CHAPITRE V : DISCUSSION
1. Caractéristiques sociodémographiques des
mères Age
Dans notre étude, La tranche d'âge la plus
représentée est celle comprise entre 26 et 30 ans (34,62 %), une
médiane de 27 ans avec p25 et 75 respectivement de 18 ans et 44 ans.
Ceci est inférieur au résultat obtenu au bout d'une étude
sur la distribution des plaquettes maternelles et néonatales par
Semakuba et al. aux cliniques universitaires de Lubumbashi en 2021, dans
laquelle 78,6 % des mères avaient entre 20 et 35 ans [19]. Bocoum et al.
en 2019 au Mali rapportent que la majorité des mères avait entre
18 et 25 ans (54,2 %). Avec une moyenne d'âge de 24,41 ans[34] ce qui est
inférieur à nos résultats. Ceci pourrait être
s'expliquer par le fait que ce soit un pays où la quasi-totalité
de la population est d'obédience musulmane et de ce fait les femmes vont
en mariage relativement tôt, mais aussi par le fait qu'il y ait une
différence du type de milieu d'étude d'une part rural qui ne
favorise pas de longs cursus scolaires et d'autres part en milieu urbain
où les femmes sont généralement sujettes aux longues
études.
La profession
Nos résultats font état du fait que les
mères étaient pour la plupart des ménagères (72,12
%), suivies des commerçantes (15,38 %). Dans son étude en 2019
à Bamako, Bocoum rapporte que les femme au foyer (assimilable aux
ménagères) représentaient 77,5 et les commerçantes
1,8%[34] % ce qui se rapproche de nos résultats ce constat peut
s'expliquer par les conditions socio-culturelles dans notre milieu qui font en
sorte que communément les femmes jouent un rôle de mère au
foyer et ce parfois malgré les compétences qu'elles pourraient
avoir.
La commune de résidence
Nous avons retrouvé dans notre étude que trois
communes étaient dans des proportions proches pour la provenance :
Kampemba (25%), annexe (24,04%) et Lubumbashi (23,08%). En plus de situation
géographique quasiment au centre-ville ceci peut s'expliquer par le fait
l'hôpital Sendwe possède un plateau technique assez
élevé en termes de prise en charge en néonatologie, mais
aussi par la situation géographique de certaines communes qui cernent
pratiquement la ville.
Le suivi des consultations prénatales
Nous avons constaté qu'une proportion de 75,5% de
gestantes ont suivi des consultations prénatales. Ces résultats
sont supérieurs aux 61,05% des mères ayant suivi les
consultations prénatales qu'a rapporté l'étude
menée à Madagascar par Harivony et al en 2022.[35] Cette
différence s'explique par le fait que dans notre milieu les dispositions
sont prises de plus en plus par les pouvoirs publiques pour minimiser les couts
liées au suivi des femmes enceintes tout au long de la gestation.
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2. Antécédents
Les antécédents de consommation d'alcool,
tabac et de transfusion sanguine
Sur l'ensemble de notre population d'étude, 3
mères consommaient de l'alcool soit 2,88% ; aucune ne fumait. Nous
n'avons pas pu discuter de ces résultats néanmoins la
littérature fait état du fait que l'alcool a un effet toxique
direct sur la moelle osseuse et par conséquent causer une
thrombopénie ; cependant ce constat peut s'expliquer par le fait que
dans notre milieu de par la censure morale les femmes s'adonnent relativement
moins à certaines pratiques en occurrence la consommation d'alcool et du
tabac.
La parité
Au cours de notre étude les paucipares étaient les
plus nombreuses (54,81%) ; nos résultats sont inférieurs par
rapport aux observations faites par Asrie et al publié en 2017 en
Ethiopie faisant état de 67,3% de paucipares[36], par contre, Semakuba
et al en 2021 qui rapportaient que les multipares étaient les plus
nombreuses ( 37%).[19] Cette différence s'explique par le type de
population étudiée dans ce sens où bien qu'ayant connu
plusieurs expériences de maternité, les femmes nanties
choisissent préférentiellement les structures sanitaires de renom
pour y donner naissance.
La gestité
Selon nos résultats, les paucigestes étaient les
plus nombreuses (53,85%) ce qui se rapproche des 54,9% obtenus par Amazouz at
al. en 2022 en Algérie.[37] ils sont cependant inférieurs
à ce qu'ont rapporté Asrie et al en 2017 au bout d'une
étude sur la prévalence de la thrombocytopénie chez les
femmes enceintes fréquentant à l'hôpital universitaire de
Gondar. Cette différence s'explique par le type de population
étudiée ainsi que la taille de l'échantillon.
.
Les pathologies au cours de la grossesse
Les infections urogénitales étaient les
pathologies les plus fréquentes au cours de la grossesse (75,96%) ;
cependant, 13,48% des mères n'ont présenté aucune maladie
durant la grossesse. Nos résultats sont supérieurs à ceux
de Dipak et al. obtenus en 2019 en Inde qui avait un taux de 72.72 %
d'infection urogénitale durant la gestation.[38] Ils sont
également supérieurs à ceux de Nyenga et al. qui au cours
d'une étude publiée en 2021 réalisée dans deux
grands centres de prise en charge néonatale à Lubumbashi ont
rapporté que l'antécédent d'infections urogénitales
au cours de la gestation était fréquent avec un taux de 42,59%.
