3- Contentieux actuels
pouvant servir de débouchés du potentiel militaire
L'assistance militaire est susceptible d'être
utilisée sur les postes frontières ce qui déclencherait
immédiatement des représailles de la partie adverse. Avec le
conflit au Sahara occidental, qui n'est pas toujours résolu, et la
menace du Front Polisario de reprendre la lutte armée contre les Forces
Armées Royales, cette hypothèse est d'autant plus
accréditée que ce dernier dispose d'un quartier
général à Tindouf105(*), ville algérienne, d'où il peut mener
des attaques contres les FAR (Force Armée Royale), ce qui risque de
déclencher un conflit armé, impliquant aussi l'Algérie,
car cela touche ses frontières. Un autre foyer de tension, important
aussi, est celui qui oppose le Maroc et l'Espagne, cristallisé sur la
crise du rocher appelé Tora, Leila, ou encore Perejil106(*). La crise de l'îlot
Persil, qui a failli déclencher un conflit armé entre l'Espagne
et le Maroc, a démontré trois facteurs susceptibles de conduire
à un conflit armé : d'abord l'existence d'un foyer permanent
de tension, l'esprit conflictuel non seulement sur ce rocher mais aussi sur les
deux enclaves espagnoles au Maroc Ceuta et Melilla. Ensuite l'affirmation de
velléités de suprématie et d'hégémonie de la
part des espagnols, pendant cette crise, la mobilisation de toute
l'armée espagnole face à la présence de quelques soldats
marocains désarmés. Enfin la volonté permanente du Maroc
de rentrer dans la possession de ses territoires
« occupés » par les espagnoles, Ceuta et Melilla est
aussi un dossier qui refait surface sur la scène politique marocaine
mais aussi un dossier incontournable dans les relations bilatérales
entre les deux pays, enfin il constitue la priorité des autorités
marocaines ces dernières années.
D'autre part, les relations conflictuelles entre la Tunisie,
de faible superficie et aux ressources limitées, et ses voisins
très puissants militairement qu'elle et ayant des prétentions
hégémoniques dans la région. Ce voisinage reste
perçu aujourd'hui par la Tunisie comme sa principale
préoccupation. Les risques de confrontation armée, bien moins
probable, restent plausibles, surtout dans le cas de la Libye, cette perception
est accrue par les relations politiques bilatérales :
· Expulsions en 1985 de tunisiens installés en
Libye.
· Les fermetures de frontières ou les accusations
mutuelles de déstabilisation intérieure.
· La nature du régime.
· Le potentiel libyen en équipements les
contentieux frontaliers sont des facteurs de poids dans l'évaluation de
la menace libyenne.
· La Libye a été longtemps perçue
comme un champ d'entrainement pour les islamistes tunisiens et algériens
non pas dans le but de promouvoir l'idéologie islamiste mais pour dans
le but de déstabilisation intérieure.
L'Algérie aussi a été perçue comme
une menace pour la sécurité intérieure tunisienne, surtout
pendant guerre civile entre les islamistes et armée. Les
inquiétudes de la Tunisie étaient la crainte de l'infiltration
des islamistes algériens, l'extension de la violence aux islamistes
tunisiens, et enfin, la crainte d'une vague massive de réfugiés
politiques sur la Tunisie.
Par ailleurs l'armée tunisienne n'a pas jamais
joué un rôle sur la scène politique, et ne dispose pas de
moyens significatifs, cette optique de l'armée remonte au temps de
Bourguiba, qui concevait qu'une armée trop puissante et trop
présente sur la vie politique représentait un risque.
Les capacités militaires de la Tunisie accroissent sa
vulnérabilité, et les gouvernements successifs tunisiens, se
rendant compte de ce déficit, ont investi pour la modernisation de
l'appareil militaire.
Le tracé des frontières au Maghreb reste un
autre foyer potentiel de contentieux armé. Je ne vais tarder
là-dessus mais je vais signaler deux exemples. Entre le Maroc et
l'Algérie le tracé frontalier107(*) n'existe pas au nord sur
500 Km entre Saidia et Figuig, et de nombreux villages se posent la question de
leur appartenance nationale. Les contours de la ligne frontalière sont
floues, et ne figurent même pas sur certaines cartes, et de plus en plus
d'incident sur la zone frontalière viennent rappeler l'urgence d'une
solution au dilemme frontalier108(*) . A Figuig, ville marocaine, de plus en plus
l'armée algérienne occupe des terres agricoles, des oasis, les
mines et les gisements minéraux appartenant à des
propriétaires marocains. Entre le Maroc et la Maurétanie
le statut de la ville Lagouira reste un point
d'achoppement dans les relations bilatérales entre le Maroc et la
Maurétanie. Laguira, lagune dotée d'importante richesse
halieutique, est depuis 1989 un territoire sous souveraineté
mauritanienne, aucun drapeau marocain n y flotte et l`armée
mauritanienne y a installé une caserne mais dans le discours du Maroc
officiel, la localité fait toujours partie du territoire
marocain109(*).
* 105 Le Polisario
contrôle militairement et administrativement, 260 000 km2 environs du
territoire du Sahara occidental, il y organise des défilés
militaires et signent des contrats de prospection pétrolières, la
frontière physique avec la zone contrôle par le Maroc est
constitué par « mur de défense » fait de
sables, érigé en 1980 sur 2700 km2 dont l'objectif au
début était de stopper les blindés du Polisario
* 106 L'appellation
« Tora » est d'origine berbère, tandis que
l'appellation « Leila » est arabe, enfin l'appellation
« Perejil » est espagnole.
* 107 En dehors de la ville
de Oujda ou les frontières sont matérialisées par des
barbelés ou des oueds, la zone sud de la frontière
algéro-marocaine n'est nullement matérialisée , dans le
meilleur des cas, un piste fait figure de frontière, ce qui est tout a
fait dérisoire et peut facilement induire au contentieux armé,
surtout dans le contexte actuel des relations bilatérales entre les
deux pays.
* 108 La presse marocaine
rapporte qu'un contrebandier marocain, alors qu'il se croyait sur le sol
marocain a été abattu par l'armée algérienne, ou
encore des bergers marocains qui ont été arrêtés par
l'armée algérienne parce qu'ils se sont retrouvés sur le
sol algérien sans le savoir
* 109 En 1979 lorsque la
Maurétanie s'est retiré de la guerre pour le contrôle de
Sahara occidental, la ville de Lagouira a été cédé
au Maroc par la Maurétanie Hassan II y a installé une zone
militaire pour trois raisons Hassan II à son tour a évacué
la zone : la localité était la cible permanente du
Polisario, elle ne comptait pas d'habitants ni d'activité
économique, enfin la présence des FAR en face de la ville
économique de Nouadhibou, ville économique mauritanienne,
constituait un risque.
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