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Etude de la distribution et de la qualité des médicaments vétérinaires au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Florent MESSOMO NDJANA
Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar (EISMV) - UCAD - Doctorat d'Etat en Sciences et Médecine Vétérinaires 2006
  

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I.4- Les contraintes sanitaires

Aujourd'hui, les maladies animales demeurent un des facteurs limitant du développement de l'élevage en Afrique subsaharienne car, elles entraînent de lourdes pertes directes et indirectes dans les cheptels nationaux (SIDIBE, 2001). Ces maladies anéantissent parfois les efforts des éleveurs pour la multiplication du troupeau. Les principales pathologies rencontrées dans le cheptel camerounais sont présentées dans le tableau II suivant.

Tableau II: Maladies de la liste A et de la liste B de l'OIE, présentes au Cameroun

 

Maladies de la liste A de l'OIE

 
 

Maladies de la liste B de l'OIE


·

Fièvre aphteuse

 


·

Charbon bactéridien


·

Brucellose


·

Peste des petits ruminants

 


·

Tuberculose (bovine
surtout)


·

Trypanosomose


·

Péripneumonie contagieuse

des


·

Dermatophiose

 
 
 

bovidés

 
 
 


·

Rage


·

Dermatose nodulaire

 


·

Cysticercose (porcine

 
 
 
 
 
 

surtout)


·

Choléra aviaire

 

Contagieuse

 
 
 
 
 


·

Clavelée et variole caprine

 


·

Bronchite infectieuse
aviaire


·

Typhose aviaire


·

Peste porcine africaine

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


·

Maladie de Marek

 
 
 


·

Variole aviaire

 
 


·

Maladie de Newcastle

 
 
 
 
 
 
 
 


·

Maladie de Gumboro

 
 
 

Source : HAMADOU et BANIPE (2001)

Les pathologies dominantes au sein des effectifs peuvent être regroupées en deux catégories selon le type d'agent pathogène responsable : les maladies parasitaires et les maladies infectieuses. Dans ces deux groupes de maladies, nous allons nous intéresser particulièrement à celles qui ont une grande incidence sur le cheptel et qui constituent de ce fait, de véritables obstacles au développement de l'élevage au

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Cameroun. Ainsi, nous présenterons d'abord les principales maladies parasitaires puis, les maladies infectieuses maj eures.

I.4.1- Principales maladies parasitaires animales au Cameroun

La trypanosomose est la pathologie parasitaire majeure du cheptel bovin camerounais. Elle constitue une entrave majeure à l'élevage des ruminants dans la partie sud du pays qui présente des conditions favorables au développement des glossines mais qui offre pourtant de fortes potentialités fourragères.

Les effets directs de la maladie sont principalement la mort des animaux qui entraîne une réduction du cheptel de 30% à 50 % et une réduction de la production de viande et de lait d'au moins 50 % (PANGUI, 2001). Des pertes considérables d'animaux dues à la trypanosomose sont enregistrées dans le plateau de l'Adamaoua (SALEU, 1988).

Les effets indirects sont représentés par une réduction d'environ 40% des terres traitées par la traction animale et une réduction d'environ 5% à 10 % de la valeur totale de la production agricole (PANGUI, 2001).

D'autres maladies parasitaires affectent le cheptel. Il s'agit principalement des affections à tiques (cowdriose, babesiose, rickettsioses, anaplasmose, dermatophilose), des gales, des helminthoses et les coccidioses qui causent de lourdes pertes dans les élevages de volailles (MINEPIA, 2000).

Ces maladies parasitaires sont parfois potentialisées chez les mêmes animaux par des maladies infectieuses.

I.4.2- Maladies infectieuses animales majeures au Cameroun

Les maladies infectieuses majeures qui sévissent dans le cheptel camerounais varient en fonction des espèces animales.

Dans le cheptel bovin, ces maladies sont principalement représentées par la Péripneumonie Contagieuse Bovine (PPCB), la fièvre aphteuse, les charbons

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bactéridien et symptomatique, la tuberculose. Par contre, le Cameroun est provisoirement déclaré indemne de la peste bovine (MINIPIA, 2000).

La Péripneumonie Contagieuse Bovine (PPCB)

Plusieurs foyers de la maladie sont signalés dans les différentes zones d'élevage des bovins notamment dans la partie septentrionale du pays. Pour réduire l'incidence de la PPCB, l'Etat organise des programmes annuels de vaccination par le biais des mandats sanitaires dans les zones infectées.

La fièvre aphteuse

Cette maladie affecte le cheptel bovin de la province de l'Ouest. Elle sévit également dans la partie septentrionale du pays mais à moindre degré.

Les charbons bactéridien et symptomatique

Ces deux maladies sévissent particulièrement au nord du Cameroun où les campagnes de vaccination sont organisées chaque année pour réduire leurs incidences. Les vaccins utilisés sont produits par le Laboratoire National Vétérinaire (LANAVET) de BOKLE-GAROUA.

La tuberculose

La tuberculose occasionne des pertes économiques importantes dans le cheptel bovin. Elle est à l'origine de nombreuses saisies aux abattoirs ; le taux de saisie pouvant aller jusqu'à 33,09 % (SALEU, 1988).

La composante PACE Cameroun, dont le protocole d'accord a été signé en décembre 2001 pour un montant d'environ 2,7 millions d'euros soit environ 1,8 milliards de francs CFA, a permis de créer un réseau d'épidémiosurveillance pour

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contrôler la naissance de nouveaux foyers et l'évolution de ces maladies sur l'étendue du territoire (MINEPIA, 2000).

Le cheptel ovin et caprin quant à lui, fait face à la peste des petits ruminants.

L'élevage porcin est confronté à la peste porcine africaine qui cause des pertes importantes dans la filière et dans toutes les régions du pays. Elle limite l'exploitation des effectifs importants dans les élevages. Son passage est généralement marqué par la mort de l'effectif de l'exploitation atteinte.

Pour faire face à cette << arme de destruction massive >> du cheptel porcin camerounais, plusieurs mesures ont été prises par l'Etat. Ainsi, l'arrêté N°000009 du 08/07/82 portant déclaration de l'infection de peste porcine africaine dans certaines zones du pays reste en vigueur. Cet arrêté interdit le déplacement des porcs, de leurs produits (carcasses, fumier, etc.) et matériel d'élevage y compris les véhicules servant au transport des animaux et de leurs produits, des zones infectées vers les zones indemnes (MINIPIA, 2000). Un programme d'appui pour la lutte contre la peste porcine à été mis sur pied par le ministère en charge de l'élevage et auquel vient s'ajouter le projet porc, projet de l'initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) dont l'objectif principal est de trouver des stratégies de contrôle de la peste porcine africaine au Cameroun.

Les maladies de Newcastle et de Gumboro constituent les pathologies infectieuses aviaires dominantes. Les taux de mortalité, lors d'endémie atteignent 60 à 80% des effectifs voir 100% (EVALI, 1996). Une étude menée par ICHAKOU (2004), a montré une prévalence de 63,63% de la maladie de Newcastle dans la province de l'Extrême-Nord. La maladie de Marek, la bronchite infectieuse et le choléra aviaire causent également de lourdes pertes à l'aviculture locale (KOUAGHU, 2006).

A ces maladies, s'ajoute la grippe aviaire qui représente aujourd'hui la plus grande menace à la santé publique et à l'aviculture locale. En effet l'apparition de foyers de cette maladie au Nigeria et au Niger, au Burkina-Faso, en Egypte puis au Cameroun place ces pays dans ce que DEKEN (2006) a appelé << the new axis of evil >> (le nouvel axe du mal). Au Cameroun, la grippe aviaire a été dépistée chez les

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canards dans la province de l'Extrême-Nord. Un plan d'urgence a été élaboré par les autorités en charge de l'élevage pour limiter son extension.

En résumé, la situation zoosanitaire au Cameroun reste préoccupante. En effet, malgré les efforts consentis par l'Etat pour réduire l'incidence des pathologies majeures dans le cheptel par des campagnes de sensibilisation et de vaccination régulières, les maladies animales continuent de réduire parfois à néant les sacrifices des éleveurs mettant le plus souvent ces derniers dans une situation économique et sociale très inconfortable. C'est aussi le cas dans la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne où les maladies animales représentent encore la contrainte majeure au développement de l'élevage. Loin de se laisser vaincre par cette situation, les éleveurs ont recours à plusieurs méthodes de lutte contre ces maladies animales et dont la plus courante aujourd'hui est l'utilisation des médicaments vétérinaires, d'où l'objet du chapitre suivant qui porte sur le marché des médicaments vétérinaires en Afrique subsaharienne. Ce chapitre nous permettra de voir, avant d'aborder dans les résultats le marché des médicaments vétérinaires au Cameroun, quelle en est la situation dans les autres pays de l'Afrique subsaharienne.

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