1.3.1.2 Pourquoi un tel développement ?
Le déploiement des SIG dans les collectivités
territoriales et leur équipement en TIG peut s'expliquer par la
combinaison de trois facteurs : le transfert de compétences aux
collectivités territoriales, le besoin grandissant d'informations sur le
territoire et les évolutions technologiques récentes.
La politique de décentralisation date des années
1980 ; il s'agissait de donner aux collectivités locales des
compétences propres, distinctes de celles de l'Etat, et qu'elles doivent
intégrer dans leurs fonctions territoriales, ce qui a
entraîné des transformations dans le partage des pouvoirs et des
missions territoriales entre les différents échelons.
Pour P.Miellet, « la décentralisation a rendu les
communes responsables en matière de planification, d'occupation des sols
et d'aménagement opérationnel. Par voie de conséquence, on
assiste à une diversification et à une multiplication des
maîtres d'ouvrage ainsi qu'à une nouvelle expression des besoins,
sinon à des besoins nouveaux »63.
Le développement des TIG est aussi lié à
la compatibilité et à l'accessibilité des outils
informatiques. Les outils et les méthodes informatiques se sont
renouvelés en permanence avec le développement d'Internet et des
TIC en général, et l'apparition des logiciels libres. De plus les
logiciels actuels ne sont plus des outils logiciels « faits maison »,
ce sont de véritables réponses logicielles standardisées
à l'image d'un ArcGIS qui permet d'intégrer plusieurs types de
logiciels (SIG bureautique, SIG serveur et mobile), des données
déjà fournies et des applications métiers selon les
besoins. La notion de logiciel SIG s'est donc diversifiée ; entre
acheter des solutions bureautiques toutes faites, développer ses propres
logiciels, greffer d'autres applications ou trouver des outils
supplémentaires sur Internet, tout est envisageable.
Il en est de même pour les données, qui sont de
plus en plus précises et disponibles. Nous entendons par là que
de plus en plus de données sont créées,
modernisées, mises à jour, commercialisées et accessibles
en ligne. On pense aux données de l'IGN mais aussi à celles de
ses homologues étrangers. Les collectivités territoriales ont un
choix assez vaste de données, qu'elles soient des
référentiels (Scan 25®, les orthophotoplans ou le cadastre)
ou des données thématiques (les réseaux routiers,
d'électricité ou de gaz). Rappelons que dans le budget global
d'un SIG pour une collectivité, les données
représentent en moyenne à elles seules plus de 90% des
coûts.
63 MIELLET P., 1999, Note de synthèse : des BDU aux
SIG urbains, in ECOBICHON C., BERRY A., MILELLET P., SIG pour la
gestion et l 'aménagement urbain, centre de documentation de
l'urbanisme.
Pour finir sur les données, citons l'exemple de
Communaléo® le nouveau service du Géoportail de l'IGN. Il
s'agit d'une solution en ligne accessible via Internet qui permet à
toutes les communes ainsi qu'aux groupements de communes de gérer leurs
cadastres et leurs données métiers avec un minimum d'installation
et des tarifs avantageux. D'ores et déjà, 13 000 communes peuvent
bénéficier de ce service innovant et souple. Cette solution en
ligne représente une alternative à la mise en place d'un SIG dans
les petites communes.
Ces évolutions technologiques constantes modifient les
approches, les méthodes et surtout les usages des aménageurs, des
techniciens et des décideurs. La réflexion spatiale retrouve sa
place dans les problématiques d'aménagement du territoire. Les
collectivités territoriales sont confrontées à de nouveaux
défis mais se trouvent aussi face à de nouveaux enjeux et de
nouvelles logiques.
Comme le déclare P. Musso, «le traitement,
l'accès à information et l'utilisation des outils d'information
au sein des collectivités sont les seuls moyens contemporains de faire
face à la complexité accrue des sociétés
»64. Dés lors, l'information devient
indispensable pour les décideurs. C'est l'apparition d'un nouveau besoin
en information sur le territoire. On est en présence de nouvelles
manières de penser et de concevoir l'aménagement du territoire.
Cellesci introduisent et utilisent massivement de nouvelles technologies dans
leurs différentes activités. Ces techniques ont une valeur pour
les organisations. Les collectivités territoriales multiplient les
politiques d'information géographique afin de mieux coordonner et
surtout mieux rationaliser la pratique et l'usage de leur territoire.
On peut parler de virage géomatique
dans les collectivités territoriales, le but officiel
étant de rationaliser le traitement de l'information géographique
afin de perfectionner les interventions sur l'espace dont elles assurent la
gestion et l'aménagement. Il s'agit d'une dynamique récente
où les TIG sont des outils liés aux projets d'aménagement
du territoire et aussi d'aide à la décision.
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