette
hypothèse secondaire.
La dernière hypothèse établit que les
relations sociales sont en permanence conflictuelles.
En effet, l'examen de cette question est apparu sous le
chapitre portant sur la nature des relations sociales et il nous a
été donné de constater que les relations sont tendues et
parfois aussi distendues. La conflictualité n'est pas permanente et
l'harmonie n'est pas aussi établie. L'hypothèse est par ailleurs
partiellement validée.
Face à tout ceci, nous avons proposé des
solutions concrètes suivantes :
SUGGESTIONS
· Que l'Etat à travers le Ministère de la
Communication en charge du dossier de délivrance des licences
d'exploitation pour les entreprises audiovisuelles privées, les accorde
aux promoteurs afin qu'ils arrêtent de se cacher derrière la
prétendue illégalité juridique de leur chaîne pour
ne pas fonctionner comme une entreprise normale.
· Que le Ministère de la Communication
délivre des fréquences qui ne doivent pas être
sous-utilisées, un minimum doit être prescrit en terme de quota de
diffusion parce qu' « on ne crée pas une radio pour
le plaisir d'en créer une. Comment doit-elle fonctionner ? Comment
doit-elle être gérée ? Ce sont là des questions
qui doivent occuper l'esprit et mobiliser l'énergie d'un promoteur
sérieux, soucieux de mettre en place une comptabilité et une
gestion saine et transparente »57(*).
Le non-respect du cahier de charges doit entraîner des
sanctions allant jusqu'à la fermeture définitive de l'organe de
presse concerné.
· Il faudrait en outre, pour que les entreprises
audiovisuelles privées vivent, que les redevances audiovisuelles leurs
soient à toutes attribuées au regard des missions de service
public qu'elles se sont assignées.
· Il faut que le marché des publicités soit
réglementé afin que tous les médias soient effectivement
en position de concurrence.
· Il faut que les promoteurs de radios songent à
recruter des professionnels afin que les radios émergent, parce que
« dans un contexte de plus en plus concurrentiel, une radio ne
peut s'offrir le luxe de chercher son identité pendant des
années »58(*), alors que le marché se sature davantage.
· Il faut également que le terme culture qui est
davantage lié au management des organisations aussi bien en Afrique
qu'ailleurs ne soit pas un poids pour les entreprises. Les valeurs de
proximité sociale et de solidarité communautaire imposent certes
d'aider son prochain, mais, il faudrait que les entrepreneurs africains qui
espèrent émerger un jour, arrêtent de faire de la
parenté un critère de recrutement systématique des
individus incapables de se réaliser dans l'accomplissement d'une
tâche déterminée. Car comme l'affirme Emmanuel
Kamdem, l'inconvénient principal de cette pratique «
réside dans un risque d'emprise de la famille sur
l'entreprise ; au point de la rendre dysfonctionnelle parce
qu'obéissant à des objectifs qui ne sont nécessairement
pas du domaine de la rentabilité »59(*). Même si à ce
jour, on compte du bout des doigts, les promoteurs d'entreprises capables de
trancher et faire la part entre la compétence avérée des
uns et les pressions familiales qui érigent l'appartenance clanique au
rang de critère d'excellence.
· Enfin, le recrutement parental systématique est
à proscrire car il est accentue les clivages sociaux que sont la
marginalisation et l'exclusion. Il est également source de tribalisme,
de tensions nombrilistes et sectaires et de l'épanouissement des replis
identitaires corollaire de soulèvements populaires et de guerres.
Si tous ces facteurs étaient réunis, les
entreprises de radios privées et particulièrement la RTS,
connaîtraient une meilleure approche managériale, elle-même
garantie de leur mieux être.
BIBLIOGRAPHIE
I- Ouvrages généraux
1- Beaud Michel, 1985, l'Art de la thèse, la
Découverte, Paris.
2- Fragniere Jean Pierre, 1986, Comment réussir un
mémoire, Dunod, Paris.
3- Giniès Marie-Lorène, Pierre Elise et Thivard
Elodie, 2004, Les métiers du journalisme, Studyrama, Paris.
4- Grawitz Madeleine, 1996, Méthodes des sciences
sociales, Dalloz, 10e édition, Paris.
5- Kouchner Jean, 1994, Radio locale, mode d'emploi,
CPPJ, Paris.
6- Le petit Larousse 2003, 2002, Paris.
7- Quivy Raymond, Van Campenhoudt Luc, 1995, Manuel de
recherche en sciences sociales, Dunod, Paris.
8- Tjadè Eonè Michel, 2001,
Démonopolisation, libéralisation et liberté de
communication au Cameroun. Avancées et reculades, l'Harmattan,
Paris.
II- Ouvrages spécialisés
9- Brosseau Jean Michel, Soncin Jacques, 1998,
Créer, gérer et animer une radio, Gret, Paris.
10- Bruneteaux Jean- Bernard, 2003, Gestion des ressources
humaines et communication, Pucac, Yaoundé.
