CNAM de Paris
Chaire fonction personnel
Gestion et développement
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Mémoire de Master Ressources
Humaines
« L'équité dans
les Associations »
GRAUX Valérie
Master Recherche « Développement
des Ressources Humaines »
Directeur de Mémoire :
Madame le Professeur, Eléonore
Marbot
Année universitaire
2006/2007Sommaire 2
Remerciements 6
Résumé 7
Introduction 8
I / Partie I : ELEMENTS D'APPROCHE
10
Introduction 10
Chapitre 1 : Approche
théorique de l'association et ses acteurs 10
1.1 L'association, comme unité
juridique 10
1.2 Une progression fulgurante dans le tissu
économique et social d'aujourd'hui 11
1.3 Les acteurs des associations
12
1.3.1 A la recherche d'une définition
12
1.3.2 La complexité d'un ensemble
d'individus 13
1.3.2.1 Le bénévole
13
1.3.2.2 Le salarié 14
1.3.3 Etude comparative des deux statuts
15
1.3.3.1 L'engagement 15
Un aspect juridique en place 15
Des salariés de plus en présents
16
1.3.3.2 La liberté 17
Deux types de liberté 17
Lorsque la liberté d'action influence
les jeux de pouvoirs 17
1.3.3.3 Acte sans but lucratif
18
Ce n'est pas toujours une question
d'argent 18
1.3.3.4 Appartenance à une
structure 18
1.3.3.5 Le bien commun 19
1.4 La théorie des besoins de Maslow
19
1.5 Rappel des composantes importantes de cette
partie 22
Chapitre 2 : L'introduction d'une
politique Ressources Humaines et ses outils
23
2.1. Une nouvelle organisation
23
2.1.1 Un nouvel acteur : L'Etat Providence
23
2.1.2 Les axes d'intervention de l'Etat pour
expliquer son poids 24
Les financements publics 24
L'aide à l'emploi 25 Le
soutien au milieu associatif 25
2.1.3 La solidarité 26
2.2 La professionnalisation du service RH et
par conséquent des acteurs 26
2.2.1. La mise en place de la professionnalisation
26
2.2.2 Les éléments constitutifs de
la GRH en association 26
2.2.2.1 Les éléments
constitutifs d'une GRH 30 2.2.3 Les facteurs externes qui
orientent la politique RH
adoptée dans les associations 31
2.2.3.1 Des réponses à des
profils en mutation dans
le cadre du recrutement et de
l'intégration 31 2.2.3.2 Le principe de la formation et
de la mobilisation 33
2.2.4 Rappel des problématiques
émergentes pour les ressources humaines 34
Chapitre 3 : Le principe
d'équité 35
3.1 Vers une approche de la notion
d'équité 35
3.2 L'équité sous un angle
législatif 36
3.2.1 Vers une composante de
l'équité 36 L'évaluation de l'échange
37
La comparaison 38
L'action 39
3.3 Les différentes formes de
l'équité 41 3.3.1 Des référentiels
possibles 41
3.3.2 Equité
interne /Equité externe 42
3.3.2.1 L'équité interne et
externe 42
3.4 L'équité dans les outils
RH 43
3.4.1 Le DRH, garant de
l'équité 43
3.4.2 La communication 44
3.5 Vers une grille d'analyse
44
II / Partie 2 : METHODOLOGIE ET ANALYSE
46
Introduction 46
Chapitre 1 :
Méthodologie 46
1.1 Explication de la méthode,
présentation des associations 46
1.1.1 Présentation de la méthode
46
Démarche exploratoire 46
Le déroulement des entretiens
47
Le guide des entretiens 48
Le mode d'analyse 48
Les interviewés 49
1.1.2 Présentation du terrain
51
La Cimade 51
Aux Captifs, La Libération 52
Les Petits Frères des Pauvres
53
Fédération Léo Lagrange
54
1.1.3 Tableau sommaire des associations
56
Chapitre 2 : Analyse des
entretiens 57
2.1
L'équité dans les relations entre
salariés/bénévoles 57
2.1.1 L'équité individuelle
57
2.1.1.1 Le concept de l'évaluation
de l'échange 57
La contribution 57
Apports à l'association 57
La confiance en soi 58
L'action bénévole comme
Un travail 60
Des activités épanouissantes 61
Un état récapitulatif des
thématiques
Abordées dans la contribution 61
La rétribution 62
La reconnaissance 63
Le numéraire 64
Un état récapitulatif des
thématiques
Abordées dans la rétribution
65
2.1.2 Conclusion sur la thématique de
l'équité
individuelle 65
2.2 L'équité
collective : process de comparaison 66
2.2.1 Comparaison entre les items fonctionnels
66
Axe 1 de comparaison : les
origines
Professionnelles 67
Axe 2 de comparaison : les fonctions
occupées 67
Axe 3 de comparaison : les items
Générationnels et statutaires
68
Axe 4 de comparaison : les valeurs
69
Etat récapitulatif des axes utilisés
par les bénévoles et les salariés 70
2.3 Actions : réactions induites
par le sentiment d'équité ou
inéquité 71
Types d'actions 1 : au niveau
professionnel 71
Types d'actions 2 : mettre en
lumière les
Défauts de l'un pour mieux se
valoriser 72
Types d'actions 3 : avantages
financiers et
Comportements 73
Etat récapitulatif des types
d'actions
Engendrées dans le cadre d'une
inéquité 74
2.4 Conclusion : équité
entre salarié et bénévole ? 75
Des profils différents 75
Des finalités différentes
76
Une certaine crainte réciproque pour
les
Deux acteurs 76
Des faits externes à l'association
76
Tableau récapitulatif 77
III / Partie 3 : PRECONISATIONS ET LIMITES
80
Introduction 80
3.1 Des préconisations pour cette
analyse sur l'équité
en association 80
3.1.1 Préconisation 1 : Partager la
fonction RH 81
3.1.2 Préconisation 2 :
Développer la communication 85
3.1.3 Préconisation 3 :
Fidéliser et préparer l'avenir
par la mise en place d'une GPEC 86
3.2 Limites de cette
étude 93
3.2.1 Les limites de la théorie de
l'équité 93
3.2.2 Les limites de cette analyse 95
IV / CONCLUSION 97
Bibliographie 100
Annexes 104
Remerciements
Je souhaite tout d'abord remercier mon directeur
de mémoire, Madame Le Professeur Eléonore Marbot, qui m'a
été d'une aide indispensable tout au long de cette année,
qui m'a écoutée, guidée autant que je pouvais
l'espérer.
Je souhaiterai également remercier les
personnes que j'ai rencontrées durant ce projet à
savoir :
- Monsieur Bernard Nicolas,
Bénévole et DRH de l'association « La
Cimade »
- Monsieur Eric Schlumberger, DRH de l'association
« La Cimade »
- Monsieur Sylvain Messonnier, DRH de
l'association « Les Petits Frères des
Pauvres »
- Monsieur Vincent Séguéla, DRH de
la fédération « Léo Lagrange »
ainsi que les salariés et
bénévoles des différentes associations.
Un remerciement tout particulier pour Madame
Mireille Derez, bénévole au sein de l'association »La
Cimade » pour l'ensemble des informations qu'elle a bien voulu me
communiquer.
Je souhaiterai aussi remercier, Monsieur Dominique
Chevallier, Directeur Général de la société ASCOGER
RESTAURATION, au sein de laquelle j'exerce les fonctions de Responsable
Ressources Humaines ainsi que certains de mes collègues, qui ont eu une
totale confiance en mon projet, et qui m'ont soutenu tout au long de cette
étude .
Enfin , un remerciement tout particulier
à mon futur époux, Didier Calladine, ma mère, Sylviane
Graux et ma future belle-mère, Michèle Calladine pour le soutien
et la patience dont ils ont fait preuve ainsi que l'assistance qu'ils m'ont
apportée.
Résumé
L'objet de notre analyse est de démontrer
à l'aide de la théorie et d'un travail empirique se basant sur
l'étude du process d'équité individuelle et collective,
que la problématique de l'équité entre salariés et
bénévoles au sein des associations n'est pas sans fondement.
Les sources d'informations mobilisées sont
l'enquête sur la gestion des ressources humaines bénévoles
et le rapport sur les logiques associatives et financements du secteur
associatif de Viviane Tchernonog. ; Les deux études prennent en
compte l'évolution du tissu économique associatif et le mouvement
de professionnalisation qui en émerge.
Le but de ce mémoire est dans un premier
temps, d'aborder la thématique de l'équité par le biais de
la pyramide des besoins de Maslow, qui détaille l'évolution des
besoins que ressent un acteur et ce qui implicitement permet de comprendre les
éléments moteurs de la motivation, puis dans un second temps, en
appui de la théorie d'Adams, repris par Jean-Marie Peretti, nous avons
étudié le process de l'équité individuelle et
collective qui s'opère au sein des associations.
Il ressort de l'analyse empirique que les
salariés et les bénévoles se sentent respectivement en
réelle situation d'inéquité individuelle. En effet, ils
estiment que leur ratio contribution/rétribution est
déséquilibré. L'équité collective
démontre le même état : salariés et
bénévoles ne s'apprécient pas. Il s'en suit des
réactions plus ou moins violentes où la finalité est de
rééquilibrer cette situation. Nous observons donc des actes
verbaux dont l'objectif est de dénigrer l'autre. L'arrivée des
salariés a fait émerger une autre forme de culture associative
où la notion économique devient aussi importante que l'aspect
social.
Introduction
« Dans les faits, nous fonctionnons
comme une entreprise avec les mêmes contraintes d'efficacité
économique et la même exigence dans la gestion des ressources
humaines. Mes préoccupations, de part la taille de notre organisation,
sont beaucoup plus proches de celle d'un DRH d'une grande entreprise que
n'importe quelle association en France », précise
Stéphane Barthuel, DRH de l'association La Croix Rouge Française
1(*) ».
Pour approfondir l'idée d'une
émergence d'une politique RH au sein des associations, j'ai
souhaité particulièrement m'intéresser à la
question de l'équité dans ce milieu où la valeur du don en
est la clé.
Alors que nous avons célébré
le centenaire de la loi de 1901 relative au « contrat
d'association » et que les médias nous sensibilisent à
une pénurie de bénévoles, j'ai voulu aborder et comprendre
comment les principes de gestion des ressources humaines sont instaurés
dans le but de gérer équitablement les salariés et les
bénévoles. J'ai rencontré le monde associatif par
l'intermédiaire d'un bénévole, occupant les fonctions de
DRH et se préparant à l'intégration d'un salarié
recruté pour accomplir les mêmes fonctions.
Le réseau de relations d'une association
comprend les salariés, les bénévoles, les
« usagers » et les institutions, que nous
caractériserons comme un réseau de relations et de registres de
normes de réciprocité qui informent les pratiques sociales dans
un groupe, comme des formes et normes sociales 2(*). De plus, le terrain associatif,
en pleine phase de professionnalisation, se dote de compétences
spécifiques, organise les statuts, met en place des équipes RH et
entre dans une période de gestion du capital humain.
Chaque acteur a des origines différentes,
des besoins différents. C'est en partant de ce constat et en appui sur
la théorie de Maslow, que nous allons tenter de définir les
relations sous l'angle de l'équité entre les salariés et
les bénévoles.
C'est donc en partant d'un modèle
démontrant des besoins différents entre les acteurs, d'une
évolution de ce que sont devenues les Ressources Humaines, que nous
essayerons de comprendre l'émergence de ce concept
d'équité entre les acteurs au sein des activités
quotidiennes. Avec des acteurs différents, aux besoins
différents, évoluant dans des organisations où la valeur
du don est importante et où la politique RH met en place des outils de
gestion du personnel, nous nous demanderons s'il existe cette relation
d'équité entre salariés et bénévoles.
Afin de pouvoir répondre à cette
question, nous allons, dans un premier temps, faire une photographie de la
situation actuelle des associations en France, cerner la politique RH actuelle
en caractérisant la relation salariés et bénévoles
en terme de besoins et définir le process d'équité
individuelle et collective. Puis dans un second temps, nous allons tenter de
vérifier si l'équité s'est instaurée dans les
relations entre salariés et bénévoles et analyser la
procédure de comparaison entre les deux acteurs et quelles en sont les
actions qui s'en suivent. Enfin, nous ferons certaines préconisations en
terme de gestion des ressources humaines afin d'améliorer la situation
actuelle.
PARTIE I : ELEMENTS
D'APPROCHE
Introduction
Afin de cerner l'environnement de l'association
actuellement en France, nous allons aborder les thématiques juridiques,
économiques et sociales de l'association. Pour cela, nous allons situer
l'association dans la progression juridique qu'elle a vécu, expliciter
le statut des acteurs en son sein, à savoir le salarié et le
bénévole et les valeurs les encadrant.
Puis nous allons aborder les Ressources Humaines
comme une thématique de gestion qui se déploie au travers
d'actions, de démarches empruntées aux entreprises du
secteur marchand et adaptées au secteur associatif.
Enfin, nous aborderons le concept
d'équité décliné au niveau de l'acteur et sous
l'angle des process RH.
La finalité de ces approches
théoriques vont nous permettre de proposer une grille d'analyse ayant
comme sujet l'équité entre salariés et
bénévoles au sein des politiques RH mises en place dans les
associations.
CHAPITRE 1 : APPROCHE
THEORIQUE DE L'ASSOCIATION ET DE SES ACTEURS
1.1 L'association, comme unité
juridique
L'association est régie juridiquement par
la loi de 1901, qui stipule les modalités de création., et qui
peut se définir par trois éléments :
- Une convention entre deux personnes physiques ou
morales minimum
- Une durée : elle se
caractérise par sa permanence
- Un but : mise en commun des connaissances
ou des activités et sans répartition de
bénéfices.
On peut considérer qu'une association se
crée, car on trouve ses racines dans le constat d'un besoin social ayant
comme objectif de venir en aide à une catégorie de citoyens,
à la lumière d'une cause humanitaire ou bien pour
développer des activités hors champ professionnel.
1.2 . Une progression fulgurante dans le tissu
économique et social d'aujourd'hui
Renaud Sainsaulieu précise que
« le ressort de la création associative, c'est le sentiment
que la défense d'un bien commun exige une action collective pour se
faire entendre ». 3(*) Plusieurs facteurs expliquent la montée en
puissance du nombre d'associations sur le territoire français : une
montée du secteur tertiaire et plus précisément celui des
services à la personne, une précarité et une
pauvreté en hausse. « Marqueur social de l'échec des
solidarités nationales et des politiques sociales qui n'ont pas fait
barrage à la pauvreté et à la montée des
inégalités, la valorisation médiatique de l'engagement
citoyen est également un phénomène nouveau : Coluche
et le Téléthon dans les années 80, les artistes
réunis dans le collectif des « Enfoirés » ou
soutenant « Sidaction » 4(*)
L'Etat-Providence en France démontre un
certain manquement dans le tissu social et incite à la création
d'associations pour subvenir aux demandes de la population. Les
créations d'associations relèvent de quatre des principaux
thèmes : la culture, les loisirs, le sport et le social. Ils
représentent à eux seuls 64, 2 % des créations entre
1995-2004 .
Répartition des créations
d'associations sur dix ans (1995-2004) 5(*)
Nous pouvons noter dans ce tableau ci-dessus que
les associations en thématique de loisirs, et celles ayant un but social
sont les plus représentatives. C'est sur cette base que nous
construirons notre échantillon d'associations retenues et entrant
pleinement dans cette caractéristique.
Actuellement, il y a plus d'un million
d'associations sur le territoire français. Les ressources
financières des associations sont surtout des subventions de l'Etat et
des dons issus des particuliers et entreprises diverses.
Le monde associatif se définit par sa
grande diversité : diversité d'individus, diversité
de statuts et diversité d'organisation. Pendant longtemps, le terme
d'association a été assimilé à celui de
bénévole.
1.3 Les acteurs des associations
Afin de comprendre l'association au niveau de ses
acteurs, nous devons aborder l'association comme une organisation
répondant à des attentes internes et externes. L'objectif est de
pouvoir appréhender l'individu et le groupe dans l'organisation.
1.3.1 A la recherche d'une
définition
Une organisation est un ensemble d'
individus, regroupés
au sein d'une structure régulée, dans le but de répondre
à des besoins et d'atteindre des objectifs déterminés
6(*). Cette
définition met en lumière trois idées principales :
« ensemble d'individus », « structure
régulée » et « répondre à des
besoins ».
L'association au sens organisationnel est composée
d'individus, tous unis dans l'aboutissement du projet associatif. Sous une
apparence simpliste, « l'association est en fait un groupement
complexe entre des personnes, de part la multitude des formes qu'elle peut
revêtir et la variété des modes d'organisation qu'elle peut
contenir, parfois à son corps défendant 7(*) ». Nous pouvons
aisément comprendre que le fait d'avoir un ensemble d'individus oeuvrant
pour une même cause, nécessite une organisation précise
dans le but d'optimiser la réponse aux demandes des citoyens. La partie
suivante s'attachera à définir le niveau de
« complexité de ce groupement de personnes » .
1.3.2 La complexité d'un ensemble d'individus
1.3.2.1 Le bénévole
A chaque étape de sa « vie »,
l'association a en son sein des acteurs aux statuts différents. De
manière générale, ce sont des bénévoles et
d'ailleurs le directeur de l'organisation est régulièrement
choisi parmi eux afin de porter le projet de la création.
Selon l'estimation générale de l'INSEE 8(*), il y a en France environ 13
millions de français de plus de 15 ans, que l'on peut qualifier de
bénévoles. Cela représente 27 % de la population
française. Plus d'un français sur quatre a pratiqué le
bénévolat.
Source : Enquête Matisse LES CNRS 1999 auprès
des associations
Dans ce tableau, trois secteurs sont mis en gras, car ils
représentent les secteurs d'activités des associations qui seront
étudiées. D'ores et déjà, nous pouvons constater
que celles analysées (2 sur 4) dans ce dossier, se situent sur des
activités peu développées et les autres dans les
activités plus courantes. Cette remarque va permettre en partie de
comprendre l'évolution organisationnelle et politique.
1.3.2.2 Le salarié
L'autre acteur ayant toute sa place au sein des associations
est le salarié. Il s'agit somme toute d'un statut classique de
salarié, comme nous pouvons l'observer dans le secteur marchand. Il y a
près de 1,65 million de salariés dans le milieu associatif en
France 9(*). Le
développement de ce secteur et sa professionnalisation entraîne
une augmentation croissante de nouveaux emplois.
Selon l'enquête Matisse-LES-CNRS auprès des
associations (1999) , 16,4 % des associations emploient des salariés.
De façon globale, le travail à temps partiel est très
important dans les associations. La mesure de l'équivalence Temps Plein
10(*) est de 907 000
emplois.
Source : Enquête Matisse-LES CNRS 1999 auprès
des associations
Nous constatons donc que les associations ont dans leurs
effectifs deux types de profils : le bénévole et le
salarié. En effet, si nous nous référons à la
définition étymologique du terme
« bénévole », qui vient du latin
« bonus velo » et se traduit mot à mot
« celui qui veut du bien » à celui de salarié
que l'on associe au mot « rétribution d'un travail que l'on
fait pour quelqu'un », nous notons qu'il existe deux finalités
différentes. Nous pouvons nous interroger sur la relation existante
entre ces deux statuts atypiques, où se côtoient
régulièrement d'une part les activités mais aussi d'autre
part la vie de l'organisation.
1.3.3 Etude comparative des deux statuts
Nous allons nous attacher à déterminer quelques
points précis de comparaison de façon à limiter cette
analyse, en nous référant aux cinq fondements de l'action
bénévole de Jean-François Pépin 11(*).
ü Engagement
ü Liberté
ü Acte sans but lucratif
ü Appartenance à une structure
ü Bien commun
1.3.3.1 L'engagement
- Un aspect juridique en place
Les deux acteurs sont « encadrés »
par une notion d'engagement mais qui s'appréhende différemment.
Un bénévole a surtout un engagement moral. En effet, dans de
nombreuses associations, et après une « période
d'essai », le bénévole peut se voir proposer un
« engagement » pour une période de 2 ans. L'objectif
est double : entrer dans une phase de professionnalisation en
développant l'axe de l'intégration mais aussi maintenir
l'individu au sein de l'association. La jurisprudence a déterminé
l'existence d'un lien de préposition 12(*),
ce qui correspond au lien de subordination juridique, au
pouvoir de donner des ordres. Quant au salarié, son engagement est
matérialisé par le contrat de travail écrit.
Les notions de salariés et de bénévoles
recoupent deux champs juridiques différents, même s'ils sont
rattachés tous deux au droit des contrats :
Le contrat d'association 13(*) est un acte privé qui lie deux personnes
étant et restant à un même niveau de prérogatives et
d'obligations. Il est fondé sur le volontariat et le
bénévolat, chacun gardant la liberté de doser sa
contribution au contrat. Nous observons actuellement l'émergence d'un
nouveau mode d'engagement basé sur une relation implicite des liens
d'activité entre l'association et le bénévole
Le contrat de travail est également un acte
privé, mais soumis à d'importantes contraintes de droit public.
Il lie, une fois signé, des personnes qui n'ont pas les mêmes
prérogatives, puisqu'il instaure un lien de subordination entre
l'employeur et le salarié. Les obligations réciproques, salaire
contre travail, sont plus rigides et relèvent du droit du travail pour
tout ce qui touche aux droits à congés, à formation,
à couverture sociale.
- Des salariés de plus en plus présents
Dans la plupart des associations, les salariés se sont
imposés au fil des années comme une nécessité,
voire comme un mal nécessaire. Le professionnel salarié de
l'association n'a pas été le fruit d'une démarche
raisonnée ou calculée, mais l'aboutissement d'une série de
décisions, qui ont rendu obligatoire l'existence d'un professionnel. La
politique de l'emploi, intégrée depuis les années 1980
dans le secteur non marchand est axée, sur l'accueil des contrats
aidés. Les dispositifs spéciaux en terme de financement
contraignent les associations à développer le recours à
l'emploi. De plus, le mouvement de professionnalisation ne concerne que 20 % du
nombre des associations, dont 54 % n'emploient qu'un ou deux salariés.
L'emploi s'est fortement développé : +20 % d'«
associations employeurs » entre 1990 et 1999 14(*) .
Source : « Logiques associatives et financement
du secteur associatif : éléments de cadrage »
Viviane Tchernonog, Matisse-les-Cnrs
- La liberté
Ø Deux types de libertés
La liberté est une notion qui désigne d'une
manière négative l'absence de
soumission,
de
servitude
et de détermination, c'est-à-dire qu'elle est une notion qui
qualifie l'indépendance de
l'être
humain.
Le bénévole a donc une capacité d'action
libre vis-à-vis de l'association. Mais dans cette démarche qui se
veut volontaire, le bénévole à des comportements
rationnels, ce que le salarié a aussi mais de façon
atténuée. En effet, la liberté d'action du salarié
sera dictée par le lien de subordination qui le lie à
l'association, qui se veut être son employeur. Pourtant dans toute
liberté d'action, il existe une forme de contrainte, puisque chacun est
soumis à des règles économiques, sociales, culturelles et
morales. Le salarié a aussi une liberté d'action mais plus
modérée. Il est soumis au lien de subordination. Mais cette
liberté que nous qualifierons de relationnel existe vraiment puisque
nous sommes dans un échange où l'objectif est l'instauration de
la confiance.
Ø Lorsque la liberté d'action influence les jeux
de pouvoirs
Cette faculté d'action libre va influencer les
relations et leurs jeux de pouvoirs. En effet, en appui sur les travaux de Maud
Simonet-Cusset 15(*), les
deux acteurs échangent leurs idées, leurs actions. Malgré
une notion de liberté divergente, beaucoup de bénévoles
expliquent leurs activités comme un « travail ». Les
interventions se font en situation réelle et la relation
d'échanges est constante entre le salarié et le
bénévole. Chacun compte l'un sur l'autre. Pour faire un
parallèle avec Crozier (1977), la liberté de l'acteur
(salarié et bénévole) réside aussi dans la
manière d'interpréter les actions. De ce principe, il va
découler une stratégie des acteurs qui sera basée sur la
manière dont chacun voit l'organisation en fonction de ses objectifs.
Sommairement, la liberté dans un contexte juridique des
acteurs est réelle pour les bénévoles et moindre pour les
salarié, puisque l'« employeur-association » aura un
pourvoir disciplinaire. Pourtant chaque acteur à une liberté
d'action, guidée par ses objectifs et qui conditionne sa
stratégie avec les autres.
- Acte sans but lucratif
Ø Ce n'est pas toujours une question
d'argent !!!!
Les membres d'une association ne partagent pas les
bénéfices : ils sont de fait réinvestis. D'un point
de vue strictement financier, il est interdit de donner le fruit des
excédents aux membres de l'association. Certes, l'action au sein de
l'association est sans but lucratif, pourtant la notion de gain existe
réellement surtout chez le bénévole. En effet, il
perçoit des « salaires symboliques 16(*)». Pour Dan
Ferrand-Bechmann, l'acte gratuit n'existe pas, chaque bénévole a
une récompense cachée : une reconnaissance au niveau local,
au niveau de l'organisation. Le bénévole s'appuie sur le fait de
se donner : il apporte une aide concrète. Le retour « sur
investissement » n'est pas obligatoire, ni inévitable. Par
contre, le salarié sait assurément que l'ensemble de ses actes,
lui apporte chaque mois un salaire. « Si le bénévole
travaille sans fiche de paie, par contre les « salaires symboliques
sont nombreux..... Derrière chaque bénévole se cache une
récompense cachée, un désir de reconnaissance dans son
quartier ou son groupe d'appartenance » 17(*).
- Appartenance à une structure
Chaque acteur de l'association est partie intégrante
d'un groupe, d'une structure aux modes de fonctionnement, de pensée
spécifiques. Comme nous l'avons abordé
précédemment, l'acteur bénévole et l'acteur
salarié ont un degré de liberté, un engagement
différent. Cela s'explique par le fait que chacun à des besoins
différents. Le bénévole choisit l'association en fonction
de ses goûts, de son passé professionnel, mais aussi de ses
valeurs. Certains bénévoles s'orientent vers le
bénévolat, car il s'agit de perpétrer une tradition
familiale : « mon père était
bénévole, je serai bénévole » . Le
salarié a une proposition de compétences : il s'adresse
là où il y a besoin de ce type de compétences. Son
intérêt est, dans un premier temps, de trouver du travail. Puis,
comme le salarié réfute le concept de
« performance » dans le sens du secteur marchand, il
s'oriente vers le secteur associatif.
Sur fond d'objectif commun se profilent non seulement une
demande et un besoin de reconnaissance de la part des bénévoles,
mais aussi une recherche d'équité de la part des salariés
et des dirigeants. De plus, cette
« complémentarité » est nécessaire
pour répondre à une situation économique difficile :
une concurrence de plus en plus accrue dans l'accès aux financements,
une course à la crédibilité et à la transparence
dans le but d'attirer des dons et des acteurs de plus en plus exigeants.
- Le bien commun
Le bien commun au sens général implique un
objectif unique où chaque individu oeuvre dans l'intérêt
général. Cette existence conditionne la reconnaissance d'un
modèle commun. Au sein des organisations, s'installent des relations
dites d'équivalence, qui donnent une cohérence, une
homogénéité De part cette situation, la relation entre les
acteurs se veut uniforme et permet la construction d'un intérêt
commun. Thévenot et Boltanski (1991) affirment que l'individu A est
équivalent à l'individu B. Ce qui dans la réalité
associative veut traduire une égalité de considération
entre les bénévoles et les salariés mais aussi entre
chaque membre de chaque statut. Comme le précise Thévenot et
Boltanski (1991), l'individu, décrit par Bossuet dans la Cité
domestique, fait sacrifice de ses satisfactions personnelles pour le bonheur
commun, telle est la démarche du bénévole. Son
investissement dans le collectif mobilise le bénévole même
en dehors des heures de présence : il y pense, il en parle autour
de lui. Le salarié est plutôt établi dans une relation
où un lien social s'est crée à la vue des échanges
marchands. Il s'agit plus d'une situation acheteur/vendeur dans un
équilibre plus ou moins juste. La démarche du salarié se
veut plus individualiste : l'accent est mis sur l'autonomie de l'individu
par rapport aux règles collectives, l'individu s'affranchit de ces
normes imposées par d'autres, des tutelles traditionnelles qui
pèsent sur son destin : en ce sens, le salarié s'émancipe
puisqu'il est immergé dans une relation duelle avec l'employeur.
1.4 La théorie des besoins de Maslow
1.4.1 Les principes de la théorie de Maslow
La base du mouvement humaniste est de permettre à
chaque individu de se mettre en contact avec ses émotions et ses
perceptions afin de se réaliser pleinement. L'origine de ce process de
« réalisation de soi » est la motivation. Selon
Maslow, l'individu trouve une volonté d'agir pour satisfaire ses
besoins. Les besoins sont inhérents à l'individu et donc, par
voie de conséquence, au groupe. Parce qu'ils sont
hiérarchisés, un autre besoin ne peut être satisfait tant
que le besoin initial n'est pas obtenu.
« Pyramide de
Maslow »
Le modèle des besoins se lit de bas en haut comme
l'indique la flèche. Les premiers besoins dits
« physiologiques » sont axés sur tout ce qui est
important pour la vie : la nourriture mais aussi en terme de salaires. Les
besoins dits « de sécurité »
représentent l'emploi, la sécurité. Les besoins dits
« d'appartenance » sont la classe sociale, les syndicats.
Les besoins dits « d'estime » sont la compétence, la
recherche du prestige social. Les besoins dits « réalisation
de soi » sont l'accomplissement social par le métier.
Un individu dans un groupe va rechercher le besoin de
sécurité pour atteindre celui de l'appartenance. La satisfaction
d'un besoin et la recherche d'un autre besoin a un effet sur la motivation.
Pour développer cette motivation, le process d'enrichissement des
tâches a pu être une réponse. Au niveau de l'organisation
associative, pour chaque statut (salarié et bénévole), la
hiérarchisation des besoins semble différente à cause de
la diversité des facteurs externes. Le salarié recherche donc,
dans un premier temps, à combler les besoins de physiologie et de
sécurité : il travaille pour recevoir une
rémunération lui permettant de vivre et d'établir une
relation de travail, où il exercera sans être dans le cercle de
l'évaluation.
Pour lui, le travail rémunéré est avant
tout une réponse à un besoin physiologiques et de
sécurité (j'ai faim, je dois manger à ma faim, c'est pour
cette raison que je travaille : pour avoir un salaire).
Il nous semble que, pour le bénévole, le besoin
dit de base est comblé. En effet, ce sont des acteurs, retraités
ou bien salariés donnant quelques heures par semaine. Les
bénévoles veulent être reconnus pour eux-mêmes, ils
ont le goût des autres, la recherche des relations, ils veulent
bâtir un projet avec d'autres 18(*). Le « temps
bénévole » consacré par l'individu lui apporte
la satisfaction d'avoir été utile à la
société du fait de sa propre décision et pour son propre
plaisir ou pour sa conscience19(*). Robert Castel définit l'expression du travail
comme une utilité au monde 20(*). De façon globale, les personnes qui font du
bénévolat cherchent une « reconnaissance
collective », à « donner du sens à sa
vie », et à « refuser le rapport instrumental
à autrui ». Nous constatons donc que les besoins entre le
salarié et le bénévole sont différents.
Tiraillées entre les objectifs à long terme et ceux à
court terme (logique financière), les organisations doivent
développer leur capital humain en élaborant des conditions
sociales optimales où chaque spécificité est
respectée. Nous pouvons nous interroger sur les relations entretenues
entre des acteurs ayant des besoins différents.
1.5 Rappel des composantes importantes de cette
partie
L'association, structure ayant comme fondement une
démarche sociale, entre dans une phase de professionnalisation,
où se côtoient souvent deux acteurs : le salarié et le
bénévole. Oeuvrant logiquement ensemble pour un projet
associatif, ce sont des statuts aux objectifs différents.
Aux vues de la littérature, les questions suivantes
peuvent se poser :
- Le salarié est-il plutôt dans une situation de
reconnaissance par la rémunération en numéraire, le
bénévole est-il plutôt en quête de reconnaissance
qu'il traduit par l'«exercice à titre
gracieux » ?
- Un bénévole « contrairement au
salarié, ne perçoit aucune rémunération en
contrepartie de son investissement » 21(*). Sa
« rémunération » ne se positionne t-elle pas
uniquement dans la reconnaissance qu'il perçoit auprès des
autres ?
L'ensemble des qualificatifs propres aux
bénévoles et aux salariés semble ne pas appartenir au
même champ lexical. Toute la difficulté pour l'élaboration
d'une politique RH est de prendre en considération cet état de
fait et d'adapter chaque outil RH en fonction de la population à
gérer et à valoriser afin d'obtenir le même
résultat.
- Une hétérogénéité des
besoins conditionne t-elle des relations différentes ?
Ces questions vont faire l'objet de notre recherche dans la
seconde partie de cette analyse.
CHAPITRE II : INTRODUCTION D'UNE POLITIQUE
RESSOURCES HUMAINES ET SES OUTILS
Le monde des associations est en pleine effervescence, car ce
sont les seules structures qui répondent à une attente des
citoyens. Dans les années 2000, des méthodes de gestion largement
importées des entreprises ont été importées puis
adaptées au monde associatif. Une évolution significative en
matière de législation est à noter: la force politique
donne une impulsion concrète à ce monde.
2.1 Une nouvelle organisation
Afin de comprendre l'avènement des Ressources Humaines
dans les associations, nous allons aborder les évolutions
organisationnelles et sociales de l'association.
2.1.1 : Un nouvel acteur : l'Etat Providence
La dimension socio-politique des organisations sociales est
apparue au XIXème siècle avec l'émergence d'un
marché en pleine extension. Salomon (1987-1990) rappelle que les
associations étaient « les premières lignes de
défense » élaborées par la société
mais que ses faiblesses (amateurisme) avaient obligé à une
collaboration de l'Etat. Il ne peut donc être admis d'isoler
l'association de l'Etat. En effet, les associations sont du domaine
privé mais les financements qui les font vivre viennent de la
sphère publique. Les processus d'échange passent obligatoirement
par une administration. Nous verrons plus loin que l'inter-relation entre
association et Etat-Providence va dans les deux sens : il y a apport de
fonds financiers publics et l'association se découvre comme un bassin de
gisements d'emplois.
Le poids des associations dans la vie nationale devient
cependant plus sensible dans tous les domaines, y compris dans
l'économie et l'emploi. N'ayant pas une part de budget importante pour
lutter contre les situations précaires, l'État et les
collectivités dépendent de plus en plus de ces partenaires
incontournables, car elles apportent une réponse.
Cette présence de l'Etat s'explique par deux
constats :
- une apparition à grande échelle des
phénomènes de pauvreté et d'exclusion, conséquence
du retournement économique de la fin des « Trente
Glorieuses », que « l'indifférence devient
difficile, sinon insoutenable »
- l'Etat providence ne peut plus répondre aux attentes
de la population et comprenant parfaitement l'enjeu favorise les associations
et leurs actions en pensant pallier à ce manque .
2.1.2 Les axes d'intervention de l'Etat pour expliquer son poids
Les financements publics : le
financement des associations vient de l'Etat qui accorde une part
importante des subventions aux associations avec ou sans salarié. Au
moins 65 % d'entre elles en bénéficient.
« Tableau des financements publics dans
l'association »
Communes
|
60%
|
Conseil Général
|
17%
|
Etat-ministères
|
14%
|
Régions
|
4%
|
Fonds européens
|
1%
|
|
|
Source : Enquête Matisse LES CNRS 1999
auprès des associations
Selon l'enquête de Viviane Tchernonog 22(*), il est à noter
que : le secteur d'activité a une influence sur le type de
financement. En effet, les associations humanitaires et caritatives ont un
pourcentage de fonds privés plus important. Nous constatons d'autre part
que l'état intervient plus dans les associations dites
« employeurs ».
« Répartition des financements publics et
privés selon l'existence d'emploi salarié dans
l'association »
Source : Enquête Matisse-LES CNRS 1999 auprès
des associations
Le financement auprès des associations se distingue en
deux pôles. Ce sont ou des financements publics participant à une
logique de soutien à un projet ou à une organisation de
fonctionnement ou bien correspondre à une logique d'achats de
prestations sous forme « d'appel d'offre ».
Lors de l'intervention du premier ministre de l'Etat
français, il a été versé 100 millions d'euros
supplémentaires pour « soutenir et développer l'action
associative dans les quartiers défavorisés 23(*) ».
l'aide à l'emploi : Les associations ont
un rôle central dans la lutte contre le chômage mais aussi dans le
« resserrement du lien social ». La crise économique
a crée un lien de dépendance entre les associations et l'Etat
caractérisée par une instrumentalisation : appel massif vers
les associations reconnues comme « une niche à
emploi ». L'idée est d'être sur la logique de l'emploi.
Les dispositifs permettent aux associations d'accéder aux contrats
aidés (type emploi-jeunes ou CES), ce qui a eu comme effet d'augmenter
le nombre de salariés dans les associations.
le soutien au milieu associatif : Face à
l'absence de réseau national structuré de mise en relation, de
nombreuses initiatives ont vu le jour ces dernières années,
à l'initiative tant des pouvoirs publics que d'organismes privés,
reposant sur une motivation partagée.
Les initiatives publiques 24(*) sont de l'ordre de deux axes qui se
développent aujourd'hui : d'une part, les
« CRIB » (Centres de ressources et d'information des
bénévoles), sous l'impulsion des services
décentralisés du ministère de la jeunesse, des sports et
de la vie associative et, les maisons du bénévolat mises en place
par les collectivités territoriales et d'autre part les maisons du
bénévolat, car de plus en plus de collectivités
s'appuient sur les associations comme des relais locaux ou même comme des
partenaires pour la mise en oeuvre de leurs politiques.
Nous observons donc que les associations étant de plus
en plus sous tutelle de l'état, déclinent un environnement plus
complexe où se côtoient l'Etat, les régions et les
départements, tout cela sous couvert de course à la subvention.
2.1.3 La solidarité
Les actifs sont ainsi ceux qui s'engagent le plus (30 %), avec
les retraités (23 %)25(*) et les inactifs (18 %). La position des
chômeurs mérite d'être relevée puisqu'ils sont 20 %
à avoir un engagement. Pour eux, le bénévolat est un
moyen de maintenir un lien social et de faire valoir leurs
compétences. Dan Ferrand-Bechmann, dans Bénévolat et
solidarité, nous définit le bénévolat comme le lien
social, « car il articule l'individuel, le collectif, l'action
personnelle et l'action organisée associative». Dans le contexte
social actuel, l'individu est en recherche de solidarité et de
fraternité et l'exercice d'actions bénévoles permet
« la réalisation de soi, la créativité,
l'initiative 26(*) ». Cette solidarité, alors moteur
d'action, dévoile un sentiment d'appartenance, « qui engendre
des relations sociales 27(*) » entre dans le registre de la logique de
réciprocité. Le lien social, qu'est celui de la solidarité
permet de déterminer une caractéristique propre à ce
groupe, et cette notion de lien est l'un des constituants de la construction de
l'identité.
2.2 La professionnalisation du service RH et par
conséquent des acteurs
Suite aux différentes mesures législatives (dont
la loi de mars 2000), les associations ont dû adapter leur
démarche organisationnelle afin de répondre à leur
environnement concurrentiel. Parce que l'objectif essentiel de la GRH est de
disposer à temps en effectifs suffisants et en permanence de personnes
compétentes et motivées pour effectuer le travail
nécessaire en les mettant en situation de valoriser leur talent avec un
niveau élevé de performances et de qualité et ceci dans un
climat le plus favorable.
2.2.1 : La mise en place de la professionnalisation
La dimension organisationnelle peut être
appréhendée comme synonyme de coopération entre les
individus. En effet, dans le cadre d'un but commun (le projet associatif), tous
oeuvrent dans la réalisation des actions, la hiérarchie
s'établit naturellement, parce que cette organisation vit pour sa
survie. Pourtant, l'association se veut une organisation au sein de laquelle un
ensemble d'individus est uni par des valeurs communes. C'est pour anticiper ce
phénomène et parce qu'une demande semble de plus en plus
prononcée, que l'ensemble des acteurs a souhaité
« professionnaliser » les bénévoles et par
conséquent l'association. Parce que le mouvement de professionnalisation
est récent dans les associations, nous nous appuierons sur des outils RH
du secteur privé.
Le phénomène de professionnalisation fut mis en
place afin de répondre à plusieurs exigences :
-Des faits externes comme la concurrence entre les
associations,des bénévoles de plus en plus mobiles et
flexibles
-Des faits internes comme une demande explicite de la
part des acteurs des associations .
Pour ce faire, des services de GRH sont apparus dans les
associations et pour confirmer ce mouvement d'évolution, nous prenons
appui sur Fombone ( 2001), qui dit « on peut dire que le
XIXème siècle est celui de la fonction
« Personnel » sans services de personnel, le XXème
siècle sera celui de la fonction « Personnel » avec
services du Personnel ».
Les Ressources Humaines vont être sous l'influence de
deux facteurs :
renforcement du droit social
mouvements de contestation sociale.
En illustration de ce courant d'évolution, une
enquête a posé à 4500 DRH en décembre 1998 la
question suivante : choisissez deux facteurs d'évolution
susceptibles d'avoir une influence sur la fonction
« Personnel » des entreprises 28(*) ?
Le concept de « professionnalisation 29(*) » peut se
décliner en association sur
une logique de compétence (situation d'apprentissage
de nouvelles compétences pour réaliser au mieux un travail
attendu)
une logique de qualification ( pour atteindre un autre
statut, une nouvelle formation qui se veut diplômante est faite et donc
mise en jeu d'un titre, d'une fonction)
une logique professionnelle ( une reconnaissance d'une
spécificité).
Parce que le concept de professionnalisation est synonyme
d'évolution de la fonction RH, cela s'accompagne par l'apparition d'axes
de travail : nous observons que le service RH sort d'un rôle
administratif et s'oriente vers des fonctions prenant davantage en
considération l' acteur comme être ayant des compétences
à exploiter.
Les ressources humaines font place à un service du
personnel. B Galambaud précise, à ce titre, que dans l'expression
`gestion des ressources humaines', ce qui est important c'est le mot `gestion'.
En effet, l'homme devient un objet de gestion. Cela renvoie donc à la
rationalisation de pratiques RH : développement des
compétences, développement de la formation, fidélisation
et maintien de la motivation.
En prenant comme base une enquête réalisée
en décembre 1998 30(*), et pour laquelle 4500 DRH ont été
interrogés, nous pouvons remarquer l'évolution donnée, les
axes évolutifs de la RH sont en priorité le changement
organisationnel, ce qui correspond à l'environnement économique
en mutation, le développement de l'individu en tant que
compétences à explorer dans le cadre de la carrière mais
aussi dans celui des métiers en évolution.
Nous observons sur ce graphique que les activités de la
fonction RH ont augmenté de :
- 73 % en communication interne et information du personnel
- 66 % dans le domaine de la validation de compétences.
L'origine de ces axes de politique se situe au niveau des
demandes explicites ou implicites des acteurs composant l'organisation :
nous assistons à une mutation du salariat et du bénévolat.
Les acteurs exigent plus d'informations au sens général et
« un véritable parcours professionnel » au coeur de
l'organisation.
2.2.2 Les éléments constitutifs de la GRH
31(*) en
association
Les pratiques de gestion désignent les activités
opérationnelles : recruter, évaluer, former,
rémunérer, mobiliser les acteurs composant l'association. Toutes
ces items gestionnaires font l'objet d'une formalisation et d'un outillage
accrus. Selon le choix politique de l'association, les outils et
procédures sont plus ou moins finalisés.
Parce que l'association doit considérer son personnel
comme une ressource, les outils de gestion du personnel ont donc eu comme
support des éléments constitutifs, qui répondent aux
contraintes d'environnement économique, aux contraintes des
règles juridiques, aux
contraintes de la diversité des acteurs et apportent
une réponse gestionnaire en terme de politique sociale.
C'est à partir de ce modèle
d'éléments constitutifs d'une fonction RH, que nous allons
pourvoir comprendre la logique gestionnaire au niveau du personnel qui
s'opère au sein des associations.
2.2.2.1 Les éléments constitutifs d'une
GRH
(Source : « La gestion des ressources
humaines » chap I, page 19)
Le facteur humain est aussi un élément important
dans la gestion des ressources humaines. Le type de gestion RH tend à
dévier de l'administration du personnel vers la stratégie RH tout
en maintenant quatre grands pôles. Recruter, mobiliser, former et
communiquer sont les piliers de la politique RH dans les associations. Afin de
mettre en place ces grandes politiques, le service RH de l'association doit
parfaitement identifier son environnement. Les Ressources Humaines en
association se positionnent identiquement avec les Ressources Humaines en
entreprise : la qualité du service prime. Pour cela, il est
important d'adopter la démarche d'une « relation
client » classique dont les salariés, les
bénévoles, la direction de l'association et les usagers
bénéficieront. Les Instances Représentatives du Personnel
sont aussi des partenaires qu'il ne faut pas oublier. Rappelons que
l'association en sa qualité de structure juridique est soumise au code
du travail et à une convention collective, ainsi n'a-t-elle pas en son
sein des délégués du personnel, des membres du
Comité d'entreprise et/ou des délégués
syndicaux ? L'environnement de l'association sans cesse en mutation doit
être un aspect à prendre en compte : une concurrence
agressive, une population aux différents statuts, aux différents
problèmes, dûs à un ralentissement de la croissance et,
toujours plus nombreuses les mutations technologiques auxquelles il faut
s'adapter pour assurer une réponse rapide et claire à l'usager
ainsi qu'une présence de l'état par le biais des financements.
