CONCLUSION
U
nous nous rapprochions de cette conclusion. n sentiment de
frustration s'est peu à peu emparé de nous, au fur et à
mesure que
Après avoir réalisé deux Mémoires
sur ces questions de régulation et de pilotage, avec en toile de fond la
vallée du fleuve Sénégal et ses acteurs, que nous
côtoyons depuis bientôt quatre années, il nous semble que la
possibilité de se raccrocher à une recette infaillible, pour
atteindre sans coup férir l'objectif de _simplement_ mettre en
place une instance de pilotage de la FAR à l'échelle de la
région, s'éloigne irrémédiablement.
Tout ceci avait pourtant l'air assez simple, lorsque nous
relisons quelques paragraphes du projet de la coopération
française : « il s'agira d'appuyer la création de cadres
de pilotage de la formation agricole et rurale et de réseaux de
formateurs dans quatre régions du Sénégal, .../... le
projet prendra en charge les dépenses occasionnées par les
rencontres annuelles des instances de pilotage, et les rencontres semestrielles
des réseaux ».
Une rédaction en ces termes pourrait laisser à
penser qu'il suffit de produire un acte réglementaire quelconque,
à l'image d'une baguette magique, pour que d'un coup tous les acteurs
potentiellement concernés s'animent et s'affairent à
améliorer la qualité des prestations de formation, à
produire des normes, des agréments et des procédures, pour
davantage de transparence, d'efficacité et d'efficience...
Nous forçons sans doute le trait, mais le travail
réalisé ne nous satisfait pas pleinement, loin s'en faut. Nous
avons tenté de garder une certaine neutralité, à mi chemin
entre l'acteur à part entière que nous sommes, en qualité
de conseiller du Bureau de la formation professionnelle agricole, et «
l'observateur », l'étudiant à qui l'on confie, pour les
besoins de sa formation, la tâche de conduire une étude ; cela
explique probablement l'effacement qui caractérise notre posture en
permanence : on discernera sans doute assez mal la place que nous avons
réellement prise dans le déroulement de ce processus, mais
là n'est pas le plus important, puisque le rôle que l'on nous a
confié prendra bientôt fin ; seuls comptent vraiment les acteurs
en mesure de porter plus loin cette dynamique à Saint Louis, ou dans une
autre région administrative de la Vallée, pour que « la
représentation aille à son terme ».
La complexité d'une situation ne saurait s'accommoder
de la facilité de solutions tentantes ; or tout ou presque ici est
source de complexité : des organisations humaines, composant des
systèmes imaginés pour améliorer l'impact et l'efficience
de prestations intellectuelles par l'exemple et la persuasion, dans la mesure
où l'Etat n'a pas les moyens de se faire respecter s'il lui venait
à l'idée de légiférer dans ce domaine. ajoutons
à ce tableau l'extrême jeunesse de l'ensemble des acteurs
évoqués au cours de notre travail : l'Etat lui-même n'a pas
encore fêté ses cinquante ans, les communautés rurales
n'ont que trente ans d'existence tandis que le conseil régional a vu le
jour en 1996 ; la stratégie nationale de FAR, la reconnaissance par
l'Etat du rôle des OPA dans l'élaboration et le suivi des
politiques agricoles et de développement rural datent de la fin des
années 90 ; enfin, le RESOF est né au cours de l'an 2000 et le
Bureau Formation
Professionnelle Agricole en 2003 : Paris ne s'est pas faite en un
jour, rappelle le dicton aux impatients.
Nos critiques parfois acides quant à la lenteur du
processus, ou quant aux atermoiements de certains de ses acteurs, s'explique
par le fait que le temps nous est compté : notre lettre de mission fait
office de sablier. De ce fait, notre base de temps est décalée
avec celle des acteurs qui sont nés à proximité du fleuve
Sénégal ou qui ont décidé de s'y établir,
c'est ainsi.
Sans doute aurions nous pu davantage convoquer les fondements
théoriques des enseignements qui nous ont été
délivrés, pour enrichir ce travail ; peut être aurait-il pu
être mieux structuré, c'est fort possible.
Malgré ses limites, nous espérons
néanmoins que notre travail pourra rejoindre l'oeuvre de capitalisation
que s'est fixé le Bureau de la formation professionnelle agricole, car
la capitalisation est souvent l'activité sacrifiée en premier
lorsque le temps et les ressources humaines deviennent les facteurs limitant.
Nous osons croire également qu'il pourra alimenter le dialogue entre les
différents partenaires en lice au cours des prochaines semaines, tant
par les constats et les suggestions qu'il renferme que par ses
imperfections.
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