ABSTRACT
For more than two decades,
decentralization has become an important subject of discussion in developping
countries' politics. These countries have embarqued on a vast reform process in
order to raise political, economic or social challenges to national and
international level. In this regard, decentralization gains ground in the
demands of restructuring and public administration modernization. People's
involvement in their own affairs management is the most needed.
In Rwanda like elsewhere,
decentralization is carried out according to the realm of activities. In
education, it has come true since May 1997. As a process the educational
decentralization is a complex phenomenon whose success depends on a number of
factors. According to the data collected from educational stakeholders in
Kigali-Ngali Province, we release the achievement of the educational
decentralization policy in that Province.
The outcome of our research shows
that this policy taken as a whole is promissing, in spite of a few problems
facing it. However, the administrative reforms have started and some
responsibilities have been transferred to decentralized units. The
stakeholders' participation in the decision- making process has increased
although some of these decisions still depend on the Ministry of Education
instructions. The latter has full control over education and other educational
stakeholders work field is still limited as a consequence. Instead of being
centralised, some services are carried out at provincial, district and school
level.
Inadequate human resources, material and financial problems
are remarkably seen; mobilization meetings should be encouraged to overcome any
form of resistance to this change. School legislation on decentralization has
not yet been made official, they resort to written and oral instructions. For
lack of this, educational stakeholders resort to the former legislation.
However, stakeholders confirm that, despite all those problems, educational
decentralization turns out to be more effective than its centralization.
0.
INTRODUCTION GENERALE
0.1. Position du
problème
Après la guerre et le
génocide de 1994, tout est en ruine au Rwanda. On remarque d'importantes
pertes en vies humaines, les infrastructures sont endommagées,
l'économie en ruine, etc.
Pour relever les défis, le
Gouvernement d'Union Nationale a entamé le travail d'exécution
des mesures d'urgence pour reconstruire le pays. Il a pu réhabiliter les
structures gouvernementales, restaurer les services publics (santé,
éducation, sécurité, justice, etc.), rétablir un
gouvernement crédible aux yeux du peuple rwandais et de la
communauté internationale, réhabiliter et stabiliser
l'économie (MINALOC, 2000, p.1).
En dépit de ces efforts accomplis
par le Gouvernement d'Union Nationale, certains problèmes persistent
dans le système politico-administratif rwandais. Ces problèmes
concernent la faible participation de la population dans la prise de
décision à propos des situations la concernant, le manque de
transparence dans la gestion des structures au niveau administratif,
l'inadéquation de la capacité en termes humains, des
systèmes, des structures, des institutions, des réseaux de
communications et d'attitudes au niveau du gouvernement central et local, la
pauvreté, etc.
Un système politico- administratif
où l'on localise des problèmes pareils ne peut pas soutenir un
développement économique et social durable parce que
l'énergie du peuple concerné n'est pas suffisamment
mobilisée pour initier, planifier et exécuter une action de
développement basée sur les besoins localement
identifiés.
Pour impliquer davantage la population dans
la résolution des problèmes la concernant, le Gouvernement
d'Union Nationale a opté pour la politique de décentralisation.
Celle-ci consiste en un « processus de transfert des pouvoirs, de
l'autorité, des fonctions, des responsabilités et des ressources
nécessaires du Gouvernement Central aux organes administratifs locaux
» (MINALOC, 2000 p.5).Cette politique a été
adopté officiellement en date du 26 mai 2000.
A sa conception, la politique de
décentralisation avait pour objectif global d'« assurer
l'habilitation politique, administrative, sociale, économique et
technique de la population locale à lutter contre la pauvreté en
participant dans la planification et dans la gestion de son processus de
développement » (MINALOC, 2000, p.7)
Bien qu'adoptée officiellement en
mai 2000 par le MINALOC, la politique de décentralisation avait
été prônée un peu avant, en mai 1997, par le
MINEDUC. En effet, certaines tâches de l'administration centrale avaient
été transférées au niveau des Inspections
d'Arrondissement. Comme le souligne D. NKERA NTIZO (2003 p.6) le
Ministère de l'Education avance la raison en faveur de cette
décentralisation en ces termes : «Depuis l'indépendance
du Rwanda, le Ministère de l'Education et le Gouvernement en
général n'ont pas accordé aux niveaux de base de
l'éducation les plus proches de la population le pouvoir de gestion et
d'exécution de certaines fonctions sans recourir à
l'autorité centrale ».
La nécessité de
décentraliser une structure ou une organisation comme l'éducation
avait également été soulignée par différents
auteurs. A titre d'exemples, prenons H. MINTZBERG, (1998), J. HALLAK (1976) et
J.DELLORS(1996) pour ne citer que quelques-uns.