2.2.3. Les facteurs externes qui orientent la politique RH
adoptée dans les associations
L'environnement économique et social ainsi que le
marché de l'emploi entourant l'organisation sont des facteurs
d'influences que nous allons identifier et analyser.
2.2.3.1. Des réponses à des profils en mutation
dans le cadre du recrutement et de l'intégration
Dan Ferrand Bechmann, dans « Le métier de
bénévole » (2000) parle d'une
« régression » 32(*) dans la valeur même des
bénévoles. Tous n'ont pas été formés. Tous
n'appréhendent pas les actions ou les tâches de la même
manière, ce qui peut engendrer des situations conflictuelles. De plus
cette inéquité au sein d'un même statut va provoquer un
flux migratoire de certains vers d'autres secteurs. L'association se trouve
face au risque du turn-over de ces bénévoles. Dan
Ferrand-Bechmann (2000) préconise la formation de l'ensemble des
acteurs, ce qui a été l'objet d'une réforme. De plus,
comme le précise le communiqué au Sénat
« Bénévolat : état des
lieux »33(*) le
bénévolat dans le sens de l'engagement dans la durée est
devenu obsolète : aujourd'hui les acteurs des associations sont
mobiles géographiquement et professionnellement. De plus, pour les plus
jeunes, ils sont entrés dans le processus de la démarche
individuelle. Actuellement, un individu entre au service d'une association
particulière, car une telle expérience valorisera le CV. Pour
cela, l'association prend en référence l'outil RH dans le secteur
marchand et adapte un process précis de recrutement et de
fidélisation. Classiquement, les offres d'emploi, qu'elles s'adressent
aux salariés ou bien les offres d'activités pour les
bénévoles sont l'objet d'une réelle
évaluation : fiche de poste, concertation avec l'équipe
encadrante, détermination des compétences nécessaires. La
première approche du candidat doit être positive, car il doit
comprendre que ses compétences correspondent parfaitement aux valeurs et
besoins de l'association. L'entretien est un moment d'échange où
sont mises en lumière les valeurs de l'association. Or, la
démarche de valorisation des valeurs véhiculées se veut
différente selon qu'il s'agit d'un bénévole ou d'un
salarié. Pour cela, les professionnels du RH se basent sur des
documents propres à l'association tels que la charte du
bénévole ou celle de l'association 34(*). Il est nécessaire de
prendre en considération que présenter et baser l'entretien de
recrutement d'un salarié sur le projet associatif risque de ne pas avoir
de résultats : « Le projet associatif ne s'incarnait pas
dans une approche professionnelle du combat mais dans une militance 35(*) ». Après la
validation par l'ensemble des acteurs décideurs, l'acteur est
intégré en valorisant tant le salarié que le
bénévole dans une équipe qui se veut
hétérogène. Pourtant, l'arrivée d'un nouvel
élément dans une équipe déjà construite doit
faire l'objet de démarches distinctes. Il peut se manifester un
sentiment « d'invasion » de la part du nouvel
arrivé : la logique du don se trouve confronté à la
logique marchande 36(*).
2.2.3.2 Le principe de la formation et de la mobilisation
A ces deux items se juxtapose un concept qui est
complètement exclu du vocabulaire en RH associative :
l'évaluation. En association, le terme employé est celui
« d'évaluation de l'activité ». Il s'agit
classiquement d'un entretien qui se veut régulier. Son objectif est de
satisfaire les besoins du bénévole 37(*). Cette démarche
commence à se répandre dans les associations. L'objectif est de
faire « émerger des managers ». Dans certaines
associations, un « livret de suivi » est mis en
place : il permet au service RH de suivre l'évolution du
bénévole, mais il peut être aussi utilisé comme
« passeport de compétences » dans les autres
associations 38(*).
Le salarié, quant à lui, est inscrit dans un
système classique. Or, il se pose la question de savoir comment
intégrer ce type d'outil, synonyme du secteur marchand, alors que ce
sont des individus rejetant pleinement le principe de l'évaluation.
L'action de formation entre donc dans le cadre législatif :
L'employeur a donc l'obligation de former son personnel. La cotisation de
l'employeur est basée sur les salaires bruts annuels de l'année
N-1.
Nous pouvons nous interroger sur les fonds utilisés
pour ce cadre : en effet, la répartition par acteur doit être
moindre si l'association inclut les bénévoles. Pourtant, former
les bénévoles est impératif pour développer et
fidéliser ceux-ci. De plus, les axes de formation les plus retenus par
les associations sont de l'ordre du psychologique (situation de stress, de
détresse pour les acteurs), du partage et de la diffusion des valeurs
institutionnelles, initiation aux premiers secours 39(*). Il faut reconnaître
que les besoins de formation en association sont très spécifiques
et afin de déployer le nombre nécessaires d'action de formation,
les associations créent des centres de formation, mais qui sont surtout
axés sur les activités du secteur. Or, un salarié
travaillant en tertiaire (comptabilité par exemple) ne peut trouver une
réponse probante à sa demande de formation spécifique.
L'action de formation ainsi distribuée répond davantage aux
besoins du bénévole.
2.2.4. Rappel des problématiques émergentes pour
les ressources humaines
L'avènement des ressources humaines est incontestable
dans les associations : compétences à développer,
usagers-clients exigeants et un parcours financier à sécuriser.
Professionnaliser l'association fut la réponse à l'ensemble de
ces constats. Les bases servant à cette instauration ont
été puisées dans le secteur marchand et adaptées
à leur milieu. Les différences culturelles et sociologiques sont
telles, qu'une transposition pourrait être néfaste. Nous avons
noté que la population composant l'association a des valeurs, des
manières de penser différentes et des objectifs
différents. Le service RH se doit donc de prendre en
considération pour chaque process les particularités de chacun.
Recruter un bénévole nécessite une démarche et un
apport référentiel qui peut être différent du
salarié. De même mettre en place des outils dits
d'évaluation entre complètement en contradiction avec le
salarié, qui lui, semble rejeter le secteur marchand basé sur la
performance. Nous nous demandons à quel degré les RH ont pris en
considération les caractéristiques de cette population
hétérogène. Nous nous interrogeons aussi sur la notion
d'équilibre dans les rapports entre salariés et
bénévoles dans le cadre de la politique RH et surtout dans les
relations entre les acteurs.
CHAPITRE III : LE PRINCIPE D'EQUITE
« Les bénévoles et les salariés
devraient être gérés de la même façon quant
aux exigences liées à l'attitude professionnelle.....Une gestion
d'équipe cohérente et professionnelle, sans distinction entre
salariés et bénévoles, est ainsi préférable
40(*) ». Aucune
distinction entre les acteurs, tel est le principe de base de
l'équité. Après avoir abordé les thèmes du
couple salarié/bénévole et celui des ressources humaines,
nous allons tenter de comprendre ce que l'équité occupe comme
place au milieu d'une organisation associative où se côtoient des
acteurs différents et où se met en place une gestion des
ressources humaines.
3.1 Vers une approche de la notion d'Equité
L'équité est un sentiment de
justice naturelle et spontanée, fondée sur la reconnaissance des
droits de chacun, sans qu'elle soit nécessairement inspirée par
les lois en vigueur. Ce sentiment se manifeste, par exemple, lorsqu'on doit
apprécier un cas particulier ou concret sans se laisser guider par les
seules règles du droit.
En matière sociale, une répartition
équitable ne correspond pas à l'
égalité
au sens strict. C'est une "juste mesure", un équilibre, qui permet de
rendre acceptable une forme d'inégalité lorsque
l'égalité ne serait pas acceptable.
Historiquement, la notion d'équité se retrouve
dans les 14 principes du manager de Fayol : une combinaison de justice et
de bonté envers les subordonnés. Les travaux d'Adams (1963-1965)
démontre que le traitement de chacun permet d'établir une
comparaison. La somme entre « le traitement propre »
et celui de son collègue est égale à un résultat de
satisfaction ou d'insatisfaction. Si l'individu est insatisfait, alors il juge
que la situation lui est défavorable. Par conséquent, l'individu
va mettre en place toute une stratégie pour combler ce manquement. C'est
par ce jeu de comparaison entre deux situations que, selon Adams, nous mesurons
la motivation au travail.
3.2 . L'équité sous un angle
législatif
Nous retrouvons l'équité au sein de chaque
organisation, chaque entreprise, dès l'instant où il y a
management de personnes. L'équité dans la structure
économique marchande ou associative trouve son origine dans un premier
temps sous l'angle législatif. Voici quelques repères juridiques
afin de cerner l'environnement dans lequel les organisations
évoluent :
Tableau récapitulatif des dispositifs
législatifs au XXème siècle.
3.2.1 Vers une composante de
l'équité
Les relations, que chacun a avec autrui dans toutes les
situations et au sein desquelles la gestion d'individus se fait, implique la
notion d'équité. L'équité sociale peut se
positionner sur le terrain de l'entreprise mais aussi d'une organisation
marchande, ou pas, prestataire ou pas. Nous ajoutons que le terrain de
l'association est à prendre en considération, car
l'échange, la relation avec autrui, la nature de cette relation et une
organisation basée sur la gestion y sont caractéristiques.
L'équité s'installe dès l'instant où deux individus
échangent. Les échanges sont variables dans le sens où il
s'agit d'un lien subordonné/hiérarchie ou subordonné
/subordonné. En reprenant les 14 principes de Fayol (1916), où la
notion d'équité est déjà présente, il est
précisé qu'être équitable c'est une
« combinaison de justice et de bonté qui suscite
loyauté et dévouement, dans le cadre des rapports avec les
subordonnés 41(*) ». La notion d'échange est le
terrain opérationnel du jeu de l'équité. Et pour
caractériser l'équité, chacun va observer l'autre et
surtout comparer la nature des échanges. Il ne s'agit aucunement d'un
outil de mesure basé sur des chiffres, mais plutôt une
observation, une analyse personnelle de chaque acteur. Ceci veut traduire que
la qualification apportée à l'équité peut varier
d'un individu à un autre.
En prenant comme référence la théorie
d'Adams, nous démontrons que la situation de non-équité
est source de motivation pour agir. Pour obtenir une situation
d'équité/non-équité, l'individu met en place trois
phases :
L'évaluation de l'échange
Chaque individu établit, surtout lors des
périodes de réévaluation des rémunérations,
un rapport entre ce qu'il donne comme contribution et ce qu'il reçoit en
échange. Ce rapport se retrouve aussi dans le cadre d'une relation
hiérarchie/subordonné.
Un schéma illustre la relation de cause à
effet : « l'individu A donne son expérience, sa
formation, son temps (contribution) pour la réalisation d'un projet dont
l'individu B est le garant de la réussite. De cette relation, l'individu
B donne des signes de reconnaissance, des encouragements, mais aussi l'octroi
de primes ou bien de formation dans le cadre du développement des
compétences (rétribution).
Le rapprochement de ces deux axes
contribution/rétribution permet de déterminer un rapport
appelé « Ratio d'équité ». Ce ratio
permet d'établir la relation d'échange avec la hiérarchie
mais aussi avec les collaborateurs. Ainsi le ratio C/R
(contribution/Rétribution) peut être
déséquilibré. Cela implique que l'acteur doit alors avoir
un autre schème autrement basé que sur la comparaison de son
ratio avec celui d'un collègue ou collaborateur. Dans le cas où
le ratio C/R est à l'équilibre, l'individu se satisfait de sa
situation et n'intente rien
La comparaison
Le ratio d'équité n'a vraiment de sens que
lorsqu'il permet une comparaison avec d'autres individus dans la même
situation. Ainsi, l'individu procède à l'évaluation des
rétributions et contributions des personnes lui servant de
« modèle ». Cet autre processus est alors mis en
place : celui de comparer son ratio d'équité avec celui de
son référent.
L'individu A après avoir analysé son ratio
rétribution/contribution (RC1), observe et tente de comprendre la nature
de la relation du ratio rétribution/contribution (RC2) de l'individu B,
son modèle.
Dès cet instant, trois hypothèses en
découlent :
1ère hypothèse : Le ratio
de l'individu 1 (RC1) est égal au ratio de l'individu 2 (RC2)
Dans ce cas, la comparaison fait ressortir deux ratios
égaux : l'individu 1 estime selon sa perception des choses que la
contribution qu'il donne et sa rétribution correspond à ce que
l'individu 2 donne aussi.
2ème hypothèse : Le ratio
de l'individu 1 (RC1) est déséquilibré en sa faveur.
Il est en situation de sur-équité.
3ème hypothèse : le ratio
de l'individu 1 est inférieur au ratio du référent (RC2).
L'individu 1 se trouve en situation de
sous-équité
L'action
Suite à chaque comparaison opérée et
quand l'individu a déterminé la situation résultante, une
réaction s'en suit :
- La situation d'inéquité peut provoquer des
états de tensions, des violences, des comportements de
sous-production : la motivation devient alors source d'objectifs
négatifs « parce que l'individu B a plus de
considération que moi, individu A, alors je décide de participer
normalement sans faire trop d'efforts au projet ». D'autres actions
peuvent être exercés sur le référent : cela
peut se traduire par une rétention d'information, mais aussi des
« peaux de bananes ». Instaurer un climat froid, non
convivial est aussi un moyen pour agir sur l'individu référent.
L'inéquité peut être à l'origine d'un
épuisement professionnel chez l'individu, qui alors tombe en souffrance
mentale et physique. L'issue peut être un état dépressif.
- La situation de sur-équité peut engendrer dans
un premier temps un sentiment de supériorité, un sentiment de
flatterie. Dans un second temps, l'individu se pose la question concernant cet
état de «grâce ». L'individu ressent un profond
malaise : il se demande ce qu'il a fait pour arriver à cela, voire
n'est-ce pas une meilleure manière pour davantage lui faire remarquer
ses non-compétences ou sous-compétences ». Pour
rééquilibrer la situation, l'individu modifie son comportement
(il va modérer sa participation à un projet par exemple) ou bien
il demandera davantage d'informations sur les critères d'attribution
d'une part variable dans son package de rémunération.
- La situation d'équité est l'une des situations
les plus agréables pour l'individu à l'origine de ce processus.
Il en émerge une satisfaction et une motivation telles, que l'individu
est et demeure pro-actif dans les situations de travail ou toutes autres
situations. Elle peut aussi avoir des effets négatifs dans le sens
où l'individu prenant conscience de ce bénéfice peut avoir
la crainte de perdre son poste de travail et les avantages qui l'accompagnent
et stimuler une performance et une loyauté hors normes.
3.3 Les différentes formes de
l'équité
3.3.1 Des référentiels
possibles
L'équité/inéquité peut être
abordée par différents angles. La non-inéquité peut
être ressentie au niveau du métier « ce sont les
serveurs qui reçoivent la satisfaction du client alors que les
cuisiniers restent derrière les fourneaux », au niveau des
générations « les seniors ont beaucoup de peine
à donner le savoir-faire aux jeunes craignant de perdre leur place et
les jeunes pensent que les plus vieux ne les comprennent pas », au
niveau des rétributions « les commerciaux sont mieux
payés que les collaborateurs du siège ». Le processus
de comparaison mis en place par l'individu 1 trouve sa référence,
selon Blau (1994), sous différents auspices. Nous prenons alors comme
base les typologies de Blau (1994) qui en distingue 5 42(*) :
- Référentiel historique (l'individu met en
comparaison un poste de travail sur un espace temps de quelques années.
Par exemple, comparer le poste de travail de monteur sur chaîne
d'automobile entre 1960 et aujourd'hui).
- Référentiel social (l'individu compare un
poste de travail implanté dans deux secteurs différents ;
Par exemple, comparer le poste d'animateur dans une banlieue et dans une
association au centre de Paris).
- Référentiel financier (l'individu prend comme
référence l'évolution actuelle du coût de la vie par
rapport à la rétribution perçue et par conséquent
sa contribution).
- Référentiel organisationnel (l'individu
compare un groupe de métiers et un autre. Prenons l'exemple d'une
comparaison entre les commerciaux et les comptables).
- Référentiel du marché (il s'agit de
comparer un poste de travail avec un autre équivalent dans une autre
région, ou une autre organisation
3.3.2 Equité interne/ Equité externe
Le principe de comparaison, alors schème de
départ du processus a un référentiel spécifique et
son modèle peut se situer en interne ou en externe.
3.3.2.1 L'équité interne et
externe
On qualifie « d'équité
interne » lorsque le processus de comparaison repose sur des
modèles de salariés de la même organisation.
L'équité peut concerner deux individus occupant le même
poste de travail au sein d'une même organisation : on parle alors
« d'équité inter-individuelle ».
« L'équité fonctionnelle » s'opère
à l'intérieur d'une fonction dont les salariés occupent
des postes de travail différents comme par exemple la fonction achats
réparties en zones géographiques. L'équité
générationnelle est, par le fait de l'actualité 43(*), omniprésente dans de
nombreuses organisations. Ce sont les classes d'âges qui sont
comparées. L'équité collective concerne des individus en
situation de travail d'un service, d'une division, d'un établissement.
L'équité légale relative aux dispositions juridiques,
l'équité intra organisationnelle reposant sur des comparaisons de
postes de travail au niveau des responsabilités, de l'importance des
décisions à prendre sont aussi des formes à ne pas
négliger.
L'équité externe sera basée sur un
process de comparaison hors de l'organisation. Pour cela on parle
d'équité vers le monde concernant à ce titre d'autres
individus intégrés dans une autre structure mais ayant le
même parcours d'études par exemple et, d'équité
inter organisationnelle (Scholl et al. 1987) dès que les postes de
travail sont comparés au sein d'autres organisations.
L'équité collective est aussi une caractéristique
dès lors qu'un ensemble d'individus évaluant leurs situations
font un parallèle avec d'autres au sein d' organisations
différentes.
Nous venons donc de faire un point sur l'ensemble des types
d'équité. Nous remarquons que différentes
possibilités de comparaison sont possibles. Les plus fréquentes
et/ou les plus connues semblent être l'équité interne
où l'individu fait un parallèle avec un collaborateur
étant dans la même situation que lui, mais aussi
l'équité collective où au sein d'un groupe de
collaborateurs ayant le même statut, les fonctions sont comparées
à un autre groupe au sein de l'organisation, comme par exemple les
organisations divisées en `business Unit'. De façon globale, le
process de comparaison ne peut être évité. Il est
même important que cela ait lieu, puisqu'il permet à chacun de
réagir. Le meilleur que nous puissions espérer est que la
situation d'équité émerge le plus souvent, car elle est
synonyme de bon climat social, ce qui correspond aux attentes de la DRH. Mais
pour obtenir cet état de fait, la DRH doit mettre en place en amont des
dispositifs relatifs à la recherche d'équité.
3.4 L'équité dans les outils RH
Le service RH doit être garant de l'ensemble des outils
RH au niveau de l'équité. Ceci implique que lors de la
progression du projet, le DRH connaît les spécificités de
ses collaborateurs. Afin de les prendre en considération, le DRH met en
place un comité composé d'individus représentatifs des
catégories de salariés, des encadrants et des membres des
Instances Représentatives du Personnel.
3.4.1 Le DRH, garant de l`équité 44(*)
L'action des DRH est d'accroître le capital
d'équité. Pour cela, Bruno Sire nous précise avant tout
que la « transparence » des règles est la
première des conditions de leur acceptabilité 45(*) . Ce qui sous-entend
qu'un travail de communication, d'information doit avoir lieu avant chaque mise
en place et durant toute `la vie' de l'outil RH. Selon Bruno Sire (2001), la
justice procédurale repose sur la neutralité des
procédures, la confiance en la personne qui prend des décisions,
le traitement respectueux des individus et la possibilité de recours.
Ainsi le DRH agissant avec ces quatre items, développe
« l'équité procédurale 46(*) ». Non seulement, le
DRH a l'obligation d'être équitable dans ces décisions mais
afin que chacun puisse connaître les process, puisse les comprendre et
les intégrer, chaque outil RH fait l'objet d'une rédaction de
procédures à respecter ainsi que les critères
mesurés (équité processuelle). De cette
façon,chacun sait précisément les points d'analyse et se
sent en situation d'équité face aux autres collaborateurs.
Le DRH se doit aussi d'être garant de
l`équité avec l'extérieur de l'organisation. Il se doit
d'être à l'écoute des conditions de travail, des niveaux de
communication exercés dans d'autres organisations.
« Démontrer, de façon étayée et
crédible, que l'entreprise est dans le marché ou au dessus est
souhaitable 47(*) »
3.4.2 La communication
« Dans une organisation où les principes
d'équité constituent une des règles de fonctionnement , la
communication interne doit être le vecteur du développement de la
perception de justice organisationnelle par les salariés »
(Sire, 2001). La communication au sein de l'organisation doit être
transparente, elle sera alors garante d'une équité.
L'équité nécessite un libre accès à
l'information.
Des outils RH en trace papier et ayant comme fonction la
communication doivent être à la disposition de chacun : les
accords d'entreprises, les chartes.. La charte d'association est alors garante
de la bonne construction et de la bonne application des process RH mis en
place. Chacun alors est à même de saisir les « fils
directeurs » des outils RH mais aussi de comprendre le
bien-fondé des décisions prises à son égard mais
aussi au nom du collectif.
3.5 Vers une grille d'analyse
Nous observons que le monde associatif est en pleine
construction de part sa place prépondérante au sein de notre
société mais aussi grâce au mouvement de
professionnalisation. La structure associative se dote de professionnels RH,
car il est urgent dorénavant de gérer le capital humain comme une
source de compétences, qui répond parfaitement aux demandes
implicites des usagers. Nous avons observé que les outils RH sont
empruntés au secteur de l'entreprise et sont adaptés à
l'association. Or, le monde associatif a des règles, des valeurs
spécifiques et tel process peut parfaitement aider au management d'une
catégorie mais pas d'une autre. Il faut donc établir un
équilibre entre chaque catégorie d'individus composant
l'association.
Le principe de l'équité émerge donc entre
salariés et bénévoles. Nous avons compris
précédemment que l'équité implique une mise en
application entre un référent et l'individu lui-même. De ce
rapprochement, il en sort un ratio dit « ratio
d'équité ». Ce ratio permet à l'individu de
considérer s'il est en situation d'équité, de
sous-équité ou sur-équité. Selon la qualification,
l'individu va donc agir afin de rétablir la situation ou de la maintenir
telle quelle.
A partir des typologies de Blau basée sur les
référentiels, et les différentes catégories
d'équité recensées sous six formes, nous allons pouvoir
définir les composantes et d'autres types d'équité que
nous rencontrons sur le terrain associatif.
Nous pouvons donc nous interroger sur la manière dont
est déclinée l'équité. Aussi une question
s'impose :
- Existe t-il une équité entre
salarié et bénévole ?
Pour tenter de répondre à cette
problématique, une grille d'analyse (inspirée de Dietrich et
Pigeyre) qui reprend les éléments constitutifs de la GRH et
placée sous l'angle de l'équité et adaptée au
terrain associatif va nous permettre de déterminer s'il y a ou non
équité entre les acteurs, mais aussi la déclinaison de
l'équité à travers les outils RH. Cette démarche
est positionnée sur les deux acteurs
PARTIE II : METHODOLOGIE
ET ANALYSE
Introduction
En entreprise, on recrute, on forme, on met en place des
stratégies pour fidéliser les collaborateurs. Tout ceci existe
afin de répondre aux enjeux actuels : concurrence, exigence accrue
des usagers. L'objectif sous-jacent est d'attirer les talents. Ces mêmes
préoccupations se retrouvent dans les associations, mais les DRH
affirment fortement « nous ne sommes pas et ne serons pas pareils,
même si on adapte des méthodes et autres outils RH, même si
on a lancé un grand mouvement de professionnalisation du service RH est
lancé, un peu comme dans les entreprises 48(*) ».
Nous avons donc pris l'orientation de comprendre la fonction
RH avec ses outils mis en place qui se déclinent sous l'angle de
l'équité au sein d'associations hétérogènes
ainsi que la manière dont sont perçues les actions : chaque
acteur de l'organisation associative appréhende différemment ce
concept .
Chapitre 1 : Méthodologie
1.1 Explication de la méthode, présentation des
associations
1.1.1 Présentation de la méthode
Démarche exploratoire
J'ai choisi de consulter des acteurs évoluant dans le
milieu de l'association afin de valider ou invalider mon hypothèse de
travail à savoir qu'entre salarié et bénévole
l'équité existe ou n'existe pas .
Le choix des associations fut réfléchi. J'ai
souhaité rencontrer des associations ayant une notoriété
plus ou moins forte, une taille variable et un secteur d'interventions
différent. Je ne souhaitais pas être en relation avec les
associations du secteur humanitaire, parce qu'elles me donnaient l'impression
d'être des organisations beaucoup trop importantes sont au niveau de la
masse salariale et surtout comme ayant perdu leurs valeurs fondatrices qui est
l'acte social gracieux. De plus, des évènements propres à
la période étudiée sont à prendre en compte :
nous étions juste avant l'été, et les associations
étaient en pleins préparatifs pour une éventuelle
canicule.
Cependant, je souligne le fait que certaines associations sont
très « méfiantes » quant à
l'information donnée. Que quelques personnes ont manifesté une
certaine crainte d'avoir une d'entrevue avec moi et de me divulguer des
informations plutôt confidentielles. C'est pour cette raison et au nom de
la confiance qui m'a été témoignée, je respecterai
les personnes qui me l'ont demandé et tairai les noms.
Le déroulement des entretiens
J'ai choisi de consulter des acteurs évoluant dans le
milieu de l'association afin de valider ou d'invalider mes hypothèses de
travail à savoir si entre salarié et bénévole,
l'équité n'existait ou pas.
Chaque personne a été contactée
individuellement par téléphone afin de lui expliquer le projet et
lui proposer de se rencontrer. Lors de cet entretien
téléphonique, j'ai orienté mon discours vers la relation
salarié et bénévole, puis celle de la position de la DRH.
A la fin de l'échange, je résumais les informations
récoltées en mettant en lumière trois axes
intéressants et proposait un entretien de visu ou bien un autre
échangé téléphoniques pour les interlocuteurs
éloignés.
Pour certains qui souhaitaient volontiers apporter leurs
contributions mais qui avaient des difficultés à se
libérer du temps, nous avons plutôt eu un entretien par
téléphone. Dans une grande majorité de cas, j'ai eu deux
entretiens, l'un par téléphone, puis l'autre par rencontre.
Les entretiens se sont déroulés entre le mois de
juin 2006 et juillet 2006 et ont duré de 60 minutes au global chacun. Il
y eut quelques exceptions : lors de certains entretiens, notre rencontre a
durée entre deux heures et deux heures trente. A cela, il faut ajouter
que j'ai eu d'autres entretiens, abordés avec les mêmes
méthodes mais qui n'ont pas débouché sur un
véritable échange. Ces entretiens au nombre de 3 n'ont pas pu
être réellement exploités et ne sont pas inclus dans cette
étude.
Le guide des entretiens
Dans le souci d'établir une relation de confiance lors
des entretiens, j'ai opté pour une technique d'entretien, sur un mode
libre dans un premier temps, puis sur un mode semi-dirigé.
Chaque entretien fut d'abord enregistré, mais, par
suite d'une défaillance technique, la prise de note fût le mode
opérationnel. Après avoir été enregistré ou
pris en note, chaque entretien fût retranscrit sur papier.
Pour la préparation de chaque entretien, lors du
premier contact, mon discours était orienté dans un premier temps
sur ce que je faisais, ma situation actuelle ainsi que le positionnement de ce
mémoire dans mon parcours académique. Puis, j'abordais mon
thème de recherche par le biais d'une grille de questions que je
souhaitais poser.
En préparant les entretiens, j'ai souhaité
pourvoir apporter des réponses à des idées
générales sur lesquelles je m'interrogeais :
- comprendre la relation
salarié/bénévole : ceux-ci se considèrent-ils
au même niveau ?
- étudier l'équité
développée en outils RH dans les associations selon les DRH et
les salariés
- comprendre l'évolution organisationnelle de
l'association.
Le mode d'analyse
Pour tenter de comprendre, à partir des thèmes
retenus ci-dessus, l'évolution de l'association, nous allons aborder
dans un premier temps, le type de relation qui s'est instauré entre les
salariés et les bénévoles, ce qui implique de
définir si l'équité se sent dans les dialogues de chacun,
dans la nature des relations entre les acteurs de l'association, puis, nous
aborderons le concept d'équité dans la mise en place des outils
RH au travers du rôle de la direction et des RH et de
détermination des axes à décliner tout en gardant à
l'esprit les valeurs humaines, tout en permettant l'évolution
organisationnelle que vit l'association.
Dans le cadre des entretiens avec les DRH des associations
rencontrées (ou toute autre collaborateur ayant des fonctions de
management d'équipe), une série de questions ou une
thématique ont été posées :
1. Si vous deviez `brosser' un portrait du salarié et
du bénévole, que diriez-vous ?
2. Quelle est la répartition de ces personnels en terme
d'effectifs
3. Pour les bénévoles, avez-vous senti le
manque de bénévoles sur le marché ?
4. Quelle est votre manière pour remédier
à la carence de bénévoles ?
5. En terme de fidélisation, comment faîtes-vous
pour fidéliser vos collaborateurs ?
6. Existe-t-il un parcours spécifique
d'intégration des bénévoles ? Essayer de faire un
parallèle avec l'intégration du salarié
7. Comment valorisez-vous la
« rétribution » des
bénévoles ?
8. Quels genres d'actions de formation mettez-vous en place
pour les deux acteurs ?
De cet ensemble d'entretiens retranscrits, j'ai
effectué plusieurs lectures en ayant une approche d'analyse
différente. J'ai donc fait émerger des thèmes principaux
en lien avec les premières questions de départ. Les thèmes
centraux retenus faisant l'objet d'une analyse sont :
v les visions réciproques entre salariés et
bénévoles
v La compréhension de la mise en place du process de
ratio d'équité et les actions qui s'en suivent
v Des outils RH mis en place pour répondre à
une obligation gestionnaire et la relation avec l'équité
v La réponse en matière d'attente
d'équité
Les interviewés
Dans un premier temps, le directeur des ressources humaines ou
bien un proche collaborateur de la direction mais gérant le personnel a
été contacté par téléphone. Les
interlocuteurs rencontrés sont des personnes ayant un statut de
bénévole, de salarié et/ou de DRH ou toute autre personne
rattachée à la direction de l'association et ayant en charge la
gestion du capital humain.
A l'issue de l'entretien, mon interlocuteur m'indiquait vers
quels collaborateurs ils pouvaient m'orienter après en avoir
parlé avec les intéressés.
Neuf personnes ont été contactées et/ou
rencontrées au cours de cette analyse :
Quatre Directeurs des Ressources Humaines
Deux managers d'équipes
Trois bénévoles dont certains occupaient des
fonctions dans une autre association
Deux salariés
Je fus donc en contact avec les associations suivantes
(sièges sociaux) et elles forment donc le terrain que je vais exploiter
par rapport à mon hypothèse :
· La Cimade - 176 rue de Grenelle 75017 PARIS
· Les Captifs de la Libération - 60 rue de Rome
75008 PARIS
· Les Petits Frères des Pauvres - 33 et 64 avenue
Parmentier 75011 PARIS
· Fédération Léo Lagrange - 153
avenue Jean Lolive 93695 PANTIN
J'ai ainsi rencontré et/ou interviewé par
téléphone :
· Un DRH et ancien bénévole de
l'association « La Cimade »
· Une salarié et bénévole de
l'association « Aux Captifs, la Libération »
· Un DRH de l'association « Les Petits
Frères des Pauvres »
· Un DRH de la fédération
« Léo Lagrange »
· Un actuel DRH et ancien bénévole de
l'association « La Cimade »
· Un responsable d'antenne de l'association
« Aux Captifs, la Libération »
· Une bénévole de l'association
« La Cimade »
· Un responsable de développement de la
Fédération « Léo Lagrange »
· Un bénévole de l'association
« Aux Captifs, la Libération »
Toutes ces personnes se situent à des stades
différents du parcours en association et certaines ont eu un double
statut. En effet, quatre personnes rencontrées sont actuellement des
actifs salariés mais ils ont occupé une fonction de
bénévole dans d'autres structures associatives. Chaque entretien
en vis à vis fut l'occasion d'être dans les locaux de
l'association et d'être présentée à la direction de
l'association.
1. 1.2 Présentation du terrain
Ces associations sont de structure différente, sans
homogénéité d'effectifs et avec un champ d'intervention
pluridisciplinaire. Quelques points historiques sont nécessaires pour
comprendre les associations étudiées
Ø La Cimade
La Cimade est une association oecuménique 49(*) créée en 1939
pour venir en aide aux personnes déplacées et regroupées
dans les camps du sud de la France.
Durant la seconde guerre mondiale, elle a participé
activement à la résistance contre le nazisme et au sauvetage des
Juifs. Après la guerre, elle a oeuvré pour la
réconciliation France-Allemagne, puis pour l'indépendance et le
développement des anciennes colonies, et en particulier de
l'Algérie. L'un de ses grands thèmes de lutte à ce jour
est le projet de loi sur l'immigration.
Son organisation : il s'agit d'un très
vaste réseau d'adhérents, de bénévoles et de
sympathisants dans toute la France : le Mouvement Cimade. Il est réparti
en 12 régions, ce qui représente une soixantaine de groupes
locaux. Ces groupes agissent localement (permanences d'accueil et de soutien
juridique pour les migrants et les demandeurs d'asile, participation à
des campagnes de sensibilisation) et s'engagent dans des projets de
solidarité internationale portés par la Cimade. Installé
rue de Grenelle à Paris, le siège social de la Cimade regroupe
les services de coordination et d'administration, ainsi que les services
Formation, DER (Direction des Etrangers et Ressortissants), Solidarité
Internationale, Communication & Relations Donateurs.
Le service RH de l'association « La
Cimade » : Le poste de DRH était jusqu'alors
occupé par un bénévole, ayant occupé multiples
postes en RH. Ce poste fut « crée » dès
l'instant où la direction a dû mettre en place un plan de
licenciement de 6 personnes. Les obligations en matière de licenciement
et le sentiment de laisser partir des compétences ont été
les faits déclencheurs. Le DRH bénévole a donc
été investigateur de la politique RH : mise en place des
fiches de postes et instauration des entretiens annuels. Le recrutement d'un
DRH salarié a été décidé en juillet 2006. La
personne qui occupe le poste est un ancien professionnel RH, puisqu'il a
crée le service recrutement dans une entreprise d'informatique. Puis,
cet ancien syndicaliste s'est tourné vers les actions
bénévoles et est intervenu dans des organisations religieuses
où un plan de gestion des compétences des prêtres
était à mettre en place. Sa fonction première est de
donner un rôle de gestionnaire de salariés et de
bénévoles en développant les axes de formation et de
détection de potentiel. En outre, le service RH se compose d'un autre
½ poste en administration RH et paie.
Ø Aux Captifs, la Libération
L'association "Aux Captifs, la Libération",
régie par la loi 1901, créée en 1981 par le père
Patrick Giros et agréée par les pouvoirs publics, a pour but
d'aller à la rencontre des personnes qui vivent dans la rue ou de la
rue. Elle contacte chaque année à Paris, dans la rue ou en
accueil de jour, plus de 5000 personnes en situation de grande exclusion et les
accompagne dans un chemin d'insertion.
En lien avec l'association des "Entrepreneurs et Dirigeants
Chrétiens", l'Atelier Emploi met en relation les entreprises qui
recherchent du personnel peu qualifié avec les personnes qui,
après évaluation, présentent une réelle
capacité de retour à l'emploi.
Son organisation : Aujourd'hui, l'association
comprend sur Paris 4 antennes réparties sur le centre de la ville : les
10eme, 12eme et le 16eme arrondissement. Elle compte 42 permanents et une
centaine de bénévoles. Dans le centre de Paris, l'équipe
est composée de 10 permanents dont 3 à temps plein et 7 à
temps partiel (médecin, psychologue, éducateurs
spécialisés dont 3 jeunes en formation, responsable RMI, ..)
Le service RH de l'association « Aux Captifs, La
Libération » : le service RH au premier sens du terme
n'existe pas. Le besoin fut ressenti lorsque l'association, alors de
renommée de quartier, a eu de grosses difficultés à
recruter les bénévoles. L'association avait un gros
problème de fidélisation de ses acteurs. A cela, s'ajoute le fait
que la course à la subvention est de plus en plus difficile, il fallait
doper les équipes de professionnels. La gestion des salariés
était effectuée par l'assistante de direction, alors que la
gestion des bénévoles était occupée par une
salariée, ancienne SDF et qui était sur le point de quitter
l'association. Le poste de DRH a été budgété au
moment de la rencontre, le poste était à pourvoir. L'orientation
stratégique des RH est, dans un premier temps, axée sur la
consolidation des « relations humaines » entre les deux
acteurs. L'information et la communication sont trop peu
développées, car l'association a grandi progressivement et la
direction n'a absolument pas pris en considération son capital humain.
Des situations de tensions ont été à l'origine du
départ de certains.
Ø Les Petits Frères des Pauvres
Association reconnue d'utilité publique crée en
1946, attributaire du label Grande Cause Nationale en 1996 et en 2004, Les
Petits frères des Pauvres accompagnent des personnes souffrant
d'isolement, de pauvreté matérielle, de précarités
multiples et interviennent en priorité auprès des personnes de
plus de cinquante ans !
Son organisation : L'association est
implantée dans 10 régions de France et même à
l'international, puisqu'en 1979, se crée la Fédération
Internationale des Petits Frères des Pauvres. Grâce à son
statut ONG, elle intervient auprès des Nations Unies.
Le 17 avril 2006, l'association fêtait son
60ème anniversaire. Elle compte, à ce jour, 5555
bénévoles et 226 salariés sur toute la France. Elle
accompagne 7500 personnes âgées. Son organisation nationale et
internationale lui permet un accompagnement global auprès des personnes
isolées par des bénévoles tout en respectant les
singularités de chacun et l'écoute. Cet accompagnement se
manifeste par des fêtes, des vacances, des ateliers de chant,
d'expression, d'arts et de sorties culturelles.
Le service RH de l'association « Les Petits
Frères des Pauvres » : Il est composé de
quatre personnes dont le DRH. Très récemment, le service des
bénévoles a été intégré dans le
service RH afin d'homogénéiser les process de recrutement des
salariés et des bénévoles. Face à la pénurie
de bénévoles, un budget plus conséquent a
été débloqué : 4% en 2005-2006 contre en 3.88
% en 2004-2005 en matière de communication. Un essor de
notoriété a été constaté lors de la
participation de l'association aux concerts de fraternité qui ont eu
lieu dans toute l'Europe. Une partie moins importante a été
accordée aux frais de gestion et d'administration 13.38 % en 2005 contre
12 % en 2006. Cette baisse de ce budget trouve son origine dans
l'avancée du projet associatif 2004-2009 qui consiste pour la partie RH
à l'établissement de process communs.
Ø Fédération Léo
Lagrange
Dès 1950, les premiers clubs s'adressent avant tout aux
jeunes, quelles que soient leurs origines, et les organisateurs favorisent le
contact et la participation de toutes les classes sociales. Ce type de brassage
est systématique au sein de Léo Lagrange, car c'est un bon moyen
de lutter contre les discriminations et l'exclusion.
1959 : déclaration de la
Fédération
Son organisation : 4 grandes associations
thématiques nationales (Union Nationale Sportive
Léo Lagrange, Association Léo Lagrange de
Défense des consommateurs, Solidarité
Internationale, PREFACE, Pôle REcherche
Formation ACtion Education en milieu carcéral).Il y a
12 établissements régionaux, 9
instituts de formation d'insertion et 400 collectivités
territoriales partenaires
Le réseau Léo Lagrange c'est 50(*) :
v 900 maisons et clubs de quartier, équipements sportifs,
centres culturels
v 12 instituts régionaux de formation gérant 100
antennes locales accueillant plus de 15.000 stagiaires
v plus de 40.000 enfants bénéficiant des centres de
loisirs Léo Lagrange les mercredis et lors des petites vacances
scolaires
v plus de 5.000 jeunes formés à l'animation et
à la direction des centres de vacances et de loisirs au cours de 250
stages BAFA/BAFD
v 1.500 professionnels de l'animation, de la formation et des
vacances 51(*)
Le service RH de la Fédération Léo
Lagrange :
La particularité de l'équipe RH au sein de la
fédération Léo Lagrange est particulière. En effet,
le service RH gère les salariés et les bénévoles.
Il y a croisement de compétences entre les chargés de recrutement
et les chargés de formation. Il est recherché une polyvalence. Le
recrutement est surtout effectué en régions. Le rôle du
siège est surtout de gérer administrativement les recrutements
mais il gère l'ensemble des recrutements de la région Ile de
France. Le recrutement est très professionnalisé, car
l'engagement a toute sa forme au sens juridique et moral du terme. Le service
est depuis quelques années à l'initiative du développement
de la politique de formation en créant le « kit
formation ».
La Fédération Léo Lagrange pour chaque
projet associatif met à la disposition des des acteurs, professionnels
ou bénévoles, une organisation composé de services d'appui
centraux : gestion des ressources humaines, finances et contrôle de
gestion, communication et réseau, ressources pédagogiques,
informatique et systèmes d'information...
Source :
www.leolagrange-fnll.org
Tableau sommaire des associations
Afin de formaliser les caractéristiques de l'ensemble
des structures observées, nous proposons un tableau récapitulatif
des éléments constituants :
Chapitre 2 : Analyse des entretiens
2.1 L'équité dans les relations
salariés/bénévoles
Les bénévoles côtoient tous les jours les
salariés, que ce soit à l'extérieur ou à
l'intérieur de l'association. Comme cela a été
présenté précédemment, ce sont deux acteurs aux
statuts différents. Tout individu a tendance à évaluer
autrui et à s'évaluer par rapport à lui.
C'est en partant des deux acteurs cités auparavant, que
nous allons analyser les éléments constituants le principe de
l'équité. Pour cela, nous aborderons les trois phases de la
théorie d'Adams et Homans : l'évaluation de
l'échange, la comparaison et l'action.
2.1.1 L'équité individuelle
2.1.1.1 Le concept de l'évaluation de l'échange
Le salarié et le bénévole sont au coeur
de l'évaluation de l'échange dès l'instant où un
lien s'est établi avec l'association. Chacun apporte ses
compétences, son temps. En retour, le collaborateur perçoit un
ensemble d'avantages. Que nous parlions de la contribution du salarié ou
du bénévole, il y a toujours en retour une rétribution
sous quelques formes que ce soit. A ce moment s'opère le processus de
comparaison contribution/rétribution : l'individu va essayer
d'évaluer un ratio entre ce qu'il « donne » en terme
de temps, de compétences, d'investissement et ce qu'il a en retour de la
part de l'association (numéraire, avantages divers, reconnaissance).
- La contribution
Apport à l'association
§ Le bénévole
Etre utile, c'est d'abord être présent sous la
forme d'apport de ce que l'on sait faire, accepter de faire des choses ingrates
ou valorisantes. « Le bénévole doit accepter
d'être corvéable à merci, de savoir donner du temps sans
compter, d'être là quand il faut »52(*). Le sentiment qui en
émerge montre une image négative des actions
réalisées par le bénévole alors que ces mêmes
actions ne sont absolument pas valorisées. Mais cela traduit aussi un
manque de sens dans les actions réalisées par les
bénévoles. Or, ce qui semble paradoxal est bien le fait que
l'acte bénévole est une action réfléchie. L'action
bénévole souffre par conséquent de la politique de la
valeur ajoutée « financière ».
Nous notons que l'ensemble des acteurs des associations
rencontrées, se situent de part et d'autre de la pyramide des
âges. Pour schématiser, cette population se veut ou bien jeune, et
souvent étudiante ou bien des personnes qui se situent en
« fin de vie professionnelle » et avancées dans
l'âge. Cette hétérogénéité se veut une
force une faiblesse. De nombreuses compétences se croisent mais ont des
difficultés à s'allier. Les bénévoles se sentent
importants pour la vie de l'association « Il faut des gens qui
maintiennent la mémoire » 53(*).
§ Le salarié
Sa démarche de profit est clairement exprimée
dans une expression d'une salariée d'association : « Je
rentre dans une institution, je me sers et je fais carrière. En
association, on sert, en entreprise, on se sert » 54(*) La notion d'individualisme
apparaît et tend à casser le sens de la réciprocité.
La relation salarié/association est forcément basée sur le
donnant-donnant.
Le salarié est plus dans une démarche dite
« commerciale ». « Il faut reconnaître que
nous sommes face à des salariés, qui sont dans une
démarche professionnelle. Ils cherchent du travail et en trouvent dans
des associations 55(*) ».
La confiance en soi
§ Le bénévole
Au cours des différentes rencontres, les
bénévoles ont toujours montré une confiance en
« ce qu'ils font ». « Ils y croient dur comme
fer » 56(*).
L'acte bénévole est anticipé, réfléchi,
parce qu'il s'appuie sur des expériences vécues. « On
pense toujours que le bénévole est là pour perdre du
temps, mais, il ne faut pas oublier que les bénévoles savent
faire des choses »57(*).
