Redéploiement militaire américain : L'Afrique du Nord aprés le 11 septembre 2001( Télécharger le fichier original )par Rachid Oufkir Université Paris VIII - Etudes Européennes et Internationales, spécialité La Construction Européenne, Option l'Europe et l'ordre International 2006 |
Deuxième partieEtats-Unis MaghrebI- Relations des Etats-Unis et les pays et l'Afrique du nordD'entrée de jeu il y a une difficulté qu'il faut cerner, le titre les relations entre les Etats-Unis et le Maghreb induit en erreur et pose problème à savoir qu'en dehors d'une réalité géographique, il n'existe pas de Maghreb en tant qu'entité politique et économique et moins encore militaire, de ce point de vue chaque Etat composant cette entité présente une physionomie particulière et propre et donc des interlocuteurs différents, concurrents et adversaires, dans leurs relations avec les Etats-Unis. A leurs tours, les Etats-Unis, Selon Yahia Zoubir19(*), n'ont pas toujours perçu le Maghreb comme une entité à part entier, mais quand il s'agit de traiter avec la région, ils traitaient avec les Etats pris individuellement.
Après la mise en perspective de cet aspect important qui apparaît non seulement dans la coopération de ces pays avec les Etats-Unis, mais avec tout les autres partenaires étrangers, notamment l'Union européenne, le chapitre II introduira les relations entre le Maghreb et les Etats-Unis non pas sous forme de relations bilatérales mais selon 3 périodes. La coopération bilatérale, surtout en matière, sécuritaire et militaires seront étudiés plus loin dans le même chapitre. 1- Guerre FroideHistoriquement la région attire l'attention des décideurs de la politique étrangère américaine dans la mesure où elle peut affecter la sécurité de l'Europe notamment la rêve sud et cela malgré son emplacement géographique stratégique. Durant la Guerre Froide les Etats-Unis cherchaient à contrer l'influence des soviétiques, offrir la protection occidentale aux Etats alliés de la région le Maroc et la Tunisie et mener une politique de Containment20(*) autour de Kadhafi. Il faut signaler que bien que l'Algérie avait un penchant de soutien des soviétiques durant la guerre froide, les Etats-Unis n'ont pas rompu leur relation surtout en matière économique, dans ce domaine leur rapport est basé sur le pragmatisme, donc ne laissaient pas leur divergence idéologique assombrir leur relations commerciales. Durant les années 1980 l'Administration américaine ne se souciait pas de la montée de l'intégrisme religieux que ce soit en Tunisie ou en Algérie, elle n'accordait pas non plus beaucoup d'attention au processus de démocratisation en Algérie notamment 1989-90, un rôle laissé à la France traditionnellement ancrée dans la région pour son histoire coloniale, elle focalisait plutôt l'évolution de la situation en Europe de l'Est. En ce que concerne l'Union du Maghreb Arabe (UMA21(*)) les USA étaient favorable à l'intégration de cette entité qui regroupe les cinq pays de la région, mais vu qu'ils ne voulaient pas que la Libye soit partie intégrante de ce regroupement, étant donné Kadhafi était perçu comme la bête noire des américains juste après l'Iran, cette attitude a fait capoter le projet de développement autant économique que politique de la région. De plus vu les rapports historiques entre le Maroc et les Etats-Unis, alliés stratégiques historiques, la résolution du conflit sur le Sahara reste en suspens. 2- 1990-2001Après la chute du mur de Berlin, des éléments de la politique américaine vis-à-vis du Maghreb commençaient à émerger, en effet pendant cette période les Etats-Unis avaient un objectif stratégique global de libéralisation qu'ils essayer de répandre et de promouvoir partout dans le Monde, ainsi une intégration régionale sous forme de l'UMA devrait être un marché potentiellement important et attractive pour les investisseurs américains. Trois rôles ont pu être joués : La guerre civile algérienne a acculé les américains à prévenir une éventuelle expansion de la crise vers les deux pays voisins, à savoir le Maroc et la Tunisie, et à long terme une déstabilisation de la région tout entière dont les conséquences seraient l'enclenchement d'un flux migratoire en direction de l'Europe. Cette perspective d'un Maghreb instable due à la combinaison d'une envolée démographique, de détérioration des conditions socio-économique constituait un souci autant pour les Etats-Unis en Europe, qu'au sein de l'OTAN, dans ce contexte les USA, mais aussi la France, ont laissé libre cours à ce que les autorités tunisiennes répriment les islamistes dans des conditions contrevenant au respect des droits de l'homme. En ce qui concerne le Maroc, ils ont favorisé le maintien de statu quo ante sur la question de Sahara en reportant sine die l'échéance référendaire, ce qui amène les acteurs principaux sur les pieds d'égalité. Le second objectif des Etats-Unis était de presser le régime algérien à mettre fin à la crise politique. Durant 1993-96 les décideurs politiques américains étaient convaincus que le régime politique en vigueur aller tomber, et pour prévenir un scénario à l'algérienne, ils préféraient concevoir une politique de conciliation vis-à-vis des islamistes, seul moyen de les amener à mettre fin à la crise, cette politique favorisait à ce que le processus politique inclut aussi les forces laïques que les islamistes qui rejettent la violence. Certains officiels étaient certains que l'arrivée au pouvoir des islamistes était inévitable, pour maintenir leur relation avec le futur Etat, l'activisme du Front Islamique du Salut n'était pas réprimé au sein même des Etats-Unis. L'Algérie était aussi conçue comme un champ d'expérimentation d'un régime dirigé par des islamistes modérés, cela servirait l'intérêt des américains pour effacer l'image négative qu'on a d'eux dans le monde musulman d'autant plus que les Etats-Unis