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Les implications socio-sémiotiques et esthétiques du partage des photos numériques et des MMS


par Mahdi AMRI
Université Bordeaux 3 - Master 2 R Sciences de l'Information et de la Communication 2006
  

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Image numérique et dématérialisation

Les discours sur l'immatérialité du numérique recouvrent des arrières-pensées très différentes. Pour les uns, c'est un argument de vente destiné à dissimuler la lourdeur, le coût et la complexité des équipements qu'on nous demande d'acheter et de renouveler de plus en plus fréquemment. Pour les autres, c'est un argument pour disqualifier les compétences mises en oeuvre dans la production comme dans la réception des objets numériques, dès lors qu'elles menacent les pouvoirs établis sur d'autres savoir faire.

Du moment que le numérique introduit la coupure du calcul dans la relation de contiguïté qui unissait l'empreinte au référent, l'image vaut pour sa matière allégée, elle n'a pas de relief. Car potentiellement investie de polymorphie et dépendante du support sur lequel on l'affiche, l'image numérique est totalement versatile 53(*). En effet, faite de main d'homme, immatérielle et vouée à la manipulation, l'image numérique, reproductible sans perte, ne possède pas la même matérialité que l'image analogique obtenue par la captation de la lumière suivant des données physiques, puis reports successifs.54(*) Elle est manipulée et même manipulable par son « utilisateur »  et semble étrangère à cette vocation incarnationnelle que les icônes prototypiques partagent avec la photographie.55(*)

Alors que l'image photonique est l'épreuve même du continuum qui relit l'émulsion à la lumière, et la lumière à la temporalité d'un corps, le fichier informatique est régi par la discontinuité : il peut revêtir de différentes morphologies après chaque traitement automatisé. L'image numérique est recyclable à l'extrême, un peu à la manière d'un territoire dont chaque partie pourrait être exploitée, dont on peut en une seule opération logicielle faire varier couleur, textures, formes pour aboutir à de nouvelles formes découlant du métissage ou de l'hybridation des formes anciennes.

Néanmoins, le numérique ne place évidemment pas les images hors de toute matérialité, mais il introduit dans le monde des signes iconiques ce que les technologies littérales étaient jusqu'à maintenant les seules à autoriser : la possibilité de détacher le message de son support, pour le transporter à travers l'espace et le temps d'un contexte communicationnel à un autre.

En effet, avec les machines informatiques on a la possibilité aujourd'hui de voir chaque étape de l'image en train de se faire, avant même qu'elle ne se fixe ou se matérialise sur un support externe , ce qui permet au praticien de voir instantanément, sur l'écran des appareils de capture ou sur celui des tables de montage, le résultat de chaque action.

Le plus frappant, lorsque l'on passe d'une pratique classique au mode numérique, repose dans la disparition de la valeur du cliché. Une image peut être ou non enregistrée, effacée ou conservée, sans autre conséquence que l'occupation de l'espace-mémoire.

Cette capacité incite à multiplier les essais rendant l'acte photographique moins engageant, cassant le temps de la révélation et le caractère unique de chaque photo prise. C'est sans doute l'une des découvertes les plus satisfaisantes du nouveau médium que de comprendre qu'une image n'a virtuellement plus aucun coût 56(*).

Ce caractère modifie concrètement la manière de faire des images. La perception de l'acte de prise de vue se transforme : l'instant privilégié de la pratique argentique se voit dépouillé de son aura , car l'image numérique est sans arrêt perfectible. Désormais la technologie numérique permet facilement et rapidement des trucages, donnant un résultat de qualité exceptionnelle.57(*) Et tout comme le disait déjà Walter BENJAMIN du film « cette perfectibilité procède directement de son renoncement radical à toute valeur d'éternité. ». De ce fait, la photographie numérique rend la prise de vue libre et gratuite, et la visualisation de l'image capturée instantanée avec des possibilités importantes de retouches et de traitement. Ce qui permettra à n'importe quel utilisateur de modifier volontairement l'image, qui en retour, lui fournira de nouvelles informations ou lui proposera une nouvelle situation virtuelle.

* 53 MORICE A.M., « Une image technologique sans nature particulière ».

http://image.synesthesie.com/morice/morice.rtf

* 54 BLINEAU H., « Image analogique, image numérique ? ».

www.ac-nantes.fr/peda/disc/arts/artsplastiques/ textes_articles/numerique_analogique/sommaire.htm

* 55 MERZEAU L. (1998) , « Traiter l'intraitable, photographie et numérique », Champs visuels, n°10.

http://www.merzeau.net

* 56 GUNTHERT A. (2004) , « L'image numérique s'en va-t'en guerre », Etudes photographiques, n° 15. http://etudesphotographiques.revues.org/document398.html

* 57 RECIO C. (2002), « Le Passage de la photographie analogique à la photographie numérique », Texte de la communication à la Journée d'étude « La relation du "sujet chercheur" à la recherche », Lyon. www.comviz.com.ulaval.ca/module1/1.4_recio.php

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld