3) L'appréciation des chefs d'entreprise reste
globalement négative :
Pour la première fois, le Ministère de l'Emploi
et de la Solidarité, en avril 2002, publie une enquête
réalisée par la DARES auprès des entreprises pour
connaître leur opinion sur les 35 heures. Les employeurs passés
aux 35 heures trouvent que la RTT est négative au plan
économique, notamment au regard des coûts salariaux, des
coûts de gestion de l'organisation, de la rentabilité, du respect
des délais et de la réactivité. Toutefois, l'impact est
positif pour la durée d'utilisation des équipements, la
production et la polyvalence des salariés. Ceux qui jugent positif
l'impact de la RTT sur la situation économique globale de leur
établissement n'emploient que 5 % des salariés, contre 28 % pour
ceux qui le jugent négatif.
OFCE* : Observatoire Français des Conjonctures
Economiques
Les impacts économiques de la RTT sur les
établissements d'hôtellerie restauration, peut-on envisager un
lien entre les RTT et la dette ?
Etude réalisée sur des établissements de
5 salariés ou plus, ayant réduit la durée du travail avant
février 2001. Source : DARES
En outre, 58 % des entreprises hôtelières
connaissaient des difficultés de recrutement au sommet de la croissance
(janvier 2001 DARES) et encore 35 % aujourd'hui. Ces problèmes sont
connus depuis longtemps. Ainsi, dès 2000, la DARES, après analyse
de données recueillies auprès de 18 entreprises ayant
signé un accord « Robien » ou « Aubry » a
recensé 3 grandes difficultés :
· gains de productivité difficiles,
· annualisation pesante,
· modération salariale dégradant le climat
social de l'entreprise.
D'autres éléments confirment ces
difficultés. Fin 2001, 55 % des entreprises de moins de 20
salariés considéraient que la RTT aura un effet négatif
sur leur activité. En outre, d'après une enquête de la
CGPME, 36 % des chefs d'entreprise estiment que l'application des RTT a
dégradé le climat social de leur entreprise, 66 %, que leur
entreprise a perdu en compétitivité.
Elle rappelle également que cette mesure oblige les
entreprises à intégrer 157 pages nouvelles de textes de loi,
décrets et autres règlements, qu'aucun droit à
l'expérimentation n'est accordé et finalement que la loi du 19
janvier 2000 remplaçant celle du 13 juin 1998, invalide de nombreux
accords précédemment passés.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que pour
assurer le passage à l'euro, les banques, les établissements de
crédit, les sociétés de gestion et les entreprises
d'investissement ont dû obtenir une dérogation sur la durée
du travail. Le temps de travail a pu aller jusqu'à 52 heures
hebdomadaires.
Suite à certaines études de la DARES, nous
pouvons constater que les négociations sont une fois sur deux
conflictuelles. Dans 15 % des cas, cela va jusqu'à la grève ou le
débrayage, dans 7 %, l'entreprise a connu un épisode revendicatif
sans arrêt de travail (manifestation, pétition, etc.), et dans 24
% les manifestations de mécontentement étaient du type «
rumeur ».
Lorsque l'on regarde les statistiques, les grèves ou
manifestations sont plutôt l'apanage des plus grands
établissements, surtout quand ils sont dotés d'une
représentation syndicale ancienne. Ainsi, moins de 3 % des
salariés des établissements employant moins de 50 personnes ont
connu une grève lors des négociations sur les RTT contre 18 % de
ceux qui travaillent dans de plus grandes unités. Ces
négociations ne semblent pas profiter au mouvement syndical. En effet,
employeurs comme salariés estiment que les syndicats ne sont pas utiles
à la mise en place de la RTT. Le mandatement dans les entreprises ne
s'opère qu'à la fin de la négociation. Heureusement,
à l'issue des négociations, le climat social semble
s'améliorer.
La mise en oeuvre des dispositifs Aubry ne s'est pas
effectuée sans difficulté. Ainsi, fin 2001, seulement 23 % des
PMI de moins de 20 salariés étaient prêtes pour le passage
aux 39 heures. L'Observatoire du dialogue social ne dit rien d'autre. Il a
interrogé en mars 2000 plus de 400 DRH. Il semble que ce soit les plus
petites structures qui s'inquiètent le plus des conséquences des
RTT.
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