Un bénévole va vouloir apporter son soutien
dans le domaine qu'il a maîtrisé professionnellement. Ce qui
implique une incertitude réduite. En conséquence, l'individu
bénévole, même dans une situation inconnue aura la
conviction de réussir, car il mettra en application l'ensemble de ses
connaissances. Fort de ses capacités, le bénévole
s'investit considérablement dans les actions qui lui sont
confiées. Il souhaite même être partie intégrante
dans la gestion de l'association. Ces réactions s'observent très
souvent chez les bénévoles. « Nous donnons vraiment de
nous même, nous travaillons parfois le samedi ou le soir »
58(*). Nous assistons donc
à une mobilisation importante du bénévole par rapport aux
actions à réaliser. Avoir confiance en soi suppose que
l'individu, qui est positionné dans une situation tout aussi inconnue
que le salarié, décide d'établir un lien, une relation. De
cela, il en découlera la transmission d'idées, qui seront
actrices d'actions. La confiance en soi est une dominante dans la
personnalité du bénévole, chez le salarié beaucoup
moins. Pour expliquer ce phénomène, on peut trouver en partie une
réponse dans le passé de chacun : l'accumulation
d'expériences. Même si les situations ne sont pas les mêmes,
le bénévole a pris l'habitude des
« dangers », en a mesuré les
caractéristiques. Ils ont une grande adaptabilité. Ils ont
« pris de l'expérience ».
Le bénévole évolue dans un monde de
production de biens de consommation. Pourtant, son espace est celui du don
où la création d'un lien social, d'un réseau
d'échanges avec des personnes nouvelles, et le sentiment d'être
utile aux autres sont les véritables valeurs ajoutées du
bénévolat et les éléments donnants confiance en
leurs capacités et leurs savoir-être : « Par
nature, pour les bénévoles ils croient dur comme fer en leur
mission » 59(*).
§ Le salarié
A contrario, les salariés ont vécu des
situations où les mêmes gestes ont été
répétés. Toute nouvelle situation de travail les rend
vulnérables. « Je ne suis pas certain de faire quelque chose
de bien.......Si je continue malgré tout, c'est que je crois que
l'action a des impacts positifs60(*) ». Nous pourrions même
considérer que le salarié manque de confiance en lui-même ,
car il s'agit de quelqu'un qui fuit le secteur marchand : « ils
refusent le monde industriel régi par le courant du marché dit
néo-libéral. Ils rejettent les règles de la performance
61(*) ». Ils le
jugent ce monde comme un lieu de performance où chacun doit se
surpasser. A tout instant, le salarié doit faire ses preuves et se
surpasser. Ce n'est pas le cas dans le secteur associatif, puisque la culture
associative est basée sur le don, le geste généreux et
donc sur une non concurrence : « Entre eux, il n'existe pas
réellement de différence en terme de technicité, de
compétences 62(*) » « : il n'y a aucun jeu de
pouvoir au sein de Captifs. Tout est bien défini 63(*) »
L'action bénévole comme un
travail ?
§ Le bénévole
Nous constatons donc que les bénévoles font
preuve d'une confiance prononcée en leurs compétences. Cela se
traduit aussi dans le champ lexical lorsqu'ils parlent de leurs
activités ou bien lorsqu'on parle d'eux : « Mes enfants
m'ont reproché de m'être investi dans la vie associative au
détriment de ma vie de famille lorsqu'ils étaient jeunes......Le
travail associatif est très absorbant et très consommateur de
temps ». 64(*) « Pendant que je cherchais du job
rétribué en monétaire, j'avais des activités de
bénévole. Depuis 2001, j'étais toujours en
activité, même si j'étais considéré comme
Demandeur d'emploi par l'administration65(*). » Par leurs pratiques, les
bénévoles s'inscrivent « dans un faire pour et dans un
faire avec »66(*). Ces interactions se retrouvent dans le secteur
marchand (échange de biens). Reconnaître l'activité du
bénévole comme un travail engendre une reconnaissance des
compétences savoirs, savoir-faire et savoir-être de l'individu. Le
bénévole devient un acteur participant à la vie de
l'association.
§ Le salarié
Le salarié ne vit pas ce phénomène de
reconnaissance, puisque son statut et le lien de subordination avec
« l'employeur » lui prévaut déjà la
reconnaissance. Maintenant, nous sommes en position de nous demander si le
salarié peut reconnaître l'activité du
bénévole comme un travail. Il s'agit cependant d'une position qui
ne fut pas abordée.
Des activités épanouissantes et
gratifiantes
§ Le bénévole
Même, dans les associations, il y a des actions
gratifiantes et d'autres moins. La recherche des acteurs des associations
résident dans le résultat et non dans la performance.. Les
bénévoles se sentent pleinement à l'aise au sein des
activités associatives, puisqu'ils ne « calculent »
pas : « Les bénévoles font les choses
d'instinct 67(*)» . Et parce qu'ils se sentent partie
intégrante de l'association et parce qu'ils se sentent valorisés
dans leurs actions, ce sont des acteurs qui s'« impliquent dans le
projet associatif ». Au cours des différentes rencontres, il
ressort un souhait de rentrer dans une logique gestionnaire afin d'optimiser
l'ensemble des compétences mais aussi pour lutter. Les
bénévoles ont une forte volonté d'intégration dans
la logique gestionnaire : ils recherchent l'optimisation. Gérer
davantage les activités permet une meilleure connaissance des besoins en
compétences et une identification claire de ceux qui sont
impliqués dans l'action. Mais comme le précise l'une des
interviewés, « s'engager dans la vie associative, c'est
vouloir agir ensemble, assumer ensemble une cause ou un projet »
68(*) ; Elle pense
que chacun raisonne en collectif. La reconnaissance pour les activités
réalisées est collective.
§ Le salarié
Cette thématique ne fut pas abordée par les
salariés aux cours des interviews.
Un état récapitulatif des thématiques
abordées dans la contribution
La notion de contribution est abordée de manière
différente entre le salarié et le bénévole. Nous
observons que pour le bénévole, la contribution porte sur ce
qu'il apporte concrètement à l'association en terme de
thématiques de mémoire, en terme d'investissement en temps et
apport de compétences. Le salarié, quant à lui, est plus
sur une démarche dite de rentabilité : il donne ses
compétences, il attend la rémunération adéquate. Il
s'agit d'une démarche plus intéressée.
Pour résumer l'ensemble des contributions de chaque
acteur, nous proposons un tableau récapitulatif des grandes
thématiques retenues par les acteurs pour définir leur
contribution.
|
|
|
|
Bénévole
|
Salarié
|
Apport à l'association
|
" J'apporte "
|
" Je propose"
|
Rôle
|
Perpétuer la mémoire
|
Agir en professionnelle
|
La confiance en soi
|
Forte, car il apporte ses compétences qu'il a
exercé durant toute sa vie professionnelle
|
Faible, car il y a multitude de situations et non adaptation
à cette polyvalence
|
Activité
|
Activités bénévoles décrites comme un
travail
|
Situations de travail au sens juridique du terme
|
Des activités épanouissantes
|
Bénévoles totalement intégrés dans
l'association et une forte volonté gestionnaire
|
|
- La rétribution
Comme vu précédemment, le secteur associatif est
régi par le code du travail et la convention collective de l'animation
ou des activités sportives pour les salariés. Les
bénévoles sont régis par la charte des associations et par
l'émergence de nouvelles dispositions législatives (statut du
volontaire et autres dispositions en terme de formation, de congés
spéciaux de VAE 69(*)).
70(*).
Pourtant, au cours des différentes rencontres, il apparaît pour
les bénévoles, qu'il existe une différence entre les
salariés et eux-mêmes: « Pour le bénévole,
c'est un acte gratuit, pour le salarié, c'est un acte
rétribué » 71(*).
La reconnaissance
§ Le bénévole
« Nos engagements tirent leur
raison d'être de sources profondes. Nos motivations ne sont pas
facilement formulables, c'est surtout l'envie de donner, de recevoir, de
connaître et d'être reconnu »72(*). La reconnaissance est un
élément de motivation très fort chez le
bénévole. En effet, sans réelle rémunération
en espèce ou en nature, le bénévole veut et demande de la
reconnaissance pour son statut mais aussi pour ce qu'il fait. Il mesure
« ce retour sur investissement » selon la manière
que l'association utilise pour mettre en lumière les actions
réalisées du bénévole.
L'une des méthodes retenues par les
bénévoles et dont ils souhaiteraient qu'elle soit plus
exploitée est celle du temps accordé à l'association.
« Les bénévoles ont la mémoire de l'association.
Ils sont donc fidèles aux grandes lignes directrices de
l'association » 73(*).Lors des entretiens avec les bénévoles,
il ressort le fait qu'ils se sentent partie intégrante de l'association,
alors qu'ils étaient là à la création.
« Sans les bénévoles, les associations n'existent pas.
Et cela, vous pouvez l'écrire en gros » 74(*). Les bénévoles
rencontrés estiment avoir donné et attendent donc en
échange. Il s'agit du principe de la réciprocité :
`parce que je te donne tant, alors tu me rends tant'. Le remboursement des
titres de transport ou bien des repas leur semblent dérisoire par
rapport à leur investissement. Etre bénévole
« nécessite beaucoup de disponibilité,..... avoir une
bonne vision de ce qu'est Léo Lagrange » 75(*). C'est en ces termes que le
DRH de la Fédération Léo reconnaît l'impact positif
du bénévole dans l'association.
§ Le salarié
Valérie, salariée de l'association
« Aux Captifs, La Libération » précise
même « qu'on rentre à Captifs non pas pour faire de
l'argent, mais bien pour se battre pour une cause ». L'avantage pour
les salariés d'être dans une association ne réside
absolument pas dans l'aspect financier mais surtout dans les valeurs à
défendre. Mais, nous notons aussi que la reconnaissance se fait à
travers ce qu'ils sont : « Je pense avoir été
embauchée, car j'étais déjà bénévole
76(*) ». Nous
pouvons nous demander si le salarié se positionne dans la peau du
bénévole qu'il était avant pour être reconnu. Cette
réflexion est paradoxale, car elle positionne deux statuts mais met en
valeur davantage celui de bénévole.
Le numéraire
§ Le bénévole
Chez les bénévoles, la démarche est la
même, puisque il n'est pas rémunéré :
« Cela est « lié au boulot de la Cimade ».
Il ressort que le bénévole fait un acte
généreux : il donne ses compétences au service de
l'autre. Le bénévole cultive le don : « Le
bénévole donne un coup de main, mais il attend quelque chose en
retour, il n'est pas payé, il veut un rôle officiel »
77(*) .
Cette valorisation positionne le bénévole au
coeur de l'organisation et le rend membre actif à la gestion de
l'association. Le bénévole se voit donc remboursé de ses
frais de transports, de ses repas. Il s'agit plus une valeur du geste
plutôt qu'une marque de reconnaissance financière.
§ Le salarié
Ce rapport au don n'existe pas au niveau des
salariés : en effet, ils perçoivent une rétribution
financière correspondant aux fonctions occupées. Ils sont soumis
au lien de subordination. L'un des salariés rencontrés,
précise que la direction « valorise les différences
parmi ses collaborateurs 78(*) ».
Les salaires sont déterminés en fonction du
poste occupé mais aussi en fonction du marché de l'emploi :
les salariés veulent de l'estime et non celle de l'échange
(salaire) 79(*).. Le
rapport rétribution/contribution pour les salariés ne se situe
donc pas au niveau du montant du salaire versé, mais plutôt dans
le souhait d'être reconnu pour ce qu'ils sont.
Un état récapitulatif des thématiques
abordées dans le champ de la rétribution
La notion de rétribution fut abordée sous deux
formes précises que sont la reconnaissance et le numéraire. Nous
constatons, dans un premier temps que les salariés n'ont pas la
même approche de cette notion, car ils sont déjà
concernés par une rétribution financière, ce qui n'est pas
le cas des bénévoles. Les bénévoles
reçoivent un « salaire » basé sur la
reconnaissance décliné par exemple par une mise en avant d'une
action bénévole individuelle ou collective. Il s'agit surtout
d'affirmer leur besoin d'estime.
2.1.2 Conclusion sur la thématique de
l'équité individuelle
Nous venons d'analyser le concept de l'équité
individuelle reposant sur un ratio contribution/rétribution. L'individu
met en schème un process de comparaison entre ce qu'il perçoit
(reconnaissance basée sur le numéraire et/ou sur
l'immatériel) et ce qu'il donne à l'association. Nous obtenons
des résultats tout aussi différents que sont les deux acteurs des
associations.
Nous pouvons en conclure que les bénévoles qui
ont un besoin d'estime, d'accomplissement (théorie de Maslow) ont une
contribution basée sur le don : il donne du temps, des
compétences et attend en retour non pas une rétribution
financière mais une reconnaissance sous forme de remerciements de la
part de l'association. Cette reconnaissance peut être aussi sous la forme
d'une introduction plus forte des bénévoles dans l'organisation
de l'association.
Les salariés quant à eux sont dans la logique du
contrat de travail : lien de subordination, démarche
« donnant-donnant ». Nous notons aussi que le
salarié peut ressentir comme un mal-être dans la structure, car il
peut privilégier son statut de bénévole antérieur
à celui de salarié. Nous pouvons conclure que le salarié
connaît une crise d'identité. Mais dans le but de
préserver les acteurs salariés, les DRH sont soucieux des niveaux
de salaire et veillent sur les conditions de rémunération dans le
secteur voisin dans le but de répondre aux besoins dits de
sécurité (théorie de Maslow). Cette logique que nous
venons d'aborder pour le salarié nous oblige à ne pas
caractériser le ratio R/C.
2.2 L'équité collective : process de
comparaison
Nous constatons que pour les acteurs, le schéma
Contribution / Rétribution n'est pas réellement
équilibré. L'acteur élabore un autre schéma de
comparaison avec des acteurs ayant le même statut, le même profil
inclus dans la collectivité. Le bénévole va donc comparer
son ratio à celui d'un autre bénévole ou d'un
salarié. L'équité collective se met en place en se basant
sur certains axes de comparaison, dont nous allons analyser ceux
afférents au milieu associatif.
- Comparaison entre des items fonctionnels
Beaucoup d'annotations au cours des échanges nous
démontrent que salariés et bénévoles
légitiment leurs présences différemment : leur
origine, leur passé professionnel, leurs valeurs proches mais aussi
opposées sont les items utilisés pour construire un modèle
de comparaison.
Axe 1 de comparaison : les origines
professionnelles
§ Le bénévole
Au niveau du passé professionnel, « le
professionnel est issu du monde professionnel, le bénévole
pas80(*) ».
L'ensemble des bénévoles `subit' encore la « dame
d'oeuvre ». Nous ne sommes plus aux temps où le
bénévolat était reconnu comme une activité
occupationnelle.
Les DRH abordent cette relation professionnelle sous l'angle
de la subordination. Pour les bénévoles, cette obligation
réside dans le champ « moral » de l'acteur 81(*). Il se caractérise par
la signature d'un contrat validant l'engagement « Chaque engagement
est signé pour une période de 2 ans et est renouvelable 82(*). Il permet un lien de
subordination mais entre le bénévole et un collectif.
§ Le salarié
Les salariés n'hésitent pas à identifier
le bénévole comme un « incompétent »
83(*). Nous pouvons
trouver une origine à cette réflexion dans le sens où
« la dame d'oeuvre colle à la peau du
bénévole ». Le parcours professionnel, la non
reconnaissance réciproque, sont plus accentués chez le
salarié et un certain amalgame des obligations de chacun incite à
modéliser différemment. Le salarié est par nature soumis
au lien de subordination : il y a une obligation de résultats.
Axe 2 de comparaison : les fonctions
occupées
Au niveau des fonctions occupées, les associations
privilégient le `brassage' des acteurs. Nous observons, selon les
personnes rencontrées mais aussi par rapport à l'organisation des
associations, que chaque statut se trouve `cantonné' à des
fonctions bien précises.
§ Le bénévole
« Nos encadrants sont des bénévoles,
les salariés interviennent sur des métiers supports84(*) ». Les
bénévoles sont les acteurs présents depuis la
création de l'association : nous retrouvons beaucoup d'entr'eux
à la direction de l'association « Les bénévoles
sont dans les directions85(*) ». Mais accéder à un niveau
élevé de responsabilité implique des compétences
précises, « avoir une bonne vision de ce qu'est86(*) l'association ».
L'essence même du bénévolat s'en trouve
changée : « Mais la responsabilité est de plus en
plus lourde. Cela nécessite beaucoup de disponibilité. La notion
d'engagement est supérieure à celles des valeurs. 87(*).»
§ Le salarié
Comme le précise l'extrait
référencé numéro 84, les salariés occupent
des postes dans les métiers supports. Ils sont souvent dans
l'administratif de la direction ou bien dans l'encadrement de grandes
équipes. Voici quelques exemples issus du terrain de notre analyse et
démontrant que les salariés occupent des postes de travail
précis : « moi, je travaille en qualité
d'assistante de direction. Je suis en constant lien avec les antennes 88(*) »,
« Christian Eon, Responsable du développement de la
région Bretagne de l'Association Léo Lagrange 89(*) »,
« Monsieur Lavaud, responsable Antenne au sein de l'association
Captifs de la Libération à Paris 19ème 90(*)».
Axe 3 de comparaison : les items
générationnels et statutaires
§ Le bénévole
Au niveau des items générationnels et
statutaires, un fait certain semble émerger : « Les
bénévoles sont au départ de la création d'emploi
91(*) ». En
effet, beaucoup précisent que ce sont les bénévoles qui
font comprendre à la direction de l'association, qu'il est
nécessaire de recruter quelqu'un de permanent. C'est une sorte de
paternité qui est revendiquée par les bénévoles et
très mal vécue par les salariés. « Les
bénévoles font la preuve de la nécessité de la
fonction et sont toujours à l'origine de la réponse aux besoins
92(*) ».
Certains bénévoles ressentent une « usure, une fatigue
et l'arrivée (des salariés) est responsable de notre
démobilisation 93(*) ». L'intérêt du
bénévole réside dans le changement significatif auquel il
croit. « Le bénévole est porteur d'un excès,
celui du don, alors que le salarié est lui porteur de la
nécessaire limite du contrat qui encadre une relation d'échanges
stricts 94(*) ».
§ Le salarié
Les salariés entrant dans cette nouvelle organisation
sont régulièrement présents et remettent en cause les
règles de fonctionnement.. Les salariés vivent mal cette
méthode d'appropriation de la part des bénévoles :
« On croirait que la terre ne peut pas tourner sans eux 95(*) ». Le point
réel de friction entre salarié et bénévole est dans
la relation avec l'association : le salarié se situe dans la
démarche « donnant-donnant », de part la structure
juridique du contrat de travail et le bénévole qui lui est en
attente de rien.
Axe 4 de comparaison : les valeurs
§ Le bénévole
L'autre valeur, alors leitmotiv des bénévoles,
est le personnage emblématique du fondateur « Notre image
à nous les bénévoles, c'est notre fondateur 96(*) ». Au cours des
entretiens effectués avec des bénévoles et parmi
« l'ancienne génération », il ressort comme
un attachement, un peu comme un culte de la personnalité. Le
bénévole s'identifie à l'individu, qui a crée cette
organisation : « Nous adhérons tous à ses
idées et nous les perpétuerons 97(*) ».
§ Le salarié
Au niveau des valeurs, nous retrouvons la logique du
donnant-donnant chez le salarié, puisque celui cherche
« à être reconnu pour ce qu'il fait et ce qu'il est
98(*) ». Les
salariés travaillent avant tout pour vivre et donc avoir un salaire. Il
y a comme une démarche d'intérêt, même si ils disent
assez fort qu'« ils veulent de l'estime et non celle de
l'échange (salaire) 99(*) ».
Le salarié, quant à lui ne ressent pas le
rapprochement avec le fondateur : « ....je regrette de voir
venir les salariés comme dans une entreprise normale. Dans leur
comportement, ils ne font pas preuve d'humanité. Et ils ne
s'investissent pas dans la vie associative 100(*)... ».
Etat récapitulatif des axes de comparaison
utilisés par les bénévoles et les salariés
Au cours des différentes interviews, nous avons
observé que les salariés et les bénévoles ont des
axes de comparaison qui correspondent à leurs besoins selon la
théorie de Maslow. Il en ressort principalement que les salariés
pensent les bénévoles
« incompétents », et qu'une démobilisation
des bénévoles face à ces salariés qui arrivent et
veulent tout changer. Nous notons aussi que les bénévoles par
leur présence importante en terme de temps sont positionnés sur
des postes de direction alors que les salariés occupent des postes dits
de support ou bien dans l'encadrement mais à grande échelle.
Axes de comparaison
|
Bénévole
|
Salarié
|
Les origines professionnelles
|
le bénévole non issu du monde professionnel
|
Le professionnel issu du monde professionnel
|
Lien de subordination basé sur la moralité
|
Lien de subordination contractuel
|
Les fonctions occupées
|
Direction générale ou petit encadrement
|
Métiers supports / encadrement à large
périmètre
|
Les items statutaires
|
Fonction assumée par un bénévole: le besoin
de technicité croissant, le recrutement d'un salarié est
décidé
|
Mauvaise appréhension car ils réfutent
l'idée que les bénévoles sont "indispensables"
|
Les valeurs
|
Adhésion totale à l'image du fondateur
|
Non adhésion aux valeurs véhiculées par le
fondateur
|
Ce tableau représentatif des axes de comparaison met en
lumière deux acteurs aux valeurs, aux idées de fonctionnement
différentes. Il émerge un déséquilibre entre
l'acteur bénévole qui considère sa contribution comme un
don et l'acteur salarié qui est dans une logique purement
financière où le « donnant-donnant » est le
cadre de cette relation. Les ratios entre les deux acteurs ne sont pas pareils
si nous nous basons sur les analyses effectuées et portant sur des
thématiques professionnelles et culturelles. Ce sentiment
d'inéquité entre le salarié et le bénévole,
il génère une tension « Selon un
bénévole : il a le sentiment que les salariés
« ont peur pour eux, pour leur job 101(*) », qui est réellement palpable
surtout si nous reprenons deux affirmations, d'un côté un
salarié qui considère le bénévole comme un
incompétent 102(*) et de l'autre un bénévole qui
précise que les salariés ne font pas preuve d'humanité
103(*)
2.3 Action : réactions induites par le sentiment
d'équité ou inéquité
Le salarié ou le bénévole alors en
situation d'inéquité va agir de façon à
réduire les écarts et la tension que nous venons de mettre en
lumière. Nous allons aborder quelles actions engendrées par les
acteurs sont mises en place.
Types d'actions 1 : au niveau professionnel
Les difficultés de cohabitation et de partenariat dans
certains secteurs démontrent une « forte
incompatibilité entre salariés et bénévoles dans
certains secteurs 104(*) ».
Nous notons dans un premier temps, une réaction qui se
veut partagée par l'ensemble des acteurs : celle de sous-estimer
l'autre. « Pour les professionnels, les salariés occupent de
réels postes, pour les bénévoles, les salariés ne
font que 35 heures 105(*) ».
§ Le bénévole
Même si, comme nous l'avons abordé
précédemment, les bénévoles sont
« à l'origine des postes de travail occupés par les
salariés », c'est sur cette base de non-considération
que sont construites les relations de travail. Et comme le précisait
Pierre Tripier « le drame » entre ces deux
protagonistes c'est qu'ils vivent dans deux mondes différents :
l'approche humaine étant la règle des bénévoles.
