REMERCIEMENTS
Je tiens ici à remercier tous ceux qui, de près
ou de loin, ont contribué à l'élaboration de ce
Mémoire, que ce soit par leurs conseils avisés, leur connaissance
du sujet, ou tout simplement par leur soutien et leurs encouragements.
Mes remerciements s'adressent à Monsieur Francis
BESTION, professeur à l'Université de Toulouse 1 - Sciences
Sociales, pour la confiance qu'il m'a témoigné.
Une mention toute particulière pour mes deux
collègues et amis, Elhadji Abdou GUEYE, et Souleymane SARR, du Bureau de
la Formation Professionnelle Agricole, pour toutes leurs qualités
humaines, nombreuses, et pour m'avoir accordé toute leur confiance et
leur amitié complice.
Un clin d'oeil à mon épouse, qui a
supporté dans l'ombre toutes mes sautes d'humeur, que je remercie
très sincèrement pour sa patience et sa compréhension ; un
second clin d'oeil à mes deux enfants, à qui j'espère
pouvoir montrer que l'effort est payé de retour, à condition de
ne jamais abandonner le but que l'on s'est fixé.
Je dédie ce travail personnel, qui vient conclure un
cycle de près d'un an et demi de dur labeur, à ma maman
aujourd'hui décédée, et à mon père. Fils de
cultivateurs, je n'avais pas souhaité reprendre la ferme paternelle qui
me tendait naturellement les bras à la fin de mes études, au
début des années 80 ; cette décision a sans doute
provoqué chez eux une blessure cachée mais profonde, et
j'espère de tout coeur que mon cheminement depuis lors puisse être
source d'apaisement et de fierté pour eux deux.
INTRODUCTION
La construction progressive d'un dispositif
cohérent et articulé de formation agricole : une
impérieuse et incontournable nécessité
Ce travail constitue le prolongement du premier mémoire
de recherche que nous avons réalisé en 2006 dans le cadre de
notre formation Master professionnel « Ingénierie de la Formation
et des Systèmes d'Emploi » et qui s'intitule « Le
réseau formation fleuve (RESOF) - Pour une régulation
participative de la formation agricole et rurale ».
La relation étroite entre ces deux travaux explique et
justifie les nombreux renvois du second vers le premier, ainsi que les emprunts
que nous nous sommes permis ici et là d'effectuer, notamment pour la
partie descriptive du contexte de notre intervention.
Questions de régulation dans le premier, questions de
pilotage dans le second : nous avons tenté au cours de l'année
écoulée de cerner les deux faces d'une même médaille
; dans la partie relative aux concepts que nous avons mobilisés, nous
tentons de démontrer que l'une ne peut aller sans l'autre.
Ce document est le travail d'un étudiant, certes plus
très jeune, mais c'est aussi un travail tout court, correspondant
à une « commande » qui m'a été passée par
le Service du ministère sénégalais de l'agriculture,
où j'ai été affecté en position de conseil : le
Bureau de la Formation Professionnelle Agricole. Ce service, doté de
ressources humaines fort peu nombreuses, a la tâche immense de porter,
jusqu'à aujourd'hui, au niveau national la stratégie de formation
agricole et rurale qui a été élaborée de
façon participative en 1999.
L'enjeu consiste à travailler de concert avec tous les
acteurs, individus et organisations, qui travaillent dans le champ de la
formation agricole et rurale, dans un contexte où l'Etat a reconnu
depuis déjà quelques années qu'il ne pouvait plus
élaborer et mettre en oeuvre, seul, les politiques de
développement rural. D'où ce titre en haut de page, la
construction progressive d'un dispositif cohérent et articulé de
formation agricole est bien une impérieuse et incontournable
nécessité.
Par la force des choses, et surtout sous le coup de
l'ajustement structurel qui lui a été imposé, l'Etat a
dû se désengager assez brutalement de nombreux secteurs
d'intervention, brouillant ainsi le paysage : de très étatique,
normé et ordonné, le sous secteur de la Formation Agricole et
Rurale a vu très rapidement de nombreux opérateurs prendre la
place laissée vacante, dans une relative cacophonie.
