L'utilité des peines de prison pour les criminels( Télécharger le fichier original )par Paul-Roger GONTARD Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Maitrise de droit privé, option Carrières Judiciaires 2007 |
§ 2 Les expériences étrangèresLa politique architecturale pénitentiaire est très révélatrice de la vision des pouvoirs publics sur les missions de ses prisons. Au travers d'une succession d'exemples nous verrons que les prisons peuvent être inscrites différemment dans le territoire (A/) et que leur aménagement intérieur peut être sensiblement différent de notre conception carcérale (B/). A/ La prison dans le territoireLes prisons Françaises ont une tendance lourde à être géographiquement marginalisées aux limites des zones urbanisées. Après une culture de la prison des villes, nous sommes entrain de passer à une culture de la prison des champs. Or, l'expérience de nos voisins européens montre que non seulement la proximité des prisons des centres urbains, voire leur intégration dans la ville n'est pas un mal en soit, mais que la marginalisation à outrance peut avoir des effets néfastes sur les opportunités de resocialisation des détenus. Ainsi, le Danemark a pris le parti de créer deux types de prisons. Les établissements dits ouverts, et ceux dits fermés. Comme le rappelle l'architecte Fabien CADENEL dans son mémoire d'architecture, « l'idée fondamentale qui est à la base du traitement dans les établissements danois est de considérer que seule une interaction avec la communauté des gens vivant en liberté permet d'apprendre à vivre dans la société. Par conséquent, il faut éviter l'isolement et, quand celui-ci est nécessaire, comme dans les prisons fermées, il faut donner la possibilité de communiquer avec le monde extérieur ». Un des premiers moyens d'éviter l'isolement est de ne pas isoler les populations carcérales du reste de la société. Eloigner ces populations de la vue de nos concitoyens revient : - soit à avoir honte de nos prisons et de ne pas avoir le courage de les regarder en face, - soit à n'avoir aucune considération pour ceux qui y vivent où y travaillent ; ce qui ne militerait pas pour un accompagnement sincère à la réinsertion des prisonniers dans la société. Comment vouloir imposer à d'anciens détenus de respecter à l'avenir une société qui n'a eu de cesse de les rejeter, de les éloigner, de les oublier. En Espagne, les nouvelles prisons, comme en France, sont construites à une distance relativement éloignée des centres urbains. La recherche d'emploi et la réinsertion économique n'y a jamais été aussi difficile. Une prison en centre ville permet de garder une certaine forme de contact avec le dehors. Le détenu Laurent JACQUARD raconte : « La vision que j'ai de ma fenêtre ressemble à un documentaire sur la vie quotidienne des citoyens. Sur la droite il y a un cimetière, sur la gauche une église, au milieu des immeubles ou vivent différentes personnes, jeunes, vieux, filles mères, couples, célibataires, familles nombreuses...De temps en temps ils apparaissent aux fenêtres ou sur leurs balcons. Au pied de l'immeuble il y a un petit parking où ils viennent garer leurs véhicules. A la longue je commence à les reconnaître99(*). » Ce récit prosaïque d'un quotidien permet au détenu d'avoir un lien visuel avec la vie, la vie libre. La télévision ne suffit pas pour appréhender les réalités d'une société. Il faut que les détenus puissent parler avec des gens du « dehors » pour garder un lien avec la réalité quotidienne. * 99 http://laurent-jacqua.blogs.nouvelobs.com/ |
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