CONCLUSION
« Intégration impossible, confrontation
improbable, coopération nécessaire » (ce triptyque
résume de manière lapidaire les déterminants des relations
entre l'Union européenne et la Russie.
A l'horizon de dix ans, le schéma d'évolution le
plus probable devrait ressembler à un mixte entre, d'une part, un
partenariat stratégique limité à des domaines
ciblés, notamment en matière énergétique et dans
les domaines de la recherche et de l'éducation, et, d'autre part, une
relation de coopération dans les autres dossiers. Et ce dans un contexte
d'approfondissement de l'intégration économique du fait de
l'accession de la Russie à l'OMC, prévue pour 2006-2007.
Seule la mise en oeuvre d'un certain nombre de
réformes, permettront cependant de progresser en ce sens, que ce soit en
matière économique, énergétique, institutionnelle
ou scientifique. Reste cependant à souligner que ce n'est cependant pas
seulement sur des questions de fond que se joue l'avenir des relations entre
l'Union européenne et la Russie. A bien des égards, la symbolique
et les questions de style y jouent un rôle tout aussi fondamental.
Ce que demande, fondamentalement, la Russie à l'Europe,
c'est une relation d'égalité. Ce syndrome de la grande puissance
humiliée est parfaitement compréhensible : rappelons-nous
que la Russie est brusquement passée du statut de modèle
idéologique à l'égard duquel l'Europe se
déterminait à celui de repoussoir et de puissance pauvre.
La Russie doit cependant comprendre que cette
égalité, l'Union européenne la revendique tout autant dans
le voisinage proche qu'elle partage désormais avec la Russie et qu'elle
ne saurait concevoir comme une zone grise. En soutenant le principe
d'élections démocratiques libres en Ukraine, elle n'est pas dans
une stratégie de concurrence et encore moins de conquête, mais
simplement dans son droit, le droit d'avoir, à ses frontières des
voisins stables et en paix.
Ni complaisance ni provocation : tel est sans doute
là que réside le point d'équilibre des relations entre une
future puissance qui n'est pas certaine de vouloir le devenir et une ancienne
puissance qui veut le redevenir de toutes ses forces. Cet équilibre est
fragile et il serait, pour cette raison, irénique d'envisager
sereinement l'avenir de la relation entre l'Union européenne et la
Russie : jamais les rapports entre l'Union européenne et la Russie
ne seront faciles, d'abord parce que des intérêts majeurs sont en
jeu entre les deux entités, ensuite parce que les valeurs qui les
rapprochent sont encore très peu nombreuses.
Le fait d'imaginer un dispositif d'ancrage à l'UE de la
croissance économique et des changements institutionnels russes place
naturellement Kaliningrad au coeur de cette problématique et donne un
aspect particulier à la notion de région pilote qui pourrait
trouver dans l'UE un utile et précieux co-pilote du développement
de la région de Kaliningrad.
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