CONCLUSION GENERALE
Dans la commune de Ségbana, les activités
agricoles occupent une place importante dans la satisfaction des besoins
alimentaire et économique. Pour avoir de quoi se nourrir avec, et de
revenu, la plupart des populations de cette commune ont une possibilité
majeure : mener les activités agricoles. Mais le constat est que
les paysans accordent plus d'intérêt à la culture du coton
qu'à celle des vivriers. Ce choix a de lourdes conséquences sur
la santé des agriculteurs voire des populations en raison des dangers
liés à la manipulation des intrants coton, qui se
révèlent toxiques. Les autres acteurs de la filière
(Agents d'agriculture et Opérateurs économiques privés)
n'ignorent pas l'impact négatif de ces intrants sur la santé.
Pour corriger cette situation, ils font recours à des thèmes de
sensibilisation développés par le canal de la radio communautaire
appelée BIO GUERRA de Ségbana. Mais il apparaît que ce seul
canal ne suffit pas, et que des canaux complémentaires de communication
méritent d'être trouvés pour freiner les
dégâts occasionnés par les pratiques des producteurs de
coton sur la santé et le bien-être des populations en
général. Il conviendra de joindre l'acte à la parole, de
faire des descentes sur le terrain pour expliquer aux agriculteurs les aspects
négatifs de leurs pratiques agricoles.
Cette étude partage l'avis de BIAOU (2000) pour dire
que le coton conventionnel est dénoncé car dévastateur,
comporte de nombreux risques environnementaux et se révèle donc
non durable. Un autre choix s'impose donc, celui de la mise en place d'un
système de production durable de coton... Les pertes en vies humaines
dues à l'utilisation abusive des engrais chimiques appellent la
recherche de solutions alternatives dont le développement de la
filière coton biologique. Certes, le marché du coton biologique
est étroit, mais il a le mérite d'exister et peut
croître.
Les paysans perçoivent les dangers liés
à leurs expositions aux pesticides. Mais il reste qu'ils ne mesurent pas
les conséquences de leurs comportements. Tout ce qui les
préoccupe, c'est de tout faire pour garantir leur revenu à
partir de la culture du coton conventionnel, la seule filière
organisée.
Il y a beaucoup d'insuffisances quant à l'organisation
de cette filière qui ne garantit plus les revenus des paysans pour
plusieurs raisons, dont la recherche effrénée de profit par les
distributeurs d'intrants et les acheteurs du coton-graine. Par le
système de crédit solidaire, tout se passe comme si pour ces
opérateurs économiques privés c'était l'argent qui
compte, peu importe pour la santé et le bien-être social et
économique du producteur de coton.
Dès lors, la restructuration des services agricoles
n'a pas été favorable aux paysans. Elle a une part de
responsabilité dans la situation difficile qu'ils connaissent.
Avec le transfert des compétences, pleins pouvoirs ont
été donnés aux paysans et aux opérateurs
économiques pour la gestion des activités agricoles en
général et cotonnières en particulier. Les
conséquences de cette politique agricole sont énormes : la
santé des producteurs se dégrade de plus en plus, pendant que les
recettes du coton baissent fortement, les dettes s'accroissent et divisent les
familles et les Groupements Villageois de Producteurs.
Avec la recherche « aveugle » du
bien-être matériel, la dégradation des ressources
naturelles est accélérée. Les dommages créés
par les agriculteurs à ces ressources se multiplient. Le couvert
forestier recule à un rythme rapide. Ce qui constitue une lourde perte
pour la commune car la protection et l'amélioration de l'environnement
assurent le bien-être des populations et le développement
économique.
Face à cette mauvaise gestion de l'espace rural et
à la persistance des pratiques culturales inadaptées, les actions
à mener doivent se situer dans le cadre d'une stratégie dont le
défi majeur à relever est la mise en place du
développement durable. Les populations actuelles doivent satisfaire
leurs besoins tout en permettant aux générations futures de
satisfaire les leurs.
L'exploitation des milieux naturels apporte des
bénéfices à court terme. Cependant une attention
particulière mérite d'être accordée aux coûts
de cette exploitation à long terme pour les ressources naturelles et la
santé des populations.
Limites de l'étude
Les enquêtes de terrain n'ont pu aborder certaines
réalités :
· les conséquences de l'exposition des
agriculteurs au soleil au cours des travaux champêtres ;
· les maladies transmissibles par les animaux à
l'homme en raison du développement de l'élevage des boeufs de la
culture attelée ;
· les appréciations des responsables des
sociétés distributrices d'intrants agricoles, des responsables
chargés du contrôle et de la commercialisation du coton-graine
notamment sur les dispositions prises pour éviter les mauvaises
manipulations des pesticides.
Ces préoccupations méritent d'être prises
en compte dans les études futures.
Perspectives pour la thèse
Les résultats préliminaires au cours de
l'étude pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies
serviront de pistes pour la poursuite des travaux de recherche pour la
thèse. Au cours des travaux futurs tout sera mis en oeuvre pour aborder
les points qui constituent les limites de l'étude antérieure.
Pour la thèse, les travaux de recherches vont entre autres :
· s'étendre à l'impact des
activités agricoles et de la dégradation des ressources
naturelles sur la santé animale, notamment sur les conséquences
de la culture attelée et les effets des pesticides sur la santé
des animaux ;
· approfondir les conséquences de la
disparition du couvert végétal sur la santé
animale ;
· s'intéresser aux possibilités de
l'utilisation des intrants non toxiques dans l'agriculture
béninoise ;
· viser la création d'une synergie entre
l'amélioration des pratiques agricoles et de la santé, tout en
assurant la viabilité des écosystèmes agricoles ;
· rechercher l'adhésion des décideurs
communaux et nationaux à la sécurité sociale,
à l'assurance des agriculteurs pour les protéger surtout contre
les risques de maladies ;
· rechercher le niveau de collaboration entre les
ministères de l'agriculture, de la santé et de l'environnement
pour le bien-être des populations ;
· déterminer les possibilités de
recours des agriculteurs en cas de duperie (réception de mauvaises
qualités de semence, d'engrais et de pesticide) des paysans par les
opérateurs économiques ;
· s'intéresser au développement des
capacités de conservation et de transformation des produits
agricoles ;
· suggérer le renforcement des
capacités des acteurs (recherche scientifique, formation / information
agricoles, infrastructures ...) ;
· insister sur le financement durable de
l'agriculture (fonds de développement agricole, systèmes
financiers décentralisés).
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