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Redéploiement militaire américain : L'Afrique du Nord aprés le 11 septembre 2001

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par Rachid Oufkir
Université Paris VIII - Etudes Européennes et Internationales, spécialité La Construction Européenne, Option l'Europe et l'ordre International 2006
  

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Conclusion

Le sujet de mon mémoire étant d'examiner la mise en place de la coopération militaire, sécuritaire et politique des Etats-Unis d'un côté et les Etats de la région de l'autre, les logiques idéologiques et stratégiques respectives de départ, autrement dit les bénéfices et les intérêts que peut procurer la mise en commun des potentiels disponibles pour affronter une question d'ordre stratégique, j'ai pu faire le constat de plusieurs points importants que je vais récapituler dans ce qui suit.

Tout au long de mon étude, j'ai essayé de mettre en exergue la NSS et son rôle fondamental dans la reformulation du replacement stratégique militaire américain, à travers le monde, en particulier en Afrique du Nord, d'une part cela m'a permis de comprendre, l'engagement profond des Etats de la région dans la guerre globale, menée contre le terrorisme par les USA à tout point de vue, politique sécuritaire et militaire.

D'une part cette coopération met en doute la question des vraies ambitions américaines. L'action américaine fait apparaître un paradoxe entre les ambitions de démocratisation affichées et les politiques de militarisation à l'oeuvre déployées face à des indicateurs supposés à risque pour la région ainsi que pour la posture géostratégique de l'Amérique.

Ensuite cette coopération avec une puissance planétaire à été sollicitée et accueillie dans l'enthousiasme par les Etats de la région, ceux-ci en tirent tout le bénéfice pour leur sécurité, leur prétention à jouer un rôle sur la scène régionale et mondiale, mais aussi une manière d'autolégitimation de l'élite au pouvoir face à sa population et aux yeux du monde extérieur, l'Europe et les Etats-Unis notamment.

Par ailleurs, le redéploiement militaire et la présence intense des Etats-Unis dans la région se renforce sur le plan normatif, une réaffirmation et poursuite d'un rôle encore majeur dans les relations internationales et de leur intérêts.

Le fait que le terrorisme soit un ennemi déterritorialisé, constitue un grand levier pour les Etats-Unis dans la poursuite des objectifs stratégiques « vitaux ». Le credo de l'Administration Bush est qu'il faut « aller chercher les terroristes là où ils se trouvent », en conséquencen, il faut se placer partout, pour contrer la menace susceptible de provenir de partout, ce qui nous amène à un paradigme sécuritaire du monde.

La mondialisation de la sécurité sous la houlette des Etats Unis est perçue comme la seule analyse possible aux séries d'attentats de 11 septembre et la seule solution à la mondialisation de l'insécurité, ce qui rend obsolètes les frontières nationales et somme les Etats à collaborer.

Encore plus sérieuse que la menace du terrorisme, l'image des Etats Unis est de plus en plus brouillée et érodée auprès de la population de la région. Dans un sondage mené par l'Institut Gallup dans 9 pays à populations majoritairement musulmane, auprès de 10 000 enquêtés sur la question à savoir s'ils sont favorables ou défavorables aux Etats-Unis, la réponse défavorable des sondés variait de 33 % en Turquie jusqu'au 68 % au Pakistan les Etats-Unis sont décrits comme un pays « arrogant » « agressif » « suffisant » « provocateur », et partial. Ces qualifications ne concernent pas le peuple ou les institutions américaines, mais les actions du gouvernement américain126(*).

Il y a un respect profond du système politique, judiciaire, des établissements d'études supérieures américaines, de l'esprit d'entreprise, de l'économie, les sources de l'antiaméricanisme sont plus dues à la politique étrangère dans les pays musulmans, leur positions vis-à-vis de la cause israélo-palestinienne, les deux poids deux mesures et le soutien indéfectible du premier dans quelques occasions que ce soient. La « diplomatie publique » américaine à du mal à redresser cette image détestable des Etats-Unis causée principalement par une politique étrangère jugée inique par la population de la région. Un rapport récent Governement Accountability Office souligne en effet cet échec127(*).

Quoique cette diplomatie publique soit basée sur un programme colossal et sophistiqué, mis en place par l'Under Secretary for Public Diplomacy and Public Affairs destiné à modeler les opinions publiques mondiales et à améliorer l'image des Etats-Unis le rapport a fait le constat d'un échec cuisant. Ce programme comprend entre autres une campagne médiatique appuyée par la chaîne de télévision Al Hurra et de Radio Siwa et un magazine Hi Magazine destiné à la jeunesse et distribué en langue arabe il est Financé entièrement par le département d'État. Enfin le Edward R. Murrow Journalism Program destiné à former les journalistes étrangers à de bonnes pratiques, telles que un traitement positif des Etats-Unis dans la presse.

C'est pour cela que les Etats-Unis devront tenir compte de cet élément très important qui est l'image et se remettre en question en conséquences et s'interroger sur les véritables causes des choses. L'expansionnisme illimité de la « violence » induite par l'omniprésence militaire américain, la sous-traitance des « basses oeuvres » à leurs Etats, l'appui des systèmes autoritaires ainsi qu'un sont des facteurs de poids dans l'érosion cette image, certes non pas la population mais du gouvernement, cependant cela déborde sur la haine de tout ce qui est de consonance américaine.

Ces faits remettent en doute les intentions de l'engagement américain dans leur projet de démocratisation de la région, et de plus en plus la population se fait à l'idée que la présence américaine n'est ni plus ni moins un pas supplémentaire dans le projet néoconservateur de renforcer l'empire sur le monde drapé dans des habits de démocratisation et de libéralisation des peuples.

En ce qui concerne les pays nord africains, la coopération, a remis en question de nombreuses avancées et les acquis aussi minimes et relatives soient-elles, que les Etats et de la région ont réalisés en matières de droits de l'homme et de démocratisation128(*). D'autre part, cela a réaffirmé les chefs des Etats de la région dans leur pouvoirs, qui bénéficient désormais d'une « investiture » et un soutien ferme des Etats Unis et des pays occidentaux, au dépend d'une population, agacée par ce que Remy Leveau appelle une « course à la soumission129(*) » et qui reste hostile à l'image de l'Amérique arrogante, et provocatrice130(*).

* 126 Cf John Waterbury, «Hate you policies, love your Institutions, Why do they hate us ?», Foreign affairs , Janvier Fevrier 2003

* 127 Cyril Capdevielle, La « diplomatie publique » impuissante. Aveu d'un échec de la propagande Etats-unienne dans le monde arabe, 23 juin, 2006.

* 128Tel que l'« Instance équité et réconciliation » mis en place par le roi du Maroc, Mohamed VI. Cet événement a été très apprécié et loué aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du Maroc. Or l'engagement de l'Etat de ce pays dans la guerre contre le terrorisme, et la suspicion d'accueil des centres de tortures pour le compte de la CIA écorche cette image et met à mal la réalisation d'une vraie réconciliation ainsi qu'un processus démocratique sain. De même qu'en Algérie le pouvoir politique des militaires algériens se retrouve d'autant plus renforcé que les américains ont besoin d'un allié de ce type pour faire mener leurs guerre contre le terrorisme.

* 129Arezki Benmokhtar, Entretien avec Remy Leveau, Maghreb-USA : course à la soumission, L'Expression, 22-02-2004

* 130 Sondage de l'Institut Gallup effectué entre Décembre 2001- Janvier 2002 dans 9 pays musulmans, parmi lesquels il y a le Maroc.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault