Source : HAMADOU et BANIPE (2001)
Les pathologies dominantes au sein des effectifs peuvent
être regroupées en deux catégories selon le type d'agent
pathogène responsable : les maladies parasitaires et les maladies
infectieuses. Dans ces deux groupes de maladies, nous allons nous
intéresser particulièrement à celles qui ont une grande
incidence sur le cheptel et qui constituent de ce fait, de véritables
obstacles au développement de l'élevage au
11
Cameroun. Ainsi, nous présenterons d'abord les
principales maladies parasitaires puis, les maladies infectieuses maj eures.
I.4.1- Principales maladies parasitaires animales au
Cameroun
La trypanosomose est la pathologie parasitaire majeure du
cheptel bovin camerounais. Elle constitue une entrave majeure à
l'élevage des ruminants dans la partie sud du pays qui présente
des conditions favorables au développement des glossines mais qui offre
pourtant de fortes potentialités fourragères.
Les effets directs de la maladie sont principalement la mort
des animaux qui entraîne une réduction du cheptel de 30% à
50 % et une réduction de la production de viande et de lait d'au moins
50 % (PANGUI, 2001). Des pertes considérables d'animaux dues à la
trypanosomose sont enregistrées dans le plateau de l'Adamaoua (SALEU,
1988).
Les effets indirects sont représentés par une
réduction d'environ 40% des terres traitées par la traction
animale et une réduction d'environ 5% à 10 % de la valeur totale
de la production agricole (PANGUI, 2001).
D'autres maladies parasitaires affectent le cheptel. Il
s'agit principalement des affections à tiques (cowdriose, babesiose,
rickettsioses, anaplasmose, dermatophilose), des gales, des helminthoses et les
coccidioses qui causent de lourdes pertes dans les élevages de volailles
(MINEPIA, 2000).
Ces maladies parasitaires sont parfois potentialisées
chez les mêmes animaux par des maladies infectieuses.
I.4.2- Maladies infectieuses animales majeures au
Cameroun
Les maladies infectieuses majeures qui sévissent dans le
cheptel camerounais varient en fonction des espèces animales.
Dans le cheptel bovin, ces maladies sont principalement
représentées par la Péripneumonie Contagieuse Bovine
(PPCB), la fièvre aphteuse, les charbons
12
bactéridien et symptomatique, la tuberculose. Par
contre, le Cameroun est provisoirement déclaré indemne de la
peste bovine (MINIPIA, 2000).
La Péripneumonie Contagieuse Bovine
(PPCB)
Plusieurs foyers de la maladie sont signalés dans les
différentes zones d'élevage des bovins notamment dans la partie
septentrionale du pays. Pour réduire l'incidence de la PPCB, l'Etat
organise des programmes annuels de vaccination par le biais des mandats
sanitaires dans les zones infectées.
La fièvre aphteuse
Cette maladie affecte le cheptel bovin de la province de
l'Ouest. Elle sévit également dans la partie septentrionale du
pays mais à moindre degré.
Les charbons bactéridien et
symptomatique
Ces deux maladies sévissent particulièrement au
nord du Cameroun où les campagnes de vaccination sont organisées
chaque année pour réduire leurs incidences. Les vaccins
utilisés sont produits par le Laboratoire National
Vétérinaire (LANAVET) de BOKLE-GAROUA.
La tuberculose
La tuberculose occasionne des pertes économiques
importantes dans le cheptel bovin. Elle est à l'origine de nombreuses
saisies aux abattoirs ; le taux de saisie pouvant aller jusqu'à 33,09 %
(SALEU, 1988).
La composante PACE Cameroun, dont le protocole d'accord a
été signé en décembre 2001 pour un montant
d'environ 2,7 millions d'euros soit environ 1,8 milliards de francs CFA, a
permis de créer un réseau d'épidémiosurveillance
pour
13
contrôler la naissance de nouveaux foyers et
l'évolution de ces maladies sur l'étendue du territoire (MINEPIA,
2000).
Le cheptel ovin et caprin quant à lui, fait face
à la peste des petits ruminants.
L'élevage porcin est confronté à la
peste porcine africaine qui cause des pertes importantes dans la filière
et dans toutes les régions du pays. Elle limite l'exploitation des
effectifs importants dans les élevages. Son passage est
généralement marqué par la mort de l'effectif de
l'exploitation atteinte.
Pour faire face à cette << arme de destruction
massive >> du cheptel porcin camerounais, plusieurs mesures ont
été prises par l'Etat. Ainsi, l'arrêté N°000009
du 08/07/82 portant déclaration de l'infection de peste porcine
africaine dans certaines zones du pays reste en vigueur. Cet
arrêté interdit le déplacement des porcs, de leurs produits
(carcasses, fumier, etc.) et matériel d'élevage y compris les
véhicules servant au transport des animaux et de leurs produits, des
zones infectées vers les zones indemnes (MINIPIA, 2000). Un programme
d'appui pour la lutte contre la peste porcine à été mis
sur pied par le ministère en charge de l'élevage et auquel vient
s'ajouter le projet porc, projet de l'initiative PPTE (Pays Pauvres Très
Endettés) dont l'objectif principal est de trouver des stratégies
de contrôle de la peste porcine africaine au Cameroun.
Les maladies de Newcastle et de Gumboro constituent les
pathologies infectieuses aviaires dominantes. Les taux de mortalité,
lors d'endémie atteignent 60 à 80% des effectifs voir 100%
(EVALI, 1996). Une étude menée par ICHAKOU (2004), a
montré une prévalence de 63,63% de la maladie de Newcastle dans
la province de l'Extrême-Nord. La maladie de Marek, la bronchite
infectieuse et le choléra aviaire causent également de lourdes
pertes à l'aviculture locale (KOUAGHU, 2006).
A ces maladies, s'ajoute la grippe aviaire qui
représente aujourd'hui la plus grande menace à la santé
publique et à l'aviculture locale. En effet l'apparition de foyers de
cette maladie au Nigeria et au Niger, au Burkina-Faso, en Egypte puis au
Cameroun place ces pays dans ce que DEKEN (2006) a appelé << the
new axis of evil >> (le nouvel axe du mal). Au Cameroun, la grippe
aviaire a été dépistée chez les
14
canards dans la province de l'Extrême-Nord. Un plan
d'urgence a été élaboré par les autorités en
charge de l'élevage pour limiter son extension.
En résumé, la situation zoosanitaire au
Cameroun reste préoccupante. En effet, malgré les efforts
consentis par l'Etat pour réduire l'incidence des pathologies majeures
dans le cheptel par des campagnes de sensibilisation et de vaccination
régulières, les maladies animales continuent de réduire
parfois à néant les sacrifices des éleveurs mettant le
plus souvent ces derniers dans une situation économique et sociale
très inconfortable. C'est aussi le cas dans la plupart des pays de
l'Afrique subsaharienne où les maladies animales représentent
encore la contrainte majeure au développement de l'élevage. Loin
de se laisser vaincre par cette situation, les éleveurs ont recours
à plusieurs méthodes de lutte contre ces maladies animales et
dont la plus courante aujourd'hui est l'utilisation des médicaments
vétérinaires, d'où l'objet du chapitre suivant qui porte
sur le marché des médicaments vétérinaires en
Afrique subsaharienne. Ce chapitre nous permettra de voir, avant d'aborder dans
les résultats le marché des médicaments
vétérinaires au Cameroun, quelle en est la situation dans les
autres pays de l'Afrique subsaharienne.
15