Quelques définitions trouvées sur la Toile :
· Actions visant à harmoniser les interventions de
plusieurs intervenants en intégrant celles-ci dans une stratégie
globale pour la réalisation d'objectifs communs, par exemple, le
développement économique et social d'une communauté.
www.habitation.gouv.qc.ca/bibliotheque/references/lexique.html
· La concertation est une politique de consultation des
personnes concernées par une décision avant que celle-ci ne soit
prise. La concertation consiste à confronter les propositions du
maître d'ouvrage à la critique des acteurs
intéressés (riverains, habitants, associations...).
www.planetecologie.org/JOBOURG/Francais/dictionnaire.html
Pour finir, le Nouveau Petit Larousse (édition de 1970)
propose une définition courte, mais qui nous convient bien :
Se concerter : se mettre d'accord pour agir
ensemble.
Ce que confirme le Littré édition 2007, pour qui
c'est « l'action de s'enquérir du point de vue des autres en vue
d'agir en bonne entente ».
Ces deux dernières nous précisent les deux sens
que peut revêtir toute concertation :
· La consultation d'une population donnée,
susceptible d'être affectée par une décision imminente,
d'origine « exogène ».
· La construction collective d'un processus qui sera in
fine couronné par une action déjà entérinée
par les personnes concernées.
Bien rares sont de nos jours les nouvelles dynamiques
organisationnelles, ou les nouvelles politiques qui ne revendiquent pas une
« large » concertation ; celle-ci est devenue un grand «
classique », un incontournable même quand ceux qui en font la
promotion n'y croient parfois qu'à moitié, tant les vertus du
dialogue semblent à l'opposé des règles mécaniques
du marché.
Car tout le problème est là : comment faire en
sorte que des acteurs économiques en situation de concurrence (pour le
partage de la valeur ajoutée produite au sein d'une filière par
exemple) acceptent d'oeuvrer à la construction d'un consensus, qui
débouchera sur des décisions acceptables par tous car
bénéfiques pour tous.
Ainsi que le rappelle une récente note
thématique de l'institut de Recherches et d'Applications
des
méthodes de développement41 (IRAM), « la
notion de concertation renvoie à une base
théorique
développée au sein de la Nouvelle Economie
Institutionnelle42 considérant qu'en modifiant la structure
des
41 « La concertation dans les filières agricoles en
Afrique : leurre méthodologique ou prémices d'une dynamique
interprofessionnelle ? » par Célia Coronel & Laurent Liagre,
Note thématique n°4 de juin 2007 - IRAM
institutions existantes et en faisant émerger de
nouvelles institutions, il est possible de rendre compatibles les
stratégies propres des agents économiques et la recherche d'un
intérêt mutuel supérieur ».
Au Sénégal, la loi d'orientation agro sylvo
pastorale a fait l'objet d'une large concertation, revendiquée à
la fois par les services de l'Etat et par la profession agricole, sans que l'on
sache toujours s'il s'est bien agi de la même concertation... A
l'arrivée, des ambigüités importantes subsistent, de telle
sorte qu'on ne sait plus bien ce qui est prioritaire et ce qui l'est moins :
entre la promotion de l'agrobusiness soutenue par le gouvernement, et la
défense de l'exploitation agricole familiale, cheval de bataille de la
profession agricole, les antagonismes se révèlent à
l'occasion de la rédaction des décrets d'application, qui tardent
encore à sortir trois ans après la promulgation de la loi
d'orientation.
A l'inverse, toute décision de l'Etat, en l'absence de
concertation préalable, est désormais dénoncée par
les acteurs concernés ; nous en voulons pour exemple le plan Retour vers
l'Agriculture (REVA) imaginé et proposé par l'actuel
président de la République, mais dénoncé sans
aménité par la première plateforme d'organisations
professionnelles rurales nationales, le CNCR, en ces termes : « Le
plan Reva (Retour vers l'agriculture), sur lequel le président Wade
compte pour créer 300.000 emplois dans l'agriculture, ne rencontre pas
l'agrément du CNCR. Pour le CNCR, tant et aussi longtemps que
l'État gérera l'agriculture à la manière de
l'ancienne puissance soviétique avec, notamment ses `Sovkhozes' (fermes
d'État), le monde rural continuera de pâtir. D'autre part le plan
Reva ne correspond en rien aux orientations de la Loi d'orientation
agro-sylvo-pastorale et a été proposé sans associer les
acteurs du secteur agricole ».
http://www.cncr.org/article.php3
?id article=146
La concertation s'effectue assez souvent, dans le secteur
agricole, sous la forme d'interprofessions, créées pour
réguler des filières de produits agricoles.
Le Sénégal, qui a connu une longue
période d'économie agricole fortement administrée, a vu le
commerce des produits agricoles progressivement libéralisé
à partir du début des années 1990, avec le
désengagement de l'Etat de toutes les activités marchandes au
profit du secteur privé : il s'agit bien d'un transfert de
compétences de l'Etat vers les organisations privées pour la
régulation des marchés agricoles.
