La présence de médicaments
vétérinaires de qualité douteuse est courante sur le
marché pharmaceutique africain. On distingue en général
les contrefaçons, les génériques non-conformes et les
malfaçons. Ces médicaments sont non conformes parce qu'ils ne
répondent pas aux normes de qualité requises ou à la
qualité décrite par leurs fabricants.
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Un médicament vétérinaire contrefait est
la reproduction frauduleuse d'un autre médicament
vétérinaire produit légalement par un laboratoire. Il est
muni d'une étiquette n'indiquant pas son identité et/ou sa source
véritable. Il ne s'agit pas de la copie servile d'un produit, mais de la
reprise d'un ou de plusieurs éléments qui peuvent porter à
confusion l'acheteur (SCHMIDT, 1999). En effet, dans le marché de la
contrefaçon, il y a une intention frauduleuse de fabriquer, de
distribuer, de fournir et de vendre délibérément et
sciemment des médicaments de mauvaise qualité pour en retirer des
bénéfices illicites (OMS, 2000).
Quant aux génériques non-conformes, ce sont des
produits qui ne respectent pas les spécifications qualitatives et/ou
quantitatives du produit de référence. Le plus souvent, la
tricherie est volontaire pour produire à bas prix et maximiser sur les
bénéfices (TANO, 2005).
Les malfaçons correspondent plutôt aux erreurs
commises au cours du processus de fabrication.
Faute de statistiques fiables à cause du
caractère informel des circuits de commercialisation de certains de ces
produits notamment les médicaments de contrefaçon, la proportion
des faux médicaments vétérinaires en circulation en
Afrique subsaharienne est mal connue. Mais, selon l'OMS, 60% des
médicaments humains en Afrique pourraient être des faux et un tel
sondage sur les médicaments vétérinaires pourrait laisser
présager des surprises désagréables de ce genre (ABIOLA,
2001).
Cette inquiétude d'Abiola (2001) est confortée
par les résultats des sondages réalisés par le Laboratoire
de Contrôle des Médicaments Vétérinaires (LACOMEV)
de l'EISMV de Dakar au Bénin - Togo, au Mali, en Mauritanie, au Cameroun
et au Tchad où, respectivement 48% (ABIOLA, 2001), 43% (ABIOLA, 2002),
59% (ABILOA, 2002), 47% (ABIOLA, 2001) et 61% (ABIOLA, 2005) des
médicaments vétérinaires contrôlés sont
non-conformes. Les non-conformités retrouvées concernent aussi
bien le circuit illicite que le circuit officiel.
En 2001, la FAO a prélevé dans 11 pays
africains 104 échantillons de diminazène représentant 19
marques différentes et les a fait analyser à l'Université
de
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Glasgow. Les résultats de cette analyse ont
montré que 32% d'échantillons étaient non-conformes (TANO,
2003).
Les non-conformités observées sont le plus souvent
les sous-dosages, les surdosages ou les substitutions complètes de
principes actifs.
Malgré cette situation qui témoigne des
énormes lacunes observées dans la gestion de la qualité
des médicaments vétérinaires en Afrique subsaharienne, des
progrès notables ont été réalisés en la
matière au cours des 5 dernières années et pourraient
contribuer à l'amélioration de la situation. Il s'agit notamment
de la dotation de l'Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine
Vétérinaires (EISMV) de Dakar d'un laboratoire de contrôle
des médicaments vétérinaires dont certains travaux
viennent d'être évoqués.