L'idée générale est donc d'apporter un
peu plus de cohésion et de cohérence dans le dispositif global
sénégalais, pour mieux rationaliser ; la contrainte principale
est d'y parvenir en fédérant tous les acteurs autour d'objectifs
communs d'amélioration de l'offre de services, par la persuasion
plutôt que par la contrainte, car l'Etat n'a plus les moyens aujourd'hui
de faire respecter « à la baguette » la réglementation
qu'il pourrait être enclin à mettre en place, d'autant plus que la
décentralisation est passée par là, officialisant le
transfert de nombreux domaines de compétences aux collectivités
territoriales, dont notamment l'éducation et la formation
professionnelle.
Et il y a une certaine urgence !
De très majoritairement rurale, la
société sénégalaise est passée en quelques
décennies à une urbanisation exacerbée, largement
alimentée par l'exode rural et l'attrait de l'activité
économique foisonnante de la capitale Dakar. Depuis 2004 en effet, la
population urbaine représente
désormais 51 % de la population totale, et cette
proportion va encore croître. Cependant, à la différence de
pays comme la France, qui a aussi connu ce basculement rural-urbain, le
Sénégal ne peut compter sur un secteur secondaire
développé et en expansion pour absorber les flux de main d'oeuvre
issus de l'exode rural.
L'activité économique, qui se situe massivement
dans « l'informel » (à plus de 90%), n'offre aucune garantie
aux plus exposés, c'est à dire à ceux qui n'ont que leur
seule force de travail pour faire vivre leur famille ; les
diplômés, y compris du Supérieur, ne sont guère
logés à meilleure enseigne étant donné
l'étroitesse du marché de l'emploi relatif au secteur formel (le
seul qui permette de valoriser un niveau de formation certifié).
Il n'est pas aisé dans ces conditions de se construire un
avenir, ni même de l'imaginer.
On en mesure mieux aujourd'hui la conséquence la plus
visible et la plus médiatisée ; il s'agit du
phénomène des « pirogues-people », né
immédiatement après les évènements tragiques qui se
sont produits dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, en 2005, et
dont l'ampleur n'a fait que révéler crûment une
émigration moins visible mais croissante jusqu'à cette date. Ce
phénomène, qui révèle l'état de
désespérance des jeunes, prêts à affronter la
mort1 pour une hypothétique clandestinité dans des
pays qu'ils ne connaissent le plus souvent que par la télévision,
semble vouloir être combattu par les plus hautes autorités de
l'Etat depuis mi 2006.
Celles-ci misent beaucoup sur un plan de retour vers
l'agriculture, destiné aux clandestins rapatriés au
Sénégal, mais aussi à tous ceux qui sont tentés par
l'émigration. Toutefois, au vu des conditions de vie peu enviables du
paysannat, les jeunes ont largement fait savoir que leurs ambitions
étaient toutes autres.
Quel rapport avec la mise en place d'un cadre de pilotage, pour
la formation agricole et rurale, dans la région du fleuve
Sénégal ?
L'idée est simple : faire en sorte que la prise en
charge de ces questions puisse se faire à un niveau de proximité
raisonnable, dans le droit fil de la décentralisation. Que les habitants
d'une région puissent s'adresser à leurs représentants, et
leur demander des comptes le cas échéant, lorsque la situation ne
leur paraît pas satisfaisante, plutôt que de s'en remettre à
un Etat central qui a déjà fort à faire ailleurs.
La stratégie nationale de formation agricole et rurale
ne trouvera une traduction concrète sur le terrain que si les
intéressés prennent en charge leur devenir ; pour cela, des
cadres de concertation sont indispensables pour que chaque catégorie de
bénéficiaires puisse faire entendre son point de vue, pour que le
débat soit public, et pour que les décisions prises,
éventuellement, le soient en toute transparence et avec l'assentiment du
plus grand nombre.
1 Le slogan de la jeunesse sénégalaise
est édifiant : « Barça ou Barsa » (en Wolof :
Barcelone, ou la mort)
|