L'utilité des peines de prison pour les criminels( Télécharger le fichier original )par Paul-Roger GONTARD Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Maitrise de droit privé, option Carrières Judiciaires 2007 |
B/ La prison différente dans son architectureBien sûr, il ne suffit pas de poser une prison dans un centre ville pour lui permettre de tisser des liens avec celle-ci. La poser comme une verrue entre les circuits touristiques et les commerces du quartier pourrait créer plus de rejets de la part de la population que de manifestations de sympathie : l'inverse de l'effet recherché. Il existe à travers le monde différents types de prisons ayant chacune leurs atouts. Pour reprendre l'exemple du Danemark, « On peut comparer l'architecture des établissements pénitentiaires danois à celles des maisons d'habitation, à l'exception des anciennes structures. Elles sont composées de petits pavillons aménagés, regroupés vers des zones de vie ; on ne peut pas préparer le délinquant à vivre dans la société, si on ne l'habitue pas à vivre convenablement. Pour cette raison, la vie dans les établissements devrait ressembler le plus possible à la vie dans la société libre. »100(*) . Le langage lui-même s'est adapté à cette philosophie : on n'y parle pas dans ces établissements de peine « privative » de liberté, mais de peine « limitative » de liberté. Au Canada, la condamnation à une peine de deux ans ou plus, doit s'optimiser par des missions et des programmes de réinsertion, ou plutôt d'insertion, sociale des co-criminels. Parmi ces programmes, certains sont directement ciblés sur l'amélioration ou le maintien des relations familiales et conjugales. Comme le rappelle une étude de Marion VACHERET, professeur adjointe à l'Université de Montréal101(*) « Se retrouvent ainsi des programmes de « lutte contre la violence familiale », « vivre sans violence dans la famille », ou encore d'« acquisition des compétences familiales et parentales », de nature psycho-éducationnelle et reposant sur un modèle cognitivo-comportemental ». Bien sûr, de tels programmes doivent s'appuyer sur des locaux autres que la cellule de 9m² du détenu. C'est pourquoi les visites liées à ces programmes se déroulent dans l'enceinte de l'établissement carcéral, mais dans une zone à part, isolée du reste des centres de détention à proprement parler. Ces aménagements architecturaux sont organisés en petits appartements entièrement meublés, comprenant une à deux chambres, une cuisine, un salon, une salle de bain et un espace extérieur qu'il s'agisse d'une cour ou d'un jardin.102(*) Sont par ailleurs à signaler ces quelques expériences qui m'ont été communiqués lors d'entretiens téléphoniques par Brigitte DANY, directrice adjointe de la prison de Casabianda. Le Royaume-Uni expérimenterait l'installation de piscines dans les établissements pénitentiaires. En Israël, de petits commerces sont installés à l'intérieur de la prison, et les administrations publiques (du type ANPE, Poste, ...) y viennent faire des permanences. Au Chili, les murs intérieurs des prisons sont recouverts d'éléments végétaux qui brisent la monotonie et l'aspect lugubre d'un mur minéral en béton. Certaines de ces idées commencent à trouver un écho en France, notamment l'accueil des familles, mais d'une façon tout à fait insatisfaisante. * 100 Fabien CADENEL ; POUR UNE PRISON QUI EN VAILLE LA PEINE, mémoire de Diplôme de l'école d'Architecture de Marseille, 1999. * 101 Marion VACHERET, « Les visites familiales privées au Canada, entre réinsertion et contrôle accru : portrait d'un système (février 2005) », Champ pénal, Champ pénal Champ pénal, [En ligne], mis en ligne le 13 septembre 2005. URL : http://champpenal.revues.org/document81.html. * 102 Source : Idem |
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