« Les relations de travail sont correctes, mais il existe des peaux
de banane. C'est normal, les objectifs ne sont pas les mêmes 106(*) ».
Les bénévoles sont impliqués dans des
objectifs, récompensés par des articles de journaux, des articles
de presse, alors que comme le précisait le DRH des Petits Frères
des Pauvres, des salariés comme en informatique, sont plus dans une
recherche d' « expériences professionnelles
valorisantes » pour le CV.
§ Le salarié
Les salariés, méconnaissant le rôle et la
fonction du bénévole, n'ont pas une attitude positive vis
à vis des jeunes bénévoles : « Pour les
jeunes, il n'y a aucune perspective d'évolution 107(*) ».
Les salariés à cause de leur passé de
bénévole, sont redoutés par les bénévoles
à tel point que les bénévoles les considèrent comme
des individus « mettant de la bonne volonté .. 108(*) » et qui ne
connaissent pas le terrain. Il s'agit comme le pense Dan Ferrand-Bechmann
(2000), que c'est une manière de tenir les bénévoles
à l'écart des salariés du travail principal de
l'association.
Type d'actions 2 : mettre en lumière les
défauts de l'un pour mieux se valoriser
En réalité, ce jeu de l'incompétence est
une manière réciproque de se protéger contre l'autre.
Pourtant qualifier quelqu'un en ces termes est le reflet d'un jeu d'agression,
où l'attaque est la meilleure défense.
§ Le bénévole
Cette thématique ne fut pas abordée lors des
entretiens.
§ Le salarié
L'autre aspect mis en lumière par les salariés
est la notion de fidélité et plus précisément
« l'infidélité ». Par le fait que les
bénévoles ne sont pas « tenus » par un
engagement juridique et matériel, alors les salariés donnent une
image « d'atome » à ces derniers :
« La notion de fidélité a bien changé. Ce
principe a évolué comme la fidélité dans le couple.
Dans le milieu professionnel, il est rare de faire carrière dans la
même entreprise 109(*) » .
Sous-jacente à cette idée, celle de montrer que
le bénévole, comme appréhendé
précédemment, est peu confiant de ses compétences :
il n'est pas diplômé du secteur dans lequel il évolue.
Type d'actions 3 : avantages financiers et
comportements
§ Le bénévole
Les bénévoles ne perçoivent pas de
salaire. Mais, la notion de rétribution doit être perçue
comme un temps consacré à l'association. Les
bénévoles voient d'un très mauvais oeil, le fait de ne pas
accorder un maximum de temps à l'association. Cette forme de
dénigrement se retrouve dans « pour les
bénévoles, ces salariés ne font que 35 heures 110(*) ».
Les bénévoles considèrent les
salariés comme des individus
« intéressés », et utilisant l'association
comme un lieu d'exercice professionnel au sein duquel, ils veulent se sentir
libres et ne veulent avoir aucune contrainte.
L'émergence du concept d'entreprise associative
111(*) fait
apparaître chez le bénévole un sentiment de crainte par le
fait que le salarié issu de ce milieu va prendre plus encore de
pouvoirs.
§ Le salarié
Le DRH de l'association Les Petits Frères des Pauvres
reconnaît que les populations de salariés sont dans la logique du
secteur marchand, soit du donnant-donnant « Ces populations
professionnelles sont dans le système réel du marché du
travail 112(*) ». « Les salariés de
Captifs sont différents. Ils ont moins la foi. Il faut le
reconnaître, ils sont là pour recevoir leurs salaires 113(*) ».
La montée en puissance du nombre de salariés au
sein d'association et la mutation des individus la composant sous le couvert de
la « professionnalisation » dévoile un statut de
salarié alors s'émancipant de l'éthos du
bénévolat et affirmant une éthique professionnelle
spécifique et une légitimité fondée sur d'autres
motifs que celui de la « bonne volonté
désintéressée 114(*) ».
L'émergence de ce concept « entreprise
associative 115(*) » est vue du côté des
salariés dans le positionnement qui leur est accordé dans
l'organisation comme une impression de non-prise en considération de la
part des bénévoles et de la direction « Même si
les salariés ne sont pas d'accord c'est la direction qui décide
116(*) ». Il
s'agit là d'une forme de résistance passive face aux
décisions prises par la direction de l'organisation. Elle peut aussi
dévoiler un certain dédain pour les décideurs et donc les
bénévoles dans le sens où ils prennent des
décisions sans connaître réellement le terrain au nom d'une
solidarité.
Etat récapitulatif des types d'actions
engendrées dans le cadre d'une inéquité
Types d'actions observées
|
Bénévole
|
Salarié
|
au niveau professionnel
|
Sous-estimer l'autre
|
Mettre en lumière les défauts de l'un pour mieux se
valoriser
|
|
Véhiculer l'information de non-progression pour les jeunes
bénévoles
|
|
Etre Comme un acteur 'infidèle"
|
|
Véhiculer l'information que le bénévole est
peu confiant en ses compétences
|
Avantages financiers et comportements
|
Considérer comme un manquement grave le fait que le
salarié ne consacre pas tout son temps
|
Développer une autre valeur, une autre culture :
développement d'une éthique professionnelle spécifique
|
Considérer les salariés comme des personnes
intéressées
|
Fonder légitimement sur d'autres motifs que la bonne
volonté
|
A travers ce tableau, nous observons que les actions pour
réduire les écarts sont verbales, très peu gestuelles. Il
faut noter que le conflit latent entre les acteurs engendre des
réactions pas toujours positives. Nous pouvons résumer cet
ensemble comme un état malsain et qui peut être destructeur pour
les acteurs et l'association. Nous notons aussi que les salariés en
réponse aux attitudes des bénévoles développent
d'autres valeurs d'autres cultures. Nous sommes en position de nous interroger
sur le véritable affrontement entre les acteurs et donc leurs deux
cultures.
2.4 Conclusion : équité entre salarié
et bénévole ?
Aux termes de cette partie tentant de répondre à
la question 1, dont nous vous rappelons la formulation à savoir, s'il
existe une équité entre salarié et bénévole,
nous pouvons recenser un certain nombre de faits qui nous conduiront à
apporter une réponse à cette question.
- Des profils différents
Comme nous venons de l'aborder, le salarié et le
bénévole sont les deux acteurs de l'association. Le premier
entrant à grands pas au sein de l'association, le second étant
présent depuis la création même de l'association. Ce
constat met en lumière déjà un écart assez
important.
En effet, les individus n'arrivent pas par hasard dans les
associations. Ils ont des compétences à apporter mais pas
toujours dans le domaine qui intéresse l'association.
Le salarié est un professionnel de son domaine
d'activité. Il est d'ailleurs diplômé et reconnu. Son
parcours professionnel se dessine et il a connu d'autres expériences
dans d'autres secteurs. Le bénévole quant à lui est en
grande majorité retraité, ayant subvenu à l'ensemble de
ses besoins. Il a un passé professionnel, mais ne développe pas
ses compétences dans son métier ou domaine.
Les valeurs qui unissent ces deux acteurs ne sont pas toujours
partagées. Certes, ils constatent un manquement de la part de
l'état dans la politique sociale et veulent intervenir dans l'espoir de
modifier les choses.
-Des finalités différentes
Le statut de salarié est encadré comme dans
chaque organisation, qu'elle soit du secteur marchand ou pas, par un contrat de
travail. Le lien de subordination existe entre l'individu et la personne
morale. Cela implique des obligations et des devoirs de part et d'autre.
Le bénévole, quant à lui, et
malgré la professionnalisation, qu'il connaît, n'est pas soumis
à un contrat de quel ordre que ce soit. Des contrats dits d'engagement
sont réellement utilisés, mais ils n'ont aucune validité
sociale juridique.
La notion d'engagement s'en trouve différente : le
salarié est positionné dans une relation
« donnant-donnant ». Chaque mois, il perçoit un
salaire en numéraire en contrepartie de son travail.
Le bénévole a lui un engagement plus
moral : la décision de s'engager dans un collectif pour une cause,
est individuelle. Cet engagement peut être ponctuel. L'investissement
peut être conséquent : une mise à disposition de soi,
avec des savoirs utilisés pour l'association et dans la finalité
de construire un monde nouveau.
- Une certaine crainte réciproque pour les deux
acteurs
Des horizons différents, des finalités
différentes avec certainement des attentes différentes :
nous avons observé, par exemple, que le bénévole
était demandeur d'une logique gestionnaire alors que le salarié
refuse les objectifs de performance du secteur marchand.
Nous assistons à une confrontation de deux statuts dans
un milieu où la vie professionnelle, les valeurs n'ont pas les
mêmes fondements. Un état de tension est palpable puisque, comme
nous l'avons observé précédemment, la meilleure
défense est l'attaque. Ce ne sont pas des querelles ouvertes du moins
devant les usagers. Mais les bénévoles craignent une
« invasion » de la part des salariés. Les
bénévoles considèrent qu'ils ont une perte de pouvoir par
le fait que les salariés ne les considèrent pas comme des
professionnels et voient en eux « les dames patronnesses ».
- Des faits externes à l'association
L'association évolue dans un monde en mutation :
nombre croissant d'associations sur le territoire français, de plus en
plus de gens disponibles quelques heures par semaine et cela dans le cadre des
35 heures, développement des mécénats dans les entreprises
et montée de l'individualisme.
Avec une volonté de reconnaître le statut de
bénévole, des dispositions législatives ont
été prises, et dont l'objectif inavoué est être
à l'égal du salarié. Le bénévole, alors
considéré depuis longtemps comme un amateur, comme un outsider
(Maud Simonet-Cusset, 2004) s'en trouve disqualifié, car il ne
s'inscrit dans aucun registre professionnel. En effet, l'acquisition d'une
compétence liée au plaisir de « faire » pour
soi est dévalorisée. De même, avec ce mouvement de
professionnalisation, certains bénévoles doivent adopter de
nouvelles attitudes : de nombreux bénévoles sont aux postes
de direction et n'ont pas les compétences nécessaires. En
résumé, la notion de bénévolat comme
activité occupationnelle est obsolète, l'association perd de sa
socialisation : le bénévole n'ayant pas de compétence
spécifique risque de n'avoir pas de proposition et le salarié par
contre saura répondre à ces exigences.
Le salarié répondant davantage en terme de
compétences spécifiques entre volontiers dans l'association. Il y
apporte une autre vision des choses, une autre méthode pour
appréhender, mais les bénévoles n'ont pas
été préparés à cela.
- Tableau récapitulatif
« Tableau récapitulatif des
thématiques dans la notion d'équité entre salariés
et bénévoles »
|
|
Bénévole
|
Salarié
|
Equité individuelle
|
|
Concept de don
|
Logique donnant-donnant
|
Evaluation de l'échange
|
Mémoire vive-Expertise dans son domaine / Attente de
valorisation-besoin d'être reconnu pour son statut
|
Expertise-non polyvalence aux situations / Lien de
subordination-salaire en numéraire
|
Ratio C/R
|
C > R
|
A déterminer
|
Equité collective
|
|
|
|
Axe de Comparaison
|
Non issu du monde professionnel
|
Issu du monde professionnel
|
Postes de direction ou petit encadrement
|
métiers supports ou encadrement à grand
périmètre
|
Présences depuis l'origine de l'association
|
Réfus l'idée d'un bénévole
"indispensable"
|
Adhésion aux valeurs et image du fondateur
|
Non adhérension à l'icône "Fondateur"
|
Action
|
Sous-estimation réciproquement
|
Mise en avant les points négatifs pour se valoriser
(manque d'investissement en temps et individus intéressés)
|
Mise en avant les points négatifs pour se valoriser
(infidélité)
|
|
Développement une autre culture, d'autres valeurs par
rapport aux bénévoles
|
En reprenant certaines thématiques caractérisant
les relations salariés et bénévoles, nous constatons un
certain nombre de divergences qui sont :
- deux statuts aux encadrements juridiques
différents
- des origines professionnelles différentes
- des valeurs et une approche économique non
partagées
- deux catégories qui ne s'apprécient pas au
niveau professionnel
Toutes ces distinctions sont les résultats de leurs
besoins. Nous allons tenter de schématiser l'ensemble des besoins selon
les grandes thématiques de la notion d'équité entre les
salariés et les bénévoles.
Grandes thématiques
|
Bénévole
|
Salarié
|
statuts juridiques
|
encadrement basé sur l'engagement moral
|
encadrement juridique du contrat de travail
|
|
engagement vis à vis d'un collectif
|
engagement vis à vis d'une personne morale
|
origines professionnelles
|
expertise dans un domaine mais n'exerçant pas toujours
dans son domaine
|
en plein parcours professionnel, expertise dans son domaine
|
|
Recherche de flexibilité et mobilité vers d'autres
fonctions ou d'autres associations
|
Recherche de flexibilité pour une évolution de
fonctions, de postes
|
valeurs et approche économique
|
sur la logique du don
|
sur la relation donnant-donnant
|
|
attente de reconnaissance
|
Recherche d'équité aux niveaux des salaires du
secteur d'activités
|
relation de reconnaissance collective
|
non reconnaissance mutuelle
|
|
besoins d'estime, de reconnaissance, d'appartenance
|
besoins de sécurité
|
Ce tableau, illustré par ce graphique démontre
que le bénévole a des besoins d'estime, de reconnaissance
d'appartenance au travers de ses sentiments d'adhésion aux valeurs et au
fondateur, que ses activités sont basées sur le don de
compétences, de temps et attend une reconnaissance de la part de
l'association.
Le salarié, quant à lui, a plutôt des
besoins physiologiques et de sécurité qui se dévoilent au
travers de sa relation contractuelle avec l'association où le
salarié apporte ses compétences en échange d'un salaire en
numéraire, et où se situe dans une progression classique de
carrière. Sa présence dans l'association est plutôt
récente, et sa venue est synonyme d'expertise.
PARTIE III : PRECONISATIONS ET LIMITES
Introduction
Les Ressources Humaines au sein des associations sontt en
pleine progression : de la gestion administrative du personnel , nous
voyons émerger une nouvelle discipline. Désormais, face à
un environnement économique difficile, l'un des objectifs de la fonction
RH au sein des associations est de gérer équitablement le capital
humain.
3.1 Préconisations pour l'analyse de
l'équité en association
Un constat qui se veut réel : dysfonctionnement
dans les relations entre les acteurs. Nous observons des attitudes de
sous-estimation vis-à-vis des autres acteurs, des comportements
d'agression verbale, une tentative de déstabilisation de l'autre. Nous
avons l'idée que l'association a subi, avec le plus heureux des hasards,
une extension de ses activités. Elle n'a absolument pas mis à
plat son organisation. Les acteurs , par leurs comportements, ne se
sentent pas unis dans l'activité principale. A l'opposé de cela,
les DRH ne voient en leurs équipes, qu'une unité de
compétences, une complémentarité. Sommes-nous face
à des DRH qui se ferment face à la réalité des
choses ? Les salariés et les bénévoles n'ont pas
trouvé leur place dans l'organisation. Il n'y a pas de cohabitation
réelle. L'attente des salariés et des bénévoles,
basée sur la reconnaissance et à cause de l'émergence
d'une nouvelle culture associative, est à considérer comme un
clignotant rouge. L'organisation doit être modifiée, mise à
plat avec une redéfinition précises des fonctions de chacun,
avec une communication optimale où chacun se sent partie
intégrante dans l'évolution de l'organisation.
Selon Peretti, il est important que l'homme ait des ressources
et non soit une ressource. Il faut non seulement situer l'homme comme un acteur
ayant des compétences à développer au coeur d'une gestion
individuelle, assurée en partie par le manager de proximité
nommé relais RH. Etre à l'écoute de chacun, faire
véhiculer au maximum l'information et proposer une
« évolution » au sein de l'association, que ce soit
pour le bénévole ou pour le salarié doivent être les
étapes vers une implication optimale. Il ne faut pas oublier que la
notion de valeur est prépondérante, car elle conditionne
l'adhésion de chacun à l'association. Pour cela, le plan d'action
doit s'articuler autour de quatre thèmes :
1. Personnalisation de tous les aspects de la fonction :
la fonction RH doit évoluer en trois sens : fonction de support,
entre les fonctionnels et les opérationnels, activités
centralisées et décentralisées.
2. Partage de la fonction RH qui se tourne vers les managers
de proximité et qui s'étend dans l'organisation : nouvelles
relations et interactions entre les acteurs, les managers et la direction.
3. Mobilisation des collaborateurs en redéfinissant les
rôles de chaque acteur
4. Adaptation de l'association à travers les domaines
en ressources humaines : développer la gestion des
compétences et la mesurer de manière équitable. Pour cela,
il y a diffusion des « règles du jeu » concernant le
recrutement, les stagiaires, la rémunération, la formation,
l'évaluation, la mobilité et les promotions.
3.1.1 Préconisation 1 : Partager la fonction
RH
Au sein des associations rencontrées, nous constatons
que les bénévoles et les salariés ressentent un fort
besoin de reconnaissance : ils attendent une valorisation de la part de
l'association et d'être reconnus pour leurs statuts. Selon Jean-Marie
Peretti 117(*), il y a
deux obligations de reconnaissance qui sont la reconnaissance de
l'identité de chacun et de sa contribution. La DRH ne peut absolument
pas être présente sur chaque exploitation afin de
développer cette politique. D'autres doivent prendre le relais. Le
manager de proximité peut en partie répondre à cela.
Ø Faire un état précis de la
situation
« Si gérer les ressources humaines, c'est
s'assurer qu'activité et personnes sont en harmonie, cela revient
à tenter d'influencer des comportements individuels pour qu'une
activité soit réalisée de manière efficace
118(*) ». Dans
le cadre des associations, les personnes actrices ne forment pas un noyau dur
pour oeuvrer dans le même sens. La raison de cet état est
l'hétérogénéité des acteurs. La
démarche des ressources humaines en association a surtout
été de gérer en collectif et surtout en essayant de mettre
des parallèles dans les process de gestion pour les salaries et les
bénévoles. Parce que les associations sont dans un contexte de
flexibilité, de mobilité, elles doivent
« individualiser » la gestion des ressources humaines.
Pour Thévenet, le management est avant tout une affaire de
proximité. Les cadres sont les mieux placés pour connaître
les situations de chacun et leurs modes de management ont un impact direct sur
les salariés. Il y a une confiance globale en l'association et les
outils RH qui sont ou à l'état d'ébauche ou mis en place
depuis quelque temps, mais nous pouvons penser que les process sont bien
compris, bien assimilés.
Ø Définir le poste de Manager de
proximité
La position du manager de proximité est à la
fois une force et une difficulté : suite aux conflits de position,
conflits de rôles, c'est aussi un carrefour de logiques 119(*) : régulation de
problèmes d'organisation, de problèmes humains, d'arrangements.
Aussi, se doit-il d'être l'homme
« Interprète-traducteur » pour relayer sur la
communication des objectifs stratégiques de l'association, l'homme
«Adaptateur » ayant un rôle d'organisateur dans le cadre
de nouveaux projets et celui de l'homme « régulateur
d'émotion » en étant l'interlocuteur
privilégié du terrain pour palper, juger le climat social
120(*).
Ce manager doit être positionné au coeur de
l'organisation. C'est pour cette raison qu'il est nécessaire de
définir précisément ses fonctions. Au sein de
l'association, le manager de proximité peut avoir deux casquettes :
Faire réaliser la tâche, contrôler son
exécution et organiser le déroulement du process production
- Etre actif dans les relations pour coordonner les
activités individuelles pour la production d'un résultat
collectif.
L'un des objectifs, et non des moindres, de l'instauration
d'un manager de proximité se doit d'être une réponse
à l'implication des salariés et des bénévoles
envers l'association mais aussi envers l'ensemble des acteurs. Pour cela des
outils nécessitent être mis en place de façon à ce
que les conditions soient optimales pour impliquer chaque acteur.
Ø Positionner le manager de proximité au
coeur de l'organisation
Au sein des associations, les DRH sont dans l'obligation de
mettre en place les fonctions de manager de proximité dans le but
d'être au plus près des bénévoles et des
salariés et d'être l'interlocuteur de la direction vers les
exploitations et inversement. Un comité de consultation peut être
crée de façon à rendre interactif les
échanges : l'important est de faire participer les acteurs des
exploitations et ceux du siège ainsi que la DRH. Les premières
réunions doivent être pour la DRH le moyen de recueillir les
besoins de chacun. Au fil des réunions, la DRH va aboutir à
l'établissement d'une fiche de poste regroupant les compétences
« savoir, savoir-faire et savoir-être ». La fiche
étant validée, la DRH formalisera le process de recrutement qui
va s'opérer.
« Schéma représentatif de
l'environnement du manager de proximité au sein de
l'association »
Ø Procéder au recrutement
Le process de recrutement sera l'occasion de communiquer avec
les exploitations et l'ensemble des acteurs. Pour cela, après avoir
élaboré une annonce de poste à pourvoir, la DRH oriente
ses recherches en interne. Elle communique par voie de mail, de fax. Chaque
communication de la DRH doit être visualisée par tous : sont
donc privilégiés les canaux d'affichage, les informations lors
des réunions organisées par le responsable de l'antenne ou de
l'exploitation. La sélection va donc se faire en abordant l'axe de la
« personne utile ». A ce stade, que la personne soit
salariée ou bénévole, peu importe, l'association en a
besoin et elle va s'en donner les moyens. Pour cela et dans un souci de
transparence, la gestion du recrutement sera uniforme : chaque poste,
qu'il soit occupé par un salarié ou un bénévole,
est « traité » identiquement.
La DRH détient l'ensemble des caractéristiques
du poste. Par mesure d'équité, la DRH se doit d'être claire
et précise dans les compétences nécessaires pour
l'accomplissement du poste. Chaque acteur devra connaître le process et
les décisions qui seront prises reposant sur des critères
objectifs. La DRH collecte les candidatures internes. Elle est tenue
d'être analyser chaque candidature en ne prenant en considération
que les compétences qui sont exposées par rapport aux
savoirs, savoir-faire et savoir être et qui ont été
décidées. Après analyse, la DRH se doit de faire un retour
résumant les candidatures présentées en détaillant
les points positifs et négatifs. Dans le cas où la DRH juge une
candidature recevable, elle va procéder au process d'entretiens de
sélection. Dans le cas contraire, l'appel à candidature est
lancé vers le public par voie d'annonce dans les journaux et sur le site
internet de l'association.
Ø Les entretiens de sélection
L'entretien est la situation la plus propice à la
recherche de valeurs, et une adéquation entre les compétences de
comportement du candidat et celles attendues par l'association. Le premier
contact est très important, car il est garant d'un éventuel
engagement. Le candidat peut recevoir un courrier l'invitant à prendre
contact avec la gestionnaire du recrutement. Dans les associations, l'ensemble
des entretiens est organisé par un personnel RH, qui peut inviter un
professionnel du terrain pour l'assister. Cette première étape
permet déjà une sélection. L'entretien dit
« d'embauche » est effectué sur le terrain mais
aussi au siège. Il s'agit d'un entretien classique, où l'objectif
est de chercher à savoir pourquoi la personne veut intégrer le
secteur associatif : connaître ses motivations et ses convictions
profondes. L'entretien se veut un acte où chacun apprend à se
connaître, en cherchant à détecter si la
personnalité et la personne adhèrent aux valeurs de
l`association.