Pour H. MINTZBERG (1998 p.176), il
faut décentraliser une structure ou une organisation comme
l'éducation parce qu'un seul centre, un seul cerveau ne peut pas
comprendre toutes les décisions. En effet, il est difficile à un
seul individu de prendre toutes les décisions dans une organisation
d'action sociale de plusieurs personnes. La décentralisation permet
également à l'organisation de répondre rapidement aux
conditions locales. Elle est enfin, un moyen de motivation. Les personnes
créatives et intelligentes ont besoin d'une marge de manoeuvre
considérable. L'organisation ne peut les attirer, les garder et utiliser
leurs initiatives que si elle leur donne des pouvoirs de décision
très importants. Une telle motivation est cruciale dans les travaux de
nature professionnelle. De plus, la décentralisation permet aux cadres
de s'entraîner à décider.
Pour J. HALLAK (1976, p.31), la
décentralisation est nécessaire d'une part, en raison de la masse
d'informations détaillées et fiables qu'il faudra traiter mais
également, parce que certains éléments sociaux et
politiques très importants ne peuvent être identifiés et
maîtrisés qu'au niveau local.
La décentralisation de
l'éducation est, d'après J. DELLORS (1996 p.165), d'un rôle
important pour assurer une bonne coordination de différentes instances
du système. Elle « permet d'ouvrir un espace de prise de
décision démocratique où les attentes des parents,
d'élèves ou des organisations qui composent le système
éducatif doivent faire preuve d'une réelle volonté de
s'adapter aux conditions locales et adapter une attitude ouverte
vis-à-vis du changement ».
Cependant, pour introduire un changement
aussi complexe que la décentralisation, certaines précautions
doivent être prises pour qu'il puisse réussir.
A ce propos, GONIDEC (1983, p.73) fait
remarquer que « le fonctionnement satisfaisant d'institutions
décentralisées dépend de la réunion d'un certain
nombre de conditions : problème de personnel et celui des finances
locales, car aucune décentralisation véritable n'est possible si
les instances locales ne disposent pas de ressources financières
suffisantes ».
Aussi, d'après N. Mc. GINN et T. WELSH (1999, p.82)
deux conditions doivent présider la mise en oeuvre de toute
réforme, y compris la décentralisation. D'une part, il faut un
appui politique en faveur des changements proposés et d'autre part, il
faut que les acteurs de la réforme soient capables de la mener à
bien.
La mise en exécution de la politique
de décentralisation est un long processus. Elle passe par trois
degrés à savoir la déconcentration, la
délégation et la dévolution. La décentralisation de
l'éducation au Rwanda doit donc poursuivre le même processus.
Nous ne sommes pas les premiers à
parler de la décentralisation de l'éducation car d'autres
études ont été menées à ce propos. Nous
pouvons citer à titre d'exemple les Mémoires de :
· I. NKUNDABATWARE (1998), intitulé «
Etude des effets de la centralisation sur la gestion du personnel enseignant
». Au terme de sa recherche, il a constaté que le
système de centralisation occasionne la lourdeur administrative, des
retards qui provoquent des sentiments de frustration, de mécontentement
et de découragement chez les enseignants alors que la
décentralisation pourrait être une des solutions.
· J. KAYIRANGWA (2000) a étudié la
« répartition du pouvoir et l'efficacité du
fonctionnement du Ministère de l'Education ». Elle s'est
intéressée sur le fonctionnement des Directions de l'enseignement
primaire et secondaire du MINEDUC en termes de répartition du pouvoir et
l'efficacité de leur fonctionnement dans le cadre de la politique de
décentralisation. Son étude a montré que le partage de
pouvoir entre les différents niveaux de la ligne hiérarchique
augmente la rapidité et le cheminement du traitement des dossiers au
MINEDUC.
· Ainsi que le Mémoire de D. NKERA NTIZO (2000)
concernant la « Contribution de la décentralisation à
l'amélioration de la gestion du système éducatif au niveau
local » pendant que celle-ci est sous la tutelle du Ministère
de l'Administration Locale, de l'Information et des Affaires Sociales
(MINALOC). Il a constaté que la décentralisation de
l'éducation au niveau local améliore la gestion du système
éducatif mais que les difficultés étaient encore
nombreuses.
Comme nous venons de le montrer, tous ont
parlé soit de la décentralisation, soit de la centralisation de
l'éducation, mais personne n'a jusqu'à présent mené
une recherche sur l'état d'avancement de la
politique de décentralisation de l'éducation au Rwanda que
ce soit au niveau national, provincial ou local.
Notre étude constitue donc un apport
particulier car elle est la première à traiter ce domaine en
prenant le cas de la Province de Kigali-Ngali.
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