Impact de l'arrimage du Franc CFA à l'Euro sur la balance commerciale : le cas du Cameroun( Télécharger le fichier original )par Francis Yannick ZAMBO ZAMBO Institut sous-régional de statistique et d'économie appliquée de Yaoundé - Ingénieur statisticien 2006 |
CONCLUSIONAu terme de notre étude, il ressort des différentes analyses qui ont été faites sur les exportations, les importations et la balance commerciale proprement dite que l'arrimage du Franc CFA à l'Euro a eu, depuis lors, un impact mitigé sur chacune de ces variables. En effet, les éléments d'analyses30(*) qui nous ont permis de tirer certaines conclusions ainsi que les théories économiques ayant servi de cadre de référence ont démontré que l'arrimage avait eu un bilan contrasté et relatif aux spécificités de chaque année. Ainsi, Ø Pour les exportations, la période ultérieure à l'arrimage a été marquée par une baisse globale de la compétitivité du Cameroun que la période directement antérieure n'avait pas connu. Bien qu'à l'exception notable de l'an 2000, les autres années aient été caractérisé par une appréciation du TCER, il est difficile d'attribuer cet état de choses à l'avènement de l'arrimage seul, car des indicateurs techniques témoignaient d'une influence limitée du TCER et donc de l'arrimage sur l'évolution des parts de marché. Aussi, il a été difficile d'isoler l'effet arrimage car ce dernier a coïncidé avec d'autres facteurs qui expliquent tout aussi bien la chute des parts de marchés internationaux à l'instar de la baisse de la production domestique pour certains principaux produits. Eu égard à toutes ces considérations, les instruments techniques d'analyse qui ont été les nôtres, combinés à certaines considérations d'ordre pratique, semblent tous convergés vers le fait qu'entre 1999 et 2002, c'est en 2000 que l'arrimage du FCFA à l'Euro a eu un impact certain sur les gains de parts de marchés ayant été observés. Pour les trois autres années, les mêmes instruments d'analyse portent à croître que l'influence de l'arrimage sur la compétitivité a été très limitée. Ø Pour les importations, les variations du TCER induites par les fluctuations de l'Euro ont eu au courant de chaque année une influence considérable sur les prix à l'importation libellés en Franc CFA. Cela a été mis en exergue pour le cas des Etats-Unis et surtout du Nigéria dont la monnaie s'est fortement dépréciée relativement au Franc CFA du fait de l'arrimage. L'on a ainsi assisté à une hausse des prix du principal produit d'importation du Cameroun d'une valeur de près de 80% en Naira contre seulement 15,25% en FCFA. L'effet prix du TCN et donc de l'arrimage a trouvé sa pleine expression ici. Cet état de choses n'a pas été qu'avantageux car à cause d'une dépréciation continue du Franc CFA face au Dollar américain jusqu'en 2001, les augmentations des prix en dollar des biens importés depuis les Etats-Unis ont toujours été revues à la hausse en Franc CFA tandis que les baisses ont toujours été amoindries. L'arrimage a également eu un impact sur les importations en quantité. En effet, pour les années 1999 et 2002, l'on a noté une concordance des évolutions du TCER et des quantités importées suite à la baisse des prix en FCFA des produits importés ; cette dernière faisant suite à l'appréciation du TCER. De plus, les élasticités de la demande en volume par rapport au TCER étaient relativement élevées au cours de ces années. Deux années, cependant se sont caractérisées par des observations inverses de celles attendues. Il s'agit de 2000 et 2001 où les élasticités indiquaient une variation en sens contraires des TCER et des importations en quantité à cause d'une demande d'importation inélastique au TCER. Celle-ci était due à la forte dépendance de certains secteurs comme l'agriculture quant aux importations des produits (achat d'engrais ou de produits buts d'origine animale) qui leurs sont indispensables. Ø Pour le solde commercial, les résultats ont démontré que de 1999 à 2002, le théorème de Marshall-Lerner n'a été vérifié que pour une seule année qui est l'an 2000. Aussi, les évolutions tant des exportations que des importations montraient une sensibilité forte entre les variations des exportations et des importations et celles du TCER. Pendant cette année donc, l'on peut affirmer que l'arrimage du CFA à l'Euro, à travers la baisse du TCER, a entraîné une appréciation de la balance commerciale. Quant aux autres années, si l'arrimage a eu une incidence sur le solde commercial, celle-ci était plus limitée qu'en 2000. Mais, notre étude a révélé une hausse permanente du TCER au gré surtout de l'appréciation de l'Euro vis-à-vis des devises étrangères. Alors, cela n'a- t-il pas pour conséquence l'éloignement continu du Franc CFA de sa valeur d'équilibre31(*) ? Si cela est vérifié, n'aboutirons nous pas à terme à une autre dévaluation du Franc CFA ?
* 30 Ces éléments étaient les exportations en volume pour les études de la compétitivité, les élasticités critiques des exportations et des importations pour se rendre compte du degré de sensibilité de ces deux dernières quant aux variations du TCER, et l'indicateur L de Marshall-Lerner qui permettait de se prononcer sur l'effectivité de l'influence du TCER sur le solde commercial, etc. * 31 Cette valeur d'équilibre n'est pas fixée arbitrairement mais elle résulte des fondamentaux de la détermination du taux de change que sont le solde commercial, le taux d'intérêt et l'inflation. |
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