11- Brunet Thierry, Vinogradoff Gabriel, 2001,
Dictionnaire de l'emploi et des ressources humaines, Hatier, Paris.
12- Kamdem Emmanuel, 2002, Management et
interculturalité, expérience camerounaise, les presses de
l'université de Laval, l'Harmattan.
13- Pichault François, Nizet Jean, 2000, Les
pratiques de gestion des ressources humaines : approches contingente et
politique, Seuil, Paris.
13- Zady Kessy Marcel, 1998, Culture africaine et gestion
de l'entreprise moderne, éditions Clé.
III- Mémoires et rapport de stage
· Befe Owona Nicole Scholastique, Publics et images
des supports médiatiques en situation de communication, FM 94, Radio
Télévision Lumière, Radio Télévision
Siantou, Radio Reine, 2000, ESSTIC.
· Edoa Bernadette Chantal, les problèmes
financiers et la rémunération des journalistes dans les radios
privées de Yaoundé : le cas de Radio Bonne Nouvelle et Radio
Télévision Siantou, 2002, ESSTIC.
· Fouda Effa Théodore Benjamin, La ligne
éditoriale de la RTS pendant la présidentielle d'octobre 2004 au
Cameroun, 2005, Institut Siantou Supérieur.
IV- Revues et autres
.
· Cours de méthodologie de la recherche
dispensé par le Professeur Laurent Charles Boyomo Assala.
· Décret n°2000/158/ du 03 avril 2000 relatif
aux conditions d'exploitation de création et d'exploitation des
entreprises privées de communication audiovisuelle.
· Fréquence Sud, revue de recherche en
communication, juin 1998, n° 14.
· Loi n°92/007 du 14 août 1992 portant code du
travail.
· Médiamétricam, observatoire des medias
et des libertés publiques, n°1 janvier 2001, revue du CRETES.
.
TABLE DES MATIERES
Ø DEDICACE
Ø REMERCIEMENTS
Ø RESUME
Ø SOMMAIRE
Ø LISTE DES ABREVIATIONS
Ø LISTE DES TABLEAUX
INTRODUCTION GENERALE ............... 1
CHAPITRE I: LA RTS DANS LE
PAYSAGE AUDIOVISUEL
CAMEROUNAIS.............................. 23
-Section I : NAISSANCE ET EVOLUTION....... 25
-Section II : STRUCTURES ET INFRASTRUCTURES 28
-Section III : ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT 33
CHAPITRE II :
SOCIOLOGIE DU PERSONNEL......... 36
-Section I: L'EQUIPE ADMINISTRATIVE..... 38
-Section II : LES JOURNALISTES............... 40
-Section III : LES ANIMATEURS................... 45
-Section IV : LES TECHNICIENS................ 48
-Section V:LES REALISATEURS ET LES REGISSEURS 50
CHAPITRE III :
ADMINISTRATION DU PERSONNEL 53
-Section I : LE MODE DE RECRUTEMENT... 55
-Section II : EVALUATION ET PROMOTION... 58
-Section III : LA FORMATION..................... 59
-Section IV : LE CONTRAT DE TRAVAIL...... 61
-Section V : LA REMUNERATION ............... 65
CHAPITRE IV :
LES CONDITIONS DE TRAVAIL... 70
-Section I : LECONTENU DU TRAVAIL 72
-Section II : LE TEMPS DE TRAVAIL... 74
-Section III : L'ESPACE DE TRAVAIL... 76
- Section IV : LES OUTILS DE TRAVAIL 76
CHAPITRE V : LA NATURE DES
RELATIONS SOCIALES 77
-Section I : LES EMPLOYES ENTRE- EUX... 79
-Section II : LES EMPLOYES ET LA HIERARCHIE 81
-Section III : EFFET DE L'AUDIENCE DES
« VEDETTES » DE LA RADIO SUR LE COMPORTEMENT DES
COLLEGUES 86
CONCLUSION GENERALE.................................
89
BIBLIOGRAPHIE...........................................
94
TABLE DES MATIERES..................................
96
ANNEXES............
..................................... 98
ANNEXES
* 1 Nicole Scholastique Befe
Owona, Publics et images des supports médiatiques en situation de
communication, FM 94, Radio Télévision Lumière, Radio
Télévision Siantou, Radio Reine, ESSTIC, octobre
2000.
* 2 Michel Tjadè
Eonè, Démonopolisation, libéralisation et
liberté de communication au Cameroun. Avancées et
reculades, l'Harmattan, 2001, Paris, p. 25
* 3 Michel Tjadè
Eonè, op. Cit.
* 4 Jean Kouchner, Radio
locale, mode d'emploi, CPPJ, 1994, Paris, p.18
* 5 La revendication principale
de la première grève des personnels qui éclate en octobre
2001 à la RTS
* 6 Centre de recherche et
d'études en économie et sondages
* 7 Laurent Charles Boyomo
Assala, Introduction à la sociologie des journalistes
camerounais, in Fréquence Sud, n°14, juin 1998, p
109.
