INTRODUCTION GENERALE
Dans la plupart des pays d'Afrique, l'agriculture est la plus
importante entreprise et le poumon du développement économique.
Au Bénin, le secteur rural qui concerne 70 % de la population active
contribue pour 39 % à la constitution du PIB et participe à
hauteur de 15% aux recettes de l'Etat (CIFRED, 2001édition provisoire).
Les activités agricoles entraînent des transformations profondes
de l'environnement physique et humain. En effet, le producteur agricole dans la
recherche du mieux-être et de la satisfaction de ses besoins agit sur la
nature dans le souci de créer des conditions plus favorables à
son existence. De ce fait, la superficie des terres arables augmente
constamment au détriment du couvert végétal. Deux
cultures, à savoir le coton et l'igname sont l'une des causes
principales de l'occupation massive des terres par les paysans dans le nord et
le centre du Bénin.
Selon Nda (1998), cité par CIFRED (2001), le poids de
la superficie du coton sur la moyenne des superficies totales emblavées
annuellement entre 1987 et 1996 dans le département de l'Alibori est de
34 %. L'introduction de la culture attelée dans le Borgou et l'Alibori
depuis 1971 a beaucoup facilité la culture du coton. La pression sur les
savanes boisées, forêts claires et galeries forestières se
trouve accentuée par la culture d'igname qui vient en tête de
rotation sur les terres nouvellement défrichées dans les zones
où elle est cultivée.
La dégradation des ressources naturelles est un fait
réel et inquiétant dans les départements de l'Alibori et
du Borgou. En outre, la gestion des terres agricoles laisse à
désirer; elle est l'une des raisons qui sous-tendent certains
problèmes de santé humaine. A l'origine des problèmes de
santé des populations se trouvent la pollution par les pesticides, les
engrais et des problèmes liés au manque d'hygiène
corporelle et alimentaire.
Face aux risques environnementaux et sanitaires
déjà visibles dans le secteur d'étude, il est
nécessaire de procéder à des ajustements majeurs dans la
politique agricole et environnementale. C'est ce qui a motivé le choix
de la Commune de Ségbana pour ce travail de recherche.
BREVE PRESENTATION DU SECTEUR D'ETUDE
La Commune de Ségbana est située au nord-est du
Bénin, dans le département de l'Alibori entre 10°33' et
11°24' de latitude nord et 3°07' et 3°50' de longitude
est ; Elle est limitée au nord par la commune de Malanville, au sud
par la commune de Kalalé, à l'ouest par les communes de Kandi et
de Gogounou, à l'est par le Nigéria (Figure 1). Elle couvre une
superficie de 4.700 km², soit 17,9 % du département de l'Alibori et
4,17% de la superficie du Bénin.
La commune de Ségbana est marquée par une
topographie presque plane (plateau) rompue dans sa monotonie par des collines
d'environ 400m d'altitudes au sommet plat au niveau de certaines plaines et des
buttes surmontant des plateaux d'altitude moyenne de 250m (CARDER
Ségbana, 2001).
Selon une étude faite par le Centre d'Agro
pédologie, le secteur d'étude a un grand ensemble de sols (les
sols ferrugineux) qui se répartissent en quatre groupes : les sols
hydromorphes, les sols à concrétions, les sols indurés et
les sols sans concrétions.
Parmi ces groupes de sols, seuls deux sont aptes à
l'agriculture. Il s'agit des sols à concrétion qui conviennent
plus à la production de l'arachide, et des sols sans concrétions
et sans éléments caillouteux, propices aux cultures
pérennes arborées et très bons pour l'igname, le manioc,
le sorgho, le coton et l'arachide.
La commune de Ségbana a un climat tropical de type
soudanien caractérisé par deux saisons : une saison
pluvieuse qui dure d'avril à octobre et une saison sèche qui
s'étend de novembre à mars. La pluviométrie, dont la
moyenne totale annuelle est de 981,78mm (annexe 1), est favorable à la
production agricole (CARDER Ségbana, 2004). Sur le plan hydrographique,
ce secteur d'étude a un réseau dense de cours d'eau qui
appartiennent au bassin du Niger. La sota (250 km) qui est le principal cours
d'eau forme la limite ouest du secteur d'étude ; elle prend sa
source dans le village Lou (commune de Kalalé).
La sota a trois (03) affluents : Tassinè, Bouly et
Iranè (MIGDISSOV et al, 1984). Le réseau hydrographique de cette
commune est très favorable au développement de la pêche et
des cultures maraîchères (CARDER Ségbana, 2004).
La commune de Ségbana a une végétation
dominée par des formations variant des forêts claires aux savanes
(CENATEL, 1997).
Elle compte cinq (05) arrondissements dont quatre en milieu
rural (Liboussou, Lougou, Libantè et Sokotindji) et un en milieu urbain
(Ségbana). Les principaux groupes sociolinguistiques qui occupent cette
commune sont les Boo (75%), les peulh (17%), les Dendi (1,7%) les Yoruba et
apparentés (1,6%) et les Haoussa, Zarma, Baatombu et Fon (4,7%) (Atlas
monographique des communes du Bénin, 2001). La population du secteur
d'étude est estimée à 52.639 habitants en 2002 et sa
densité est de 11,77 habitants / km².
La commune compte vingt-huit (28) localités au nombre
desquelles quatre (04) ont été choisies pour mener cette
étude. Il s'agit de Ségbana, Morou, Libantè et
Koutè. Avec un taux d'accroissement naturel annuel de 5,01 % sa
population atteindra 126.899 habitants en l'an 2020 si cette tendance se
maintenait. La répartition de cette population par sexe fait
apparaître une légère dominance des hommes (26.345
habitants) contre 26.294 habitants pour les femmes (INSAE-RGPH- 2002). La
population de cette commune s'occupe essentiellement des activités
rurales. Le nombre d'actifs agricoles est de 18670 en 2002 dont 9967 hommes et
8703 femmes (CARDER - Ségbana, 2004).
La quasi-totalité des habitants de cette commune vit de
l'agriculture. Les principales cultures sont le coton, l'igname, le maïs,
le sorgho et l'arachide.
Leurs activités économiques portent aussi bien
sur les produits tirés de l'agriculture que sur les produits
manufacturés. Outre l'animation des marchés à
l'intérieur de la commune, des échanges importants se font avec
les commerçants de la commune de Kandi et ceux des villages frontaliers
du Nigéria. Les échanges commerciaux avec le Nigéria se
développent de plus en plus avec l'inorganisation de la filière
des vivriers, le grand retard dans le paiement des frais de coton et le besoin
pressant des populations d'avoir de revenus.
En matière d'infrastructure sanitaire, la commune de
Ségbana a un centre de santé communal dirigé par un
médecin-chef, assisté des infirmiers et des aides soignants. Elle
dispose de deux (02) dispensaires isolés, de quatre centres de
santé d'arrondissement et de six unités villageoises de
santé (Plan de Développement Communal de Ségbana, 2004).
Dans le cas des maladies graves, les malades sont évacués
à l'hôpital de Kandi.
Le travail de recherche, dans ce secteur d'étude, est
organisé autour de trois (03) chapitres :
1. Problématique, objectifs et hypothèses
2. Méthodologie, revue de la littérature et
outils de travail
3. Résultats, analyses et discussions.
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