Sont donc mises en lumière les valeurs propres à
l'association, car l'engagement que va faire le salarié ou le
bénévole se doit aussi d'être moral. Nous pouvons
même penser que l'entretien d'embauche se veut comme un acte de
séduction où la DRH dévoile les valeurs de l'association
au travers de ses actions et parle en plus d'évolution professionnelle.
Ø La phase d'intégration : la notion
d'engagement et le process d'intégration
La phase d'intégration est très importante, car
c'est un accompagnement spécifique qui rendra l'acteur le plus
opérant possible. Les entretiens terminés et la DRH peut apporter
un avis favorable à l'intégration du nouveau collaborateur. Les
acteurs participants décident alors en commun la personne à
intégrer.
Une fiche récapitulative relatant l'ensemble des
entretiens sera mise en place. Elle doit être objective et relater les
différents entretiens en terme de compétence. Elle permettra un
suivi et les annotations portées oriente ae DRH et ses collaborateurs
quant à l'affectation sur le terrain .
Après un processus de validation de la candidature, le
nouveau collaborateur, soit d'un statut de salarié ou de
bénévole signera un document reflétant son engagement
(contrat de travail pour le salarié ou contrat d'engagement de 2 ans
pour le bénévole).
L'intégration est le moment le plus important car,
l'implication de ce nouveau collaborateur va conditionner la réussite
future au sein de l'équipe. Un process d'accompagnement devra être
clairement précisé lors de l'entretien. Il a pour but de mettre
l'individu dans les meilleures conditions possibles pour qu'il puisse sentir
que la direction et la DRH investissent du temps et de l'argent pour cette
réussite. Dans un meilleur encadrement, il peut être mené
des entretiens réguliers durant une période qui peut durer le
temps d'une période d'essai. Il s'agit de vérifier
l'adéquation entre l'esprit du nouveau collaborateur et les attentes de
l'association
3.1.2 Préconisation 2 :
développer la communication
« Créer un dispositif de communication en
interne est source d'équité 121(*) ». Tous les acteurs de l'association
doivent être informés de son évolution. La communication
répond à un objectif : elle est source de reconnaissance.
Sur le terrain, les acteurs demandent une reconnaissance axée sur plus
de communication politique, plus de formation, plus d'information qui par
conséquent développeront la motivation.
Pour maintenir cette motivation, il faut de l'information et
davantage investir les acteurs. La communication est la base de toute
démarche motivationnelle : elle doit se déployer sur trois
niveaux : la communication au sens relationnel, celle que l'on vit tous
les jours, celle à moyen terme qui s'oriente vers les changements
organisationnels et celle à long terme portant sur la stratégie
à long terme 122(*).
Les actions mises en place développeront
l'inter-échange entre les salariés et les
bénévoles : mais ce système est déjà un
inter-échange. Il faut essayer d'inclure l'ensemble des acteurs dans la
vie de l'association. Chacun doit se connaître, se rencontrer et
échanger. L'objectif est la recherche de l'équité
collective : les effectifs seront unis dans le souci d'oeuvrer vers la
même finalité : il faut sensibiliser sur un même but.
Tout cela a comme objectif de développer le sens de l'action. Les
bénévoles et les salariés vont faire tout ensemble. Le
bien fondé de cette démarche est d'éviter des situations
de non-compréhension tout en communiquant sur les contributions de
certaines catégories. Pour cela, et afin que les salariés et les
bénévoles soient partie prenante dans les orientations d'actions,
des réunions régulières doivent être
organisées entre les salariés et les salariés. Un
réunion annuelle ayant un caractère de séminaire peut
aussi avoir lieu afin de croiser les expériences de chacun et de chaque
équipe. Il s'agit là de mettre en lumière des actions qui
ont abouti.
3.2.3 Préconisation 3 : Fidéliser et
préparer l'avenir par la mise en place d'une GPEC
Le problème du recrutement est important au sein des
associations. En effet, elles sont confrontées à des
bénévoles aux démarches individuelles, à des
salariés qui sont en pleine vie professionnelle et donc ayant des
objectifs de progression en matière de salaire ou considérant
l'association comme un lieu d'activités professionnelles. Les constats
opérés sur le terrain démontrent qu'il existe un
turn-over assez conséquent, une population
« volage », « comme un acteur
infidèle ».
Nous proposons de prendre le problème sous deux
angles : celui d'un recrutement où toutes les actions sont inclues
dans un process très précis, formalisé et celui de
l'anticipation où l'association doit induire une démarche
pro-active sur l'évolution de ses métiers. Pour cela, elle se
doit de développer sa politique de formation pour préparer son
encadrement. On ne sort pas un directeur d'exploitation ou un encadrant
d'équipe de son chapeau !!!
Ø Préparer en recensant les besoins en
matière de GPEC
Le contexte dans lequel évoluent les associations est
celui d'une
fonction avec une variable d'ajustement à court
à moyen terme
recherche de performance comme credo de survie course aux
subventions et aux dons qui bouleverse les modes de gouvernances des
organisations.
Comme nous l'avons vu précédemment,
l'environnement de l'association est instable : subventions et ressources
financières irrégulières, turn-over des
bénévoles, démarche intéressée des
salariés venant chercher une expérience et concurrence acerbe
entre associations. Il faut donc anticiper d'éventuels changements. Pour
cela, la DRH de l'association doit se doter d'un arsenal d'outils RH permettant
de confirmer les compétences de ses acteurs et de les développer
de façon à donner un atout, une longueur d'avance
vis-à-vis des autres associations. Ainsi pour préparer
l'association à répondre à des besoins spécifiques,
la DRH devrait mettre en place une GPEC afin de faire coïncider les
compétences des acteurs et les besoins de l'association en les
répartissant de façon équitable, en les développant
ou les faisant évoluer sur un court ou moyen terme.
Ø Des outils RH préalables à la
GPEC
Cette mise en place va permettre de répondre avec
précision aux nouvelles exigences économiques et sociales. La
gestion des compétences va apporter la polyvalence, l'autonomie et la
responsabilisation des acteurs. L'homme en tant que compétences en
devient la cible principale. La démarche `Compétences' permet de
piloter simultanément l'évolution de l'organisation et la
professionnalisation des individus.
Au préalable à toute démarche de GPEC,
nous pouvons noter que certaines associations ont déjà
oeuvré dans ce sens, car il faut au préalable mettre en place ces
outils 123(*) :
Etape 1 : description des postes
Il s'agit de définir chaque poste, qu'il soit
occupé par un salarié ou par un bénévole, en terme
de savoirs, savoir-faire et savoir être. Un comité de pilotage
doit être constitué afin d'élaborer les fiches de postes
des acteurs du terrain. La DRH est partie intégrante de ce comité
où son rôle est de formaliser en terme de compétences, les
tâches de chaque poste. Cette fiche doit reprendre l'identification du
poste en le situant dans un organigramme, la formation typique
recherchée ainsi que les modalités financières et une
description détaillée des tâches à effectuer.
Etape 2/3 : répertoire des
postes-cartographie des métiers
Après chaque description de poste et après avoir
établi la fiche de poste, l'acteur, salarié ou
bénévole, prend connaissance de cette dernière . Pour
cela, une rencontre entre l'acteur et sa hiérarchie est
organisée. Elle permet un échange basé sur la
confiance : discussion dans le but d'aboutir à une
compréhension parfaite des objectifs à atteindre et de faire
« coller » la fiche de poste à la
réalité du terrain. A l'issue de ce processus, la direction de
l'association dispose d'une carte des métiers qui va servir de base dans
le process d'information.
Etape 4 : référentiel de
compétences 124(*)
Il s'agit d'un recueil formulant les compétences
décrites en verbes d'action (exemple : maîtriser l'outil
informatique). Elle développe pour les compétences les plus
importantes les connaissances, les savoir-faire, les qualités et
aptitudes requises. Chaque compétence est validée par quatre
items :
- niveau 1 : maîtrise
- niveau 2 : capacité à utiliser la
compétence
- niveau 3 : autonomie
- niveau 4 : expertise.
Nous devons garder à l'esprit que gérer les
acteurs dans une démarche équitable est primordial :
l'association ressent le besoin de gérer les bénévoles en
qualité de compétences mais de faire aussi pour les actifs de
l'association .
Etape 5 : la charte de mobilité interne
125(*)
La charte de mobilité interne doit répondre aux
attentes de chacun. Pour cela, elle ne peut être élaborée
que dans le cadre d'une relation avec l'ensemble des acteurs. Chacun doit
être à même d'expliquer ce qu'il attend en matière de
mobilité : les conditions d'information du ou des postes
disponibles, les critères et processus de sélection, le respect
de chaque candidature en apportant des explications précises quant
à la qualité de la candidature et enfin le détail de
l'intégration. Ce qui doit être recherché dans cette
démarche, c'est de faire adhérer chacun à cette
mobilité dans le domaine des process et des décisions., l'acteur
doit sentir le maximum de précision, de clarté et
d'accessibilité, que la sélection ne se basera pas sur un point
discriminatoire : le statut, l'âge ou les origines.
Ø La construction d'une démarche GPEC
A l'issue de ces formalités, la DRH qui a fait le point
sur ces compétences actuelles se doit maintenant d'anticiper sur ce que
peuvent être les métiers de demain. Pour cela, elle va faire
émerger quelques constats que nous allons schématiser
ci-dessous.
Elle se réfère à l'environnement
économique et social de l'association en terme financiers ainsi que la
démographie potentielle (départ en retraite, démissions ou
licenciement). Prenant appui sur la démarche du manager de
proximité, la DRH est informée des potentiels
détectés. Face à un environnement instable et pour attirer
la confiance des donateurs, l'association doit faire preuve de transparence et
donc de crédibilité au travers de ses actions précises et
de ses résultats qui doivent être rapidement visibles et à
des compétences spécifiques .
« Process schématisé sur une
démarche probable d'une GPEC dans une association »
De ce schéma, il résulte que nous avons face
à face des besoins en matière de personnel et une projection des
postes ou métiers dans un avenir à court ou moyen terme. Pour
cela, la DRH va lancer une politique de formation de façon à
préparer les acteurs à leur évolution.
Ø La formation
Le monde de l'association est en relation avec un usager de
plus en plus exigeant. Il se met aussi dans la situation où se
côtoient la misère, la pauvreté et la détresse. Dans
notre dossier, les associations rencontrées sont dans le secteur du
soutien aux personnes en difficulté. Les acteurs doivent être
préparés à affronter cette détresse.
Psychologiquement les individus acquièrent la faculté
d'être imperméables aux évènements : ils
doivent avoir une grande force de caractère pour ne pas être
atteints. Les salariés, étant plus sur des postes administratifs
sont cependant aussi en relation avec le public. Les associations
possèdent une véritable force vivante dans leurs
équipes : les anciens. L'axe de formation que nous pouvons retenir
va s'orienter vers l'échange de connaissances entre les acteurs et le
déploiement d'actions de formation dont le financement peut se faire par
les canaux classiques français mais aussi européens. L'un des
objectifs de la fonction RH qui peut être développé en
matière de formation est l'esprit d'équipe avec obligation
d'échange entre salariés et bénévoles. le groupe
doit partager les méthodes .
Déployer la formation en interne
L'objectif d'une performance non réellement
avouée mais présente peut s'obtenir dans le cadre d'une bonne
participation entre tous les collaborateurs, qu'ils soient salariés ou
bénévoles. Pour cela, les associations et les DRH sont dans
l'obligation de rechercher, réellement, les bonnes méthodes
d'équipe pour une meilleure efficacité. Brasser les
équipes en mixant les deux catégories d'acteurs de l'association
permet aussi un « système d'échange de
compétences très intéressant et valorisant pour
l'association. Cette situation
d'hétérogénéité enrichit chacun en apportant
à l'autre ses connaissances, ses compétences : l'un (le
bénévole) apporte les compétences techniques et l'autre
(le salarié) la connaissance du terrain. L'axe de la formation par voie
interne s'en trouve élargi. Il s'agit d'une démarche qui existe
depuis bien longtemps, mais qui n'est pas totalement exploitée. Les
associations ont mis en place des programmes de formation courts ou longs pour
les salariés et les bénévoles, et elles ont
instauré un système de mutualisation entre les acteurs .
Diversifier l'offre de formation en interne
Certaines associations organisent des actions de formation
ouvertes aux populations extérieures à l'association. Des centres
de formation issus des organes même de l'association fleurissent :
ils ont pour mission de préparer les acteurs au métier
spécifique de l'animation ou de l'assistanat social. La recherche d'un
centre de partage de compétences permet de grouper tous les besoins des
deux acteurs.
Certaines associations ont déjà leur centre de
formation mais la démarche est plutôt tournée vers
l'extérieur. Ceci étant, il permet de préparer les futurs
collaborateurs. De plus, les outils utilisés pour la transmission du
savoir reste quand même très individuels : Les
méthodes interactives, les échanges de procédés
doivent être formalisés et présentés sous forme de
mise en situation. Ils peuvent être aussi l'occasion de mettre en
scène un événement plus ou moins négatif et de
faire contribuer l'ensemble des acteurs dans le processus d'analyse et
d'apporter des solutions pour éviter que cela ne se reproduise. Un
effort doit donc être entrepris de façon à accorder plus de
1.6 % de la masse salariale à ce but. Une association en a fait l'un de
ses critères de recrutement : 1.6 % en 2005 - 1.82 % en 2006.
« Tableau récapitulatif des facteurs
environnants influents et les axes de formation qui peuvent être
retenus »
Développer l'inter-générationnel
« L'avancée en âge est valorisée
dans l'entreprise, et elle est vécue comme un enrichissement de
l'expérience et donc de performance 126(*)» : ce constat est
aussi fort dans les associations. Les seniors, occupant surtout des postes de
bénévoles, sur le terrain ou en direction, sont des sources de
compétences à ne pas négliger, la transmission du
savoir-faire et du savoir être est l'une des conditions de
continuité de l'association.
Pour étayer la démarche proposée, nous
allons nous baser sur le concept de « boussoles »
d'Hervé Sérieyx, qui précise, en particulier, l'une des
trois caractéristiques : la transmission d'un savoir 127(*). La politique RH peut alors
développer la communication intergénérationnelle de
façon à combler les fossés entre les
générations : « Informer, dialoguer sont les
principales recettes pour cette collaboration 128(*) ». Il ne faut pas
oublier qu'un vaste réseau d'acteurs permet la satisfaction de chacun et
par conséquent celle du client. Elle évite aussi des situations
de tensions dont les origines sont la méconnaissance des attentes des
salariés et des bénévoles.
« Parce que si on sait que le temps, et donc
l'âge, permet d'acquérir des compétences, on sait
également que les compétences ne sont pas le propres de
l'âge 129(*) » et que la politique RH des associations
doit axer sur le développement des compétences, il devient
impératif de valoriser le tutorat. De façon à valider la
transmission de compétences entre les seniors et les jeniors 130(*), le senior, qu'il soit
salarié ou bénévole, peut être mis en binôme
avec un autre acteur plus jeune. Au préalable, la DRH doit mettre en
oeuvre « l'entretien d'orientation 131(*) » au cours duquel, les compétences
acquises depuis le début de la collaboration sont mises en
lumière. La nécessité est, pour le senior et pour
l'organisation, de prendre conscience de sa volonté de prolonger son
implication en transmettant son savoir-faire à un autre acteur. Cette
forme d'apprentissage va permettre le brassage des statuts, des âges.
Elle sera source d'esprit d'équipe au nom d'un client de plus en plus
exigeant. Elle est aussi une forme de fidélisation : les crises
éventuelles du recrutement seront peut-être évitées,
puisque la DRH aura anticiper les besoins futurs en compétences, car
elle aura préparé en amont les effectifs nécessaires.
3.2. Les limites de cette étude
L'étude basée sur l'équité entre
les salariés et les bénévoles doit être
précisée dans ces limites afin de bien appréhender la
portée de cette étude. Pour cela, nous allons déterminer
les limites possibles des modèles d'analyse utilisés.
3.2.1 Les limites de la théorie de
l'équité
Nous avons basé notre analyse sur
l'équité entre salariés et bénévoles en
prenant appui sur la théorie des besoins de Maslow. Notre
démarche était de mettre en corrélation le fait que le
bénévole et le salarié ont des besoins différents.
La pyramide de Maslow prend en compte les différences entre les
individus en se basant sur les besoins que l'on retrouve chez chacun. Selon
Maslow, les motivations reposent sur la satisfaction de certains besoins. Cette
théorie ne permet pas la mise en lumière d'une interaction entre
les acteurs. De plus, le besoin ne reflète pas toujours le niveau de
motivation. En effet, le bénévole a plutôt un besoin
d'appartenance, d'estime de soi. Or, l'une des demandes récentes du
bénévole est d'être remboursé de ses frais de
transport ou de repas. L'autre aspect restrictif de la théorie est que,
selon Maslow, un besoin supérieur ne peut être satisfait tant que
le besoin inférieur ne l'est past. Les insatisfactions trouveraient leur
origine dans ce non-accomplissement du besoin initial. La théorie de
Maslow se centre sur les besoins, ne prend pas en considération
l'environnement de l'association. En effet, des changements économiques,
un choc démographique ou bien un contexte social difficile influence les
axes de la politique RH. Les modes de gestion s'adaptent. Ainsi et selon
l'approche contingente dont la théorie de Maslow apparteint, le choix
des pratiques dépend des contextes particuliers de l'environnement de
l'organisation, auxquelles elles doivent s'adapter.
J.M PERETTI 132(*) analyse l'évolution de la gestion des
ressources humaines en prenant en compte les facteurs de contingence. Ce
modèle permet d'identifier la relation entre l'accentuation de la
concurrence, les incertitudes économiques, les évolutions
démographiques et les besoins/attentes des salariés et des
bénévoles. Bien sûr tous les items abordés ne sont
pas nécessaires pour analyser l'équité. Aussi, nous
pouvons utiliser ce modèle en prenant en considération les
aspects suivants (contexte social, incertitudes économiques,
évolutions réglementaires) pour comprendre l'équité
à travers le « PAMPA 133(*) ». Nous vous proposons un schéma
récapitulatif, basé sur le modèle de la Contingence de J.M
Peretti afin de mieux comprendre les points abordés. L'objectif est de
cerner les caractéristiques d'une équité collective sous
les process RH mais aussi dans le cadre des échanges entre les
acteurs.
La théorie de l'équité permet l'analyse
plus à un niveau collectif : nous avons compris que le
salarié et le bénévole se sentent ou pas en
équité et quels en sont les facteurs déclencheurs. En
partant d'un process de comparaison basé sur de l'observé,
l'acteur analyse et compare sa contribution par rapport à sa
rétribution. Le comparant estime que sa situation est
inéquitable par rapport à son comparé selon des faits
remarqués lors des situations de travail ou dans une relation. Greenberg
(1987) propose d'aborder l'équité sous l'angle de la justice
distributive et la justice procédurale. Si l'arbitraire règne, si
les passe-droits sont monnaie courante et si les décisions sont
infondées, alors l'acteur (salarié ou bénévole) se
verra dépossédé des conséquences de ses actes et
cela influencera la plus part de ses actions. La mise en place d'une justice
procédurale va mettre en lumière tout un ensemble de
règles précises. Elles vont définir « les
règles du jeu ». Elles seront équitables car elles
permettent à l'acteur une évaluation précise de sa
contribution au niveau du poste de travail, de sa tenue et des
résultats, lui donnent des perspectives d'évolution en
explicitant clairement les règles et en les appliquant
réellement. Les acteurs apportent beaucoup d'importance à la
justice procédurale, car ils considèrent qu'elles leur apportera
des bénéfices justes.
Au niveau des associations, l'analyse de
l'équité au travers de la justice procédurale, pourrait
mettre en lumière la nécessité de formaliser tout process
en gestion du personnel (recrutement, formation) par des outils RH mais aussi
par la possibilité pour chacun de s'exprimer sur la constance des
procédures appliquées, sur la précision de l'information
pour être partie prenante dans le process des décisions.
La justice distributive doit montrer aux acteurs, qui jugent
les méthodes utilisées dans la distribution des biens, que chacun
est reconnu à la hauteur de ses mérites, qu'il y a une
volonté affichée de réduire les inégalités
entre les acteurs.
Au sein de ces process de justice organisationnelle, la
communication va donc jouer un rôle primordial. Selon Sire (2001), dans
une organisation où les principes d'équité constituent une
des règles de fonctionnement, la communication interne doit être
le vecteur du développement de la perception de justice
organisationnelle par les salariés. La communication dans les
associations doit être abordée sous l'angle de sa construction
(acteurs participants, détermination des critères de
rétribution et ses règles d'attribution), sous l'angle de la
communication ascendante/descendante (quelle soit individuelle ou collective)
et une connaissance par tous de l'ensemble des process de rétribution
(monétaire, reconnaissance, actions de formation).
Cependant sous toute forme d'analyse de la justice
organisationnelle, il ne faut pas sous-estimer les acteurs tant au niveau de
leurs comportements et de leurs réactions.
3.2.2 Les limites de cette analyse
Nous tenons à souligner le champ retenu pour cette
analyse. Nous avons contacté quatre associations, dont trois sont du
secteur de la protection des individus en grande difficulté
sociale : personnes sans papier, personnes sans domicile fixe, personnes
dans la rue....La dernière association est une fédération
à l'activité sportive. Nous notons que l'une des limites de ce
dossier réside dans le champ d'investigation. En effet, pour valider
davantage ce phénomène
d'équité/inéquité, nous aurions dû inclure
des associations aux types d'organisation différentes, aux effectifs
différents et oeuvrant dans d'autres secteurs. En France, actuellement,
il y a des associations avec ou sans salarié, qui interviennent dans
l'humanitaire, dans l'aide à domicile.
L'analyse a été réalisée en
partant d'associations ayant une organisation classique (plutôt proche du
courant bureautique) où une DRH est en émergence. Il aurait
été intéressant de rencontrer des associations aux
fonctionnements différents. En effet, nous avons noté lors de
deux interviews, que le concept d' « entreprise
associative » a été prononcé.
L'équité n'a pu être abordée sous l'angle de
l'influence des acteurs externes et qui conditionnent les axes
stratégiques de l'association. Pour résumer, caractériser
l'association selon la grille de Mathieu Hély, aurait permis d'aborder
l'équité dans des organisations aux consonances plus
économiques contrairement à ce qu' affirment les acteurs des
associations.
Les personnes interviewées étaient au nombre de
9. Il s'agit surtout d'acteurs bénévoles dans l'encadrement ou
l'administratif et de salariés occupant des fonctions supports. A ce
titre, tous les DRH rencontrés étaient salariés aussi.