* 8 Michel Beaud, L'Art
de la thèse, la Découverte, Paris, 1980, p 39
* 9 Raymond Quivy, Luc Van
Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, Dunod,
Paris, 1995, p 118.
* 10 François Pichault,
Jean Nizet, Les pratiques de gestion des ressources humaines :
approches contingente et politique, Seuil, Paris, 2000, 333 p.
* 11 Emile Durkheim cité
par Gravitz Madeleine in Méthodes des sciences sociales,
10e édition, p312-343, Dalloz, Paris, 1996
* 12 Trierry Brunet, Gabriel
Vinogradoff, Dictionnaire de l'emploi et des ressources
humaines, Hatier, Paris, 2001, 374p.
* 13 Le petit Larousse 2003,
Paris, 2002.
* 14 Nicole Scholastique Befe
Owona, op.Cit
* 15 Théodore Benjamin
Fouda Effa, la ligne éditoriale de la RTS pendant la
présidentielle d'octobre 2004 au Cameroun, Institut Siantou
Supérieur, juin 2005.
* 16 Théodore Benjamin
Fouda Effa, op. Cit.
* 17 Théodore Benjamin
Fouda Effa, op. Cit.
* 18 Emmanuel Kamdem,
Management et interculturalité, expérience
camerounaise, les presses de l'université de Laval,
l'Harmattan, 2002, 433p. P 11
* 19 Emmanuel Kamdem, op. Cit
* 20 Marcel Zady Kessy,
Culture africaine et gestion de l'entreprise moderne, Ceda,
1998, p 140
* 21 Marcel Zady Kessy, op.
Cit.
* 22 Marcel Zady Kessy, op.
Cit.
* 23 Michel Tjadè
Eonè, op.Cit.
* 24 Jean- Bernard Bruneteaux,
op. Cit. P143
* 25 Op. Cit.
* 26 Emmanuel Kamdem, op.
Cit.
* 27 Entretien avec le
rédacteur en chef, Emmanuel Jules Ntap.
* 28 Entretien avec Didier
Bapidi, un ancien journaliste de la RTS, actuellement rédacteur en chef
de Radio Reine.
* 29 Entretien avec le
rédacteur en chef, Emmanuel Jules Ntap
* 30 Le slogan de la RTS
* 31 Entretien avec Polycarpe
Essomba Journaliste à la RTS
* 32 Entretien avec le
président du CGLE, Mesmin Kanguelieu
* 33 Entretien avec le
rédacteur en chef, Emmanuel Jules Ntap
* 34 Entretien avec Mesmin
Kanguelieu.
* 35 Emmanuel Kamdem, op. Cit.
* 36 Jean Bernard Bruneteaux,
op. Cit.
* 37 Entretien avec Benjamin
Fouda Effa, journaliste à la RTS
* 38 Thierry Brunet, Gabriel
Vinogradoff, op. Cit.
* 39 Jean-Bernard Bruneteaux,
op. Cit.
* 40 Jean-Bernard Bruneteaux,
op. Cit.
* 41 Jean-Bernard Bruneteaux,
op. Cit.
* 42 Cas de Radio Venus qui
favorise la prolifération d'un type de journalisme dit du
« Hilton » pratiqué par des journalistes ou des
directeurs de publication des journaux à périodicité
élastique qui paraissent quand ils peuvent parfois aux prix de
chantages
* 43
LEGENDE
|
|
|
· SBT : Salaire brut
· CR : Caisse retraite
· CFC : Crédit foncier
|
· CAC : Centime additionnel
communal
· TC : Taxe communale
· IRPP : Impôt sur le revenu des
personnes physiques
|
· CRTV: Cameroon radio and television
· J : Journaliste
· T: Technicien
· A: Animateur
|
* 44 Emmanuel Kamdem, op. Cit
* 45 Jean-Bernard Bruneteaux,
op.Cit
* 46 Thierry Brunet, Gabriel
Vinogradoff, op. Cit.
* 47 Thierry Brunet, Gabriel
Vinogradoff, op. Cit.
* 48
Marie.-Lorène.Giniès, Elise .Pierre et Elodie Thivard, Les
métiers du journalisme, Studyrama, 3e
édition 2004, Paris, p 91
* 49 Jean-Bernard Bruneteaux,
op. Cit.
* 50 Jean-Bernard Bruneteaux,
op. Cit.
* 51 Entretien avec Emmanuel
Jules Ntap, le rédacteur en chef.
* 52 Entretien avec Mesmin
Kanguelieu, président du CGLE
* 53 Entretien avec Emmanuel
Jules Ntap.
* 54 Entretien avec Serge
Tamba, animateur à la RTS
* 55 Entretien avec Emmanuel
Jules Ntap, rédacteur en chef de la RTS
* 56 Entretien avec Mesmin
Kanguelieu
* 57 Jean Michel Brosseau,
Jacques Soncin, Créer, Gérer et animer une radio, Gret,
1998, Paris, p10
* 58 Jean Michel Brosseau,
Jacques Soncin op. Cit.
* 59 Emmanuel Kamdem,
op.Cit.