CONCLUSION GÉNÉRALE
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Parvenu au terme de ce travail, les principaux objectifs de
cette recherche étaient d'analyser la géographie, les facteurs et
les enjeux de l'émigration scolaire gabonaise. Il ressort des principaux
résultats obtenus au cours de nos enquêtes, que les
étudiants gabonais sont disséminés à travers
l'Afrique, l'Amérique, l'Asie et l'Europe. De même, le choix du
lieu d'orientation peut dépendre des offres de bourse, des coûts
des formations à l'étranger, de la condition sociale des parents,
de la langue, de la distance entre le pays de départ et le pays
d'arrivé, de la réputation du pays d'accueil en termes de
formation.
Aussi, l'émigration des étudiants gabonais est
liée à un phénomène de répulsion
découlant de la crise structurelle et conjoncturelle qui sévit
l'école gabonaise. En dehors de cela, nous avons montré que
l'attractivité géographique, socioculturelle et infrastructurelle
des pays étrangers pouvait expliquer la dynamique de cette
mobilité.
En outre, les enjeux socioéconomiques,
géopolitiques, sécuritaires et culturels de l'émigration
scolaire des étudiants gabonais, ont un effet direct, sur les finances
de l'Etat ainsi que sur celles des familles qui ont des enfants
émigrés. En plus, ils exposent la dépendance du Gabon face
aux pays d'accueil de ses étudiants. De même, les pays d'accueil
ont un impact sur la personnalité voir l'identité des
émigrants et sont source d'acculturation.
Le chapitre 4, a été axé sur la notion de
puissance et son rapport avec le domaine scolaire. Dans celui-ci, nous avons
montré que l'éducation constitue un aspect de la
souveraineté et un levier indispensable à la transformation
sociale, économique, industrielle d'un pays. Pour tirer profit des
effets de l'éducation, le Gabon à un intérêt
particulier à améliorer qualitativement et quantitativement ses
infrastructures et son offre de formation au niveau postsecondaire.
Au terme de ce travail, notons que les trois (3)
hypothèses émises au début de cette analyse ont
été vérifiées. La première hypothèse
(les grèves répétitives dans les universités
publiques gabonaises, le déficit et la vétusté des
infrastructures, la faiblesse de l'offre de formation, la mondialisation, les
effets des médias et des NTIC, favorisent l'émigration scolaire
au Gabon) est confirmée. Toutefois, il faut ajouter que les salons
internationaux d'orientation, les agences d'accompagnement encouragent les
départs massifs des étudiants gabonais à
l'étranger. La seconde hypothèse (le principal espace d'accueil
des émigrés scolaires gabonais est le continent africain. De
même, les destinations des étudiants gabonais sont en grande
partie disséminées à travers l'Afrique) est en partie
confirmée. Dans le corps de notre travail nous avons vu que l'Europe est
le continent vers lequel convergent la majorité des étudiants
gabonais. Même si la France constitue la destination la plus
sollicitée par les étudiants gabonais, l'Afrique, avec seize (16)
pays d'accueils est l'espace qui a le plus de
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destinations d'arrivées. Parmi ces destinations on peut
hiérarchiquement citer : le Maroc, la Tunisie, l'Afrique du Sud, le
Ghana, le Sénégal, le Cameroun. De même, la
troisième hypothèse (Dans la mesure où elle impacte la
société sous les plans économique, politique, social et
culturel, l'émigration scolaire comporte des enjeux
socioéconomiques, géopolitiques, sécuritaires et
culturels) a été vérifiée. L'émigration
scolaire des étudiants représente sous son volet
socioéconomique, un facteur de dépense pour l'Etat que pour les
familles des émigrants. Sur le plan culturel, ce mouvement de population
est source d'acculturation et d'altération identitaire. En plus,
l'émigration scolaire marque la dépendance du Gabon face aux pays
d'accueils de ses ressortissants et cristallise un enjeu sécuritaire
après les décès de plusieurs étudiants gabonais
à l'étranger.
Si cette recherche a contribué à mieux
comprendre les enjeux de l'émigration scolaire au Gabon, elle
n'épuise pas toutes les questions ayant trait à
l'expérience des émigrés scolaire gabonais. Comme on l'a
vu, les problématiques du retour et du non-retour constituent des
questions importantes d'analyse de la mobilité des étudiants qui
restent peu étudiées. Dans un contexte d'austérité,
caractérisé depuis 2018 par un gel de recrutement dans
l'administration gabonaise, traiter de cette problématique participerait
à l'approfondissement de ce travail sur l'émigration scolaire,
d'autant plus que le chômage est un des catalyseurs du non-retour.
Partant de cela, on peut s'interroger sur les perspectives de retour et de non
retour des étudiants gabonais à l'issue de leur formation
à l'étranger.
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