[39] Mbarambara et al. en 2015 dans l'Est de la RD Congo notaient la notion
d'infection urogénitale pendant la grossesse chez 34,5% des cas ce qui
est inférieur à nos chiffres.[40] cette différence
s'explique par la taille d'échantillon et le type d'étude.
3. Données générales relatives aux
nouveau-nés Age gestationnel
Le plus grand nombre de nouveau-né est né à
un âge morphologique de 39 semaines d'aménorrhée soit une
proportion de 38,46%. Au centre hospitalier universitaire de Bamako
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en 2019, Bocoum a eu un taux de 34,8% de nouveau-nés
à terme dans son étude[34], ce qui est sensiblement en dessous de
ce que nous avons. Nos résultats sont inférieurs à ceux de
Hebbar obtenu en 2018 en Algérie qui avait plus de 60% des nouveaux
nés au-delà de 37 semaines d'aménorrhée.[41] cette
différence s'explique par le type d'étude.
Poids de naissance
L'intervalle de poids de 2500 à 3500 grammes était
le plus représenté avec 81,73%. Nos résultats sont
supérieurs à ceux de Nyenga et al. qui en 2021 rapportaient que
47,53% des nouveau-nés avaient un poids supérieur à
2500grammes.[39] en 2010 en Inde Kusumasari et al. avaient vu aussi dans leurs
études une prédominance de nouveau-nés eutrophique qui
représentaient 75,5% de cas.[42] ce qui est plus bas que nos
observations ; ceci s'explique par le type d'étude dans lesquelles la
majorité des sujets sont nés à terme.
Sexe
Les nouveau-nés de sexe masculin étaient plus
représentés avec une fréquence de 53 soit un sexe-ratio de
1,03 pour le sexe masculin. Oulmati et al ont obtenu un résultat allant
dans le même sens à l'issue d'une étude menée au
Maroc publiée en 2013 cependant avec un sexe ratio de 2,03.[43] nos
résultats sont aussi similaires à ceux de Nyenga et al. en 2021
à Lubumbashi qui mentionnent un sex-ratio de 1,07 en faveur du sexe
masculin.[39]. Nous n'avons pas pu trouver d'explication à cela.
Voie d'accouchement
Sur l'ensemble des cas que nous avions au cours de notre
étude, 81 sont nés par voie basse soit un pourcentage de 77,88.
Nos résultats sont inférieurs mais vont dans le même sens
que ceux obtenus l'an dernier par Harivony qui mentionnait que les nés
par voie basse représentaient 82,11%.[35] par contre, en 2012 en Turquie
Bolat F et al. ont pu objectiver une prédominance des accouchements par
césarienne (53,56%).[12] Cette différence s'explique par les
dissemblances des conception socio-culturelles dans différents milieux
milieu, sous d'autres cieux la césarienne est perçue
différemment par les femmes par contre elle reste
généralement un recours ultime dans notre milieu.
Lieu d'accouchement
Nos résultats font état du fait que 62,5% de
nouveau-nés ont vu le jour au sein de l'hôpital
général provincial de référence Jason Sendwe tandis
que 37,5% provenaient d'ailleurs. Ce chiffre est supérieur aux 26,4%
rapportés par l'étude de Bocoum A en 2019 à Bamako.[34] De
même il est supérieur à celui de 38,27% retrouvé il
y a deux ans dans une étude réalisée à Lubumbashi
par Nyenga et al.[39] Cette différence s'expliquer par le fait que ces
études ont été menées au seins des hôpitaux
de troisième échelon qui disposent des unités de
néonatologie relativement mieux équipées que les
hôpitaux d'échelon inferieurs.
Mémoire rédigé par Chegninzebou Ngomsi
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4. Résultats de laboratoire de biologie Groupe
sanguin
Nous avons observé que le groupe sanguin le plus
représenté était le groupe « O » rhésus
positif (52,88%) suivi du groupe « A » rhésus positif
(24,04%). Nos résultats sont supérieurs à ceux de Monga et
al. lors d'une étude faite à l'hôpital Sendwe de Lubumbashi
entre 2016 et 2017 montrant que le groupe « O » constituait 2,3% et
le groupe « B » était le plus répandu avec 49,4%.[44]
Par contre, nos chiffres sont inférieurs aux constats fait par Hebbar et
al. en 2018 en Algérie selon lequel le groupe sanguin « O »
était représenté avec un taux de 56,59% ; mais
superposable au pourcentage du groupe « A » avec un taux de
24,81%.[41] Ces résultats s'expliquent par le fait que ces groupes
sanguins sont respectivement les plus répandus en Afrique sub-saharienne
mais avec une variation en fonction de la région du monde
considérée et du type d'étude. Nous trouvons une
explication à cela par le fait qu'il existe une variabilité du
groupe rhésus dans différentes populations.