Pour conduire cette concertation, préalable à
tout cycle de négociation avec l'Etat, tous les acteurs d'une
filière peuvent s'organiser en interprofession pour s'accorder autour de
la gestion de cette filière ; le consensus obtenu entre toutes les
professions représentées permettra de faire valoir un point de
vue unique lorsqu'il s'agira soit d'inciter l'Etat à
légiférer dans le sens souhaité, soit au contraire de
convaincre celui-ci de laisser jouer le marché.
Plusieurs interprofessions existent au Sénégal,
dans les filières rizicole, avicole, et bien sûr
arachidière et, même s'il n'est pas certain que ce schéma
soit un modèle idéal et universel, qui puisse être
plaqué tel quel, la loi d'orientation agricole a prévu de
renforcer le rôle des interprofessions agricoles en étendant leurs
prérogatives aux fonctions suivantes43 :
- La qualité des produits ;
- La connaissance de l'offre et de la demande ;
- L'adaptation et la régularisation de l'offre ;
- La mise en oeuvre, sous le contrôle de l'Etat, de
règles de mise en marché, de prix et de conditions de paiement
;
- La promotion des produits agricoles sur les marchés
intérieur et extérieur.
- Les relations interprofessionnelles dans le secteur
intéressé, notamment par l'établissement de normes
techniques et de programmes de recherche appliquée et de
développement ;
42 Voir Annexes
43 Article 26 de la LOASP.
Bien entendu, la concertation dépasse largement le
cadre restreint de la gestion de seules filières agricoles et, pour ce
qui nous concerne, elle peut évidemment s'appliquer à la
régulation du sous- secteur des formations agricoles et rurales
(F.A.R.).
Nous relevons la mise en place progressive, dans le cadre du
programme des services agricoles et d'appui aux organisations de producteurs
(PSAOP), de cadres locaux de concertation des OP (CLCOP) dans chacune des 320
communautés rurales du Sénégal : c'est en principe
à travers ces cadres de concertation que devrait se construire la
demande d'appui des organisations professionnelles agricoles.
Dans le sous-secteur de la F.A.R., des initiatives visant
à mettre en place des « cadres interprofessionnels » pour
favoriser la concertation entre offreurs et demandeurs de formation, publics et
privés, ont vu le jour depuis 2000 ; celles-ci sont à mettre au
compte de la coopération suisse principalement, dans le prolongement
logique de la dynamique qui a conduit à la proposition d'une
stratégie nationale de F.A.R.
L'Etat a ainsi mis en place en 2000 un comité national
de planification stratégique de la formation agricole et
rurale44, dont les principales missions ont trait aux orientations,
à la coordination et à la régulation, tandis que le
conseil régional de Ziguinchor créait à la même
période un comité régional de planification
stratégique de la F.A.R. ; si le second connaît des
difficultés à fonctionner et à se faire reconnaître
dans sa région, le premier ne s'est quant à lui jamais
réuni depuis sa création : ainsi, décréter
concertation et légitimité ne semble pas une condition suffisante
pour que les acteurs veuillent et puissent coopérer...
Ces nouveaux espaces de concertation constituent de nouveaux
modes de coordination entre opérateurs, de l'amont à l'aval, ou
de nouveaux outils pour l'élaboration et le « portage » de
plaidoyers ; cependant, comme le souligne la note de l'IRAM déjà
citée, trois ingrédients importants sont à la base de la
réussite :
· La représentativité, et donc la
légitimité de ceux qui vont siéger ;
· La parité entre les différents
collèges de professionnels ;
· L'unanimité pour la prise de décision.
Le scénario « idéal-typique » est
malheureusement souvent battu en brèche car, dans un pays en
développement, qui plus est faiblement alphabétisé tel que
le Sénégal, les contraintes, les imperfections et les
dysfonctionnements ne manquent pas.
La structuration des organisations professionnelles, la
représentation professionnelle souffrent de faiblesses
indéniables ; outre certaines tares connues, celles-ci doivent composer
avec une faible capacité de mobilisation de leurs membres.
Parfois aussi, le processus est mal engagé dès
le lancement en raison d'une identification perfectible des acteurs qui
comptent vraiment, ou à cause d'une démarche initiée par
des acteurs externes, conduisant à un manque d'appropriation par les
acteurs locaux et /ou directement concernés.
En matière de prise de décision, le
déséquilibre des pouvoirs est parfois flagrant, à telle
enseigne que toute référence au processus interne de
décision est souvent gommée des textes fondateurs, ou
renvoyée à d'autres cadres, que ceux ci existent
déjà ou pas.
Nonobstant, à l'instar de la démocratie qui,
comme chacun le sait, est le pire des systèmes à
l'exception
de tous les autres, les interprofessions demeurent une voie
privilégiée (et d'actualité)
44 Par arrêté primatorial
n°3344/MEN/DC/DAJLD du 15 /03/2000
de la concertation, ainsi que le démontre cette annonce
de l'agence française pour le développement international des
entreprises sur le site UBIFRANCE :
Les interprofessions face à la libéralisation
et à la mondialisation des marchés - Petit-déjeuner
débat (Cycle agroalimentaire : stratégie, développement,
lobbying) 10 octobre 2007 - De 8h30 à 10h00.
Autour de Jean-Paul
JAMET, Président du CLIA -Comité de Liaison des
Interprofessions