Afin d'élargir les perceptions de l'équité, nous
regrettons de n'avoir pas eu assez de temps pour développer les
rencontres. De plus, la période (juste avant l'été)
n'était pas réellement propice, car beaucoup de DRH
étaient, non seulement, en préparation du plan canicule mais
étaient aussi sur le point de partir en vacances.
IV / CONCLUSION
L'étude de ce mémoire avait comme ambition de
démontrer s'il existait une équité entre les
salariés et les bénévoles. Notre constat de départ
est l'augmentation significative du nombre d'associations sur le territoire
français, l'observation d'un mouvement de professionnalisation des
acteurs bénévoles et des services administratifs puis une forme
de reconnaissance de la part de l'Etat du milieu associatif comme un gisement
d'emplois. Nous avons aussi constaté qu'un nombre certain de
salariés se tournent vers les associations et y occupent
réellement un poste de travail. Le capital social de l'association se
transforme donc : salariés et bénévoles s'y
côtoient. Pour les ressources humaines, alors activité
émergente, nous nous sommes interrogés sur le type de relation
qui existe entre les salariés et les bénévoles. Notre
démarche fut donc théorique et empirique.
Dans un premier temps, nous nous sommes
intéressés au concept de salarié et de
bénévole. Il était impératif de comprendre les
éléments composants de ces deux statuts. Nous avons noté
que le bénévole a, avant tout, la valeur du don, alors que le
salarié, lui se situe dans la logique du
« donnant-donnant ». Parce que cette valeur, alors moteur
des actes et comportements de chacun semble ne pas être partagée
par tous, nous avons abordé la première théorie qui va
permettre de situer les besoins des salariés et des
bénévoles. La théorie de Maslow énonce
différents types de besoins depuis le besoin de survie jusqu'au besoin
d'estime et d'accomplissement. Nous avons pu démontrer que les besoins
du salarié étaient surtout physiologiques et sécuritaires
alors que ceux du bénévole sont la recherche de l'estime et
l'accomplissement de soi.
Une fois les besoins des acteurs établis, nous devions
comprendre comment les ressources humaines se développaient au sein des
associations et en quoi elles se professionnalisaient. Nous avons
constaté que l'environnement est instable, car les ressources
financières dépendent excessivement des fonds publics et des
caractéristiques actuelles de l'usager. Parce que les associations se
trouvent confrontées à une concurrence acerbe, la transparence de
l'ensemble des activités s'impose. Nous observons donc une politique RH
sur une logique de compétence. La fidélisation devient l'axe
central de la politique RH déclinée en association. Les pratiques
de gestion des ressources humaines sont intégrées dans les
activités du service RH et en appui sur la théorie des
éléments constitutifs d'une GRH, nous avons pu déterminer
l'environnement et comprendre l'enjeu « client ».
Nous avons situé le champ d'intervention de ce
mémoire qui englobe les pratiques RH dans les associations au profit de
deux acteurs aux besoins différents. Nous nous sommes donc
interrogés sur le fait d'une politique de gestion RH reconnaissant les
particularités de chacun et agissant en toute équité. En
référence à la théorie d'Adams portant sur la
motivation, nous avons analysé le process de l'équité
individuelle puis collective qui s'opérait tour à tour.
L'objectif était d'identifier s'il existe une équité ou
pas entre les salariés et les bénévoles.
L'analyse empirique de quatre associations, aux effectifs
différents, aux secteurs d'activité plus ou moins proches a
permis dans un premier temps de mettre en lumière le détail du
process individuel de l'équité où l'individu compare sa
contribution par rapport à sa rétribution. Il s'avère que
les résultats, suite aux différents entretiens, démontrent
que les bénévoles apportent une contribution à
l'association en maintenant une mémoire vive, en s'intégrant dans
des activités qu'ils jugent épanouissantes et par souci de
performance, demandent une organisation gestionnaire. Les salariés quant
à eux, sont dans une logique économique : celle du contexte
du contrat de travail où ils apportent leurs compétences et
reçoivent en retour un salaire en numéraire. Le ratio
contribution/rétribution n'est absolument pas équilibré
pour le bénévole qui réclame plus de reconnaissance par
rapport à son statut, grâce à son implication. Le ratio
contribution/rétribution pour le salarié n'a pas pu être
déterminé aux vues des résultats analysés.
Nous observons que l'équité individuelle
n'étant pas atteinte, le process se poursuit en établissant une
comparaison avec un référent. Après lecture des
éléments recueillis, il en ressort de grands théms :
les origines professionnelles, les valeurs, les fonctions occupées.
L'aspect le plus probant entre les deux acteurs est celui d'un acte de
sous-estimation de l'autre au niveau professionnel. Le bénévole
considère le salarié comme un acteur
« intéressé ».
Le salarié, qui a une attitude très agressive
à l'égard du bénévole, le perçoit comme
quelqu'un « d'infidèle », comme un individu peu
confiant en ses compétences. La réaction du salarié face
aux valeurs, auxquelles il n'adhère pas, est l'émergence d'une
autre culture développant une éthique professionnelle autre.
La théorie de Maslow énonce chronologiquement
des besoins : quand un besoin est satisfait, alors l'individu peut
prétendre satisfaire le suivant. La motivation est là dès
que chacun atteint des besoins de l'ordre de l'appartenance, de
l'intégration, de l'estime et de l'accomplissement. Le salarié ne
satisfait que son besoin physiologique et sécuritaire. Ce sont ses
facteurs de satisfaction. Non satisfaits, ces facteurs provoquent malaises et
réactions collectives. Nous constatons que l'acteur salarié a
bien les réactions les plus virulentes vis-à-vis des
bénévoles. Quant à eux, ils satisfont des besoins
d'estime, de reconnaissance. Les facteurs de motivation sont atteints ;
Ils favorisent l'action et l'implication personnelle. Nous avons
constaté que ce sont des acteurs qui dépensent le plus de temps
au profit de l'association et ne comprennent pas l'attitude des
salariés. Il s'agit donc de deux degrés différents de
motivation. Humainement, l'individu a du mal à comprendre l'autre qui
n'a pas la même motivation, ni la même implication. Le conflit est
donc inévitable.
Ce conflit est inhérent au mode de management ou aux
règles institutionnalisées par l'entreprise. Le fonctionnement de
l'association suscite ce conflit de part la définition et l'exercice du
pouvoir : la structure associative a été fondée par
des bénévoles, qui d'ailleurs pour certains sont des directeurs
ou les administrateurs. Les salariés sont récents et arrivent en
masse. La facette mise en perspective dans cette analyse réside en fait
dans l'état latent d'une crise où deux catégories
d'acteurs vont s'affronter. Au moment précis de l'observation, les DRH
reconnaissaient une bonne « cohabitation » en terme de
compétences. Nous constatons un écart réel entre les
sentiments des acteurs et les sentiments des DRH.
Bibliographie
Références livresques :
Concernant les ressources humaines
ü L. Cadin, F. Guérin, F. Pigeyre ,
« Gestion des Ressources Humaines : Pratiques et
éléments de théorie », Editions Dunod, Paris
2004
ü A. Bevort, M. Lallement, « Le capital
social : Performance, équité et
réciprocité », Editions La Découverte, Paris
2006
ü M. Thévenet, C. Dejoux, E. Marbot, A.F. Bender,
« Fonctions RH, Politiques, métiers et outils des ressources
humaines », Editions Pearson Education, 2007
ü Jean-Marie Peretti, « Gestion des ressources
humaines » 8ème édition, Collection Vuibert
Entreprise, 1999
ü Le social pratique n°478 du 10 juin 2007
ü « Les ressources humaines des
associations » Associations et institutions, BNP PARIBAS, juin
2007
Concernant l'équité
ü Jean-Marie Peretti, « Les clés de
l'équité dans l'entreprise », Editions d'organisations,
2004
Concernant la gestion des compétences
ü C. dejours et A. Dietrich, « Management par
les compétences : le cas Manpower », Editions Pearson
Education, 2005
Concernant les bénévoles
ü Sous la direction de Dan Ferrand-Bechman,
« Les bénévoles et leurs associations : autres
réalités, autre sociologie », Editions l'Harmattan,
2004
ü Dan Ferrand-Bechman, « Le métier de
bénévole », Editions Economica Anthropos, 2000
ü Pascal Dreyer, « Etre bénévole
aujourd'hui : motivations, engagement et reconnaissance »,
Editions Marabout, 2006
Concernant les seniors
ü Eléonore Marbot, « Les DRH face au
choc démographique : 20,40,60...... comment les faire travailler
ensemble » Editions d'organisation, 2005
ü Alain Labruffe, « Seniors : Talents et
compétences dans l'entreprise » Editions AFNOR 2007
Rapports :
Concernant le bénévolat
ü Bernard Murat, « Le bénévolat
dans le secteur associatif » rapport d'information n° 16, le 12
octobre 2005
ü Sous la direction de Jacques Malet, « La
France associative en mouvement : troisième
édition », CerPhi, octobre 2005
ü Viviane Tchernonog, « Logiques associatives
et financement du secteur associatif : éléments de cadrage,
Rapport de fin de contrat » pour Appel d'offres de la MIRE/ Produire
les solidarités : la part des associations, Matisse-Les-CNRS,
décembre 2000
ü « Rapport Buffet : Promouvoir
l'engagement associatif » du 20 janvier 2007 au Palais Brogniart
ü Emmanuel Vergé avec le concours de Régis
Héland, « Prendre la mesure du mouvement associatif :
Données et références de cadrage » Chambre
régionale de l'économie sociale Poitou-Charentes.
ü « La vie associative » bulletin
OPCA, n° 3, juillet et août 2002 .
Concernant l'emploi dans les associations
ü Bernard Gomel, « L'emploi salarié dans
le travail des associations : Un dilemme entre la qualité de
l'emploi et la réponse aux besoins » , CEE 04/01 Janvier
2004
ü Christophe Guitton et Agnès Legay,
« La professionnalisation de l'emploi associatif : L'exemple des
associations intermédiaires » CEREQ Bref, n° 180 -
novembre 2001
Concernant les ressources humaines dans les
associations
ü Jean-Louis Laville « La pluralité des
ressources humaines dans les associations »
ü Sous la direction de Dominique Thierry, enquête
menée par Marie-Odile Delaplace, « Enquête sur la
gestion des ressources humaines bénévoles » France
Bénévole », février 2005
Articles :
ü Marie Bellan, « La Croix Rouge fait des RH un
des leviers de transformation », dossier management, Journal Les
Echos du mardi 3 avril 2007
ü Intervention de Jean-François Pépin,
« Le bénévolat associatif : mutation ou
déclin » le 1er février 2001
ü Michel Adam, «Système associatif et
complexité organisationnelle » Idées 136 de juin
2004
ü « L'emploi dans les associations »,
bulletin n° 7 de septembre 2005 de la Vie Associative
ü « Bénévolat : état des
lieux », communiqué au Sénat
ü « Le bénévolat, un don
obligé et libre, intéressé et
désintéressé » journal des magasins du monde
n° 13, février 2006
ü Bruno Sire, « Mettre en oeuvre la gestions
stratégique des rémunérations » in
« Tous DRH », Editions d'organisation, 2004
Sites internet consultés :
ü www.ofem.ccip.fr
ü www. lacitoyennete.com
ü www.cimade.org
ü www.captifs.asso.fr
ü
www.petitsfreres.asso.fr
ü
www.leolagrange-fnll.org
ANNEXES
* 1 « La Croix-Rouge
fait des RH, un des leviers de transformation », article extrait des
Echos du mardi 3 avril 2007
* 2 Antoine Bevort
« Le capital social ; une problématique pour la
sociologie de l'entreprise comme forme sociale » in Antoine Bevort,
Michel Lallement in « Le capital social : Performance,
équité et réciprocité », Paris 2006,
Editions La Découverte
* 3 Jean-François
Pépin, Extrait du texte « Le bénévolat
associatif : mutation ou déclin » Intervention du
1er février 2001
* 4 Bernard Murat, extrait du
rapport d'information n° 16 « Le bénévolat dans le
secteur associatif » , du 12 octobre 2005
* 5 Sous la direction de Jacques
Malet, « La France associative en mouvement : troisième
édition » CerPhi, Octobre 2005
* 6 Définition de
l'encyclopédie
* 7 Article
« Système associatif et complexité
organisationnelle » de Michel Adam, Idées 136 Juin 2004, www.
cndp.fr/revueDees/pdf/136/suppl-136-2.pdf
* 8 « La France
bénévole » Troisième édition, Sous la
direction de Jacques Malet, Mars 2006, www.francebenevolat.org
* 9 « L'emploi dans
les associations » Bulletin n° 7 de septembre 2005
« La Vie Associative »
* 10 Une équivalence
Temps Plein correspond à un volume de travail qu'effectuerait une
personne à temps complet toute l'année (soit 2028 heures).
* 11 In « Extrait du
rapport Buffet : Promouvoir l'engagement associatif »
* 12 Article 1384 du code
civil, qui précise que la responsabilité de l'association est
engagée en, cas de dommages causés par un bénévole.
* 13 Le contrat d'engagement
moral est l'une des dispositions législatives de la loi n° 2006-586
du 23 mai 2006
* 14 Viviane Tchernonog,
« logiques associatives et financement du secteur associatif :
éléments de cadrage - Rapport de fin de contrat »,
Matisse-Les-Cnrs, décembre 2000
* 15 Maud Simonet-Cusset
« Penser le bénévolat comme travail pour repenser la
sociologie du travail » in « Les bénévoles et
leurs associations : autres réalités, autre
sociologie ? » sous la direction de Dan Ferrand-bechman,
Editions L'Harmattan, 2004
* 16 Dan Ferrand-Bechman,
Chapitre II «Motivations et valeurs » in « Le
métier de bénévole », Editions Economica
Anthropos, 2000
* 17 Dan Ferrand-Bechmann,
Chapitre II « Motivations et valeurs » in « Le
métier de bénévole », Editions Economica
Anthropos, 2000
* 18 « Etre
bénévole aujourd'hui - Motivations, Engagement -
Reconnaissance » Pascal Dreyer, Editions Marabout, 2006
* 19Dan Ferrand-Bechmann
« Les bénévoles et leurs associations : Autres
réalités, autre sociologie ? »
* 20 Robert Castel 1998
* 21 Denis Bernardeau,
référence page 155 « Professionnalisation et formes
nouvelles d'engagement militant dans les fédérations
sportives » in « Les bénévoles et leurs
associations : Autres réalités, autre
sociologie ? » Dan Ferrand-Bechmann Editions L'Harmattan,
2004
* 22 Rapport
« Logiques associatives et financement du secteur public :
Eléments de cadrage » décembre 2000
* 23 Extrait de la
1ère conférence de la vie associative du 23 janvier
2006.
* 24 M. Bernard Murat, Le
bénévolat dans le secteur associatif, Rapport d'information
n° 16 (2005-2006), fait au nom de la commission des affaires
culturelles, déposé le 12 octobre 2005
* 25
« Bénévolat : état des lieux »
Communiqué au Sénat,
www.lacitoyennete.com/magazine/societe/benevolat.php
* 26 Maud Simonet-Cusset,
« Penser le bénévolat comme travail pour repenser la
siciologie du travail » in « Les bénévoles et
leurs associations : Autres réalités, autre
sociologie ? » Sous la direction de Dan Ferrand-Bechmann,
Editions L'Harmattan, 2004
* 27 Sous la direction
d'Antoine Bevort et Michel Lallement « Le capital social :
performance, équité et réciprocité, 2006, Editions
La Découverte MAUSS
* 28
www.ofem.ccip.fr/pdf/Synthèse_grh.pdf
* 29 Bernard Gomet,
« L'emploi salarié dans le travail des associations : un
dilemme entre la qualité de l'emploi et la réponse aux
besoins ? », CEE 04/01, page 30.
* 30
www.ofem.ccip.fr/pdf/Synthèse_grh.pdf
* 31 Anne Dietrich,
Frédérique Pigeyre « La gestion des ressources
humaines » Collection Repères n° 415, 2005
* 32 terme utilisé par
Dan Ferrand-Bechmann pour expliquer le fait qu'après le mouvement de
professionnalisation dans les associations, des spécialistes ont
été formés dans certains secteurs, alors que dans d'autres
ont toujours recours à des bénévoles non formés
donc « amateurs »
* 33
www.lacitoyennete.com/magazine/societe/benevolat/php
* 34 France
Bénévolat « Enquête sur la gestion des ressources
humaines bénévoles »- Janvier 2005
* 35 Pascal Dreyer, Chapitre
« La relation salariés/bénévoles » in
« Etre bénévole aujourd'hui : Motivations,
Engagement, Reconnaissance » Editions Marabout, 2006
* 36 note 37
* 37 note 36
* 38 note 36
* 39 note 36
* 40 Christophe Dunand
« Le bénévolat, un don « obligé et
libre, intéressé et
désintéressé », journal Ex æquo :
Journal des magasins du Monde, n° 13 - février 2006
* 41 Jean-Marie Peretti,
Introduction page XVII, in « Les clés de
l'équité dans l'entreprise », Editions d'Organisation,
2004
* 42» Jean-Marie Peretti,
Chapitre 2 « Référentiels et concepts
d'équité » in « Les Clés de
l'équité dans l'entreprise , Editions d'Organisation,
2004
* 43 Actualité des
baby-boomers à l'aube de départs massifs en retraite.
* 44 Jean-Marie Peretti,
chapitre 4 « La justice organisationnelle » in
« Les clés de l'équité dans
l'entreprise » Editions d'Organisation, 2004
* 45 Bruno Sire, chapitre 17
« Mettre en oeuvre la gestion stratégique des
rémunérations » in « Tous DRH »
sous la direction de Jean-Marie Peretti, Editions d'Organisation, 2000
* 46 note 46
* 47 Jean-Marie Peretti,
chapitre « La justice organisationnelle » in
« Les clés de l'équité dans
l'entreprise », Editions d'Organisation, 2004
* 48 Interview 4
* 49 Historiquement liée
aux mouvements de jeunesse protestants
* 50
www.leolagrange-fnll.org
* 51
www.leolagrange-mp.org/associations
* 52 Interview 7
* 53 Interview 7
* 54 Interview 7
* 55 Interview 3
* 56 interview 5
* 57 Interview 9
* 58 Interview 9
* 59 Interview 5
* 60 Interview 2
* 61 Interview 1
* 62 Interview 1
* 63 Interview 2
* 64 Interview 5
* 65 Interview 5
* 66 Maud Simonet-Cusset,
« Penser le bénévolat comme travail... ou l'apport de
la sociologie du travail à l'analyse du
bénévolat » in « Les bénévoles
et leurs associations Autres réalités, autre
sociologie ? », Editions L'Harmattan
* 67 Interview 5
* 68 Interview 2
* 69 Validation d'Acquis de
l'Expérience
* 70 Interview 5
* 71 Interview 7
* 72 Interview 9
* 73 interview 7
* 74 Interview 9
* 75 Interview 4
* 76 Interview 2
* 77 Interview 5
* 78 Interview 2
* 79 Interview 1
* 80 Interview 7
* 81 Interview 9
* 82 Interview 2
* 83 Interview 7
* 84 Interview 3
* 85 Interview 7
* 86 Interview 4
* 87 Interview 4
* 88 Interview 2
* 89 Interview 8
* 90 Interview 6et 9
* 91 IntervIew 7
* 92 Interview 7
* 93 Interview 2
* 94 Interview 6 et 9
* 95 Interview 9
* 96 Interview 9
* 97 Interview 9
* 98 Interview 1
* 99 Interview 1
* 100 Interview 9
* 101 Interview 9
* 102 note 78
* 103 note 93
* 104 Interview 3
* 105 Interview 3
* 106 Interview 9
* 107 Interview 5
* 108 Interview 7
* 109 Interview 3
* 110 Interview 3
* 111 Concept abordé au
cours de l'interview 4
* 112 Interview 3
* 113 Interview 9
* 114 Matthieu Hély
«Les différentes formes d'entreprises associatives» in
«Les bénévoles et leurs associations: Autres
réalités, autre sociologie ?» Dan Ferrand-Bechmann, Editions
l'Harmattan, 2004
* 115 Interview 3 et 4
* 116 Interview 7
* 117 Peretti J.M,
« Tous Reconnus », Editions d'Organisation, 2005
* 118 Maurice Thévenet,
Chapitre 13 « Manager au quotidien » in
« Fonctions RH, Politiques, métiers et outils des ressources
humaines » M. Thévenet, C. Dejoux, E. Marbot, A.F. Bender,
Editions Pearson Education, 2007.
* 119 trois logiques : de
résultats, de régulation, de développement des ressources
humaines assurant compétence et implication dans le travail.
* 120 Maurice Thévenet,
Chapitre 13 « Manager au quotidien » in
« Fonctions RH, Politiques, métiers et outils des ressources
humaines » M. Thévenet, C. Dejoux, E. Marbot, A.F. Bender,
Editions Pearson Education, 2007.
* 121 Jean-Marie Peretti,
chapitre «Les architectes de l'équité» in « Les
clés de l'équité dans l'entreprise », Editions
d'Organisation, 2004
* 122 « Cinq
tactiques pour motiver ses collaborateurs : Motivation »,
www.journaldunet.com/management/dossiers, 23/003/2005
* 123 Cécile Dejours et
Anne Dietrich, « Management par les compétences : Le cas
Manpower » Editions Pearson Education, 2005
* 124 M. Thévenet, C.
Dejoux, E. Marbot et A.F. Bender, Chapitre 6 «
Compétences : la référence de la gestion des
emplois » in « Fonction RH : Politiques,
métiers et outils des ressources humaines » Editions Pearson,
2007.
* 125 Cécile Dejours et
Anne Dietrich, « Management par les compétences : Le cas
Manpower » Editions Pearson Education, 2005
* 126 Eléonore Marbot,
Chapitre 4 « Les âges de la vie au travail » in
« Les DRH face au choc démographique : 20,40,60
.....comment les faire travailler ensemble » Editions d'Organisation,
2005
* 127 Alain Labruffe chapitre
7 « le management intergénérationnel » in
« Seniors : Talents et compétences dans
l'entreprise », Eidtions AFNOR, 2007
* 128 note 128
* 129 Eléonore Marbot,
chapitre 22 « Allonger la vie professionnelle à ses
extrêmes par un renouvellement des pratiques de GRH » in
« Tous différents : Gérer la diversité dans
l'entreprise » sous la direction de Jean-Marie Peretti, Editions
Eyrolles, 2007
* 130 Concept utilisé
par Alain Labruffe
* 131 Concept repris par
Eléonore Marbot, « Les DRH face au choc
démographique : 20,40,60.....comment les faire travailler
ensemble », Editions d'Organisation, 2005
* 132 Jean-Marie Peretti,
« Gestion des ressources humaines », 8ème
édition, Collection Vuibert Entreprise, 1999
* 133 P= personnalisation, A=
adaptation, M=mobilisation, P= partage, A= anticipation
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