ont gardé leur distance vis-à-vis du pouvoir algérien dans l'espoir qu'une fois les islamistes au pouvoir, ils ne seront pas opposés aux intérêts américains dans la région. Cette politique, on la voit, est basée sur l'opportunisme et la conciliation entre les islamistes et le régime. Cela s'est concrétisé en 1995 lors de la plateforme de San Egidio où 6 partis de l'opposition, le FIS inclus, et le régime étaient invités pour convenir d'une base à la réconciliation nationale. La politique de compromis américain n'était pas la seule approche des décideurs politiques américains, ainsi au département d'Etat d'aucuns pessimistes quant à la contagion que pourrait entraîner le mouvement islamiste dans les pays voisins, par un effet de domino islamiste, en Novembre 1994 le Comité des Affaires Civils de l'Assemblée de l'OTAN a exprimé cette inquiétude dans un rapport publié a cet effet. Le troisième objectif des Etats-Unis était de maintenir le régime des sanctions sur la Libye mis en place depuis 1986 et celui des Nations-Unies mis en place depuis 1994 après l'affaire Lockerbie. Enfin, concernant toujours le cas de la Libye, les Etats-Unis voulaient prévenir qu'elle ne développe pas des Armes de Destruction Massive (ADM). Durant les années 1990, les Etats-Unis ont eu une approche coopérative en ce qui concerne le Maghreb22(*), excepté la Libye, mais tous les observateurs s'accordent sur le fait que jusqu'à 1998 les Etats-Unis n'ont pas eu de politique étrangère vis-à-vis du Maghreb, cependant les américains commencent à avoir conscience de trois choses : Le Maghreb est négligé dans la politique étrangère américaine, qu'il faudrait se mettre à la développer. Il faudrait favoriser la stabilité dans la région, pour cet effet il faut encourager le développement économique dans la région à travers des réformes. Que les Etats de la région développent une politique de coopération, notamment politique, afin de capter d'éventuels investissements américains dans la région, car les économies nationales ne pourraient pas faire face aux capitaux US. C'est dans ce contexte que les Etats-Unis ont lancé en1999 le partenariat économique USA Afrique du nord, ou l'initiative Eisenstat23(*). Cette initiative était perçue comme un changement et une ébauche dans la politique américaine à l'égard du Maghreb. Celui-ci n'est plus la chasse gardée de la France ou de l'Union Européenne, le marché maghrébin était assez grand pour profiter aussi bien aux Etats-Unis qu'aux européens. Les américains voyaient d'un bon oeil l'initiative euro méditerranéenne, car elle aide à la libéralisation des échanges, à la coopération régionale, et à la suppression des barrières douanières ; A leur tour les Etats de la région se sont lancé dans un réajustement de leur politique, tout en tenant compte de l'arrivé d'un nouvel acteur sur la scène régionale. Avec l'arrivée de Bouteflika an Algérie, les relations entre les deux pays ont été amélioré, dans le domaine de l'anti terrorisme précédent les événements de 11 septembre 2001, développement des relations en matière militaire, la visite des officiers haut gradés des USA ainsi que de l'OTAN en Algérie, enfin des manoeuvre conjoint des militaires américains et algériens. En ce qui concerne le Maroc, après la mort de Hassan II en 1999, le régime politique est devenu trop proche des Etats-Unis, et se positionne comme un rempart contre l'islamisme et l'extrémisme, ce que veulent les américains, en échange le Maroc espère recevoir un soutien de la part des Etats-Unis quant à le conflit sur le Sahara qui oppose le Maroc, à l'Algérie et le Polisario. Pour la Tunisie, le soutien américain du régime reste fondamental surtout pour contrer la prétendue menace islamiste. Quant à la Libye, les Etats-Unis lui restent encore hostile malgré ses initiatives de normaliser ses relations avec les Etats-Unis et son abandon du terrorisme, elle acquiert un statut « état voyou » aux yeux des américains. A l'aube de 11 septembre 2001 la présence américaine dans la région fut plus importante que jamais et ses objectifs furent formulés dans la National Security Strategy, comme on l'a vu au début du chapitre précédent. Ce qui est très important à remarquer, c'est que les relations Etats-Unis Algérie, ne sont plus cantonnées dans le secteur d'hydrocarbure, mais se sont étendus vers le militaire * 19 Yahia Zoubir, The Maghreb states and the United States after 9/11: a problematic relationship, http://www.menavision2010.org/dokumente/tp3-studie-acht.pdf * 20 Traduit en français par endiguement. Le containment fur la base de la doctrine de Truman, elle visait durant la guerre froide à empêcher toute nouvelle extension de la zone d'influence soviétique au-delà de ses limites atteintes en 1947 * 21 Organisation sous régionale maghrébine composée de 5 pays fondateurs, Le Maroc, l'Algérie, la Tunisie la Libye et la Maurétanie, crée le 17 février 1989 lors d'une réunion à Marrakech * 22 Que Donald Rusfeld, lors dans une visite dans une visite en Tunisie, appelle « lonstanding friends and longtime partners » en référence au Maroc, Algérie et Tunisie * 23 Initiative proposé et lancée par Stuart Eizenstat, sous secrétaire aux affaires économiques des Etats-Unis, dans le but d'augmenter le volume de commerce et d'investissement entre le pays nord africains et les Etats-Unis, et cela par l'intégration du Marché africain en former un grand marché, ce qui pourrait stimuler l'intérêt des entreprisses américaines au profit de cette région. Ce partenariat concerne le secteur privé, conditionné par quatre éléments : 1- le renforcement du dialogue au haut niveau, 2- un rôle accru pour le secteur privé, 3- l'accélération des réformes structurelles dans chaque pays, 4- démantèlement des barrières intra-régionales qui entravent le commerce et les investissements |
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