...Le Bureau de la formation professionnelle agricole (BFPA)
Pour mieux comprendre les raisons de la création du
Bureau de la Formation Professionnelle Agricole, il faut remonter à la
crise des écoles d'agriculture.
Leurs difficultés sont nées de la crise de
l'économie agricole et des mesures d'ajustement structurel affectant
l'Etat, qui ont eu pour conséquences, outre la réduction des
débouchés des diplômés et du recrutement
d'élèves, la diminution importante des ressources allouées
par l'Etat et le dépérissement des centres de formation.
En 1991, l'arrêt du recrutement automatique des
diplômés dans la fonction publique précipite des tentatives
de réforme : orientation vers les besoins du secteur privé et des
producteurs ruraux, politique de génération de ressources
propres. Ces réformes remettent en cause les missions des écoles,
les contenus et les méthodes de formation et de gestion.
Malgré le soutien très fort de la
coopération suisse, qui a largement contribué à
préserver les écoles d'enseignement agricole et forestier de la
dégradation de la situation économique, celles ci sont
restées en marge de la réflexion sur la réorganisation
globale des services agricoles et le renforcement des capacités des
producteurs ruraux, engagée lors de la conception du Programme des
Services d'Appui aux Organisations de Producteurs (PSAOP).
Tirant les leçons de cet engagement, la
coopération suisse a souhaité repositionner son intervention dans
une logique d'accompagnement pour laisser l'initiative aux acteurs locaux ; du
côté sénégalais la nécessité d'engager
une réflexion de fond sur le système de formation en partant d'
une analyse prospective de la demande était bien perçue. Cette
réflexion, conduite entre janvier 1998 et juillet 1999 s'est
déroulée à deux niveaux :
· dans les écoles d'enseignement agricole,
jusque là uniques bénéficiaires de cette
coopération ;
· à l'échelle nationale, avec l'ensemble
des acteurs concernés par la formation agricole et rurale
(responsables des ministères ayant en charge la
formation agricole et rurale, d'institutions de
formation et d'ONG, opérateurs privés et
dirigeants d'organisations de producteurs).
Au niveau des écoles, l'analyse des performances et la
réflexion prospective menées sans discrimination par tous les
agents et les partenaires directs ont permis de s'interroger sur les causes des
problèmes identifiés et sur l'avenir de ces écoles. Cet
exercice a permis à chaque école d'élaborer son projet
d'établissement22. Il a en même temps montré que
les problèmes de la formation et leurs solutions dépassaient le
cadre des écoles.
Au niveau national, le travail réalisé a permis
d'examiner la question dans toutes ces dimensions et d'impliquer tous les
acteurs dans une réflexion commune. Cette réflexion a
été conduite par un groupe de travail dont les analyses et les
conclusions ont été discutées et amendées lors d'un
séminaire national qui a regroupé cent vingt participants
représentant toutes les catégories d'acteurs du monde rural. (6 /
8 avril 1999 - Dakar). Le document produit23 alors déclinait
les orientations d'une véritable stratégie nationale de formation
agricole et rurale.
L'intégration de cette réflexion dans le
Programme des Services Agricoles et d'appui aux Organisations de Producteurs,
financé par un prêt de la Banque Mondiale, a permis au
Ministère de l'Agriculture de progressivement prendre conscience des
enjeux de la FAR, jusqu'à décider de la création, en mars
2003, du Bureau de la Formation Professionnelle Agricole.
Directement rattaché au Cabinet du Ministre, ce
service est chargé d'impulser et coordonner la mise en oeuvre de la
Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale (SNFAR),
validée en 1999 et réactualisée en 2005.
Dans ce cadre global, les missions du Bureau sont de deux
natures :
D Il permet aux Pouvoirs Publics, en produisant de
l'information sur le sous-secteur, d'exercer leur rôle de maître
d'ouvrage dans le domaine des formations professionnelles agricoles au plan
national.
D Il assume les responsabilités du Ministère de
l'Agriculture et de l'Hydraulique, qui a sous sa tutelle des structures
publiques qui sont opérateurs de formation.
Le Bureau s'est réellement fait connaître en
commençant à travailler mi 2004 sur le diagnostic du
sous-secteur, plus précisément sur la manière dont
s'élaborent la demande et l'offre de formation rurale à travers
le recueil des points de vue des acteurs en présence. Cet état
des lieux a été complété par une étude,
conduite sous l'angle des projections démographiques, qui fixe sans
équivoque les enjeux et les défis que devra relever le monde
rural d'ici à l'horizon 2025... c'est à dire demain.
La restitution de ces travaux a été à la
base de l'atelier de réactualisation de la Stratégie Nationale de
Formation Agricole et rurale, organisé en janvier 2005 à
l'hôtel Indépendance de Dakar.
Le pilotage et la régulation constituent un axe majeur
d'intervention de la stratégie nationale de formation agricole et rurale
depuis 1999, et le BFPA, soutenu par ses principaux partenaires, en a fait sa
priorité.
En effet, au Sénégal le sous-secteur de la
formation agricole et rurale était jusque là
caractérisé par la pluralité et la diversité des
acteurs, une tutelle dispersée, cloisonnée et peu ouverte sur la
profession, et une absence criarde de références.
Ce constat, sur lequel s'étaient accordés tous les
acteurs, avait abouti à la situation actuelle,
caractérisée par :
· un faible nombre des effectifs touchés,
· un gaspillage du peu de ressources disponibles,
22 Mais leur mise en oeuvre n'a pas suivi...
23 « Former les acteurs d'une nouvelle économie
agricole et rurale orientations et stratégies de formation à
l'horizon 2015 »
· et des offres ne répondant pas, ou à
la marge, à la demande.
L'urgence était ainsi de travailler à une
meilleure implication de tous les acteurs institutionnels et non
institutionnels en leur donnant l'opportunité de sortir de la gestion au
quotidien d'activités routinières, et de produire un cadre de
références.
Malgré la formulation utilisée dans les textes
officiels, le Bureau Formation Professionnelle Agricole reste une structure
très légère qui cherche à travailler en confiance
avec les principaux groupes d'acteurs institutionnels en présence, mieux
positionnés pour la mise en oeuvre effective sur le terrain ; ce
pilotage naissant mobilise aujourd'hui quatre principaux acteurs : les
organisations de producteurs, les collectivités locales, le secteur
privé et l'Etat.