Le processus d'élaboration de la stratégie de
réduction de la pauvreté au Bénin selon la formule en
faveur des PPTE a été lent en comparaison avec d'autres pays
d'Afrique et d'ailleurs. Après une lutte acharnée entre le
Ministère du plan et celui des finances pour la détermination de
la structure qui mènerait le processus, il a été mis en
place la Commission Nationale pour le Développement et la lutte contre
la Pauvreté (CNDLP).
4.1.1.1 La Commission Nationale pour le Développement et
la Lutte contre la Pauvreté.
La conception et le contrôle du processus DSRP sont
coordonnés au sein d'une structure, ayant a sa tête la CNDLP. La
CNDLP a été créée par décret
présidentiel du 2 novembre 2000, sur proposition du Ministre d'Etat
chargé du plan. La CNDLP est présidée conjointement par le
Ministre du Plan (Président) et le Ministre des Finances et de
l'Economie (Vice-président). Les membres du comité: sont tous les
autres Ministres (17 en décembre 2000), le chef de la cellule
macroéconomique de la Présidence, l'Université nationale
du Bénin et les représentants de la société civile
et du secteur privé tels la Chambre de Commerce et d'lndustrie du
Bénin (CCIB), les syndicats et associations de femmes, les
agriculteurs.
Les organes exécutifs de la commission sont le
comité technique et le secrétariat technique. Le comité
technique comprend des personnes de huit Ministères (Plan, Finance et
Economie, Développement rural, Industrie, Education, Santé
publique, lntérieur, Protection sociale et de la famille), de la CCIB et
de l'UNB. Ce comité est chargé de rendre opérationnelles
les orientations données par la commission.
Le secrétariat technique ou secrétariat
permanent est composé d'un secrétaire technique, d'un assistant
et de quelques membres de personnel. Il est chargé de la gestion
journalière. Celui-ci a été le réel moteur du DSRP.
Cependant, BIERSCHENK et a! (2001) déplorent que tous les membres du
secrétariat ne semblent pas impliqués activement dans la
préparation du DSRP et que certains comprennent difficilement l'anglais
alors que la majorité des débats et des guides en la
matière sont dans cette
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langue. De plus, le secrétariat technique a
été installé au sein du MFE, et son équipe est
composée de tout le personnel ayant travaillé au sein du
secrétariat permanent du PAS, auxquels ont été
ajoutés quatre consultants spécialement engagés a cet
effet. Le secrétaire permanent de la CNDLP n'est de ce fait que le
secrétaire technique du Programme d'Ajustement Structurel.
Enfin, l'une des plus grandes insuffisances de la CNDLP est
l'absence en son sein de représentants du Parlement et des structures
déconcentrées de l'Administration territoriale. Ainsi, il est
reproché a la CNDLP une représentativité incomplète
des différentes tranches de la population et sa trop grande accointance
avec l'ancien organisme de gestion du PAS (PAUL, E., 2002).
Toutefois, la CNDLP a été la cheville
ouvrière pour la mise en uvre du processus
d'élaboration du
DSRP tel que prescrit par la loi.
Il est important de noter qu' après
l'élaboration du DSRP, l'organisation de la mise en
uvre du DSRP a été modifiée par un
nouveau décret16 portant attribution, composition et
fonctionnement de la CNDLP. Désormais, la CNDLP est dirigée par
une assemblée plénière composée de tous les membres
de la commission. A celle-ci s'ajoutent le comité ministériel, le
secrétariat permanent, l'observatoire du changement social et les
comités départementaux. Les deux dernières structures sont
chargées du suivi-évaluation du DSRP respectivement aux niveaux
national et départemental. Ce nouvel arrété a
également occulté l'importance des collectivités locales
puisqu'elles ne sont représentées qu'au niveau des comités
départementaux. De plus, il n'a pas prévu la création des
comités communaux de suivi tels que prévus dans le DSRP.
4.1.1.2 Leprocessus d'élaboration du document.
Le processus d'élaboration du DSRP a commencé
au Bénin en novembrel999, par un atelier technique rassemblant les
agences gouvernementales concernées: le FMI, la Banque Mondiale et les
autres partenaires au développement. La version préliminaire du
document a d'abord été élaborée par le gouvernement
et adoptée par le conseil d'administration de la Banque Mondiale et du
FMI. Le document intérimaire existait donc avant la création et
l'installation de la CNDLP en novembre 2000.
13D~~ret nb2OO4GO82 du 21 février
2004.
La CNDLP a alors conduit le processus d'élaboration du
DSRP définitif conformément au schéma adopté en
conseil des ministres le 17 janvier 2001. Les grandes étapes de ce
processus peuvent se résumer comme suit:
· organisation des séances de sensibilisation sur
la nouvelle orientation de la politique de développement en faveur des
décideurs, des fonctionnaires de l'administration et des
représentants des différentes composantes de la
société civile;
· réalisation de cinq études
thématiques pour disposer d'une base scientifique permettant d'asseoir
la stratégie. Elles proposent un cadre institutionnel pou mettre en uvre
la DSRP;
· organisations de concertations départementales
et centrales avec des groupes structurés (gouvernement, association de
femmes, acteurs privés et publics des secteurs de la santé et de
l'éducation, personnel de l'administration territoriale et
décentralisée);
· examen du plan du DSRP, définition des
objectifs et des politiques, choix des priorités prenant en compte
l'évaluation des facteurs coUt-efficacité et les résultats
des concertations;
· rédaction du projet du DSRP;
· adoption et validation du DSRP.
ldéalement, ce processus devrait permettre la
définition d'une stratégie de réduction de la
pauvreté basée sur un diagnostic correct des facteurs de
pauvreté avec la participation effective et la prise en compte des
préoccupations de la population. C'est pourquoi, nous allons interroger
le processus participatif utilisé lors des différentes
concertations afin de déterminer dans quelle mesure on pourra affirmer
que le DSRP répond aux préoccupations des plus pauvres. De la
qualité et de l'effectivité du processus participatif
dépend en effet, comme mentionné plus haut, l'appropriation des
politiques définies dans le DSRP par les gouvernements locaux
actuels.