La maladie sacrée, les parthenoi dans le regard de la médecine grecque( Télécharger le fichier original )par Virginie TORDEUX Université Rennes 2 - Master 2006 |
II.2. Une physis, facteur de la dichotomie du monde grec.Au-delà des différences anatomiques, la femme est d'une nature autre que l'homme et ne pourra en aucun cas s'y soustraire. Si celle de l'homme est la mesure de toute chose parce que la plus parfaite, la femme est reléguée à un rang bien moins élogieux. Ecoutons Aristote335(*) : « Même chez les mollusques, lorsqu'on frappe la seiche à coup de trident, le mâle vient au secours de la femelle, tandis que la femelle s'enfuit quand c'est le mâle qui est frappé. » Le courage est donc mâle, la lâcheté femelle. C'est sa physis. Physis bien pratique pour les hommes qui leur permet de légitimer leur pouvoir sur les femmes. « La femme et l'esclave [y] sont au même rang : la cause en est qu'il n'existe pas chez eux de chefs naturels que la nature ait destiné à commander. » Un des aspect de la physiologie féminine sur lequel les Hippocratiques sont d'accord, c'est que la femme est de physis humide. C'est un excès d'humidité qui fait que la femme diffère totalement de l'homme. Ce qui le prouve, c'est l'apparition du flot menstruel336(*). Maladies des femmes attribue l'apparition des règles à la nature froide de la femme337(*), qui est molle et spongieuse à cause de son corps qui absorbe l'excès de sang dans son ventre. L'auteur utilise cette analogie pour expliquer la différence entre la peau de l'homme et celle de la femme. Si de la laine et de l'étoffe sont laissés durant deux jours et deux nuits dans de l'eau, à la fin de cette période, la laine deviendra plus lourde que l'étoffe. Ceci est du à un excès d'humidité parce qu'elle est plus poreuse. C'est la même chose pour l'homme et la femme : la femme est comme la laine. On remarque que la femme peut avoir une peau épaisse, donc on reconnaît que le corps des femmes n'est pas exactement semblable mais que la différence entre eux est une question de degré338(*). Pour l'auteur du traité des glandes, si un homme, après sa journée de travail et d'exercice à un excès d'humidité dans le corps, celle-ci est absorbée par des glandes construite à cet effet. Toutefois, toujours selon cette auteur, au chapitre 16, la nature des glandes de la femme est poreuse comme le reste de son corps. Dans son chapitre 1, il décrit les glandes chez la femme : le corps de la femme adulte est une immense glande similaire à la peau dans le corps de l'homme lequel fonctionne seulement après que l'homme ait utilisé le surplus de fluide pour l'une de ses activités demandant un effort. Le fait que l'on refuse aux femmes la possibilité de développer cette sorte de peau signifie qu'on ne les croit pas capable d'accomplir les même performances alors même que des esclaves de sexes féminin travaillent autant que les hommes et sont aussi musclées qu'eux339(*). La classification à laquelle s'est livrée Hippocrate permet aux grecs de définir ce qui est bon de ce qui est mauvais : le corps de l'homme est ferme et compact par conséquent, ce sont les qualités à rechercher ; les femmes sont molles et humides, ces deux caractéristiques sont donc mauvaises. Parce que l'homme travaille et exerce des activités à l'extérieur de l'oikos, son corps, en règle générale, est plus ferme et compact que celui de sa compagne qui reste dans la maison. Inactive, elle n'a donc pas la possibilité d'évacuer l'humidité qui la caractérise, de toute façon, plus que son époux, qui, par nature, avant même de parler de son activité, est plus sec340(*). Après cette description de ce qu'est la femme au regard de l'homme, on mesure le fossé qui existe entre ces deux individus, fossé que la parthenos, qui se prépare au mariage, va être obligée d'accepter. Mais avant de voir dans notre chapitre trois les difficultés auxquelles elle va se heurter, tentons une définition de son état * 335 Pierre Brulé, op.cit., p 98. * 336 Lesley-Ann Dean-Jones, op. cit., p 46. * 337 Hippocrate, Maladies des femmes, I.2. * 338 Ibid. * 339 Ibid. * 340 Ibid., p 58. |
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