2- Inconvénients :
Le premier inconvénient qu'on accorde à
l'appareil photo numérique c'est son manque de précision. Il
s'agit en fait de l'incapacité du caméscope à capturer les
scènes mouvementées (une personne qui danse, qui se jette dans
l'eau, etc. ) et ce contrairement à l'appareil photo argentique.
« Les appareils numériques peuvent
souvent louper les pauses qu'on désire prendre , parfois il y a des
discordes et là tu boucles le truc, et malheureusement les chercheurs
ils ne sont pas encore arrivés à faire.. à trouver cet
appareil numérique vraiment hyper-efficace », Saïd, 24
ans
Le discours sur l'immatérialité des photos
numériques a été également débattu dans les
interventions des personnes enquêtées. Il relève d'un
certain rapport intime avec la photo en tant que support visuel tactile qui
offre des sensations de souvenir et de frôlement du passé. La
photo numérique rompt avec cette tradition de photo avec la
possibilité de se passer du tirage sur papier et de regarder les photos
prises sur l'écran de son caméscope ou ordinateur. Ecoutons
à cet effet le témoignage de Saïd qui corrobore ce
constat :
« Moi, j'aime bien tirer les photos sur papier,
et c'est bien de les toucher, de les sentir, c'est plus original et aussi c'est
plus convivial , c'est comme si tu es avec une personne, c'est comme si tu
touches le passé en fait ...parce que le contact d'une personne avec une
photo, quand il la touche quand il la voit devant soi c'est à dire il
sent l'action et aussi le temps » Saïd, 24 ans
Selon les personnes enquêtées, la pratique
photographique devient banalisée avec l'introduction du
numérique. Celui-ci augmente les chances pour prendre autant qu'on veut
de photos et n'importe comment. Du coup, photographier dans le mode
numérique devient moins agréable et sans grande valeur. Par
contre, avec l'appareil photo argentique on a souvent affaire à un acte
photographique plus réfléchi qui consiste à gérer
avec économie les pauses limitées dont on dispose afin de saisir
le meilleur moment. De surcroît, avec le numérique l'effet de
personnalisation qui consiste à prendre les photos soi-même et
à choisir les bonnes photos au moment du tirage à la
différence des étapes successives qu'on doit suivre pour la
réalisation d'une photo selon le mode argentique, ne peut que limiter le
rôle du photographe et banaliser par la suite l'acte photographique qui
devient largement accessible à quiconque qui le désire.
« En fait c'est une idée assez bizarre
dans le mesure où ce n'est pas normal parce que ça limite le
rôle du photographe qui prend la photo et la développe, donc c'est
comme par exemple des métiers d'artisanat qui étaient
considérés comme traditionnels et qui maintenant avec les
nouvelles technologies de l'information ont tendance à...
(disparaître),sont menacées, donc maintenant on fait le travail du
photographe soi-même, c'est une banalisation de la photo ».
Wydade, 26 ans
Si la quasi-totalité des personnes
enquêtées ont exprimé leur enthousiasme vis-à-vis de
l'insertion de la technologie numérique dans le champ de la photographie
et ses valeurs ajoutées au niveau de la démocratisation de la
photo, de son esthétisation ainsi que de son « confort
visuel », nous avons recueilli quand même l'avis opposé
d'une personne enquêtée qui mérite d'être cité
en raison de son intérêt.
Amine pense que la photo numérique n'offre pas des
avantages réels à ses utilisateurs. Elle crée par contre
une relation de dépendance à la technologie compte tenu des
avantages énormes qu'elle offre (facilité d'usage et
d'accès, qualité visuelle, etc.)
La photo numérique n'est en fait qu'une
conséquence du développement technologique qui abrutit
l'être humain et qui le rend plus fainéant et moins
créatif. En effet, explique-t-il, lorsqu'on parle de la photo que ce
soit argentique ou numérique l'on parle aussi de l'être humain qui
est à l'origine du progrès touchant les domaines multiples de la
vie.
« C'est vrai, ce qu'on cherche actuellement
c'est plus de confort et plus d'accessibilité à la photo, plus de
démocratisation , mais ce qui ressort, le point fort c'est que la
technologie nous abrutit et je vois pas là un avantage ».
Amine, 25 ans
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