Groupe rhésus
Nous avons constaté que tous les nouveau-nés
étaient du groupe rhésus positif, c'est supérieur à
ce qu'ont observés Monga et al. dans un article paru en 2017 faisant
état de 98% de nouveau-nés appartenant au groupe rhésus
positif.[44] L'an dernier en Algérie, les résultats des travaux
menés sur l'allo-immunisation foeto-maternelle dans le système
ABO au service de Néonatologie du CHU de Tizi-Ouzou, Amazouz et al. ont
constaté que la quasi-totalité des nouveau-nés (95,10%)
étaient de rhésus positif.[37] Ce qui est inférieur
à nos résultats.
Taux des plaquettes
Nous avons eu comme résultat aucun cas de thrombocytose
mais un taux de thrombopénie néonatale de 18,27%, ce qui est
sensiblement au-dessus des 17% observés en 2021 par Semakuba et al aux
cliniques universitaires de Lubumbashi [19]; mais nos résultats
étaient supérieurs à ceux obtenus en 2012 par Bolat et al
rapportant 9,4% de thrombopénie au bout d'une étude menée
en Turquie.[12] ils sont également supérieurs aux observations
faites en 2018 par Mohamed E et ses collaborateurs faisant état d'une
valeur de 1,9% de thrombopénies[10]. L'an dernier à Antananarivo,
Harivony et al découvrent un taux de thrombopénie de 1,74% chez
les nouveau-nés ce qui est inférieur à nos
résultats.[35]. Cependant nos résultats sont inférieurs
à ceux de Chabernaud et al. qui avaient trouvé que les
thrombopénies néonatales touchent 20 à 40 % des
nouveau-nés hospitalisés en réanimation en France.[14]
Cette différence serait probablement due au type d'étude mais
aussi aux particularités sociodémographiques des
différentes populations et la taille des échantillons.
Association entre pathologies au cours de la grossesse et
thrombopénie.
Nos résultats montrent que l'infection urogénitale
au cours de la grossesse est présente chez 73,68% des nouveau-nés
ayant une thrombopénie vient ensuite la prééclampsie avec
10,52%. Nos chiffres sont supérieurs mais vont dans le même sens
que ceux obtenus à la suite des travaux dont les résultats ont
été publiés par Bonifacio L et al en 2012 : l'infection
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Mémoire rédigé par Chegninzebou Ngomsi
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maternelle durant la gestation avait été
observé chez 27,65% des cas. [45] ces résultats peuvent
s'expliquer par les différents mécanismes mis en jeu lors des
réactions
inflammatoires pouvant avoir un impact sur les plaquettes
maternelles et retentir sur les plaquettes chez le nouveau-né comme le
suggère certaines littératures.[19]
Association entre le sexe et la
thrombopénie.
Nous avons noté une prédominance masculine de
thrombopénie soit 63,16% et avec un sex-ratio de 1,71 sans toutefois de
lien de cause à effet entre le sexe masculin et la thrombopénie ;
c'est aussi ce que Bolat F. et al ont eu comme résultat à la fin
de leur étude en 2012 en Turquie[12] ; il en est de même des
observations faites par Ulusoy E. et son équipe qui font état
d'un taux de thrombopénie néonatale masculine de 64% avec une
sex-ratio de 1,73.[46] ces résultats suggèrent ainsi que le
chromosome Y pourrait y avoir un rôle.
Association entre le motif d'admission et le taux de
plaquettes
Les nouveau-nés présentant une
thrombopénie étaient admis pour infection néonatale
précoce (47,37%), risque infectieux mineur (15,79%) et risque infectieux
majeur (10,53%). A Madagascar en 2022 Harivony a également trouvé
que l'infection néonatale précoce était la cause la plus
fréquente (69,48%) des admissions des nouveau-nés
thrombopéniques ce qui concorde également avec les
résultats de Robert et al 15 ans plus tôt. [35,47] Ceci pourrait
s'expliquer par le fait qu'il existe une multitude de mécanismes
complexes mis en jeu lors des infections néonatales et qui incluent
entre autres une destruction plaquettaire par activation macrophagique.
Association entre manifestation hémorragique et le
taux de plaquettes
Nous avons trouvé que 31,58% de nouveau-nés avec
thrombopénie présentaient des manifestations hémorragiques
sans toutefois pouvoir établir une relation directe entre la
thrombopénie et les saignements (p= 0,001). Cette observation trouve sa
raison dans le fait que la littérature dit que le seuil de plaquettes
exposant le patient au risque d'hémorragie spontanée est de
50.000 /mm3 [27] et nous n'avons pas eu de taux en dessous.
5. Données sur l'hospitalisation
Durant notre étude, neuf décès ont
été enregistrés soit un taux de mortalité de 8,65
%, nos résultats sont inférieurs au taux de 42,7% retrouvé
dans l'étude de Bocoum et al. en 2019 au Mali.[34] de même, ils
sont inférieurs à ceux de Nyenga et al. obtenus en 2022 en
république démocratique du Congo [39] par contre, nos
résultats sont supérieurs à ceux de Dipak M et al en 2019
qui avaient révélé une mortalité de 3,7%.[38] ces
différences s'expliquent par la taille de l'échantillon et le
type d'étude.
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